La Sénatrice PRG a choisi cette année de faire sa rentrée sur le thème de l’Interruption Volontaire de Grossesse. En cette journée de défense de l’IVG, elle a notamment présenté une étude juridique réalisée à sa demande sur la législation dans sept états européens et au Texas. Elle revient pour nous sur cette étude mais aussi sur la situation en France et dans notre région.
Le Blog Politique : Pourquoi avoir demandé une étude comparée sur l’IVG entre les différents pays d’Europe ?
Françoise Laborde : La délégation au droit des femmes au Sénat a longtemps travaillé sur ce dossier. Ensuite, je suis Président du groupe d’amitié parlementaire France/Irlande, un pays qui a une législation plus dure donc faire un comparatif m’intéressait particulièrement.
On a fêté les cinquante ans de la loi Neiertz sur la pilule. Mais parallèlement on a aussi constaté que ce droit était remis en cause, même en France. On s’est ensuite rendu compte que quand on cherchait un site internet expliquant les démarches à accomplir, on tombait surtout sur des sites anti-IVG qui étaient systématiquement en haut de page. En France, il est à noter aussi que de moins en moins de structures la pratiquent.
Le manque de lieux d’accueil pose problème
Le Blog Politique : Comment cette étude nous place par rapport à nos voisins européens ?
Françoise Laborde : Certains pays ont une forme d’hypocrisie. Par exemple, en Irlande l’IVG n’est pas remboursée. Mais si l’acte est accompli en Grande-Bretagne et que la visite de suivi une semaine après est effectuée dans le pays, elle est prise en charge. En France, on est plutôt bien à ce niveau. On a même réussi à diminuer la longueur de la procédure qui pouvait parfois mettre les patientes hors-délai. Mais c’est le manque de lieux d’accueil qui pose problème. En Haute-Garonne par exemple, où peut-on désormais pratiquer une IVG ? Ça redevient le parcours du combattant.
Le Blog Politique : Justement ne note-t-on pas clairement une dégradation de l’accès à l’IVG chez nous ?
Françoise Laborde : Clairement ! C’est vrai que c’est compliqué. Même certains pharmaciens refusent de vendre des pilules abortives. Il y a également un gros manque de moyens, par exemple au planning familial à Toulouse. Nous avons, nous parlementaires, mis de l’argent ainsi que l’Etat, pour aider la structure. Même si des bénévoles s’y investissent il faut aussi y pérenniser de l’emploi. Enfin, on constate également une régression plus « sociétale » au niveau des médecins et pharmaciens impliqués. On n’a plus assez de « féministes » au sens positif du terme. Mais on va continuer à se battre !
Surveiller le budget de la Sécurité Sociale
Le Blog Politique : Mais alors que faut-il faire ?
Françoise Laborde : Il faut continuer à en parler y compris au niveau de notre jeunesse. Dans l’éducation par exemple, il y a un relâchement. Et puis il faut que les associations soient aussi là pour prendre le relais. En Italie par exemple, le nombre d’avortement a diminué d’un tiers ces quarante dernières années grâce à une grosse campagne d’éducation. En France, ce chiffre n’a pas bougé.
De son côté, le politique doit être vigilant sur toutes les lois santé et le budget de la Sécurité Sociale. Si ce dernier subit des coupes, cela ne doit pas se faire aux dépens des unités d’accueil. Nous avons une obligation d’avoir un nombre minimal de structures qui pratiquent l’IVG y compris au niveau des hôpitaux publics. Nous ne l’avons pas ! Il y a donc encore des campagnes à mener, le combat continue.
Propos recueillis par Patrick Noviello (@patnoviello)