07 Juil

« Georges Frêche avait une volonté hors-norme que je retrouve avec Carole Delga »

Le documentaire a été rediffusé par France 3 le 6 juillet dernier. 98 minutes dans l’ombre et la lumière de Georges Frêche. Aux côtés de la personnalité (massive) du « Président« , en toile de fond et parfois au premier plan, une silhouette. Celle de Laurent Blondiau. A l’époque du tournage, c’est l’homme de la com’ de Georges Frêche. Six ans après le tournage du film, Laurent Blondiau est toujours à l’hôtel de Région. Mais c’est l’hôtel d’une région devenue grande suite à la fusion du Languedoc-Roussillon avec Midi-Pyrénées.

L’actuel directeur de cabinet de la présidente de Région revient sur le tournage du « Président« . Au delà du « backstage », Laurent Blondiau revient sur la personnalité et l’empreinte de Georges Frêche.

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Le Blog Politique. Comment est née l’idée du film ? En tant que patron de la communication de Georges Frêche, comment avez-vous réagi à ce projet ? Georges Frêche étant partant ou il a fallu le convaincre ?

Laurent Blondiau. De nombreux observateurs estimaient qu’il s’agissait de sa dernière campagne après 40 ans de vie politique, nous avions donc reçu plusieurs propositions de documentaires, dont celle d’Yves Jeuland. Yves Jeuland était déjà à l’époque un réalisateur reconnu en matière de politique avec notamment le film sur la victoire de Delanoë à Paris en 2001et un doc sur Georges Marchais. J’ai rencontré Yves en juillet 2009. La connexion s’est vite faite d’autant que je connaissais son producteur, Alexandre Hallier. Nous en avons discuté avec Frédéric Bort. Il nous a semblé important de « fixer » Frêche à l’image, de laisser une trace pour lui. Nous avons soumis l’idée au Président qui a été immédiatement d’accord.

Le Blog Politique. La camera et le micro étaient ouverts en permanence ? Le film était-il une caméra embarquée en toute liberté ?

le-president-y-jeulandLaurent Blondiau. C’était LA condition d’Yves Jeuland et nous l’avons respectée à la lettre. Yves a eu accès à tout : les discussions stratégiques, les sorties sur le terrain, les réunions politiques. Il travaille seul avec sa caméra, on l’a rarement dans son champ de vision donc il était quasiment invisible. Le film le démontre. Et puis lorsque vous êtes en campagne électorale, l’activité est intense, la pression maximum, et singulièrement celle-ci puisque Frêche avait contre lui presque tout le monde. On ne joue pas un rôle tant l’engagement est total.

Le Blog Politique. Georges Frêche était connu pour son tempérament volcanique et imprévisible. Vous redoutiez un dérapage ?

Laurent Blondiau. Le mot « dérapage » est utilisé par le microcosme parisien pour fusiller ce qui n’est pas politiquement correct. Par contre, Frêche savait que certains de ses mots avaient pu blesser des gens. Pour avoir travaillé avec lui dans ces moments de crise, je veux rappeler qu’il a chaque fois présenté ses excuses, et il devait le faire, et qu’aucune condamnation en justice n’a été prononcée. Il était imprévisible dans les idées, surtout. Durant toutes ces années de collaboration, Frédéric Bort et moi-même lui avons toujours parlé franchement, et sur tous les sujets. Le film le montre : nous n’étions pas des courtisans.

Le Blog Politique. Quelle scène vous a le plus marquée ?

Laurent Blondiau. Celle où il gravit seul, péniblement et appuyé sur sa canne, l’escalier qui monte sur la scène du Zénith de Montpellier, où derrière le rideau noir attendent plus de 5.000 personnes. C’était ça, Frêche : une volonté hors normes. La politique, c’est en quelque sorte un sport de haut niveau. Il faut un gros mental. Je retrouve cela aujourd’hui avec Carole Delga.

Laurent Blondiau (Twitter)

Laurent Blondiau (Twitter)

Le Blog Politique. Des scènes ont elles été coupées au montage ? Et parmi ces scènes coupées vous en garder une en mémoire ?

Laurent Blondiau. Aucune pour la bonne raison que nous n’avons pas vu le film avant sa sortie en avant-première à Montpellier. Nous ne l’avons pas demandé et de toute façon Yves ne l’aurait pas accepté.  Et, surtout, le Président est décédé quelques jours auparavant.  La sortie du film s’est faite dans une drôle d’ambiance. Nous avions quitté la Région avec Frédéric. D’un côté, nous étions des pestiférés pour quelques personnes soucieuses de leur petite carrière et de l’autre, les habitants de Montpellier nous tapaient dans le dos dans la rue.

Le Blog Politique. Une scène est incroyable. Georges Frêche parle, les larmes aux yeux, lors d’un meeting de son père, pauvre et en sabot. Puis, en petit comité, Georges Frêche reconnait qu’il a inventé toute histoire. Votre réaction

Laurent Blondiau. Dans cette campagne, Frêche avait des accents churchilliens. Cette campagne, c’était le Vieux Lion contre le reste du monde.  Cela tenait, pour une bonne part, au fait que son nom était sali par ses adversaires ou la presse parisienne. Il y avait un complet décalage entre le ressenti sur le terrain, dans la région, où les gens se précipitaient sur lui pour le toucher et l’embrasser, et la curée médiatique. Dans ces moments d’extrême tension, lui, le fils unique, parlait beaucoup de son père et de sa mère qui n’étaient plus là. Les larmes n’étaient pas feintes. Les sabots, c’est pour le storytelling. C’était une image pour dire : je viens de l’Ariège, je viens de la terre. Et je vais montrer aux souliers vernis du VIIe arrondissement de Paris que le peuple m’aime. Et le peuple a répondu présent.

Le Blog Politique. Un film comme le Président c’est un film unique ? Un film qui ne pouvait être tourné qu’avec Frêche et sur Frêche ?

 Laurent Blondiau. Depuis sa mort, il n’y a pas eu un jour sans que l’on me parle de lui, même avant de revenir à la Région. Et du film aussi, donc l’objectif que nous nous sommes fixés avec Frédéric est atteint. Ce film d’Yves Jeuland restera de fait comme un grand documentaire politique. Oui,  bien entendu, Frêche était unique. C’était un grand animal politique. Qui a certes beaucoup parlé, mais qui a beaucoup fait. Parfois, on me demande si je suis fier d’avoir été dans le film. Je ne peux répondre à cette question car j’ai surtout le sentiment d’avoir fait mon job de collaborateur, point. Par contre, ce qui est sûr, c’est que je suis fier d’avoir servi Georges Frêche.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

Paul Quilès : « On n’est pas obligé de dire des horreurs sur Mitterrand pour canoniser Michel Rocard »

Un cascade d’hommages. Un torrent de filiations posthumes. Le décès de Michel Rocard suscite une vague de « rocardisme ».

Certaines réactions sont sincères. Mais la tentation de la récupération et de l’instrumentalisation existe. La disparition de l’ancien premier ministre tombe en pleine convulsion au sein du PS. Frondeurs qui dégoupillent la grenade (à charge creuse) d’une motion de censure. Division autour de la réforme El Khomri. Polémique autour de l’utilisation du « 49-3 ». Abîme d’impopularité pour le couple Hollande-Valls. Dans ce contexte trouble, les socialistes sont déboussolés. Michel Rocard devient (subitement) une valeur refuge.

Lors de la cérémonie d’hommage (national) aux Invalides, François Hollande n’a pas hésité à revendiquer l’héritage de l’ancien premier ministre de François Mitterrand.

Dans ce contexte de « rocard mania« , Paul Quilès revient sur le réformisme prêté à Michel Rocard. L’actuel maire de Cordes a été un des ministres de Michel Rocard. Paul Quilès a mené une importante réforme des postes et télécommunications lors du passage de Michel Rocard à Matignon. Mais Paul Quilès a été également un des artisans de la victoire du meilleur adversaire de l’ancien premier ministre : François Mitterrand. Celui qui fut le directeur de campagne de François Mitterrand en 1981 s’exprime sur les filiations rocardienne qui fleurissent. Interview.

Paul Quilès, maire de Cordes et ancien mlnistre. Photo : MaxPPP

Paul Quilès, maire de Cordes et ancien mlnistre. Photo : MaxPPP

Le Blog Politique. Vous avez été plusieurs fois ministres à la Défense, à l’Intérieur, de l’Espace et du Logement. Et vous avez exercé un de vos portefeuilles dans les deux gouvernements Rocard (1988-1991). Vous avez notamment mené à son terme la double réforme des postes et des télécommunications. Comment s’est déroulée cette réforme ? 

Paul Quilès. Michel Rocard m’a laissé faire. Il n’a pas eu à la regretter. 9 mois de concertation et de dialogue et c’est seulement à ce terme que j’ai présenté un projet de loi. Nous n’avions pas de majorité absolue et nous n’avons pas eu besoin de passer par la voie autoritaire du 49.3 (ndlr : adoption sans vote d’un texte). J’ai mené un débat et c’est uniquement ensuite, après la concertation, que j’ai rédigé le projet de loi en tenant compte du débat. La réforme a pu aboutir grâce à cette méthode. Une méthode qui alliait à la fois le fond et la forme.

Le Blog Politique. En tant que « mitterrandiste », vous vous êtes opposés à Michel Rocard. Quel opposant a été Michel Rocard ?

Paul Quilès. Michel Rocard a été très anti-communiste et anti-union de la gauche. Il n’a jamais voulu reconnaître que son positionnement n’était pas le bon. En 1981, François Mitterrand a été élu grâce à la stratégie que combattait Michel Rocard. On n’est pas obligé de dire des horreurs sur François Mitterrand pour canoniser Michel Rocard.

Le Blog Politique. On assiste à une captation de l’héritage rocardien. Votre réaction ?

Paul Quilès. Je connais trop l’histoire des hommes, du parti socialiste et de la France pour ne pas contester certaines filiations.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

Une pétition de députés PS contre l’exclusion de Monique Iborra

La députée socialiste de la Haute-Garonne, Monique Iborra, a été exclue de son parti par la commission des conflits. Le couperet est tombé. Mais le député de Paris, Christophe Caresche, conteste la sanction (qualifiée « d’injuste et de disproportionnée ») et lance une pétition.

Monique Iborra à l'assemblée nationale

Monique Iborra à l’assemblée nationale Photo : MaxPPP

Christophe Caresche (un proche de Manuel Valls) demande au Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, de « reconsidérer » la décision frappant Monique Iborra. Pour appuyer sa demande, le parlementaire sollicite la signature des membres du groupe PS.

L’exclusion de Monique Iborra est l’épilogue d’un long épisode qui remonte aux régionales de décembre dernier. Le dossier semblait clos avec le verdict de la commission des conflits. Mais l’affaire rebondit. Un collègue de la députée de la Haute-Garonne monte au créneau et interpelle le patron des socialistes, Jean-Christophe Cambadélis.

Dans une lettre que s’est procurée France 3 Midi-Pyrénées, Christophe Caresche écrit : « je sais que nous sommes nombreux à ressentir une vive incompréhension face à la décision (ndlr : d’exlusion de Monique Iborra) ». Le député de Paris passe de l’incompréhension aux actes. Il propose à ses collègues du groupe PS de co-signer une requête adressée à Jean-Christophe Cambadélis.

Pour appuyer sa démarche, Christophe Caresche invoque la loyauté de la députée haute-garonnaise envers le gouvernement : « Monique Iborra a toujours été un soutien fidèle et loyal du gouvernement et du groupe. Comme responsable sur la loi travail , elle s’est acquittée de sa tâche avec disponibilité, responsabilité et efficacité ».

Ce dernier point est l’argument massue de Christophe Caresche. Monique Iborra est une fidèle au milieu d’une cohorte de dissidents. Pour la seconde fois, en moins de deux mois, Manuel Valls a été confronté à la menace d’une motion censure brandie par des députés….socialistes. Le député de Paris met en balance la faute de Monique Iborra (un manque de loyauté envers la candidate investie par le PS aux régionales) et un PS qui ne sanctionne pas des frondeurs qui veulent abattre leur propre gouvernement.

« Comment comprendre (une) exclusion alors que les comportements dissidents, récurrents, de certains députés n’ont jamais été sanctionnés…alors que les conséquences de ces comportements pour le parti et le gouvernement sont incomparablement plus graves que la prise de position locale de Monique Iborra qui n’a pas empêché l’élection de Carole Delga » écrit Christophe Caresche dans le courrier adressé à Jean-Christophe Cambadélis.

Le député de Paris reprend une défense développée par Monique Iborra : le deux poids deux mesures et une violation du principe de proportionnalité.

L’impact de la plaidoirie dépendra du nombre de signatures recueillies par la pétition Caresche.

Pour le moment, 25 députés ont répondu à l’appel. Le rapporteur de la loi Travail, Christophe Sirrugue a également manifesté son soutien.

Laurent Dubois (@laurentdub)

06 Juil

La députée de Haute-Garonne Monique Iborra exclue du PS

La députée de la 6ème circonscription de la Haute-Garonne et coordinatrice de la loi El Khomri au sein du groupe socialiste est sanctionnée par les instances du PS pour avoir soutenu Philippe Saurel aux élections régionales face à Carole Delga.

La décision vient être notifiée par mail. L’exclusion est de 2 ans…avec 6 mois de sursis.

C’est la première fois, depuis 1986, qu’une exclusion frappe une parlementaire socialiste en Haute-Garonne.

 

Monique Iborra, députée de Haute-Garonne et coordonnatrice du groupe PS sur la réforme du travail

Monique Iborra, députée de Haute-Garonne

La commission des conflits (composée à la proportionnelle des courants) du Parti Socialiste, réunie la semaine dernière à Paris, a tranché sur le cas de Monique Iborra, la députée socialiste de Haute-Garonne qui avait apporté son soutien aux dernières élections régionales à Philippe Saurel. Le maire de Montpellier a lui-même été exclu du PS depuis qu’il s’est présenté aux municipales face au candidat officiel. Malgré ce divorce consommé avec le parti socialiste, Philippe Saurel reste un proche de Manuel Valls. Le maire de la 8eme ville de France (seule métropole de gauche au Sud de la Loire) a d’ailleurs accueilli le premier ministre le 1er juillet et l’a fait citoyen d’honneur de Montpellier.

Les statuts du parti socialiste prévoient une exclusion automatique en cas de candidature dissidente. D’ailleurs, le seul précédent concernant l’exclusion d’un parlementaire en Haute-Garonne correspond à cette hypothèse. En 1986, l’investiture est refusée au député sortant, Gérard Hooteer. L’ancien journaliste ne plie pas et se lance dans une candidature dissidente. Il est exclu du parti.

Mais le cas de la députée de Haute-Garonne n’est pas celui d’une dissidence. Il s’agit plutôt d’une violation de la discipline du parti. Monique Iborra n’était pas elle-même candidate sur la liste Saurel en Haute-Garonne qui était menée par son assistante parlementaire et sur laquelle figurait sa fille en 5ème position.

Carole Delga, candidate du PS et victorieuse, ainsi que la fédération du PS de Haute-Garonne (qui avait déjà suspendu Monique Iborra dès le lendemain de l’annonce de son soutien à Saurel) ont donc plaidé pour l’exclusion de Monique Iborra.

Selon plusieurs sources, la présidente de Région a joué un rôle actif dans le dossier. Un socialiste historique parle de « haine entre les deux femmes« . Carole Delga souhaitait obtenir la tête de Monique Iborra. Lors de la nomination de la députée de la Haute-Garonne à la coordination du groupe PS sur la loi El Khomri, Carole Delga a notamment adressé un sms aux 1er fédéraux des 13 départements de la Grande Région pour demander l’exclusion de Monique Iborra.

Dans cette « croisade », Carole Delga a pu compter sur le soutien du 1er fédéral de Haute-Garonne, Sébastien Vincini. Comme le précise un militant de la fédération :  » Vincini est un aubryiste et il était bien content d’épingler une Vallsiste« .

Selon nos informations,  cette conjonction d’élément a fait pencher la balance et les instances nationales du PS ont tranché en excluant du PS Monique Iborra.

Une exclusion qui intervient à un an d’élections législatives qui s’annoncent extrêmement difficile pour le PS. En Haute-Garonne, la gauche détient 9 des 10 sièges et pourrait connaître un recul historique. Monique Iborra est très mal partie pour décrocher l’investiture du PS mais elle sera tout de même candidate. Cette division peut coûter très cher au parti socialiste.

« L’objectif clairement affiché est de m’empêcher d’être candidate aux législatives, réagit-elle ce mercredi interrogée par Le Blog Politique de France 3 Midi-Pyrénées, dans une fédération dirigée par des aubrystes que je n’ai jamais été ».

En outre la députée est actuellement coordonnatrice du groupe PS sur la réforme du travail, un sujet particulièrement chaud et elle ne manque pas de faire remarquer que, fidèle soutien au gouvernement, elle se retrouve sanctionnée quand des frondeurs du PS envisagent une motion de censure !

Fabrice Valéry (@fabvalery) et Laurent Dubois (@laurentdub)

05 Juil

Laurence Arribagé veut limiter l’usage du 49.3

 

Laurence Arribagé, dans la salle des quatre colonnes. Photo MaxPPP

Laurence Arribagé, dans la salle des quatre colonnes. Photo MaxPP

Ne plus réserver qu’aux sessions ordinaires cet article, c’est la proposition de loi constitutionnelle qu’a déposée aujourd’hui la députée Les Républicains de Haute-Garonne.

 

Pour commencer rappelons que l’article 49 alinéa 3 de la Constitution permet au gouvernement d’engager sa responsabilité sur un texte dans son ensemble, le faisant ainsi adopter sans le vote du Parlement, sous réserve de l’adoption d’une motion de censure. Mais « la norme suprême ne doit devenir le levier d’action de secours d’un gouvernement affaibli et incapable de gouverner en harmonie avec la démocratie et le Parlement » oppose Laurence Arribagé.

 

L’alinéa 3 dans notre identité institutionnelle

 

Elle reconnaît toutefois dans son « exposé des motifs » que l’alinéa 3 est «  profondément ancré dans notre identité institutionnelle » et qu’il « participe sans conteste à la stabilité de notre régime et permet, le cas échéant, de dépasser les écueils du parlementarisme, et en particulier, les stratégies d’obstruction menées par l’opposition ».

 

Deuxième 49-3 sur le texte concernant le projet de loi travail, le cinquième depuis le début du quinquennat Hollande, en comptant les trois utilisés sur la loi Macron… Pour Laurence Arribagé mais aussi pour beaucoup d’autres parlementaires cela commence à faire beaucoup. D’autant que la parade reste limitée. Si aucune motion de censure n’est déposée dans les 24 heures, le projet de loi sera à nouveau adopté sans vote.

 

Difficile motion de censure

 

Les opposants de gauche au texte n’ont semblent-ils pas les 58 signatures de députés nécessaires au dépôt de cette motion de censure. Quant au groupe Les Républicains, il a annoncé qu’il n’en déposerait pas. Autant dire que l’initiative de Laurence Arribagé devient donc le symbole de l’opposition de la droite et du centre aux méthodes du gouvernement Valls à l’Assemblée.

 

Que demande exactement la députée toulousaine ? Que le 49-3 ne soit utilisé par le 1er Ministre que dans les sessions ordinaires, soit du 1er octobre au 30 juin, sinon « il peut également l’utiliser sur autant de nouveaux textes que de sessions extraordinaires qu’il réunirait ». « Dès lors, il semble nécessaire d’encadrer plus strictement le recours au 49.3 afin d’en en empêcher toute utilisation dévoyée et chronique qui bafouerait le respect des assemblées élues et des citoyens qu’elles représentent » précise Laurence Arribagé dans un communiqué.

 

Le mauvais exemple rocardien

 

« Il est légitime de redouter une forme d’instrumentalisation politicienne de la disposition » insiste-t-elle-même dans l’exposé des motifs de sa proposition. Et de citer le précédent Rocard, à quelques jours pourtant de l’hommage qui va lui être rendu aux Invalides, en parlant de « recours excessifs : 28 utilisations du 49.3 entre 1988 et 1991 faute de majorité absolue pour le Premier Ministre d’alors.

Quelle probabilité a la proposition de loi constitutionnelle de Laurence Arribagé d’être adoptée ? Très faible sachant qu’elle passe obligatoirement par un vote identique des deux chambres, Sénat et Assemblée Nationale. Et même si ce vote était acquis, l’étape suivante est le référendum ou la convocation du congrès. Bref cette action est plus symbolique qu’autre chose.

 

Concernant la loi travail, le texte n’a pas fini son parcours parlementaire et doit effectuer encore une brève navette avec le Sénat avant l’adoption définitive d’ici au 22 juillet par l’Assemblée, là encore lors d’une session extraordinaire, et peut-être avec un nouveau 49.3…

 

Patrick Noviello

 

01 Juil

Autoroute Castres-Toulouse : une étude sur une solution alternative

©PHOTOPQR/VOIX DU NORD - Operation peage gratuit à  Hordain. Le 02/06/2016. Photo Thomas LO PRESTI, La Voix du Nord (MaxPPP TagID: maxnewsspecial047959.jpg) [Photo via MaxPPP]

©PHOTO MaxPPP

Réunion de la commission permanente (CP) du conseil régional ce vendredi 1er juillet. Parmi les dossiers, l’autoroute Castres-Toulouse.

La Région va participer au financement d’une étude alternative à la concession auto-routière. Selon nos informations, l’enveloppe pourrait être de quelques milliers d’euros.

Le coût global (supporté par le maître d’ouvrage) est évalué à (environ) 50 000 euros.

Un maître d’ouvrage qui sera des collectivités (communes et inter-communalités) concernés par le tracé.

Concrètement, il s’agit d’étudier un aménagement de la RN 126.

Cette étude doit envisager une hypothèse qui n’a pas été expertisée jusqu’à présent. Sécurisation des endroits accidentogènes. Mise en 2×2 voies de certains tronçons.

Le but est d’apporter un éclairage supplémentaire avant l’ouverture de l’enquête publique en décembre prochain.

Le rapport présenté en commission permanente ce vendredi 1er juillet rappelle :  » le principe d’achèvement de la mise à 2×2 voies de la liaison Toulouse-Castres via l’itinéraire RN 126 par mise en concession a été retenu par décision ministérielle en date du 25 juin 2010″. Autrement dit, la participation au financement de l’étude ne remet pas en cause le projet autoroutier et ne retarde pas l’enquête publique.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Jean-Christophe Sellin : « je lance un appel à Carole Delga pour qu’elle revienne à la raison »

La pilule ne passe pas. Les élus du Parti de Gauche et Nouvelle Gauche socialiste du conseil régional refusent de plier. Ils veulent constituer un groupe autonome et quitter « Nouveau Monde En Commun« . Mais une modification du règlement intérieur et un relèvement du  seuil pour constituer un groupe leur barre la route.

Jean -Christophe Sellin désigne un responsable : le président (Nouveau Monde) du bureau de l’assemblée régionale. Le conseiller régional Front de Gauche lance un appel à Carole Delga et demande à la présidente de région de revenir sur le nouveau règlement.  Interview.

Jean-Christophe Sellin conseiller régional "Nouveau Monde".

Jean-Christophe Sellin conseiller régional « Nouveau Monde ».

Le Blog Politique. Gérard Onesta estime que vous êtes libre de quitter le groupe « Nouveau Monde ». Pourquoi ne pas devenir des non inscrits ?

Jean-Christophe Sellin. Il est hors de question de se prêter à ce tour de passe passe administratif. Nous ne voulons pas être réduit à de la poussière politique. Les non inscrits n’existent pas politiquement. Pas question. Nous ne plierons pas. Nous n’accepterons jamais cela. Le Parti de Gauche et la Nouvelle Gauche Socialiste existent politiquement au niveau régional et national. Dans l’assemblée régionale, nous sommes restés fidèles à nos engagements de campagne et au discours que nous avons tenu aux électeurs. Nationalement, le pays est chauffé à blanc par des lois anti-sociales. Nous sommes les hauts parleurs et les traducteurs du malaise social du pays.

Le Blog Politique. Le règlement intérieur a été voté. Pourquoi ne pas accepter le vote de la majorité ?

Jean-Christophe Sellin. Nous n’avons jamais accepté un relèvement du seuil pour constituer un groupe autonome. En janvier nous nous sommes mis d’accord sur le seuil de 4 élus avec Gérard Onesta en janvier dernier. Le bureau de l’assemblée (ndlr présidé par Gérard Onesta) veut nous corseter et sert de police politique. Beaucoup de gens voudraient bien museler le Front de Gauche et la Nouvelle Gauche Socialiste. Certains en rêvent y compris au sein du conseil régional.

Le Blog Politique. Vous ne voulez pas être non inscrit. Vous ne pouvez pas constituer un groupe. Quelle issue ?

Jean-Christophe Sellin. La balle est dans le camp de Carole Delga. Je ne vois pas l’intérêt de Carole Delga d’engager une guérilla avec nous. Je crois qu’elle est de bonne foi dans cette affaire. Je lui lance un appel pour qu’elle revienne à la raison lors de la prochaine assemblée plénière et qu’elle revoit le seul pour permettre la constitution d’un groupe.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

Euro-Région rebaptisée « Occitanie-Catalogne » : vraie compensation ou fausse consolation pour les Catalans ?

Une pétition. Un groupe sur Facebook. Les catalans sont vent debout contre Occitanie. Ils ne sont pas hostiles au nom voté par les conseillers régionaux. La dimension régionaliste et identitaire d’Occitanie convient parfaitement aux catalanistes. Mais l’absence de référence au pays catalan soulève une levier de bouclier. Cette réaction était prévisible. Elle a été anticipée par Carole Delga. Les mouvements catalans ont été reçus à l’hôtel de région. Des compensations ont été mises sur la table. Parmi elles une sorte de nom de substitution. Celui de l’Euro-région rebaptisée Occitanie-Catalogne.

A quoi correspond cette promesse ? Véritable compensation ou simple lot de consolation ? Éléments de réponse.

(Crédit : MaxPPP)

(Crédit : MaxPPP)

Le choix du nom Occitanie a déclenché une phase de diplomatie active. Pour désamorcer l’hostilité des catalans, la présidente de Région et le président du bureau de l’assemblée régionale ont reçu, à l’hôtel de Région, les représentants de collectif catalaniste « Sem ». Le président d’Unita Catalana, Brice Lafontaine, refuse de parler de contreparties :  » nous n’acceptons en aucun cas que les mesures annoncées soient considérées comme des contreparties et elles ne nous font pas abandonner notre détermination à être reconnus« . Néanmoins,  avant le vote en assemblée plénière, le 24 juin dernier, Carole Delga et Gérard Onesta ont proposé de modifier le nom de l’Euro-région et de déplacer son siège à Perpignan. Coté catalan, on refuse de considérer cette promesse comme une contrepartie.

Cette modification est visiblement en bonne voie.

Elle suppose l’accord de Barcelone, des îles Baléares et du conseil régional. Selon Brice Lafontaine : « des contacts ont été pris avec Barcelone et le ministre des affaires extérieures et il n’y a aucun soucis. Pas de soucis non plus du côté des Baléares« .

Concrètement, le changement de nom (une fois voté par les membres de l’Euro-Région) doit être validé par le gouvernement français. Mais, là encore, Brice Lafontaine est confiant.

L’autre volet du dossier concernant la domiciliation. L’Euro-Région est actuellement sur 3 sites : Toulouse, Barcelone et une représentation à Bruxelles. Carole Delga a promis que le siège sera transféré à Perpignan. Cette opération symbolique suppose un vote interne. Elle peut poser une question de gestion et de mobilité du personnel. L’équipe administrative de l’Euro-Région est composée d’une dizaine de personnes. Mais, sur le fond, pas d’inquiétude du côté des catalans. Le transfert est parfaitement réalisable.

Un nom intégrant « Catalogne » et un siège sur les terres catalanes. La contrepartie d’Occitanie n’est pas négligeable. Mais quelle est son poids réel et sa portée concrète ?

Autrement dit une Euro-Région ça sert à quoi ?

Un ancien élu régional parle d’une « coquille vide« .

Un fin connaisseur des arcanes régionales est plus précis :  » C’est un peu un machin. Cela permet de se payer de bons repas à Toulouse ou Barcelone. Plus sérieusement, quelques actions de coordination et de mise en commun. Il y a toujours moyen de dire que c’est intéressant et sympathique mais cela produit peu. L’Euro-Région permet d’amorcer des dialogues et des échanges et de mieux se connaître. Ce n’est pas évident de dresser un bilan. L’installation du port sec de Barcelone à Eurocentre. C’est peut-être lié à l’Euro-Région. Le dernier moment fort de l’Euro-Région, c’est sous la présidence de Martin Malvy, lors d’un sommet organisé à Toulouse ».

Laurent Dubois (@laurentdub)