05 Juin

Fusion des régions, un sénateur PS prévient : « la proposition Hollande va passer au tamis »

Quel nom pour la nouvelle région ? Quelle ville va remporter le titre envié de capitale régionale ? Toulouse ou Montpellier ? Mardi dernier, François Hollande a annoncé une fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Depuis c’est l’emballement. La presse s’empresse de consulter les midi-pyrénéens. Ils sont priés de faire jouer leur imagination. Dans les colonnes des journaux, c’est un concours Lépine. Occitanie ? Grand Sud ? Les futurs habitants de la future super-région sont prolixes. Un sénateur haut-garonnais rappelle une évidence. Tout cela est largement prématuré. François Hollande a fait une simple proposition. Le Parlement a désormais le dossier entre les mains. Le destin, le dessin d’une région allant de Nogaro à Nîmes passe par le vote d’une loi. Une loi qui va être discutée, en première lecture, au Sénat fin juin. Le sénateur Mirassou pronostique un débat rude. Pour le parlementaire midi pyrénéen, ce n’est que « le début du commencement ».

-Manuel Valls estime avoir le soutien d’une majorité pour voter la réforme des régions. Vous partagez ce sentiment ? Pensez vous que les parlementaires vont voter le projet défendu par François Hollande ?

-Jean-Jacques Mirassou. Il y aura forcément un débat. Le mot est faible. Tout est encore ouvert. La proposition de François Hollande va devoir passer au tamis du Sénat et de l’Assemblée Nationale. Le débat va prendre du temps. On ne pourra pas l’expédier. J’aimerai notamment que l’on m’explique en quoi cette réforme est un mieux. Il ne faut pas présenter les länder allemands et les régions espagnoles comme un totem ou un mirage. L’histoire d’un pays n’est pas celle d’un autre.

-François Hollande accélère un projet de réforme qui traine dans les cartons depuis des années. Que pensez-vous de cette accélération ?

-Jean-Jacques Mirassou. J’ai peur que cette précipitation ne cherche à s’adresser à une opinion publique à laquelle on a mis dans la tête que les élus coûtent chers.

-En septembre prochain, des élections sénatoriales sont prévues. Existe-t-il un risque de télescopage entre le calendrier législatif et le calendrier électoral ?

-Jean-Jacques Mirassou. Le gouvernement s’est engagé à ne pas utiliser une « procédure accélérée ». J’imagine mal qu’il revienne sur cette promesse. Des sénateurs qui vont plancher cet été sur la réforme régionale ne seront donc plus là pour la voter l’automne prochain. A titre personnel, je souhaite évidemment être réélu et pouvoir suivre de bout en bout le dossier des régions.

-Le président de la région Languedoc-Roussillon est opposé à une fusion avec sa voisine midi-pyrénéenne. Cette résistance peut elle influencer le débat sénatorial ?

-Jean-Jacques Mirassou. L’actuel président de Languedoc-Roussillon (Christian Bourquin) est profondément hostile au projet de fusion et il est sénateur. J’imagine qu’il va vouloir faire entendre sa voix. Il va mobiliser ses réseaux. Mais il y a aussi des sénateurs midi-pyrénéens et, comme moi, ils ne sont pas hostiles à ce que Midi-Pyrénées se retrouve avec une façade méditerranéenne. Même si il y avait des raisons de se tourner également vers l’Aquitaine. Il existe notamment de nombreux pôles de compétitivité avec nos voisins aquitains.

Propos recueillis par Laurent Dubois