21 Juil

Valérie Rabault réplique à l’appel « à prendre les armes » de Brigitte Barèges

« Il est temps que l’on prenne les armes, au sens propre comme figuré« . La phrase choc de la maire (LR) de Montauban, Brigitte Barèges, fait bondir la députée du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault. La parlementaire socialiste (rapporteure générale du budget) a hésité avant de prendre sa plume : « Je ne souhaitais initialement pas réagir, car la polémique constitue une insulte aux victimes« . Mais, dans un courrier envoyé à France 3 Midi-Pyrénées, Valérie Rabault a finalement décidé de prendre la parole.

La députée PS Valérie Rabault (Photo : MaxPPP)

La députée PS Valérie Rabault (Photo : MaxPPP)

La députée du Tarn-et-Garonne rappelle qu’elle a voté la prolongation de l’état d’urgence, les textes renforçant les moyens juridiques des services de renseignement et la création de 9000 postes supplémentaires dans la police et la gendarmerie.Valérie Rabault déclare également : « si « prendre les armes » signifie soutenir les forces armées de notre pays, alors oui« .

Mais, une fois ces précisions faites, la parlementaire dénonce les propos de Brigitte Barèges : « Si « prendre les armes » signifie monter les citoyens les uns contre les autres, alors non« . Valérie Rabault insiste sur un risque : « créer une ligne de fracture dans la société en se référant sans cesse à la religion« . D’ailleurs, la députée socialiste est troublée par un oubli s’agissant des victimes de Nice : « la maire LR de Montauban ne cite dans sa communication comme victimes que les Chrétiens et les Musulmans, oubliant les Juifs et tous ceux qui ne revendiquent aucune religion« .

Valérie Rabault lance « un appel non à « prendre les armes » mais à se montrer ferme dans l’exigence de tous les principes de notre République, à commencer par la laïcité, à commencer par le respect absolu de notre droit, à commencer par le soutien à nos forces de l’ordre« .

Laurent Dubois (@laurentdub)

20 Juil

Aéroport de Toulouse : Moudenc écrit à Macron

Photo MaxPPP

Photo MaxPPP

Les échanges épistolaires sur l’aéroport de Toulouse-Blagnac se poursuivent. Les actionnaires publics de la structure (Région, Département de Haute-Garonne, CCI et Toulouse-Métropole) avaient déjà écrit à Anne-Marie Idrac, Présidente du Conseil de Surveillance pour émettre des réserves sur la redistribution de dividende demandée par l’actionnaire chinois Casil (49,9% des parts). Cette fois-ci c’est Jean-Luc Moudenc qui s’adresse au Ministre de l’Economie.

Une demande qui date d’un an

Le Président de Toulouse-Métropole demande « une réunion de travail » entre Emmanuel Macron et les quatre actionnaires publics locaux. « Il y a un an lors de votre venue à Toulouse pour le sommet franco-chinois, je vous avais déjà exprimé en présence de la Présidente Anne-Marie Idrac, ce souhait » précise l’élu toulousain. Seulement depuis, l’Assemblée Générale de la société Aéroport Toulouse Blagnac a été reportée deux fois.

« Des considérations extérieures pourraient interférer avec les débats » s’était alors justifiée Anne-Marie Idrac lors de la dernière annulation le 28 juin. Au cœur de la polémique : la redistribution de 20 millions d’euros à l’ensemble des actionnaires demandée par le consortium chinois Casil et à laquelle s’oppose la région et le Département. Mais en attendant que cette question soit réglée, les actionnaires, eux, ne se réunissent plus.

L’avenir de la gouvernance

Il est donc temps selon Jean-Luc Moudenc « d’aborder sereinement l’avenir de la gouvernance de l’aéroport ». Mais a priori sans les actionnaires chinois autour de la table… L’objectif : « Echanger sur la vision qu’a l’Etat de l’avenir de la plateforme aéroportuaire et sur les souhaits des acteurs locaux que nous sommes serait de nature à construire une compréhension publique commune de cet outil de développement économique majeur que constitue notre aéroport ».

L’occasion aussi certainement pour les acteurs publics locaux du dossier de demander à Emmanuel Macron certaines garanties. Comme celle que l’Etat, encore détenteur de 10,1% des parts, ne votera pas systématiquement en faveur des chinois lors de futures décisions du CA. Selon nos confrères de Médiapart (voir articles précédents), un pacte secret aurait ainsi pu être conclu entre Bercy et Casil. Bref de nombreux points restent à éclaircir dans la position de chacun dans ce tour de table aéroportuaire. Reste maintenant à savoir si cette intervention du patron de la Métropole toulousaine restera ou pas lettre morte…

Patrick Noviello

Législatives : l’Equipe au Service des Ariégeois se lance dans la bataille

Benoît Alvarez, conseiller départemental ESA de l'Ariège. (Photo ESA)

Benoît Alvarez, conseiller départemental ESA de l’Ariège. (Photo ESA)

L’ESA l’a décidé lors de son Conseil d’Administration de la semaine dernière : elle présentera des candidats aux Législatives. Un des fondateurs du mouvement Benoît Alvarez nous explique pourquoi.

 

Le Blog Politique : Pourquoi ces candidatures ?

Benoît Alvarez : Nous souhaitons avoir une représentativité plus grande. Nous commençons à être reconnus grâce à nos six élus au Conseil départemental (NDR : sur 26 au total). Et même si notre vocation est d’être au service des ariégeois, notre objectif plus global est de relayer la volonté du citoyen. Par exemple, nous avons été encore reçus la semaine dernière par la Préfète pour échanger avec elle sur le dossier des communautés de communes.

LBP : Mais comment vous situez-vous sur l’échiquier politique national avec une gauche de plus en plus éclatée ?

Benoît Alvarez : On voit des mouvements citoyens se développer. Nous, on représente cette diversité et la parole citoyenne. Nous le prouvons au quotidien. La semaine dernière par exemple, nous avons organisé une réunion publique à Tarascon-sur-Ariège, 80 personnes avaient fait le déplacement. Nous ne voulons pas que ce soit simplement des élus autour d’une table qui décident.

LBP : Oui mais justement si vous avez un ou deux députés élus à l’arrivée. Comment allez-vous vous positionner parce que l’assemblée c’est aussi avant tout participer au vote des lois avec une majorité et une minorité….

Benoît Alvarez : C’est notre Conseil d’Administration qui nous donnera les orientations. Je le répète nous ne prenons en compte que la demande des citoyens. En tant que député par exemple, on pourra travailler sur le dossier de la déviation de Tarascon vers Ax. Pour ce qui est de notre positionnement, on verra aussi en fonction des troupes qui vont se constituer…

LBP : Vous pensez que votre initiative et votre mouvement peuvent essaimer dans d’autres départements de la région ?

Benoît Alvarez : Bien sûr, c’est le but. Quand on voit l’action des frondeurs aujourd’hui…Vous savez, une large partie des députés socialistes ne suivent plus la ligne du parti.

LBP : Et ça vous ouvre des perspectives ?

Benoît Alvarez : Absolument. Les gens n’ont plus confiance dans les partis politiques. Ils viennent nous voir pour s’investir sur des projets citoyens, associatifs, économiques…

LBP : Et le PS ariégeois, comment réagit-il ?

Benoît Alvarez : Nous ne sommes plus écartés. Le Président du Conseil Départemental Henri Nayrou et sa majorité nous consultent que ce soit sur le développement économique ou la mise en place de la Loi Notre. On est écouté désormais.

Propos recueillis par Patrick Noviello

 

19 Juil

Un concurrent-surprise face à Sylvia Pinel pour la présidence du PRG

Un duel inédit. Pour la première fois depuis 25 ans, deux candidats se disputent la présidence du PRG. L’ancienne ministre et actuelle députée du Tarn-et-Garonne, Sylvia Pinel est confrontée à la candidature surprise du secrétaire national du PRG en charge de l’Économie, Guilhem Porcheron.

Sylvia Pinel (MaxPPP)

Sylvia Pinel (MaxPPP)

Mercredi 20 juillet, les instances nationales du parti vont valider les candidatures à la présidence du PRG. Pour franchir ce cap et se présenter au scrutin de septembre prochain, les concurrents doivent franchir une haie : le soutien de 10 fédérations départementales ou de 600 militants.

L’importance de l’obstacle aurait dû verrouiller l’élection interne et réduire la compétition à la candidature unique de Sylvia Pinel. Une candidature soutenue par Jean-Michel Baylet. Mais un homme d’affaire de 60 ans, encarté depuis 30 ans, vient troubler le jeu.

Selon nos informations, Guilhem Porcheron a obtenu le sésame : le parrainage d’une quinzaine de fédérations et parmi elles des fédérations de poids. Plusieurs parlementaires ont également exprimé  leur soutien. Le 23 mars dernier, lors d’un comité directeur, Guilhem Percheron a officialisé sa candidature à la candidature. Violente colère de Jean-Michel Baylet.

Suite à son entrée au gouvernement, Jean-Michel Baylet a laissé l’intérim de la présidence de son parti à sa dauphine, Sylvia Pinel, l’ex-ministre du logement qui est aussi la première vice-présidente de la région Occitanie. L’intérim avait une vocation : devenir définitif au terme du Congrès de septembre prochain.

Cette issue (écrite d’avance) est contrariée par l’irruption subite d’une candidature alternative. Guilhem Porcheron est parvenu à recueillir les parrainages nécessaires pour se présenter devant les militants. Ce simple fait est un petit tremblement de terre sur la planète PRG.

Certaines candidatures sont de vraies-fausses candidatures. Elles servent à donner l’illusion d’une élection ouverte mais sont en réalité téléguidées. Pendant un temps, le nom du secrétaire général du parti, conseiller à Matignon auprès de Manuel Valls, a circulé. Mais, comme le décrypte un historique du PRG, « Guillaume Lacroix a joué un jeu avec la complicité de Jean-Michel Baylet en laissant croire qu’il envisageait une candidature dans le but de rendre impossible celle de Mézard (NDLR président du groupe RDSE) ».

Du côté du candidat-surprise pas de billard à plusieurs bandes. Guilhem Porcheron n’appartient pas à la « famille ». Le PRG est géré par quatre personnalités : Jean-Michel Baylet, Sylvia Pinel, Guillaume Lacroix et Patrick Molinoz. Guilhem Porcheron n’appartient pas ce club très fermé. Il n’a jamais eu (à la différence du quatuor de tête) de mandat local ou national. Après des études à Sup de Co Paris, ce Versaillais d’origine a travaillé dans la finance avant de diriger la station de Tigne et l’enseigne Jardiland.

Guilhem Porcheron, c’est un anti Sylvia Pinel. Selon un de ses proches, sa candidature n’est pas « contre quelqu’un » mais pour « proposer quelque chose« . Néanmoins, en terme de parcours, difficile d’imaginer plus opposé. Après des études de droit à Toulouse Sylvia Pinel a construit toute sa carrière politique et sa trajectoire professionnelle sous l’aile de Jean-Michel Baylet dans le Tarn-et-Garonne. Guilhem Porcheron, lui, a posé son attaché-case notamment en Amérique Latine et en Afrique anglophone.

Politiquement, les deux candidats sont également aux antipodes. L’ancienne ministre de Manuel Valls est sur la ligne Baylet. Un soutien ferme à François Hollande. Lors d’un comité directeur, Jean-Michel Baylet est interpellé sur son suivisme à l’égard de l’Elysée. Réponse tonitruante : « il faut être derrière et ceux qui ne veulent pas suivre sont des traîtres. Les traîtres, c’est une balle dans le dos »Guilhem Porcheron est, au contraire, critique sur le bilan Hollande et il plaide pour une autonomie vis-à-vis du PS.

Pour ou contre un PRG autonome. Fidélité à François Hollande ou droit d’inventaire. C’est entre ces deux lignes contraires (et même incompatibles) que les militants vont (principalement) devoir trancher.

Les idées et les stratégies ne seront évidemment pas seules en piste. Les délices (souvent) empoisonnés de la démocratie interne passent par les fichiers et le contrôle des urnes. Sur ce point, Sylvia Pinel dispose d’atouts indéniables

 

Laurent Dubois (@laurentdub)

Terrorisme : Brigitte Barèges appelle à « prendre les armes au sens propre comme au figuré »

Brigitte Barèges, maire LR de Montauban. Photo MaxPPP

Brigitte Barèges, maire LR de Montauban.
Photo MaxPPP

A l’heure où l’Assemblée Nationale s’apprête à voter la prolongation de l’Etat d’urgence, pour la maire LR de Montauban Brigitte Barèges  « nous ne sommes pas en état d’urgence ». Sous-entendu le gouvernement n’en fait pas assez en matière de sécurité. Dans un communiqué aux mots lourds de sens mais pas choisis au hasard, elle emboîte le pas à la droite qui attaque de front Hollande et Valls.

A peine la minute de silence terminée lundi à Montauban que la première magistrate de la Ville décide d’écrire sa colère. « Il est temps de dire stop et d’agir. La France est en danger. Lorsque l’Etat n’est plus en mesure de protéger sa population, nous courons un très grave danger ». Elle emboîte ainsi le pas aux Estrosi, Juppé et Sarkozy et à l’offensive de l’opposition. Brigitte Barèges a toute légitimité pour s’insérer dans le débat, de sa ville de Montauban où des soldats sont tombés sous les balles de Mohamed Merah en mars 2012.

2012 c’est l’arrivée au pouvoir de François Hollande et une majorité qui aura « créé plus de postes (NDLR : dans la police) que Nicolas Sarkozy n’en a supprimé et il le sait » riposte Christophe Borgel, député socialiste de Haute-Garonne. Mais pour Brigitte Barèges, « aujourd’hui, il faut taper fort. Il faut aller beaucoup plus loin« . Et l’ancienne députée de reprendre du Charles Pasqua dans le texte : « il faut terroriser les terroristes ».

« Je n’avais rien dit jusque là, par respect pour l’union nationale, mais aujourd’hui j’ose dire qu’il est temps que l’on prenne les armes, au sens propre comme au sens figuré » poursuit la maire de Montauban. L’union nationale qu’elle évoque a en effet éclaté ces derniers jours. Christophe Borgel le déplore : « Le moment que traverse notre pays suppose de la dignité, de la détermination, de la responsabilité. La droite montre depuis deux jours qu’elle en manque ».

Interviewée par France 3 Midi-Pyrénées ce mardi, Brigitte Barèges a précisé sa pensée :

Et le secrétaire national du PS Christophe Borgel d’enfoncer le clou : « quand on est responsable, on ne cède pas à la facilité sur des sujets aussi graves (…) L’amalgame permanent des propos entre les terroristes, les mosquées, les musulmans est un flirt indigne avec le Front National ». La fracture que redoute gauche comme droite, c’est évidemment celle de notre société. « Le pacte social ne résistera pas longtemps à de nouveaux attentats » prédit Brigitte Barèges. Mais ce pacte, face à l’épreuve que traverse notre pays, c’est aussi aux « politiques » de le sauvegarder, pas seulement dans les mesures prises mais aussi dans les propos prononcés et dans la tenue d’un nécessaire débat démocratique.

Patrick Noviello

Mise à jour du 21 juillet : dans l’interview vidéo ci-dessus, Brigitte Barèges affirme que « ce sont des policiers municipaux » qui ont tiré sur le chauffeur du camion sur la promenade des Anglais à Nice. Il s’agissait en fait de fonctionnaires de la police nationale. 

Voici l’intégralité du texte de Brigitte Barèges, publié sur sa page Facebook :

18 Juil

Opposée au nom « Occitanie », la droite régionale saisit Manuel Valls

Christophe Rivenq, le président du groupe de la droite et du centre au conseil régional, vient d’écrire au Premier ministre pour critiquer l’appellation « Occitanie » pour la grande région et proposer « Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées ». 

(Crédit : MaxPPP)

(Crédit : MaxPPP)

L’opposition de droite et du centre ne digère pas le choix d’Occitanie pour nommer la nouvelle grande région. La délibération adoptée le 24 juin dernier par les élus régionaux ne convient pas au groupe de droite qui n’y voit pas « un acte de rassemblement fondateur ». Son président Christophe Rivenq, nouvellement élu après inéligibilité de Dominique Reynié, vient de prendre la plume pour écrire au Premier ministre Manuel Valls.

« Cette dénomination ne correspond en rien à la réalité historique et géographique de l’Occitanie« , écrit-il notamment citant alors Alain Rousset, le président PS de la région Nouvelle Aquitaine, qui avait écrit en ce sens à son homologue Carole Delga.

Un gage donné bien légèrement à une minorité identitaire »

« Le choix du nom de notre nouvelle région devait traduire un acte de rassemblement fondateur, écrit-il encore, permettant de bâtir une identité forte pour un territoire dont les racines, riches et plurielles, sont une garantie pour l’avenir de tous ses habitants, et plus généralement pour sa cohésion. Or (…) la démarche [de l’exécutif régional], qui a consisté en une simple consultation par la voie d’internet et qui a été un échec retentissant au regard du nombre d’avis recueillis, n’a finalement été qu’un gage donné bien légèrement à une minorité identitaire ».  

Dénonçant l’absence de consensus, Christophe Rivenq saisit le Premier ministre d’une proposition : nommer la région « Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées », « parce qu’elle est l’émanation des régions d’origine et traduit la richesse de nos territoires ».

Le gouvernement doit valider le nom des nouvelles régions avant le 1er octobre prochain après avis du Conseil d’Etat.

Fabrice Valéry (@fabvalery)

Des élus du PRG veulent en finir avec le « Hollandisme » de Jean-Michel Baylet

Fin du mystère. Le 29 juin dernier, le PRG a brutalement suspendu sa participation à La Belle Alliance Populaire. Une Alliance lancée par le PS de Jean-Christophe Cambadélis en avril 2016. Motif invoqué par Jean-Michel Baylet : l’organisation autoritaire et unilatérale d’une primaire pour la présidentielle de 2017. France 3 Midi-Pyrénées s’est procuré un courrier qui éclaire différemment le coup de sang de l’ancien président des radicaux de gauche et actuel ministre de François Hollande. En réalité, le refroidissement entre le PS et le PRG est lié à des tensions internes au… PRG.

La prise de distance de Jean-Michel Baylet répond et correspond à une demande de Jacques Mézard, le patron des sénateurs radicaux : moins de suivisme envers François Hollande.

Jean-Michel Baylet, ancien président du PRG et ministre de l'Aménagement du Territoire. Photo : MaxPPP

Jean-Michel Baylet, ancien président du PRG et ministre de l’Aménagement du Territoire. Photo : MaxPPP

« Le PS règne sur la Belle Alliance. On a appris l’existence des primaires dans la presse. Le PS ne peut pas vouloir rassembler sans respecter ses alliés ». Les mots de Jean-Michel Baylet sont clairs et sans appel. Le parti socialiste passe les bornes et le PRG n’a pas le choix. Les radicaux doivent prendre de la distance. Les menaces et les pressions sont monnaies courantes entre les deux meilleurs alliés de la gauche, entre le parti socialiste et Jean-Michel Baylet.

Ce qui change, c’est le mobile de la crise domestique. C’est la première fois que l’organisation d’une primaire (d’avant présidentielle) fait brûler le torchon. En 2011, Jean-Michel Baylet a partagé, sans difficulté, le temps de parole et les plateaux télévisés avec François Hollande, Martine Aubry, Manuel Valls, Ségolène Royal et Arnaud Montebourg. L’exercice n’a pas été très rémunérateur d’un point de vue politique : 0,64% des voix. Mais Jean-Michel Baylet n’a pas rechigné face à l’organisation d’une primaire.

Six ans plus tard, la donne a changé. François Hollande est à l’Elysée et il reçoit, tous les mercredis, Jean-Michel Baylet autour de la table du conseil des ministres.

A priori, cette proximité et ces rendez-vous hebdomadaires devraient faciliter les choses. Pas du tout. Jean-Michel Baylet est vent debout.

Sur la forme, Jean-Michel Baylet a raison. L’organisation d’une primaire débarque d’un seul coup, sans concertation ni préparation. Pendant des mois, Jean-Christophe Cambadélis a repoussé l’hypothèse. D’un seul coup, pour des raisons tactiques (une primaire permet de limiter les candidatures à gauche), l’Elysée donne un feu vert. En revanche, sur le fond, les vraies raisons de la (subite) résistance de Jean-Michel Baylet ne se trouvent pas dans l’attitude de Jean-Christophe Cambadélis ou du PS.

En septembre prochain, un Congrès du PRG doit assurer la succession de Jean-Michel Baylet. Sylvia Pinel est l’actuelle présidente par intérim du parti. Cette élection interne n’est pas une simple formalité.

Une « présidentielle » version PRG a longtemps été un scrutin verrouillé. Mais c’est la fin d’une époque. Le leadership de Jean-Michel Baylet est en perte de vitesse. L’homme fort du PRG a perdu son siège de sénateur et la présidence du Tarn-et-Garonne. Mais, surtout, son bâton de maréchal est en bois. Son bail ministériel arrive à terme dans quelques mois. Ses chances de redevenir un jour ministre sont minces. Faiseur de Roi et de Reine au sein du PRG, Jean-Michel Baylet est au crépuscule de sa longue carrière politique. De plus, la candidate officielle de Jean-Michel Baylet, Sylvia Pinel, ne bénéficie pas de l’autorité de son mentor. L’ancienne ministre du Logement et actuelle 1ère vice-présidente au conseil régional d’Occitanie, fait l’objet d’une véritable contestation en interne. Y compris de la part des soutiens historiques et inconditionnels de Jean-Michel Baylet.

Dans ce contexte difficile, une « voix dissonante » a forcément du poids. Surtout quand il s’agit du président du groupe RDSE au Sénat.

Jacques Mézard ne critique pas Jean-Michel Baylet. Au contraire. « J’ai conscience de ce qu’a apporté Jean-Michel Baylet au PRG » écrit le sénateur du Cantal

Mais, passé cet hommage (minimal mais réel), c’est l’expression d’une véritable divergence sur la ligne politique suivie par le PRG. « On doit avoir le droit de considérer, au sein du PRG, que le bilan du quinquennat de François Hollande est négatif. Comment oublier les échecs, les lois mal-ficelées à la va-vite…les réformes souvent contraires ou absentes des engagements du candidat. Comment ne pas sanctionner son absence (NDLR François Hollande) de vision pour la France. Quand on gouverne en fonction des courants dominants d’un parti en crise (NDLR : le PS) ».

La lettre (envoyée à tous les membres du comité directeur) est datée de la mi-juin. Quelques jours après, le 29 juin, Jean-Michel Baylet tire à boulet à rouge sur le PS et le PRG quitte la Belle Alliance. Ce genre de coïncidence porte un nom : un ajustement d’avant Congrès.

Laurent Dubois (@laurentdub)

15 Juil

Attentat de Nice : les réactions politiques en Occitanie

84 morts et un bilan qui peut s’alourdir dans les prochaines heures. Des dizaines de blessés en situation d’urgence absolue et des images de carnage. La France se réveille en état de choc. Un attentat a frappé Nice en plein feu d’artifice du 14 juillet. Dans notre région, l’émotion prend une dimension particulière. Toulouse et Montauban ont vécu, dans leur chair, le terrorisme.

(Photo : AFP)

(Photo : AFP)

Sur la promenade des Anglais, le mode opératoire est inédit : un camion transformé en arme pour une tuerie de masse. En mars 2012, Mohamed Merah a utilisé un scooter pour se déplacer, des armes de poing et un pistolet mitrailleur. Le nombre de victimes sur Toulouse et Montauban est moins élevé qu’à Nice. Mais, sur le côte d’Azur, comme en 2015 dans la ville Rose et le Tarn-et-Garonne, c’est le même climat de sidération et de tension.

Réaction des élus d’une Région qui a connu les heures noires d’une attaque terroriste.

Carole Delga, présidente de Région :

 Depuis hier soir, toutes nos pensées vont vers Nice, qui a subi une attaque ignoble et effroyable.
Je veux rendre hommage aux victimes, ces femmes, ces hommes, ces enfants qui s’étaient rassemblés, comme des millions d’autres Français, pour un moment de convivialité et de partage.
Je veux assurer les forces de sécurité et de secours de tout le pays de notre solidarité à l’heure où leur mobilisation est essentielle.
Au nom des habitants de notre Région, je veux adresser à nos voisins du Sud de la Région Provence Alpes Côte d’Azur notre amitié et notre compassion.
La France a été touchée en son cœur le 14 juillet, jour de sa fête nationale, date symbole de la liberté dans le monde entier. Après les attentats de Paris de janvier et de novembre 2015, cette attaque inhumaine vise notre société et nos valeurs.
Face à cette menace, comme rarement notre pays en a connu, l’unité nationale est primordiale. C’est cette unité, associée à la vigilance de toutes et de tous et l’esprit de responsabilité, que nous parviendrons  ensemble à surmonter cette épreuve. Plus que jamais, Notre République doit être forte et implacable »

Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse :

 

Brigitte, Barèges, maire de Montauban :

 Le jour du 14 juillet, c’est symbolique. C’est un attentat contre la République et un pied de nez à l’annonce faite par le gouvernement sur la fin de l’Etat de l’urgence. C’est terrible, terrible. Evidemment j’ai une pensée pour les familles. On doit malheureusement vivre avec une crainte permanente et on ne peut pas empêcher un illuminé de frapper. On ne peut pas renoncer à la fête. Et, à partir du moment ou il y a de la foule, quand quelqu’un veut tuer par n’importe quel moyen, c’est impossible de l’empêcher. A Nice, c’est avec un camion. Mais cela aurait pu être un couteau. Il faut toujours s’attendre à ce que ce soit possible. A Montauban, ville d’arrivée du tour de France, l’arrivée était à côté de la caserne ou Merah a frappé. Il y avait le GIGN et des moyens de secours prépositionnés »

Pierre Cohen, ancien maire de Toulouse :

Grande tristesse pour toutes les personnes décédées et blessées par cet acte horrible et tragique. Nous pensons à leurs familles et à leurs proches. Nous devons rester forts face à toutes ces violences qu’elles soient acte de barbarie ou de démence ».

Valérie Rabault, députée du Tarn-et-Garonne, rapporteure générale du budget

Après Charlie Hebdo et le Bataclan à Paris, Nice vient d’être la cible d’une attaque terroriste épouvantable. C’est une horreur absolue et cette fois elle a aussi enlevé la vie à des enfants.
Je présente toutes mes condoléances aux familles et aux proches des victimes, tout mon soutien aux blessés.
Mes pensées vont aussi vers les policiers, gendarmes, militaires, forces de secours qui sont intervenus dans des conditions extrêmement difficiles.
Nous sommes en guerre contre la barbarie. Cette barbarie frappe la France, elle a aussi frappé dans de nombreux pays. C’est un combat sans relâche »

Christophe Borgel, député de la Haute-Garonne, numéro 3 du PS

L’heure est au rassemblement derrière nos forces de l’ordre, nos services de secours, nos services de santé. L’heure est au rassemblement derrière le gouvernement et le président de la République. Refusons les polémiques qui ne sont pas dignes du drame qui a frappé Nice. Refusons les déclarations intempestives qui voudraient faire croire à nos concitoyens qu’il y a des moyens qui peuvent empêcher tous les actes. Ce n’est pas vrai. Nous devons sans cesse renforcer nos moyens et le gouvernement l’a fait dans la police, la gendarmerie, le renseignement, la justice. Nous devons sans cesse adapter notre arsenal juridique face à une menace aux formes nouvelles et nous avons voté plusieurs lois à l’Assemblée. Nous devons agir contre Daesh en Syrie, en Irak et nos forces armées sont engagées sur ces théâtres extérieurs. Nous avons démantelé des réseaux, évité des attentats mais le risque zéro n’existe pas. 0% de précaution équivaut à 100% de risques mais 100% de protection ne conduit pas à 0% de risques, il faut le répéter et que nos concitoyens en soit conscient »

Gérard Onesta, président du bureau de l’assemblée régionale :

Philippe Saurel, maire de Montpellier :

Chaque 6 mois, la France devient une scène d’horreur avec des actes terroristes répétés. Cette fois-ci Nice a été frappé. Je ne peux qu’exprimer ma solidarité envers toutes les familles touchées et envers les forces de l’ordre et ceux qui assument les soins de première urgence, sur le terrain et dans des hôpitaux improvisés qui font malheureusement penser à des hopitaux de campagne dans une zone de guerre. Personne n’est à l’abri du terrorisme. Il peut frapper partout et tout le monde »

Sébastien Nadot, candidat à la présidentielle (mouvement des progressistes)

Laurent Dubois (@laurentdub)

14 Juil

Le dernier 14 juillet avec l’arme nucléaire et « Sentinelle » ?

La tradition est respectée mais elle prend une tournure exotique. Pour la première fois depuis 1880, des troupes australiennes et néo-zélandaises vont défiler sur les Champs-Elysées. Des guerriers maoris seront parmi les troupes à pied. Cette présence haute en couleur et originale est liée à la commémoration de la bataille de la Somme. Le temps d’une cérémonie, les képis blancs de la Légion vont côtoyer les frères d’armes des poilus de 1916.

Le défilé du 14 juillet, c’est un feu d’artifice d’uniformes, de véhicules blindés et d’avion de combat. Mais, en 2016, le rendez-vous prend une tournure particulière.

Les attentats ont mis du kaki dans les rues, devant les écoles, dans les hall de gare ou les guichets de l’aéroport de Blagnac. Les habitants d’Occitanie croisent, tous les jours, des bérets rouges, noirs ou bleus marines. Famas sur l’épaule.

Est-ce le rôle de l’armée de jouer les sentinelles dans nos villes ? L’armée a-t-elle les moyens d’assurer ses missions ?

Le député du Tarn Philippe Folliot répond à ses questions. Le parlementaire membre de la commission de la Défense Nationale. Mais c’est également un élu qui a, sur sa circonscription, le fameux « 8 ». Un 8eme  RPIMA (Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine) qui s’est illustré notamment Afghanistan. Interview.

Philippe Folliot, député du Tarn et membre de la commission de la Défense.

Philippe Folliot, député du Tarn et membre de la commission de la Défense.

Le Blog Politique. Des troupes qui vont défiler le 14 juillet, sont présentes tous les jours dans les rues dans le cadre de l’opération « Sentinelle ». Une opération qui se traduit par des patrouilles ou des gardes statiques devant des bâtiments. Les effectifs vont être réduits. Etes-vous d’accord avec cette décision ?

Philippe Folliot. C’est une nécessité par rapport aux forces. C’est un dispositif qui utilise beaucoup de moyens. Ce n’est pas le travail des forces armées. En plus, cela nuit à la préparation opérationnelle des armées. Nos forces ont besoin d’entrainement et de repos pour effectuer leur mission : le déploiement à l’extérieur. Des policiers ou même des entreprises privées peuvent largement suffire pour effectuer des gardes statiques.

Le Blog Politique. Nicolas Sarkozy estime que le budget de l’armée est sacrifié. Vous partagez cette critique ? Pensez-vous qu’il faille renforcer le budget militaire ?

Philippe Folliot. C’est une question de priorité et de choix. Si on veut faire de la France une super Belgique, on peut continuer dans la même direction. Mais on est arrivé au bout du bout du système s’agissant de la baisse des effectifs et du renouvellement du matériel. Le renouvellement du matériel est forcement onéreux. Et il ne s’agit pas simplement d’acheter du matériel. Le matériel moderne impose des coûts supplémentaires. L’heure de vol d’une Gazelle est d’environ 1 500 euros. Pour un Tigre (ndlr hélicoptère de combat de dernière génération), on passe à 15 000 euros.

Le Blog Politique. Pour trouver de l’argent, la solution n’est-elle pas, comme le préconise l’ancien ministre de la Défense Paul Quilès, d’abandonner l’arme nucléaire ? Une arme extrêmement onéreuse et dont l’utilité est devenue douteuse depuis la fin de la guerre Froide. 

Philippe Folliot. L’abandon de l’arme nucléaire ne permettra pas d’économies immédiates. C’est la première remarque. Ensuite il faut savoir. Tous les Etats membres du conseil de sécurité des Nations Unies disposent de l’arme nucléaire. Si on veut être déclassé, on peut renoncer. Mais ce n’est pas la position que je défend. Ce n’est pas raisonnable de revenir sur la dissuasion nucléaire. En revanche, c’est une autre question s’agissant de la composante tactique et aéroportée.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

Carole Delga : « Tout décider, d’en haut, ce n’est pas mon style »

Retour sur les 6 premiers mois d’une présidence de région qui ne ressemble à aucune autre.

Nouvelle région avec la fusion Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées. Nouveau nom et une appellation inédite : Occitanie. Nouvel exécutif régional avec une ancienne ministre qui inaugure une présidence taille XXL. Depuis son élection en janvier dernier, la socialiste Carole Delga doit gérer une majorité plurielle (composée de radicaux de gauche, d’écologistes et de membres du Front de Gauche). Mais elle doit surtout  accompagner l’émergence d’un territoire et d’une institution régionale qui est encore sur les fonds baptismaux.

Comment Carole Delga a-t-elle vécue ses premiers pas de présidente d’une Grande Région ? Quel bilan sur les grands dossier du début de mandat ? Interview.

Carole Delga le jour de son élection à la présidence de Région. Photo Max PPP

Carole Delga le jour de son élection à la présidence de Région. Photo Max PPP

Le Blog Politique. Vous venez de passer le cap des 6 mois à la présidence de la Région. Comment vous sentez-vous dans vos nouveaux habits de présidente de Région ?

Carole Delga. Passionnée et parfaitement à l’aise. J’avais dit le 4 janvier, jour de mon élection à la présidence, que mon rôle premier serait de rassembler et de fédérer. C’est ce que je fais au quotidien. Je ressens une grande attente autour de la Région qui doit jouer son rôle de locomotive au service du développement de tous les territoires. D’où un rythme très soutenu : en six mois, nous avons voté un budget, mis en œuvre le plan de soutien au BTP, réorganisé les services de la Région, lancé deux consultations citoyennes. J’avais annoncé : pas d’année blanche. Nous sommes aussi en train de bâtir la stratégie régionale pour la croissance et pour l’emploi, qui sera approuvée début 2017. Chacune et chacun peut constater que je tiens parole.

Tout décider, d’en haut, sans connaître la réalité du terrain, ce n’est pas mon style »

Le Blog Politique. Depuis le début de votre mandat, vous parcourez la Région 7 jours sur 7 jours et vous multipliez vos déplacements. Quelle est la recette pour assurer une telle mobilité ?

Carole Delga. Le travail et la passion de ce territoire. En parcourant la Région, en dialoguant avec les habitants, les élus, les porteurs de projets, je constate une réelle volonté de construire, de jouer collectif. J’ai vraiment le sentiment qu’on peut faire de grandes choses et que nous sommes une Région « à part » dans bien des domaines. Cela mérite d’y consacrer du temps, de l’énergie. Et puis cela correspond à ma manière de faire de la politique : être sur le terrain, proche des gens, pour mieux les comprendre, les entendre. Tout décider, d’en haut, sans connaître la réalité du terrain, ce n’est pas mon style.

Le Blog Politique. Votre devise est « mon bureau, c’est le terrain ». Il faut tout de même assumer un travail de bureau avec signature de parapheurs et examen de dossiers. Vous appliquez la méthode Malvy avec une voiture-bureau ? Vous déléguez ?

Carole Delga. Oui, la voiture c’est mon bureau, comme celui de Toulouse et de Montpellier. Les trajets sont des moments de travail à part entière. Après, j’ai de la chance d’avoir des collaborateurs compétents et un exécutif qui vit bien ensemble. La production collective est exemplaire, ce qui explique qu’en six mois nous ayons lancé de nombreux chantiers. Cette majorité est à l’aise dans ses baskets, complémentaire : elle a envie de réussir pour la Région.

Le Blog Politique. Que répondez-vous à ceux qui prétendre que votre plan Marshall sur le BTP c’est juste de la com’ et un redéploiement de crédits ?

Carole Delga. Que ce sont eux qui font de la com’. Ou plutôt qu’ils font de la politique comme avant, c’est-à-dire : « quand je suis dans l’opposition, je m’oppose » et point à la ligne. Le plan de soutien au BTP ce sont des dizaines de réunions avec les acteurs clés. C’est un investissement de 880 millions d’euros en 2016, soit 46% d’augmentation au total par rapport aux deux ex-régions. Un plan qui s’accompagne d’une nouvelle commande publique régionale, au plus près des entreprises, de nos TPE et PME avec des petits lots et des avances de trésoreries. La Région accélère car elle connaît l’importance de ce secteur-clé pour notre économie. Dans le même temps, nous équipons la Région, en lycées, en CFA, en très haut débit, pour nos jeunes, nos entreprises pour les salariés, les usagers du train…  C’est gagnant-gagnant pour tout le monde.

Je sais que je suis le visage et la voix de la Région. Mais je ne suis pas du genre à me plaindre. J’ai choisi de quitter Paris et le ministère pour ma Région. Et franchement, je ne regrette rien et je suis très déterminée à réussir »

Le Blog Politique. La région Occitanie est une des plus grandes régions de France. Lorsque vous devez assumer vos déplacements, il vous arrive de vous dire que c’est trop grand ?

Carole Delga. Vous savez, on peut avoir des territoires beaucoup plus petits mais avec des citoyens qui constatent une très grande distance avec leurs élus ! La proximité est un des défis, c’est vrai, et c’est pourquoi je souhaite une Maison de la Région dans chaque département. Mais la proximité, c’est d’abord pour moi, la connaissance des dossiers de chaque territoire, la volonté d’être toujours à l’écoute afin de prendre la meilleure décision. Je sais que je suis le visage et la voix de la Région. Mais je ne suis pas du genre à me plaindre. J’ai choisi de quitter Paris et le ministère pour ma Région. Et franchement, je ne regrette rien et je suis très déterminée à réussir.

Ce qui me marque aussi depuis le début, c’est la virulence du FN, les attaques sexistes, les insultes, le non-respect du travail de l’Assemblée »

Le Blog Politique. Quel fait, dossier ou situation vous a le plus marqué depuis votre installation à la présidence de la Région ?

Carole Delga. Je me suis battue pour avoir, dans le cadre du plan 500.000 formations du gouvernement, 30.000 formations de plus dans notre région pour les demandeurs d’emplois, soit au total 90.000. Savoir que demain, des jeunes, des gens sans travail depuis longtemps, vont pouvoir bénéficier d’une formation qualifiante qui pourra les ramener vers l’emploi, voilà quelque chose dont je suis fière. Je choisis volontairement cet exemple parce que tout ce que construit la Région doit être incarné, et singulièrement quand la priorité est l’emploi. La politique que j’aime, c’est celle qui a un impact positif sur le quotidien des gens. Je citerai aussi l’éco-chéque, 1500 euros, pour les ménages modestes pour la rénovation énergétique de leur habitation. C’est bon pour le pouvoir d’achat, les artisans, notre environnement. Après ce qui me marque aussi depuis le début, c’est la virulence du FN, les attaques sexistes, les insultes, le non-respect du travail de l’Assemblée. Mais ce cirque est une stratégie de l’extrême droite pour cacher la réalité de leurs votes : ils sont contre à peu près tout, le développement économique, le social, la culture, l’export, les associations…  Je crois sincèrement que leurs électeurs ne connaissent pas cette réalité-là.

Le Blog Politique. La Fusion entre les deux ex-régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon c’est fait ?

Carole Delga. Nous avons entamé l’harmonisation des politiques publiques des deux ex-régions tandis que l’organisation des services a été revue pour être la plus efficace possible pour les habitants de la région et les territoires. « L’outil » Région est en ordre de marche.  Il est au service des gens, avec un nouvel horizon, pas seulement plus grand, mais qui doit nous rendre plus forts. On ne créera pas  « l’esprit région » sans donner du sens à ce nouvel ensemble. Ma vision est claire sur ce sujet : une Région forte, créative et solidaire. Faire une Région comme les autres ne m’intéresse pas. Nous sommes « à part » encore une fois dans bien des domaines et il faut le rester. Dans le monde d’aujourd’hui, la différence est un atout, et je veux la cultiver, notamment en étant en pointe dans le domaine de l’innovation.

Il y a depuis le 4 janvier une seule Région, une Présidente, un exécutif, une administration. Et une vision. Il ne sert à rien de ressasser le passé. Pour moi, la guéguerre Montpellier-Toulouse dans les services n’existe pas »

Le Blog Politique. Vous insistez sur la nécessité d’un équilibre des territoires. Pourtant, dans les services de l’Hôtel de Région, les Toulousains ont l’impression d’être perdants face aux Montpelliérains. C’est un juste une impression ? C’est lié à un manque de communication et d’explication ?

Carole Delga. Penser ainsi, c’est penser qu’il y a encore deux régions. Il y a depuis le 4 janvier une seule Région, une Présidente, un exécutif, une administration. Et une vision. Il ne sert à rien de ressasser le passé. Pour moi, la guéguerre Montpellier-Toulouse dans les services n’existe pas. Celles et ceux qui veulent jouer ce petit jeu ne sont pas à la hauteur des enjeux. Nous sommes une collectivité au service de gens qui comptent sur nous, un service public régional pour aider les entreprises, les producteurs, les porteurs de projets. Notre mission est là. Et les agents que je rencontre quotidiennement sont parfaitement conscients de cela. Je souhaite une relation équilibrée avec tous les acteurs de la Région, sans sentiment de supériorité, mais avec de l’équité.

Dans notre région, la concertation citoyenne ne sera pas bafouée. Mais avec Occitanie, soulignée de Pyrénées-Méditerranée, nous rassemblons »

Le Blog Politique. Le nouveau nom de la nouvelle Grande Région a été voté par le conseil régional. C’est Occitanie. Le nom doit maintenant être approuvé par le gouvernement. Simple formalité ? Vous avez évoqué le sujet lors de votre dernière rencontre avec Manuel Valls à Montpellier le 1er juillet ?

Carole Delga. Non, mais j’ai été sensible que dans plusieurs discours il cite à plusieurs reprises le nom de notre nouvelle région. Il était au courant de la consultation citoyenne que j’avais toujours annoncé durant ma campagne. Les gens ont voté, dans le cadre d’une procédure transparente, et  le résultat est clair et placer « Occitanie » loin en tête, mais c’était aussi le choix très majoritaire des lycéens. Quand la démocratie parle, il faut la respecter. C’est le message de notre Assemblée du 24 juin : dans notre région, la concertation citoyenne ne sera pas bafouée. Mais avec Occitanie, soulignée de Pyrénées-Méditerranée, nous rassemblons.

Le Blog Politique. Des catalans rejettent le nom Occitanie. Cette contestation vous inquiète, vous agace ou  vous interpelle ?

Carole Delga. J’ai proposé, après « Région Occitanie », la référence permanente à Pyrénées-Méditerranée, dans toute notre communication institutionnelle, telle que l’a exprimée la consultation et singulièrement dans ce département. Je me suis rendue à Perpignan pour rencontrer, dès le 30 juin, les acteurs économiques locaux et les élus. Je propose aux Pyrénées-Orientales un contrat d’avenir avec notamment la recherche de nouveaux investissements régionaux et la prise en compte de la catalanité avec la création d’un Office Public de la Langue Catalane. Ce sont des actes forts, qui n’avaient jamais été posés auparavant. Je constate que dans la Région voisine, la Nouvelle Aquitaine, le Pays basque existe bel et bien, et pourtant « l’identité » basque n’est pas inscrite dans le Nom de la Région. Celui-ci ne peut pas tout englober, singulièrement lorsqu’il y a 13 départements. Après, ce qui fait la force d’un territoire, ce sont ses projets. Et sur ce point, personne ne peut dire que la Région abandonne ce territoire car ce n’est pas vrai, ni dans les investissements depuis 2004 (plus d’un milliard d’euros), ni depuis mon élection. Je connais bien ce territoire.  Il peut compter sur mon engagement et celui de la Région. Et je veux réaffirmer que nous avons deux belles cultures catalanes et occitanes.

Le Blog Politique. Ça ressemble à quoi les vacances de la présidente Delga ?

Carole Delga. S’aérer la tête, marcher, lire, se cultiver, passer des bons moments avec des amis, la famille. Je vais prendre un peu de hauteur, au propre comme au figuré tout en restant connectée à l’actualité de la région.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

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