Sylvia Pinel candidate en Haute-Garonne pour les législatives de 2017. Le scénario restera peut-être virtuel. Mais l’hypothèse est bien réelle. Le déménagement de l’ex-ministre du Logement alimente les conversations dans son département d’origine, le Tarn-et-Garonne, mais aussi dans son éventuel territoire d’adoption. L’idée circule, depuis quelques semaines, dans les couloirs du PS31. Selon nos informations, la 5eme circonscription (limitrophe du Tarn-et-Garonne) pourrait servir de terrain d’atterrissage.
Les législatives 2017 paraissent lointaines. Le scrutin doit se dérouler dans 16 mois. Le parti socialiste ouvrira ses investitures seulement en décembre 2016. Mais les grandes manœuvres sont lancées. Des grandes manœuvres qui pourraient tourner au « parachutage » en Haute-Garonne. Il ne s’agirait pas d’un saut en haute altitude. Mais, plutôt, d’une « migration en voisin ».
Sylvia Pinel pourrait faire quelques kilomètres et coller ses affiches électorales sur les murs de Grenade, Fronton et une partie du canton Toulouse-14.
Sylvia Pinel est actuellement députée de la 2eme du Tarn-et-Garonne. Après son départ du gouvernement et son élection à la vice-présidence de la Région, la parlementaire retrouve une circonscription qui intègre notamment les cantons de Castelsarrasin, Moissac, Grisolles, Verdun-sur-Garonne.
Mais ce second mandat (obtenu pour la 1ere fois en 2007) pourrait être le dernier dans le département. Un dernier mandat pour éviter une candidature de trop. Le Tarn-et-Garonne a été pendant des années le bastion du mentor de Sylvia Pinel, Jean-Michel Baylet. La perte du département et un échec aux sénatoriales marque la fin d’une époque.
Comme le dit un fin connaisseur du Tarn-et-Garonne : « Le label « Baylet » est devenu un handicap. Les gens en ont assez de la dynastie. Ils s’en f…ou cela les agacent. Mais, de toute manière, la belle époque pour Baylet, c’est fini. Ce n’est pas son retour au gouvernement qui va changer quelque chose. En plus, Sylvia a commis des faux pas. On ne la voit pas beaucoup dans le département. Ce n’est qu’un point. Mais elle n’a pas été présente sur le terrain lors de la tempête qui a frappé le département (NDLR Aout 2015). Beaucoup de gens ont remarqué cette absence et son silence ».
Pour un socialiste de Haute-Garonne, la thèse de l’exfiltration de Sylvia Pinel n’est pas crédible : « Etre en difficulté et quitter le navire, c’est le meilleur moyen pour s’affaiblir encore davantage. Ce sera vraiment un mauvais calcul si cela se confirme. L’image de Sylvia Pinel est vraiment attachée au Tarn-et-Garonne. Je ne suis pas du tout certain que les électeurs apprécient ».
Un vieux routier de la politique tarn-et-garonnaise est également (extrêmement) sceptique : « Sylvia Pinel est fragile chez elle. Mais quitter le département ce serait un abandon, une désertion. En plus, je ne vois pas le danger. En 2012, elle a été élue face au Front National. Vu le résultat des régionales et des départementales, le même scénario va se reproduire et le fait d’avoir le FN en face est une garantie pour elle. Même les anti-Baylet vont voter à gauche pour faire barrage ».
Selon nos informations, une socialiste estime, au contraire, qu’un transfuge électoral de Sylvia Pinel est une bonne idée. Il s’agit de l’actuelle députée de la 5eme de Haute-Garonne, Françoise Imbert. Avec Patrick Lemasle (7eme circonscription), la députée PS appartient au club très restreint, des sortants qui envisagent de raccrocher.
Françoise Imbert est prête à dérouler le tapis rouge. Ce n’est pas vraiment par sens du sacrifice ou par « Pinel mania ». La parlementaire socialiste souhaite surtout barrer la route à ses deux « meilleures ennemies » au sein du PS : Véronique Volto et Sandrine Floureusses.
Le jeu d’échec et mat de Françoise Imbert n’est pas partagé par tous ses camarades.
Les instances nationales du PS restent silencieuses. Christophe Borgel (le numéro 3 du parti en charge des élections) ne s’exprime pas sur le sujet.
En revanche, au niveau de la fédération de Haute-Garonne un militant n’hésite pas à exprimer des réserves : « Il n’a jamais été question de réserver une circonscription au PRG. Il y a déjà une sénatrice (NDLR Françoise Laborde) dans le département. En plus, cela va être déplorable en terme d’image. Cela va être assez compliqué comme ça en 2017 sans en rajouter avec une ancienne ministre qui change de département pour sauver son siège. Parce que les électeurs ne sont pas des c…Ils vont comprendre la manip : je ne suis pas capable de conserver ma circo et donc je vais voir ailleurs ».
Un cadre du PS 31 est plus résigné : « On a déjà rien refusé à Baylet pour les régionales ce n’est pas maintenant qu’il est redevenu ministre que Hollande va lui refuser ce qu’il demande ».
Simple « testing» (selon la formule d’un socialiste) ou vrai projet, une candidature de Sylvia Pinel aux législatives pose question. Dans le Tarn-et-Garonne ou du côté de Grenade et Fronton, la 1ere vice-présidente de la Région va se heurter à un choix.
Une loi anti-cumul doit entrer en vigueur en 2017. Députée ou vice-présidente de la Région, il va falloir choisir. Le texte est sans ambiguïté. L’interdiction du cumul frappe les présidents mais aussi les vice-présidents des Régions.
En cas de candidature aux législatives, Sylvia Pinel va-t-elle démissionner de sa 1er vice-présidence et devenir une « simple » conseillère régionale ? L’ancienne ministre va-t-elle quitter totalement le conseil régional ?
Une éventuelle alternance pourrait libérer Sylvia Pinel du dilemme. Une partie de la droite parle (en cas de victoire) d’une abrogation de la loi sur le cumul. Mais, avant de se présenter devant les électeurs, en juin 2017, Sylvia Pinel va devoir se prononcer.
Laurent Dubois (@laurentdub)