02 Oct

Conseil Régional d’Occitanie : le groupe FN reste fidèle à Marine Le Pen

Ancien vice-président du FN, Florian Philippot a claqué la porte du parti de Marine Le Pen. Un véritable séisme dans l’univers « frontiste ». Sans impact sur le groupe Front National au conseil régional.

Marine Le Pen, meeting à Toulouse. Photo Max

Marine Le Pen, meeting à Toulouse. Photo Max

Le départ de Florian Philippot a viré au psychodrame. Un psychodrame né de la personnalité du « démissionnaire » : un intime de Marine Le Pen et un des inspirateurs de la présidentielle 2017. Mais le tourbillon a été également alimenté par une avalanche de réactions.

Sur Twitter, le numéro 2 du FN, Louis Aliot a tiré à boulets rouges sur l’ex-compagnon de route du Front National  :

Dans les rangs des élus FN d’Occitanie, un conseiller régional a également rapidement pris position contre le mouvement de Florian Philippot  :

Quel est l’impact sur le groupe des 39 élus FN du conseil régional ?

Officiellement, aucune démission ou exclusion.

Louis Aliot , ancienne tête de liste aux Régionales et député des Pyrénées-Orientales déclare :

 « aucune conséquence. Il ne faut pas oublier que dans son propre groupe (ndlr : Florian Philippot préside un groupe au Conseil Régional Grand Est), il ne rassemble que 11 élus sur 45

En Occitanie, le poids de Louis Aliot pèse. Un conseiller régional de la Haute-Garonne, Julien Léonardelli est très clair :

« Pour nous, ici, en Occitanie, Philippot est un non événement. La tendance de notre groupe est très claire : nous sommes derrière la présidente du parti, Marine Le Pen. Et nous sommes naturellement derrière notre leader régional, Louis Aliot

Même tonalité dans le Tarn. Pour Frédéric Cabrolier, il n’y a pas de ralliement en vue :

On est 39 et on reste 39 sur 39. Je ne vois pas qui pourrait partir chez nous, dans notre région. Même chose d’ailleurs pour les élus municipaux. Je n’ai pas entendu parler du moindre départ. On est fidèle à Marine et puis voilà;

Un connaisseur des arcanes frontistes est sur la même ligne :

Emmanuel Crenne (ndlr conseiller régional du Lot) est un anti-Philippot primaire. Sanchez (ndlr nouveau président du groupe au conseil régional) est, comme les autres élus, totalement sur la ligne Marine. Certains étaient parfois plus « philippistes » que Philippot quand il avait encore aux responsabilités au FN. Mais, depuis son départ, ils sont légitimistes. Franchement, je connais la quasi-totalité des élus régionaux et je n’en vois pas un bouger et se détacher de la ligne Marine

L’avenir dira si les lignes finissent par bouger. Mais, en attendant, le nouveau mouvement de Florian Philippot, Les Patriotes, ne va pas recevoir des demandes d’adhésions d’Occitanie.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

29 Sep

Carole Delga : « Vu de Paris, la LGV est une ligne comptable »

Carole Delga réagit aux propos du premier ministre devant l’Association des Régions de France. La présidente d’Occitanie revient sur les coupes budgétaires imposées aux collectivités. L’ancienne ministre socialiste épingle également le gouvernement sur le dossier de la LGV.

Carole Delga, ancienne ministre et présidente de la Région Occitanie. Photo : MaxPPP

Carole Delga, Présidente de la Région Occitanie. Photo : MaxPPP

Le Blog Politique. Quelle est votre réaction au discours du premier ministre devant les régions de France ?

Carole Delga. Une sensation de gâchis, et même une petite pointe de mépris d’un gouvernement qui n’a pas trop l’air de sortir au-delà du périphérique parisien. On peut, tous les jours, faire des petites phrases sur « l’ancien monde » et le « nouveau monde », moquer les élus locaux. Mais on n’échappe pas à la réalité : dans ce discours, il y a la déconnexion avec le pays réel, les territoires, les attentes et les besoins des citoyens. Le budget 2018 est profondément injuste. Pour les gens, d’abord, pour les collectivités, ensuite, qui je rappelle, génèrent 70% de l’investissement public dans ce pays. Moins d’investissements, c’est moins de projets, donc moins d’activités pour les entreprises, notamment les PME, les TPE ou les artisans, et donc moins d’emplois. Pas dans le VIIe arrondissement de Paris, mais dans nos régions, dans nos départements, nos communes

Une pointe de mépris d’un gouvernement qui n’a pas l’air de sortir du périphérique

Le Blog Politique. Vous dénoncez une recentralisation et une perte d’autonomie des régions. C’est-à-dire ?

Carole Delga.  On va à contre-courant de l’Histoire. Il faut poursuivre la décentralisation pour justement trouver les solutions au plus près des acteurs, des porteurs de projet. Dans la mythologie, Jupiter gouvernait la terre et le ciel. Mais on est au XXIe siècle. Il faut être agile et efficace en jouant collectif.  Que demandent nos citoyens ? Pas moins d’Etat, mais mieux d’Etat, avec des services publics efficients et bien présents sur les territoires, plus de solidarité et de proximité. La Conférence nationale des territoires initiée en juillet par la Président de la République annonçait un nouveau dialogue avec les collectivités. Depuis, c’est la douche froide. Sur les dotations, les contrats aidés, sur le fonds de soutien au développement économique de 450 millions d’Euros. L’Etat s’engage, puis ce gouvernement recule. Sans aucune discussion. C’est inacceptable. L’Etat a t-il toujours une parole ? La question, de fait, se pose à tous.

L’Etat s’engage puis le gouvernement recule; Sans aucune discussion

Le Blog Politique; L’Etat annonce une baisse des dotations des collectivités. Comment allez gérer cette coupe dans les recettes. Va-t-il y avoir un impact pour les habitants d’Occitanie ?

Carole Delga. Depuis 2016, avec ma majorité, nous travaillons à mettre en place des politiques publiques marquées par la concertation et l’égalité entre citoyens, entre territoires. Des politiques marquées par des actes forts en matière de justice sociale. Dernier exemple : les 400 euros d’économie pour les familles dans le cadre de la rentrée scolaire avec les manuels gratuits, l’ordi, le premier équipement professionnel pour les apprentis. Vous le savez, je suis souvent sur le terrain et je vois la colère qui naît bien souvent de l’injustice, le sentiment que la vie n’est pas facile. Oui il faudra faire des choix mais cette vision d’une région plus juste, plus solidaire ne va pas être impactée, j’en prends l’engagement. Mieux, on va prendre des actes forts sur le « Produit en Occitanie » parce que nous devons compter de plus en plus sur nos propres forces.

Le Blog Politique. Une des conséquences des réductions budgétaires concerne les grands projets de transports. La LGV peut-elle survivre à ce coup de ciseau ?

 Carole Delga. Ce dossier montre clairement l’absence de vision de l’Etat. Vu de Paris, il s’agit d’une ligne comptable. Et si on remettait les choses à leur place ? De quoi ont besoin nos territoires ? De développement, d’emplois. Et quand les territoires vont mieux, le pays va mieux. Les deux LGV Bordeaux-Toulouse et Montpellier-Perpignan ne sont pas des caprices d’élus locaux ! La preuve, elles ont été actées par les gouvernements successifs depuis plusieurs années. Mieux, les deux anciennes régions, ont contribué financièrement, l’une sur Tours-Bordeaux, l’autre sur le contournement Nîmes-Montpellier. Nous l’avons fait en conscience, en votant en toute transparence, face à nos concitoyens. La Région s’est engagée, l’Etat aussi. Et aujourd’hui il reviendrait sur sa parole ? Vous le voyez, on ne peut pas fonctionner ainsi. D’autant que l’on parle d’infrastructures pour plus d’un siècle, de lignes qui nous connectent à Paris, à l’Europe. Mardi prochain, à Toulouse, nous réunissons avec Jean-Louis Chauzy, le président du CESER, les usagers, les élus de la région, le monde économique, le monde sportif et culturel. J’ai prévenu tout le monde à Paris : l’Occitanie ne se laissera pas faire.

Vu de Paris, la LGV est une ligne comptable

 Le Blog Politique. La Région Occitanie va-t-elle augmenter sa participation financière pour compenser le désengagement de l’Etat ?

 Carole Delga. Pour construire le Grand Paris Express qui va concerner 10 millions d’habitants, l’Etat va trouver 25 milliards d’euros voire peut-être plus. Pour la LGV dans notre région, la seule aujourd’hui qui ne possède pas cette infrastructure, pour 5 millions d’habitants, on ne trouverait pas 12 milliards ? A moins de penser qu’un Francilien vaut deux habitants de notre Région ? Dans ce cas-là, changeons la devise de notre République ! Parce que nous avons à cœur que chaque euro soit utile et bien investi, nous avons fait des propositions de financement innovants, présentées à la ministre des transports voici 3 semaines. J’attends sa réponse. Vous savez, chaque jour je parle avec les maires, les présidents d’agglo ou de départements de notre région, je vois des gens responsables, soucieux de l’intérêt général, inquiets bien souvent.  On ne les voit pas au 20 Heures mais ils se battent. Idem pour les entrepreneurs, les associations… Un vrai pack territorial est en train de naître ici et je m’en félicite.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

 

 

28 Sep

Budget Macron : la députée (En Marche) Monique Iborra répond à la députée (PS) Valérie Rabault

Un budget pire que Sarkozy. Des cadeaux aux riches. Dans une interview sur le Blog Politique, la députée (PS) Valérie Rabault critique la première loi de Finances d’Emmanuel Macron. La vice-présidente (En Marche) de la commission des affaires sociales répond à la charge de l’ancienne rapporteuse du Budget.

 Valérie Rabault, députée (PS) du Tarn-et-Garonne. Monique Iborra, députée (LREM) de la Haute-Garonne. Photo : MaxPPP/EGayet

Valérie Rabault, députée (PS) du Tarn-et-Garonne. Monique Iborra, députée (LREM) de la Haute-Garonne. Photo : MaxPPP/EGayet

Le Blog Politique. Valérie Rabault qualifie le budget 2018 de « budget de Droite ». Vous êtes ancienne socialiste, votre réaction ?

Monique Iborra. L’opposition parlementaire ex-socialiste, aujourd’hui Nouvelle Gauche, pense qu’en réactivant les clivages Droite/Gauche ils seront à nouveaux audibles, c’est leur choix. Ce budget mérite mieux que la caricature qu’elle en fait. Je note d’ailleurs qu’elle fait référence à N. Sarkozy qu’elle cite presque comme un modèle en oubliant que le candidat François Hollande à la présidentielle, que les socialistes ont soutenu, écrivait dans son programme qu’il « fallait produire avant de redistribuer »… Au-delà, est-ce un budget de « Droite » qui supprime la taxe d’habitation pour 80% des foyers dont les personnes âgées ? Est-ce un budget de « Droite » qui augmente de 100 euros par paliers le minimum vieillesse, est-ce un budget de « Droite » qui met en place un crédit d’impôt sur les services à la personne pour tous les Français, dont les personnes âgées seront les premières bénéficiaires ? Est-ce un budget de « Droite » qui revalorise de 100 euros par paliers l’allocation adulte handicapé, est-ce un budget de « Droite » qui augmente la prime d’activité pour les salariés au SMIC ? Est-ce un budget de « Droite » qui augmente sensiblement le complément du mode de garde qui va profiter aux femmes isolées, aux familles mono-parentales ? Est-ce un budget de « Droite » qui va voir le salaire des salariés augmenter et qui représentera un 13ème mois à la fin du quinquennat ? Est-ce un budget de « Droite » qui augmente de près de 9% le budget de la solidarité, insertion et égalité des chances ? Est-ce un budget de « Droite » qui augmente le budget de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur, de l’écologie ?

Ce budget mérite mieux que la caricature

Le Blog Politique. Valérie Rabault estime que la réforme de l’ISF est un cadeau fait aux plus riches, votre réaction ?

Monique Iborra.  Cette réforme comme toutes les autres était annoncée par Emmanuel  Macron au cours de la campagne présidentielle et confirmée avant les élections législatives. Il est vrai que l’on peut s’étonner qu’enfin un Président nouvellement élu mette en chantier ce qu’il avait annoncé qu’il ferait ! La réforme de l’ISF, avec la diminution de l’impôt sur les sociétés, que le candidat F. Hollande avait promis, la création du prélèvement forfaitaire unique à 30%, excepté pour le livret A et l’ancien Plan Epargne Logement, ont pour objet de favoriser l’investissement dans l’économie réelle et productive, y compris au niveau des PME. Il faudra en effet suivre et vérifier que l’objectif affiché est réalisé, les députés de la majorité que nous sommes devront suivre cette évolution et l’évaluer. Les débats seront sans doute riches au moment de l’examen de la loi.

Le Blog Politique.  Selon vous, le budget répond-il à l’exigence affirmée par E. Macron de réduction des déficits ?

Monique Iborra. Tenir l’engagement européen : La réduction de la dépense publique aurait été certes, beaucoup plus agressive si la droite était aujourd’hui au pouvoir. Nous aurions alors un vrai budget de Droite ! Le Gouvernement a choisi de ne pas casser la croissance tout en baissant les dépenses publiques l’année prochaine, elle va diminuer pour la 1ère fois depuis de nombreuses années, cela nécessite de changer la stratégie que l’on a connu jusqu’à ce jour : la politique du rabot ! Les réformes avant le rabotage : là aussi l’engagement d’Emmanuel Macron était clair.

Le Blog Politique. Pendant la campagne présidentielle, E. Macron a promis une baisse des impôts. Le budget 2018 est-il conforme à cet objectif ?

Monique Iborra. Les impôts baisseront de 10 milliards, c’est moins que ce qui était initialement prévu mais il s’agit là du premier budget de cette mandature qui s’étalera sur 5 ans…Baisser la pression fiscale, prendre des mesures pour le pouvoir d’achat, réduire les déficits et relancer la croissance, c’est un bon début !

Les impôts baisseront de 10 milliards, c’est moins que ce qui était prévu

Le Blog Politique. Vous êtes Vice-présidente de la commission des affaires sociales, comment réagissez-vous aux coupes budgétaires des bailleurs sociaux ?

Monique Iborra. La politique du logement devait être revue : 4 millions de personnes sont mal logées, 40 milliards d’euros sont dépensés chaque année, les loyers sans cesse en progression…Réduire la réforme du logement envisagée au problème des bailleurs sociaux est sans aucun doute réductrice, d’autant plus que leur situation financière n’est pas forcément homogène. Certains ont des réserves importantes, d’autres moindres…Au-delà des récupérations politiques, il est important de continuer à négocier, le Gouvernement y est prêt, pour qu’en effet leur capacité d’investissement soit préservée en assurant aux Français des baisses de loyer qui leur permettent de trouver un logement décent à un prix stable et acceptable.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

Françoise Laborde : « L’IVG, ça redevient le parcours du combattant ! »

La Sénatrice PRG a choisi cette année de faire sa rentrée sur le thème de l’Interruption Volontaire de Grossesse. En cette journée  de défense de l’IVG, elle a notamment présenté une étude juridique réalisée à sa demande sur la législation dans sept états européens et au Texas. Elle revient pour nous sur cette étude mais aussi sur la situation en France et dans notre région.

François Laborde, sénatrice de la Haute-Garonne

Françoise Laborde, sénatrice de la Haute-Garonne

Le Blog Politique : Pourquoi avoir demandé une étude comparée sur l’IVG entre les différents pays d’Europe ?

Françoise Laborde : La délégation au droit des femmes au Sénat a longtemps travaillé sur ce dossier. Ensuite, je suis Président du groupe d’amitié parlementaire France/Irlande, un pays qui a une législation plus dure donc faire un comparatif m’intéressait particulièrement.

On a fêté les cinquante ans de la loi Neiertz sur la pilule. Mais parallèlement on a aussi constaté que ce droit était remis en cause, même en France. On s’est ensuite rendu compte que quand on cherchait un site internet expliquant les démarches à accomplir, on tombait surtout sur des sites anti-IVG qui étaient systématiquement en haut de page. En France, il est à noter aussi que de moins en moins de structures la pratiquent.

Le manque de lieux d’accueil pose problème

Le Blog Politique : Comment cette étude nous place par rapport à nos voisins européens ?

Françoise Laborde : Certains pays ont une forme d’hypocrisie. Par exemple, en Irlande l’IVG n’est pas remboursée. Mais si l’acte est accompli en Grande-Bretagne et que la visite de suivi une semaine après est effectuée dans le pays, elle est prise en charge. En France, on est plutôt bien à ce niveau. On a même réussi à diminuer la longueur de la procédure qui pouvait parfois mettre les patientes hors-délai. Mais c’est le manque de lieux d’accueil qui pose problème. En Haute-Garonne par exemple, où peut-on désormais pratiquer une IVG ? Ça redevient le parcours du combattant.

Le Blog Politique : Justement ne note-t-on pas clairement une dégradation de l’accès à l’IVG chez nous ?

Françoise Laborde : Clairement ! C’est vrai que c’est compliqué. Même certains pharmaciens refusent de vendre des pilules abortives. Il y a également un gros manque de moyens, par exemple au planning familial à Toulouse. Nous avons, nous parlementaires, mis de l’argent ainsi que l’Etat, pour aider la structure. Même si des bénévoles s’y investissent il faut aussi y pérenniser de l’emploi. Enfin, on constate également une régression plus « sociétale » au niveau des médecins et pharmaciens impliqués. On n’a plus assez de « féministes » au sens positif du terme. Mais on va continuer à se battre !

Surveiller le budget de la Sécurité Sociale

Le Blog Politique : Mais alors que faut-il faire ?

Françoise Laborde : Il faut continuer à en parler y compris au niveau de notre jeunesse. Dans l’éducation par exemple, il y a un relâchement. Et puis il faut que les associations soient aussi là pour prendre le relais. En Italie par exemple, le nombre d’avortement a diminué d’un tiers ces quarante dernières années grâce à une grosse campagne d’éducation. En France, ce chiffre n’a pas bougé.

De son côté, le politique doit être vigilant sur toutes les lois santé et le budget de la Sécurité Sociale. Si ce dernier subit des coupes, cela ne doit pas se faire aux dépens des unités d’accueil. Nous avons une obligation d’avoir un nombre minimal de structures qui pratiquent l’IVG y compris au niveau des hôpitaux publics. Nous ne l’avons pas ! Il y a donc encore des campagnes à mener, le combat continue.

Propos recueillis par Patrick Noviello (@patnoviello)

 

27 Sep

Assistant parlementaire et suppléant du député, un cumul de fonctions que le sénateur (LR) François Bonhomme voulait interdire

Dans notre région, plusieurs députés salarient leurs suppléants en tant que collaborateur. Ce cumul de fonctions, avec une rémunération à la clé, était interdit par un amendement voté au Sénat.

François Bonhomme, sénateur LR du Tarn-et-Garonne. Photo : SoniaKerlidou/Sénat

François Bonhomme, sénateur LR du Tarn-et-Garonne. Photo : SoniaKerlidou/Sénat

C’est une pratique fréquente. Dans le seule Haute-Garonne, 3 parlementaires emploient leur suppléant en tant qu’assistant parlementaire. Dans le Tarn, un député salarie également sa suppléante. Cette formule n’est pas complètement nouvelle. Elle existait sous la précédente législature. Notamment sur la 1ère circonscription tarnaise. Néanmoins, on assiste à une amplification du phénomène. Dans un précédent article, Le Blog Politique a « dénombré » plusieurs cas.

La pratique est parfaitement légale. Mais elle a manqué être interdite. Le sénateur du Tarn-et-Garonne, François Bonhomme, a déposé un amendement pour interdire le cumul « suppléant-assistant ».

L’amendement (n°166) sur l’article 4 de la loi organique pour la confiance dans la vie publique prévoyait de prohiber le recrutement des suppléants. L’amendement Bonhomme a été adopté par le sénat. Mais il a été « retoqué ». François Bonhomme ne se souvient plus précisément, « si c’est en commission mixte paritaire (ndlr : réunissant députés et sénateurs) ou à  l’Assemblée ». Une chose est certaine. La disposition est passée à la trappe.

Le sénateur du Tarn-et-Garonne estime que « les crédits pour les collaborateurs sont destinés à des collaborateurs qui sont là pour aider les parlementaires dans leur travail législatif. Le suppléant, c’est autre chose. Ils suppléent le député ou le sénateur et ils remplacent le parlementaire en cas d’empêchement. C’est un rôle politique. De surcroît, le suppléant n’est pas un subordonné, ce n’est pas un salarié. S’il devient un assistant, c’est forcément un autre type de relation. Une relation entre un employeur et son employé ».

François Bonhomme soulève également un argument de poids : « c’est comme les recrutements croisés (ndlr la femme; la fille ou le fil d’un parlementaire qui travaille pour un autre parlementaire). Il faut de la clarté ». Autrement dit, le suppléant ne doit pas être payé uniquement parce que c’est le suppléant et sans effectué un vrai travail de collaborateur.

En clair, il y a un risque d’emploi fictif. Tous les mois, un député dispose d’une enveloppe de 9 618 euros. Il peut librement allouer un quart ou un tiers de cette somme à un suppléant. Cette rémunération peut être de « complaisance » et correspondre uniquement à des rubans coupés le week-end. Ou pire. Cela peut être de l’argent de poche distribué par « copinage ».

Evidemment, il ne faut pas voir le mal partout. Beaucoup de parlementaires sont parfaitement honnêtes et consciencieux. Néanmoins, l’amendement avait une vertu capitale : évitez le soupçon.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

 

Premier budget d’Emmanuel Macron: « courageux » pour la députée En Marche du Tarn, Marie-Christine Verdier-Jouclas

Budget de droite. Cadeaux aux plus riches. La députée (PS) du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault, étrille le premier budget d’Emmanuel Macron. Une parlementaire de la majorité, la tarnaise Marie-Christine Jouclas-Verdier, livre à son tour sa vision de la loi de Finances 2018. Et répond aux mêmes questions que son adversaire socialiste.

Marie-Christine Verdier-Jouclas, députée du Tarn; Photo : MaxPPP/Tangy

Marie-Christine Verdier-Jouclas, députée du Tarn; Photo : MaxPPP/Tangy

Le Blog Politique. Comment qualifiez-vous le premier budget d’Emmanuel Macron ?

Marie-Christine Verdier-Jouclas. Courageux, cohérent, cadré, responsable et sincère.

Courageux

Le Blog Politique. Quelles sont, selon vous, les mesures les plus fortes et emblématiques contenues dans la loi de Finances ?

Marie-Christine Verdier-Jouclas. Les 8 mesures pour le pouvoir d’achat.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

Premier Budget d’Emmanuel Macron : « un budget de droite » pour la députée (PS) Valérie Rabault

Ce mercredi 27 septembre, la première loi de Finances du quinquennat est présentée en conseil des ministres. Ancienne rapporteuse du Budget, Valérie Rabault livre son opinion. La députée du Tarn-et-Garonne ne mâche pas ses mots. La semaine prochaine, la parlementaire d’Occitanie présentera un « contre-budget ».

Premier volet d’une série de deux interviews. Après la socialiste Rabault, une représentante de la majorité, Marie-Christine Verdier-Jouclas, répond aux mêmes questions.

Valérie Rabault, députée du Tarn-et-Garonne. Photo : Pierre Andrieu AFP

Valérie Rabault, députée du Tarn-et-Garonne. Photo : Pierre Andrieu AFP

Le Blog Politique. Comment qualifiez-vous le premier budget d’Emmanuel Macron ?

Valérie Rabault. C’est un budget de droite. On était dans l’ambiguïté du « et droite, et gauche » jusqu’à présent. Mais désormais un axe est donné. C’est clairement une orientation à droite. Le choix de supprimer la quasi totalité de l’ISF est très clair. C’est un cadeau fait aux plus riches. Même Nicolas Sarkozy, en 2007, n’est pas allé aussi loin en terme fiscal. C’est 3,5 milliards d’euros de cadeau aux 300 000 Français les plus riches.

Même Nicolas Sarkozy n’est pas allé aussi loin en terme fiscal

Le Blog Politique. Quelles sont, selon vous, les mesures les plus fortes contenues dans la loi de Finances ?

Valérie Rabault.  Il y a 2 coupes budgétaires importantes. En 2016, 445 000 créations d’emplois aidés ont été budgétées. On passe à 200 000. Le nombre d’emplois aidés a été divisé par 2. Cela va avoir des conséquences pour les employés. Il n’y a aucun système de substitution. On nous parle de formation mais rien n’est mis en place. C’est donc le chômage. Et, du côté des employeurs, c’est à dire principalement du côté des communes et des associations, la seule solution est de supprimer des missions. L’autre coupe importante, en plus des emplois aidés, concerne le logement. La baisse de 5 euros par mois pour les APL est confirmée. Mais, surtout, les bailleurs sociaux vont perdre 1,4 milliards d’euros. On peut craindre, pardonnez l’expression, qu’ils se refassent la cerise en augmentant les loyers.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

Des députés En Marche ouvrent l’éternel dossier de la Ruralité

Six députés La République En Marche (LREM) d’Occitanie constituent un groupe de travail sur la ruralité.

Photo : IP3Press/MaxPPP

Photo : IP3Press/MaxPPP

Des députés LREM du Tarn, du Gers, de l’Aveyron, de l’Aude, des Pyrénées-Orientales et du Lot se penchent sur le dossier de la ruralité. Ce n’est que le début du commencement. Avec une trentaine de parlementaires de toute la France, les représentants de l’Occitanie « proposeront des pistes de réflexions dans les prochaines semaines« . Pour le moment, il s’agit d’une simple déclaration de principe. Les députés veulent « promouvoir une ruralité active« , « dépasser la fracture territoriale…entre les campagnes, les petites villes et les métropoles » et « défendre (ndlr la ruralité) car nos campagnes et leurs habitants se sentent isolés et délaissés« .

Ce constat n’a rien de nouveau. Il est formulé, depuis une dizaine d’années, par les gouvernements successifs et les élus locaux. En octobre 2014, le premier ministre de l’époque, Manuel Valls a animé des assises de la Ruralité. Trois chantiers sont ressortis : l’accès aux services publics, la couverture du numérique et l’offre de soin.

Ce sont les trois axes qui souhaitent explorer les députés La République En Marche. Désertification médicale. Déploiement des maisons de services publics. Numérique.

Sous la présidence Hollande, le précédent gouvernement s’est attelé à la tâche.

En mars 2015, Manuel Valls a annoncé la fin des « zones blanches ». Cet objectif ciblait particulièrement 169 communes ne disposant pas d’une couverture minimale de 2G. Le précédent gouvernement a également fixé un objectif chiffré pour les maisons de Santé. Ces maisons, réunissant sous un même toit plusieurs professions de santé, devaient atteindre le nombre de 800.

S’agissant du nouveau groupe de travail, un de ses membres insiste sur la proximité avec la réalité de la ruralité. La députée du Tarn, Marie-Christine Verdier-Jouclas déclare :

L’idée essentielle est d’être ancrée dans la réalité des territoires et d’être une force de proposition.

Les travaux ont débuté. Le rythme est hebdomadaire, sans parler des échanges de mails et d’une boucle sur la messagerie cryptée Telegram. Une première rencontre avec le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Cohésion des Territoires, Julien Denormandie, s’est déroulée depuis l’instauration, début septembre, du groupe « ruralité ». Marie-Christine Verdier-Jouclas annonce également de prochaines audiitions.

A noter que d’autres instances de réflexion et de proposition ont été initiées par les députés de la majorité. C’est le cas dans le domaine de l’agriculture ou encore de la viticulture.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

26 Sep

Couple, suppléant, élu local : ces étonnants assistants parlementaires de députés de la région

Depuis septembre 2017, la loi encadre les emplois d’assistants parlementaires. Mais il reste des « bizarreries » ou des situations « cocasses ».

Photo MaxPPP

Photo MaxPPP

La promesse de campagne est devenue une loi. Le candidat Macron voulait interdire aux députés de salarier femmes et enfants. Les députés l’ont fait. Depuis la loi du 15 septembre 2017, les scandales à la Fillon appartiennent au passé. Le site de l’Assemblée continue à mentionner l’emploi d’assistante parlementaire de la femme du député du Gard, Gilbert Collard. Mais c’est juste un problème d’actualisation. Les peines sont sévères s’agissant d’emplois familiaux désormais illégaux : 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende.

Les mailles du filet sont étroites. Impossible de se faufiler, les noms des assistants sont publics. Mais il existe, toutefois, une hypothèse « familiale » qui échappe aux foudres de la loi.

Une exception « tarnaise » avec un couple d’assistants

Un couple, unis par les liens du mariage, peut travailler pour un même député. Ce cas de figure est parfaitement légal. Mais il reste peu banal. Selon nos informations, 1 seul parlementaire sur les 577 députés utilise cette formule. Il est tarnais. Il s’agit de JeanTerlier. Le député La République En Marche (LaRem) emploie sa suppléante et son mari.

Enseignants de profession (musique et espagnol), les deux assistants travaillent sur la circonscription. Ce regroupement familial fait grincer des dents dans les rangs d’En Marche. Des adhérents estiment que les nouveaux députés ont été élus sur une exigence de moralité et de rigueur. Le fait de salarier des conjoints suscite des critiques dans les cercles LaRem de Castres. Des Marcheurs estiment que la compétence professionnelle doit primer sur les rapports amicaux et familiaux.

Cette grogne prouve que les Marcheurs ont pris au sérieux la promesse « macronienne » de renouvellement des pratiques.

Mais elle montre également une évidence. Plus les textes sont exigeants et plus la tolérance, envers les « spécialités » locales, est faible.

En Haute-Garonne, la pratique des « assistants-suppléants »

 Le sénateur du Tarn-et-Garonne, François Bonhomme, souhaitait interdire le cumul des fonctions d’assistant et de suppléant. La commission des lois de l’Assemblée a rejeté la proposition. Juridiquement, le débat est tranché. Les députés peuvent salarier leurs suppléants. Mais, politiquement,  la question a agité les nouveaux députés. En juin dernier, peu de temps après les législatives, des échanges ont eu lieu sur l’opportunité de transformer les suppléants en assistants. Des députés chevronnés ont rejeté l’hypothèse. Un parlementaire de la Haute-Garonne a notamment défendu un argument massue : le suppléants ont un rôle politique et les assistants sont des collaborateurs techniques. Il ne faut pas mélanger les genres. Malgré cette mise en garde des députés salarient leurs suppléants.

C’est particulièrement vrai en Haute-Garonne. Corinne Vignon, Pierre Cabaré, Michaël Nogal utilisent leurs suppléants comme assistants.

Une « assistante-super élue locale » dans le Tarn

Des parlementaires peuvent employer des élus locaux comme assistants. C’est rare. Mais cela arrive. Et quand cela se produit, il s’agit d’élus de petites communes. Sauf dans le Tarn. Le député Philippe Folliot salarie la deuxième adjointe d’une ville de plus de 50 000 habitants et qui occupe, de surcroît, une place de vice-présidente dans une Communauté d’Agglomération. 

Laurent Dubois (@laurentdub)

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