A 5 jours de la fin de la consultation sur le nom de la région (clotûre vendredi 10 juin à minuit), les chiffres communiqués par le Conseil Régional montrent que la mobilisation pour nommer notre nouvelle grande région est finalement assez faible au regard du corps électoral (les habitants de la région de + de 15 ans, y compris les personnes de nationalité étrangère et la diaspora de la région habitant ailleurs en France mais pas à l’étranger, soit plusieurs millions de personnes concernées) : selon la région, 131 000 personnes s’étaient exprimées sur le site internet dédié ce lundi et 40.000 l’avaient fait avec le bulletin papier pré-oblitéré publié dans la presse régionale. Soit un total de 171 000 votants à 5 jours de la fin de la consultation. Selon nos informations, c’est le nom Occitanie qui serait en tête du choix des habitants.
En dessous des espoirs des initiateurs du projet
Si les habitants se mobilisent en proportion des semaines précédentes, on devrait finir le vote vendredi autour de 200 000 avis, peut-être un peu moins si on élimine les doublons, ceux qui auront voté deux fois par internet et par papier.
Gérard Onesta, le président du bureau de l’assemblée, qui organisait la consultation, avait indiqué au début du vote que « à 100 000, c’est un vrai sondage. Au delà de 500 000, c’est un triomphe« . On n’est pas dans le triomphe, toujours un peu dans le sondage ! Le nom de la région ne semble pas avoir mobilisé des foules immenses.
Occitanie en tête…
C’est mathématique, plus il y a de votants, moins le poids des lobbys est important. L’adoption de la méthode Condorcet de classement des propositions de 1 à 5 plutôt que de choix d’un seul nom allait déjà dans le sens d’éviter qu’une faible proportion de la population de la région, fortement mobilisée, ne décide pour tous les autres.
Or, le nombre de votants restant assez faible, la proportion des lobbys (parlons clair : les Catalans et les Occitanistes) risque d’être disproportionnée !
D’ailleurs, d’après nos informations, c’est le nom « Occitanie » qui était ce lundi en tête des préférences faites par les internautes et sur papier.
Des difficultés techniques
On l’a déjà évoqué ici, pour des raisons de sécurité que l’on peut comprendre, la procédure de vote sur internet est complexe. Vérification d’identité, adresse mail, code par sms… Certains ont même évoqué sur les réseaux sociaux avoir renoncé pour ne pas livrer des données personnelles au prestataire de services de la région.
D’autres ont reculé devant l’obstacle. D’autant que certains consignes techniques sur le site dédié n’étaient pas toujours très claires. Cliquer, faire glisser… Combien d’internautes ne seront pas allés au bout de la consultation, découragés par la complexité du vote où il faut classer les 5 noms proposés par ordre de préférence.
La décision des élus le 24 juin mais…
Ne l’oublions pas, cette consultation n’a pas valeur de scrutin. Ce sont les élus régionaux, qui, en assemblée plénière le 24 juin prochain, adopteront un nouveau nom pour la région. Et rien ne dit qu’ils suivront les propositions des habitants. D’autant qu’en dernier ressort, c’est le gouvernement et le Conseil d’Etat qui valideront (ou pas) ce nouveau nom.
Occitanie, s’il s’avère que c’est le choix final, pourrait se heurter aux préceptes édictés à ce sujet par Matignon : des noms qui s’inspirent de faits historiques, de la géographie, oui. Mais qui aurait un quelconque aspect identitaire : pas question !
De plus, Occitanie n’est sans doute pas le nom auquel les habitants peuvent s’identifier et facilement localisable par les touristes ou les investisseurs étrangers.
Cependant, avec 500 000 ou même un million de votants, le poids de la consultation aurait été énorme et difficile à contourner. Comment les élus régionaux et l’Etat aurait-il pu passer outre l’avis des habitants ? Mais avec 200 000 votants, soit 1 habitant sur 30, cette consultation peut être vite rangée sur une étagère, au rayon « sympa, mais pas représentative » ! Surtout si le choix final ne plait pas à Paris !
Fabrice Valéry (@fabvalery)