Des collégiens pris en otage. C’est le cri de colère de l’opposition municipale montalbanaise. La maire de la ville vient de dénoncer une convention signée avec le conseil départemental et mettant à la disposition de plusieurs collèges des gymnases municipaux. Les opposants de Brigitte Barèges parlent d’un règlement de compte politique entre l’hôtel de ville et le président du département, Christian Astruc.
Depuis des années les collèges Ingres, Jean Jaurès et Paul Sabatié bénéficient, à titre gracieux, d’une mise à disposition d’installations sportives. Des conventions en date des 27 mai 1991 et 19 septembre 2000 organisent cet échange de bons procédés. Les collèges sont gérés par le département. Le conseil départemental participe au financement des équipements. En échange, les collégiens ont accès gratuitement aux gymnases Paul Sabatié, Olympe de Gouges, Ingres.
C’est cette gratuité que la mairie souhaite remettre en cause. Elle est parfaitement dans son droit. Elle est même tenue de le faire. La loi (article L 1311-15 du Code Général des Collectivités Territoriales) impose une redevance pour la mise à disposition d’équipements entre deux collectivités locales. La convention dénoncée par Brigitte Barèges ne respecte pas cette obligation légale. Cette dénonciation est parfaitement normale.
L’opposition municipale reconnaît parfaitement cette évidence. En revanche, c’est la méthode qui est pointée du doigt. Comme le précise Gaël Tabarly, » C’est légitime de remplacer la convention. Mais ce n’est pas normal en catimini, en plein été et à un mois et demi de la rentrée scolaire« . Pour l’élu du Parti Occitan, le choix du moment (le 21 juillet) est calculé : « Brigitte Barèges met le couteau sous la gorge à Christian Astruc (NDRL président du département) et veut lui imposer ses conditions. Le département n’a pas le choix. Les élèves ne pourront pas être privés de sport. Christian Astruc va devoir négocier en urgence ».
Selon nos informations, Christian Astruc a été mis devant le fait accompli. Il n’a pas été alerté d’une dénonciation de la convention. C’est un élu municipal qui a transmis au président du Tarn-et-Garonne, jeudi 21 juillet, la délibération adoptée par la majorité de Brigitte Barèges. Cette méthode peut surprendre. Mais elle n’est pas vraiment étonnante. Brigitte Barèges siège au conseil départemental. Elle est censée avoir une ligne directe avec un président Astruc dont elle a soutenu l’élection. Mais, depuis l’éviction de Jean-Michel Baylet et l’installation de Christian Astruc, les relations entre la mairie et la présidence du département se sont tendues. Brigitte Barèges souhaitait notamment obtenir la présidence de la commission finance au sein du conseil départemental. Christian Astruc lui a refusé ce levier stratégique. Ce camouflet a laissé des traces.
Du côté de Brigitte Barèges, c’est un démenti catégorique. « Le dossier est ouvert depuis des mois et il est dans les services du conseil départemental » déclare Brigitte Barèges. En toute hypothèse, un fait est avéré. Le conseil départemental va devoir mettre la main au portefeuille. Aucun chiffrage pour le moment. Mais la location de gymnase municipaux par la Région (au profit des lycées) est facturée habituellement 10 euros par an et par élève. Contactée par France 3 Midi-Pyrénées, Brigitte Barèges précise les tarifs : 13,93 euros par élève et par heure d’utilisation pour les gymnases et 9,91 euros par élève et par heure d’utilisation des équipements extérieurs.
Si Brigitte Barèges applique ce barème, la facture va être énorme. Un collège est composé (en moyenne) de 100 élèves. Une heure de sport pourrait donc coûter…1 393 euros (par collège) au département. Et la douloureuse risque de s’alourdir encore. Il faut ajouter un probable effet domino pour les finances départementales. D’autres municipalités du Tarn-et-Garonne pourraient appliquer la « jurisprudence' » Barèges.
L’argent et le sport, c’est vraiment un couple « infernal ». Même quand il s’agit (simplement) de monter à la corde dans un gymnase.
Laurent Dubois (@laurentdub)