Un budget pire que Sarkozy. Des cadeaux aux riches. Dans une interview sur le Blog Politique, la députée (PS) Valérie Rabault critique la première loi de Finances d’Emmanuel Macron. La vice-présidente (En Marche) de la commission des affaires sociales répond à la charge de l’ancienne rapporteuse du Budget.
Le Blog Politique. Valérie Rabault qualifie le budget 2018 de « budget de Droite ». Vous êtes ancienne socialiste, votre réaction ?
Monique Iborra. L’opposition parlementaire ex-socialiste, aujourd’hui Nouvelle Gauche, pense qu’en réactivant les clivages Droite/Gauche ils seront à nouveaux audibles, c’est leur choix. Ce budget mérite mieux que la caricature qu’elle en fait. Je note d’ailleurs qu’elle fait référence à N. Sarkozy qu’elle cite presque comme un modèle en oubliant que le candidat François Hollande à la présidentielle, que les socialistes ont soutenu, écrivait dans son programme qu’il « fallait produire avant de redistribuer »… Au-delà, est-ce un budget de « Droite » qui supprime la taxe d’habitation pour 80% des foyers dont les personnes âgées ? Est-ce un budget de « Droite » qui augmente de 100 euros par paliers le minimum vieillesse, est-ce un budget de « Droite » qui met en place un crédit d’impôt sur les services à la personne pour tous les Français, dont les personnes âgées seront les premières bénéficiaires ? Est-ce un budget de « Droite » qui revalorise de 100 euros par paliers l’allocation adulte handicapé, est-ce un budget de « Droite » qui augmente la prime d’activité pour les salariés au SMIC ? Est-ce un budget de « Droite » qui augmente sensiblement le complément du mode de garde qui va profiter aux femmes isolées, aux familles mono-parentales ? Est-ce un budget de « Droite » qui va voir le salaire des salariés augmenter et qui représentera un 13ème mois à la fin du quinquennat ? Est-ce un budget de « Droite » qui augmente de près de 9% le budget de la solidarité, insertion et égalité des chances ? Est-ce un budget de « Droite » qui augmente le budget de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur, de l’écologie ?
Ce budget mérite mieux que la caricature
Le Blog Politique. Valérie Rabault estime que la réforme de l’ISF est un cadeau fait aux plus riches, votre réaction ?
Monique Iborra. Cette réforme comme toutes les autres était annoncée par Emmanuel Macron au cours de la campagne présidentielle et confirmée avant les élections législatives. Il est vrai que l’on peut s’étonner qu’enfin un Président nouvellement élu mette en chantier ce qu’il avait annoncé qu’il ferait ! La réforme de l’ISF, avec la diminution de l’impôt sur les sociétés, que le candidat F. Hollande avait promis, la création du prélèvement forfaitaire unique à 30%, excepté pour le livret A et l’ancien Plan Epargne Logement, ont pour objet de favoriser l’investissement dans l’économie réelle et productive, y compris au niveau des PME. Il faudra en effet suivre et vérifier que l’objectif affiché est réalisé, les députés de la majorité que nous sommes devront suivre cette évolution et l’évaluer. Les débats seront sans doute riches au moment de l’examen de la loi.
Le Blog Politique. Selon vous, le budget répond-il à l’exigence affirmée par E. Macron de réduction des déficits ?
Monique Iborra. Tenir l’engagement européen : La réduction de la dépense publique aurait été certes, beaucoup plus agressive si la droite était aujourd’hui au pouvoir. Nous aurions alors un vrai budget de Droite ! Le Gouvernement a choisi de ne pas casser la croissance tout en baissant les dépenses publiques l’année prochaine, elle va diminuer pour la 1ère fois depuis de nombreuses années, cela nécessite de changer la stratégie que l’on a connu jusqu’à ce jour : la politique du rabot ! Les réformes avant le rabotage : là aussi l’engagement d’Emmanuel Macron était clair.
Le Blog Politique. Pendant la campagne présidentielle, E. Macron a promis une baisse des impôts. Le budget 2018 est-il conforme à cet objectif ?
Monique Iborra. Les impôts baisseront de 10 milliards, c’est moins que ce qui était initialement prévu mais il s’agit là du premier budget de cette mandature qui s’étalera sur 5 ans…Baisser la pression fiscale, prendre des mesures pour le pouvoir d’achat, réduire les déficits et relancer la croissance, c’est un bon début !
Les impôts baisseront de 10 milliards, c’est moins que ce qui était prévu
Le Blog Politique. Vous êtes Vice-présidente de la commission des affaires sociales, comment réagissez-vous aux coupes budgétaires des bailleurs sociaux ?
Monique Iborra. La politique du logement devait être revue : 4 millions de personnes sont mal logées, 40 milliards d’euros sont dépensés chaque année, les loyers sans cesse en progression…Réduire la réforme du logement envisagée au problème des bailleurs sociaux est sans aucun doute réductrice, d’autant plus que leur situation financière n’est pas forcément homogène. Certains ont des réserves importantes, d’autres moindres…Au-delà des récupérations politiques, il est important de continuer à négocier, le Gouvernement y est prêt, pour qu’en effet leur capacité d’investissement soit préservée en assurant aux Français des baisses de loyer qui leur permettent de trouver un logement décent à un prix stable et acceptable.
Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)