Homme de confiance. Personnage clés. Pendant des années, Yvon Collin a été au cœur de la galaxie Baylet. Président du groupe RDSE jusqu’en 2011, le sénateur du Tarn-et-Garonne avait l’oreille du patron du PRG. Et puis c’est la rupture. Brutale. Violente. L’ancien compagnon de route se voit même interdire physiquement l’accès à un Congrès. « Officiellement » il s’agit d’un désaccord au moment des primaires. Yvon Collin soutient ouvertement François Hollande. Le candidat Baylet (qui est course pour les primaires) vit l’épisode comme un crime de lèse majesté. La sanction tombe. Yvon Collin est exclu du sérail. Cette version des faits est celle d’Yvon Collin. Elle n’est guère convaincante. Autant de hargne et même de haine juste pour une primaire !!! C’est peu crédible. D’autres éléments (peut être liés à la gestion du PRG et très probablement à la montée en puissance de Sylvia Pinel) ont pu peser. Peu importe. Les causes du divorce demeurent obscures. En revanche, les effets sont clairs. Yvon Collin a été ostracisé. Ultime punition. Le sénateur sortant n’a plus le dossard PRG. Il brique un quatrième mandat sur son seul nom. Yvon Collin mène, selon sa propre expression, « une campagne de sénateur ».
Midi-Pyrénées Politiques – Pourquoi, malgré la perte de l’étiquette PRG, êtes-vous candidat aux sénatoriales ?
Yvon Collin. « J’ai le sentiment d’avoir tenu mes engagements. C’est la première chose qui doit vous habiter quand on décide de se représenter. J’avais pris l’engagement d’être un parlementaire libre et de voter ce que je dois. J’ai eu le même discours à Paris et dans le Tarn-et-Garonne. J’ai voté des lois. J’ai participé au contrôle du gouvernement. J’étais au Sénat du lundi au vendredi quand c’était nécessaire. J’ai même été classé troisième parmi les meilleurs parlementaires ».
Midi-Pyrénées Politiques – Vous êtes candidat mais vous avez perdu l’étiquette PRG.
Yvon Collin. « L’étiquette PRG ne m’a pas été confisqué. J’ai déposé ma candidature sans savoir ce que ferait Baylet. J’ai longtemps pensé qu’il reconstituerait le tandem que je formais avec lui. Il a fait un autre choix. Son casting est d’ailleurs bon. Son colistier est un homme sympathique, apolitique. Son âge, 73 ans, est de nature à rassurer. Jean-Michel Baylet a fait ce qu’il a jugé bon de faire. Je n’ai pas de commentaire à faire là dessus. Je constate seulement que des radicaux sont nostalgiques du tandem que je formais avec Jean-Michel Baylet ».
Midi-Pyrénées Politiques – Comment menez-vous votre campagne ?
Yvon Collin. « Sans faire de publicité comparative. Je fais une campagne de sénateur. En face, c’est une campagne de président de Conseil Général. Jean-Michel Baylet avance en permanence deux arguments : « je vous ai donné » et « de quoi avez-vous besoin ? ». Moi j’avance avec les mains et les poches vides. Je rassure d’ailleurs tout le monde. Le 28 septembre, quel que soit le résultat des sénatoriales, Jean-Michel Baylet sera toujours président du Conseil Général. De mon côté, il me reste 45 communes à faire dont le canton de Beaumont qui en compte 18. Il n’en reste plus beaucoup. Et je vais partout. Même à Montauban ou à Valence dans des communes où on me dit que je ferai 0 voix ».
Midi-Pyrénées Politiques – Vos adversaires dénoncent un «accord secret » entre vous et l’UMP pour faire tomber Jean-Michel Baylet.
Yvon Collin. « Ce n’est un secret pour personne que l’UMP veut la défaite de Jean-Michel Baylet. Mais ce n’est pas mon problème. Je fais campagne ».
Midi-Pyrénées Politiques – Jean-Michel Baylet est très actif dans ces sénatoriales 2014. Pensez vous que cet activisme est signe de fébrilité ? Sur le terrain ressentez-vous un rejet de ce que la droite appelle « le système Baylet » ?
Yvon Collin. « Sincèrement, c’est difficile à dire. Les maires sont très dépendants du Conseil Général. Dans le Tarn-et-Garonne, il existe un dicton : « on ouvre la bouche uniquement chez le dentiste ». Ce qui est certain c’est que le « système Baylet » est perçu comme lourd et pesant. A titre personnel, je trouve que c’est parfois un peu trop. Ce n’est pas un jugement de valeur. En pleine période de crise, recevoir lors d’une « garden party » les maires avec petits fours et champagne c’est peut être trop. Mais est ce que cela va se retourner contre Jean-Michel Baylet ? Je ne le sais pas. De même l’omniprésence de Sylvia Pinel. Une blague circule dans le Tarn-et-Garonne : « ne dites pas que j’ai acheté un nouveau frigo. Autrement Sylvia Pinel va venir l’inaugurer ». Encore une fois, il est impossible de mesurer l’impact de tout cela sur des grands électeurs qui sont secrets.
Midi-Pyrénées Politiques – Le PS a signé un accord avec le PRG. Un accord qui a fait grincer des dents au sein du PS et qui laisse le champ libre au PRG. Ces tensions internes à la gauche peuvent-elles peser sur les urnes ?
Yvon Collin. « C’est un accord en carton pate. Toutes les voix socialistes ne vont pas se reporter sur Jean-Michel Baylet. Le vote socialiste pèse entre 60 et 80 voix. Malgré ou plutôt à cause de l’accord, elles ne vont pas toutes profiter au PRG. On peut comprendre. Dans le Tarn-et-Garonne, les socialistes sont martyrisés par des accords nationaux dans lesquels ils sont toujours sacrifiés. Dans la « Principauté » du « Tarn-et-Garonne » on cède tout pour avoir la paix partout ».
Midi-Pyrénées Politiques – Le résultat des dernières municipales va influencer le scrutin du 28 septembre. Dans quelle mesure ?
Yvon Collin. « La perte de Moissac pèse à elle seule 33 voix de grands électeurs. La chute de Castelsarrasin va également peser dans la balance. Et dans 9 communes à 15 grands électeurs, c’est un arc-en-ciel politique dans lequel les conseillers municipaux et les adjoints revendiquent une liberté de choix. De plus, des éléments de la garde prétorienne de Baylet sont tombés. La droite plafonnait à 150 voix. D’après moi, elle peut atteindre les 250 voix. Peut être plus ».
Propos recueillis par Laurent Dubois