L’inquiétude monte. Les universités et les lycées menacent d’entrer dans la lutte. C’est la hantise de tous les gouvernements : des jeunes dans la rue. Peu importe la cause. En l’occurrence une contestation contre la réforme du Code du Travail. Les effets peuvent être redoutables et sont (toujours) redoutés : dérapage, enlisement du conflit…
Le «Mouvement des Jeunes Socialistes » n’est pas un mouvement comme les autres. Politisé par nature, pépinière de futurs élus et sous influence des ainés, le MJS ne représente pas, à lui seul, la jeunesse de France. Mais il est une courant de transmission avec les syndicats étudiants et notamment l’UNEF. Le MJS pourrait souffler sur les braises et propager l’incendie que le gouvernement redoute.
Le MJS (dont le centre de gravité est à la gauche du PS) est-il prêt à en découdre avec Manuel Valls ? Va-t-il descendre dans la rue ? Réponse avec l’animateur fédéral du PS31, Daniel Molina. Un animateur proche de la présidente de la commission des affaires sociales, Catherine Lemorton. Interview.
Le Blog Politique. Le MJS a pris ouvertement position contre la réforme de Manuel Valls. Pourquoi cette opposition ?
Daniel Molina. Depuis 2012 (NDLR élection de François Hollande), et particulièrement en Haute-Garonne, nous avons fait preuve de responsabilité et nous avons soutenu le gouvernement. Mais là, comme le dit Martine (NDLR Aubry), trop c’est trop. Après la loi sur la déchéance de nationalité, on nous assomme avec une loi sur le travail.
Le Blog Politique. Tout le projet de loi est mauvais ou trouvez –vous qu’il comporte, malgré tout, des points positifs ?
Daniel Molina. Il existe des points positifs mais ils n’ont rien de nouveau et d’innovant : la sécurité sociale professionnel, le parcours professionnel individualisé. Mais ce sont surtout des aspects négatifs qui retiennent notre attention. Le plafonnement des indemnités prud’homales. L’assouplissement des licenciements économiques.
Le Blog Politique. En vous opposant à votre propre gouvernement, vous n’avez pas l’impression de faire le jeu de la vraie opposition c’est-à-dire de la droite ?
Daniel Molina. Nous ne sommes pas l’opposition. L’opposition, c’est la droite et l’extrême-droite. Nous demandons juste que le projet de loi fasse l’objet d’un débat parlementaire et d’une concertation avec les partenaires sociaux. Ce qui d’ailleurs était prévu à la base. Nous ne sommes pas des frondeurs (NDLR membres du PS qui s’opposent à la ligne Valls). Nous voulons seulement que nos valeurs soient respectées.
Le Blog Politique. Des manifestations et des grèves sont prévues le 9 mars. Le MJS31 va-t-il descendre dans la rue ?
Daniel Molina. Nous avons une assemblée générale demain (NDLR mercredi 2 mars) et on verra ce que veulent faire les militants. Mais nationalement, c’est ce qui est prévu et c’est possible que ce soit pareil à Toulouse. La dernière fois que nous sommes descendus dans la rue, c’était pour le mariage pour tous et pour soutenir le gouvernement. Si nous le faisons ce sera vraiment en dernier recours et parce que nous aurons le sentiment que la loi n’a pas été corrigée. Mais nous ne prenons cela (NDLR le fait de manifester) à la légère.
Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)