Après les claquement de portes et les éclats de voix, le retour dans le rang. Le 17 juin, Sylvia Pinel critique violemment sur Twitter l’organisation d’une primaire pour la présidentielle de 2017. L’ancienne ministre de François Hollande parle d’un « simulacre ou d’une parodie de primaires« . Quelques jours plus tard, le 29 juin, le PRG passe des paroles aux actes et quitte la Belle Alliance Populaire inventée par le patron de socialistes, Jean-Christophe Cambadélis.
Toute cette agitation et ces gesticulations, c’était avant l’été. Le mois de juillet est passé par là. La préparation du Congrès de septembre prochain également. Dans une profession de foi adressée aux militants du PRG, Sylvia Pinel ne rejette plus du tout l’idée d’une primaire. Au contraire, elle rappelle que « ‘les radicaux ont toujours été favorables au principe des primaires ».
Les 2, 3 et 4 septembre prochains les radicaux de gauche vont élire leur président(e). Pour la première fois depuis des décennies, deux candidats sont en piste. C’est dans ce cadre que des professions de foi ont été échangées et que Sylvia Pinel revient sur la question des primaires. Dans le texte adressé aux cadres et aux militants du PRG, l’ancienne ministre de François Hollande est beaucoup moins catégorique que lors de ses précédentes déclarations : « en 2011, par la candidature de Jean-Michel Baylet, nous avons largement participé à leurs réussites (ndlr : primaires). Si pour l’instant, nous avons décidé…de suspendre notre participation à la Belle Alliance Populaire par manque de clarté et suite aux nombreux dysfonctionnement observés, il me paraît utile que notre congrès puisse débattre à ce sujet ».
Le vocabulaire employé par Sylvia Pinel est nuancé. Mais, derrière les mots diplomatiques et les formules prudentes, c’est bien un retour en arrière qui se dessine. Fini les postures martiales, la possibilité d’une participation des radicaux de gauche à la primaire (organisée par le PS) est clairement ouverte. Sylvia Pinel respecte la tradition Baylet. En moins de deux ans, l’actuel ministre de François Hollande a menacé quatre fois François Hollande d’une sortie du PRG du gouvernement. Ces menaces ne se sont jamais concrétisées. Visiblement, la polémique autour de la primaire relève du même registre.
Dans sa profession de foi, Sylvia Pinel ne se contente pas d’ouvrir le dossier de la primaire. La députée du Tarn-et-Garonne évoque également la question d’une candidature PRG à la présidentielle de 2017. Là encore, c’est très clair. Sylvia Pinel écrit : « Vous connaissez ma volonté de représenter notre singularité à gauche, et de lui donner sa nécessaire visibilité. Mais il s’agira de s’interroger sur l’espace disponible pour le PRG, dans un contexte si compliqué pour la gauche, et sur la cohérence de notre ligne politique, dans la mesure où nous sommes depuis le début du quinquennat de François Hollande les partenaires loyaux du gouvernement, pour préserver le rassemblement à gauche ».
Sylvia Pinel n’est (absolument) pas sur la ligne d’une partie du parti. Le président du groupe RDSE, Jacques Mézard revendique ouvertement un droit d’inventaire sur le quinquennat de François Hollande. Le concurrent de Sylvia Pinel pour la présidence du PRG, Guilhem Porcheron, est également critique et plaide pour une autonomie vis-à-vis du PS. L’ancienne ministre, quant à elle, reste fidèle à la doctrine de Jean-Michel Baylet. Preuve par les faits ou plutôt par l’image. La profession de foi de Sylvia Pinel se termine par une photo. Une photo avec…Manuel Valls.
Laurent Dubois (@laurentdubois)