22 Nov

Louis Aliot : « un effondrement de l’ex-UMP »

Cinq sondages depuis fin août. Tous placent Louis Aliot en tête au 1er tour et les deux plus récents positionnent le Front National devant Dominique Reynié au 2nd. « Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon » n’est pas donnée « gagnable » pour le FN. Mais les sondages se suivent et pronostiquent un score « historique » pour Louis Aliot. Le Front National pourrait avoir, dans le futur hémicycle régional, plus d’élus que la droite et le centre. Les prochaines études (publiées après les attentats de Paris) diront si les attaques terroristes vont (encore) renforcer le FN. En attendant, Louis Aliot évoque la reprise de sa campagne et parle d’un effondrement de la droite. 

Louis Aliot, tête de liste FN pour les Régionales

Louis Aliot, tête de liste FN pour les Régionales

Régionales 2015-D’après vous, les attentats de Paris vont-ils impacter les Régionales et dans quelle mesure ?

Louis Aliot. Pas facile à dire. Mais cela va modifier la manière de faire campagne. Il va être plus difficile d’aborder les thèmes régionaux. Les gens ne sont pas enclins à entendre parler des transports ou du tourisme. On va être obligé de nationaliser la campagne.

Régionales 2015-Il reste 15 jours avant le 1er tour. Vous avez publiquement déclaré que votre objectif est la barre des 30% le 6 décembre prochain. Pensez-vous que le climat actuel peut vous aider ?

Louis Aliot. Sur le terrain, on assiste à un effondrement des Républicains. Ca ne mord pas. A chaque fois que Nicolas Sarkozy parle on ne l’écoute plus et c’est pareil pour Dominique Reynié son discours est inaudible car il n’est pas crédible. Plus que jamais, les électeurs veulent des responsables qui sont à la hauteur et ne trainent pas un bilan désastreux. Et ce n’est pas mieux à gauche.

Régionales 2015-Un sondage, publié le dimanche 22 novembre, donne Marion Maréchal gagnante en PACA. Marine Le Pen est la favorite du scrutin dans le Nord. Vous êtes « seulement » crédité d’un bon score en Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon. Comment vivez-vous le fait d’être l’outsider des Régionales dans votre parti ? 

Louis Aliot (rire). Le fait que Marion et Marine soient en position de gagner deux régions est positif pour moi. Cela montre que si c’est possible dans le Nord et en PACA, c’est également possible dans notre région.

Régionales 2015-Pour la reprise de votre campagne, Marion Maréchal est venue vous soutenir lors d’un meeting, samedi 21 novembre, à Toulouse. Pourquoi et quel bilan faites-vous de ce meeting commun ?

Louis Aliot. Je craignais un peu qu’après les attentats les gens ne se déplacent pas. Mais nous avons rempli la salle Jean Mermoz. On avait prévu 600 chaises et nous avons eu un peu plus de 500 personnes. Et pourquoi Marion ? C’est une amie et j’avais prévu de faire venir une personnalité à Toulouse.

Propos recueillis par Laurent Dubois

 

20 Nov

Guilhem Serieys : « la droite court après l’extrême-droite et le gouvernement après la droite »

Un premier meeting après un deuil national. Hier au soir, jeudi 19 novembre, Guilhem Serieys a repris une campagne brutalement interrompue par les attentats de Paris. Sur ses terres aveyronnaises, à Rodez, le conseiller régional Front de Gauche a retrouvé un micro et une campagne qui sont profondément marqués par le sang versé dans les rues de la Capitale. Guilhem Serieys livre ses impressions sur un retour à la « normale » qui ne peut pas être normal. La campagne des Régionales peut-elle reprendre ? Comment parler à des électeurs qui sont encore sous le choc ? Réponses.

Guihem Serieys

Guihem Serieys

Régionales 2015-Comment se passe la reprise de la campagne ? 

Guilhem Serieys. On reprend de façon fébrile, sans trop savoir comment vont réagir les gens après cette période de deuil. Beaucoup se posent des questions nouvelles. En particulier sur la façon de s’unir, de faire peuple. S’unir mais pas de façon politicienne et autour de la défense de la démocratie et de notre devise « Liberté, Egalité, Fraternité ». Mais aussi autour de la défense de la laïcité, seul rempart contre tous les obscurantismes.

Régionales 2015-Certains candidats redoutent que la peur des attentats vide les salles de meetings. Vous partagez cette crainte ?

Guilhem Serieys. Non, au meeting de Rodez, on a été plutôt surpris. De notre côté, on assiste à une remobilisation. Les gens ont besoin de se retrouver et de se voir. Si on reste devant sa télé, comment ne pas céder à la panique.

Régionales 2015-Les attentats vont-ils changer votre manière de faire campagne ? 

Guilhem Serieys. Notre devoir d’animateur du débat public est de faire reprendre le débat. Il ne peut pas y avoir de démocratie sans débat. Il faut répondre aux assassins en leur réaffirmant nos principes.

Régionales 2015-Pensez-vous que les attaques terroristes vont durcir la campagne ?

Guilhem Serieys. Le climat va se durcir. La droite court après l’extrême-droite et le gouvernement court après la droite. Dans cette atmosphère, le mouvement que nous avons réussi à créer (NDLR : « Nouveau Monde » avec EELV, les Occitanistes, le PC) constitue un pole de stabilité républicain. Je suis d’accord avec François Hollande pour que le pacte de sécurité prime sur le pacte de stabilité. Mais nous ne sommes pas favorable à une dérive sécuritaire. Je suis favorable à un renforcement des moyens pour la sécurité mais pas de l’arsenal juridique. La vraie solution passe par un renforcement du vivre ensemble. Une partie des assassins sont des français. Il faut se demander comment des français peuvent être manipulés et en arriver là. Nous devons réinventer et renforcer tous les outils qui permettent de renforcer le lien social : politique de la ville, éducation, art et culture.

Régionales 2015-D’après vous, les Régionales sont « mortes » avec les attentats ?

Guilhem Serieys. Non. Les élections sont utiles sont utiles. L’objectif politique des assassins est de cassé la démocratie. Nous avons dans le calendrier une élection démocratique libre. Le peuple doit se saisir du scrutin pour réaffirmer nos valeurs de Liberté et de Fraternité. La seconde utilité est que 60% des électeurs de notre région ne sont pas nés dans la région. Nous n’avons pas une identité fermée. Nous sommes une synthèse de l’identité républicaine.

Régionales 2015-Comment faire exister le débat régional dans le climat actuel ?

Guilhem Serieys. Quand nous avons choisi l’expression « Nouveau Monde », nous voulions dire qu’il faut rompre avec le monde ancien. Un monde gangréné par une crise sociale, économique et écologique. Il faut ajouter la crise liée à un fascisme religieux. Il existe une citation de Gramsci : « L’ancien monde est déjà disparu, le nouveau monde n’est pas encore là, et dans
cet entre-deux les monstres apparaissent ». Nous sommes totalement dans ce cas. Le programme de « Nouveau Monde » permet de revenir à des valeurs qui font qu’un peuple se sent uni : l’équilibre des territoires, répondre aux besoins de santé, renouveler les pratiques politiques.

Propos recueillis par Laurent Dubois

 

 

19 Nov

La Commission des Sondages se saisit du « sondage » Saurel

La Commission des Sondages se saisit du « sondage » commandité par Philippe Saurel. D’après nos informations, l’autorité de contrôle des études d’opinions se penche sur  le dossier.

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Aucune précision sur la date de la décision. Mais elle doit intervenir avant les élections. Le premier tour des Régionales va se dérouler le dimanche 6 décembre. C’est donc avant cette échéance que la Commission tranchera.

Selon nos informations, l’autorité de contrôle a déjà pris contact avec l’institut à l’origine du « sondage ». Un rappel a été fait, ce matin, au sujet des règles concernant la notice qui doit obligatoirement accompagner la publication ou la diffusion d’un sondage.

Il s’agit d’un rappel à la loi. Un texte du 19 juillet 1977 exige que l’institut de sondage résume dans une notice les conditions d’élaboration du sondage. Ce qui n’était pas le cas s’agissant de l’étude réaliste par Elysées Consulting pour le compte de Philippe Saurel.

Cette première régularisation n’est qu’une première étape.

La Commission va désormais se pencher sur le sondage lui-même. La qualité de l’échantillon (donnée déterminante pour qu’un sondage soit représentatif) et les « redressements » vont être passés au crible.

Surtout en période électorale, le contexte médiatique pèse également dans la balance. Au delà des aspects techniques, l’impact du sondage « suspect » peut influencer le verdict de la Commission des Sondages. Un impact qui se mesure au nombre d’articles ou de « Une » consacré au sondage incriminé.

Au terme de cet examen, la Commission ne peut pas prononcer des amendes ou des sanctions. Mais elle peut imposer « des mises au point à la presse et saisir la Garde des Sceaux ».

Laurent Dubois

 

 

 

18 Nov

Le « vrai-faux » sondage de Philippe Saurel

Mercredi 18 novembre, Philippe Saurel a présenté à la presse un sondage. Mais c’est un drôle de « sondage ». Aucun détail sur l’échantillon et la méthode. Un institut toulousain totalement inconnu. D’après un « vrai » sondeur : « méfiance absolue, c’est ubuesque ».

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Face à la presse, Philippe Saurel a décliné une série de chiffres. Ils portent sur les intentions de vote au 1er tour des Régionales. L’étude a été réalisée par Elysées Consulting.

Problème : le « sondeur » est totalement inconnu.

Son site indique : « Etudes en Marketing & Conseils ». Le cabinet est composé d’une économiste, d’un ingénieur en génie civil, d’une spécialiste de psychologie génétique et d’une fondatrice associée « à la retraite mais qui reste disponible ».

Un sondeur (appartenant à un grand institut) n’a jamais entendu parler d’Elysées Consulting. Un autre, contacté par SMS, réagit immédiatement : « c’est qui ? C’est quoi ? ». Un dernier déclare : « sans doute bidon la dénomination le montre »

La profession de sondeur n’est pas réglementée. A la différence des avocats ou des médecins, il n’est pas nécessaire d’appartenir à un ordre pour exercer. Mais il existe, de fait, une liste des instituts de sondage ayant pignon sur rue et dont les études sont reconnues. Elysées Consulting n’est pas du tout référencé.

Sur son site, le cabinet évoque ses activités  (études qualitatives, quantitatives et sémiologie) et son champ d’intervention (alimentaire, hygiène et cosmétique, presse, politique…). Le profil n’est pas vraiment celui de l’IFOP, de la Sofres, d’Opinionways ou CSA Opinion.

On peut toujours considérer qu’Elysées Consulting est un petit nouveau. Un novice qui va se faire une place dans l’univers des sondeurs. Problème. C’est mal parti. Les règles élémentaires du métier ne sont pas respectées.

Un sondage doit toujours être accompagné d’une fiche technique. Une fiche indiquant : la taille de l’échantillon, les dates de réalisation, la méthode utilisée. Le «vrai-faux » sondage de Philippe Saurel indique seulement l’échantillon (1006 personnes) et la « méthode » (Sondage réalisé sur internet).

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Pour un sondeur, « c’est grotesque. C’est bon pour être mis à la poubelle. Quand nous réalisons un sondage, nous déposons en parallèle un dossier devant la Commission des Sondages (NDLR : autorité de régulation et de contrôle) et dans lequel est mentionné le brut, la méthode, les techniques de redressement ».

Pour un autre professionnel des sondages, c’est clair : « il n’y a aucun calibre de redressement. On ne sait pas comment l’échantillon est composé. Il peut être vérolé. 1006 personnes ce sont peut être 1006 copains qui cliquent sur internet ».

Un sondeur qui travaille actuellement sur les Régionales éclate de rire : « c’est la bonne vieille intox avec une boîte amie. Ce n’est pas nouveau. Mais c’est bien fait. Les chiffres ne sont pas d’une aberration absolue. 30 % pour Aliot, c’est vraiment la fourchette haute. Mais cela reste crédible ».

La « supercherie » est tellement crédible que deux medias ont repris le « vrai-faux » sondage. En revanche, du côté de Philippe Saurel, question crédibilité c’est raté. Le personnage ne manque pas de charisme et de talent. Mais, un tel faux pas est tout simplement incroyable. 

Un vrai sondage, réalisé par un vrai institut, va être publié demain, jeudi 19 novembre.

Dans cette étude, publiée par l’hebdomadaire Paris Match, Philippe Saurel obtient 6% d’intentions de vote. Pour 3 petits points (le « sondage » Elysées Consulting donne 9,9 % à Philippe Saurel), le leader des Citoyens du Midi s’est lancé dans une stupéfiante histoire. Une histoire qui fait tâche.

Laurent Dubois

 

 

 

 

 

[Sondage] : pas encore publié et déjà périmé !!

Demain, jeudi 19 novembre, un magazine national doit publier un sondage IFOP.

D’après nos informations, les chiffres confirment la tendance et les rapports de force pointés par les précédentes études. Le FN est en tête au 1er tour. Devant Carole Delga et Dominique Reynié. Au second tour, la gauche est victorieuse et Louis Aliot devance le candidat de la Droite et du Centre.

Bref, rien de neuf sous le soleil des Régionales.

Un détail change tout. Le sondage a été réalisé avant les attentats sur Paris. Il est périmé avant d’avoir été publié.

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Le poids du drame national et le choc émotionnel qui secoue le pays vont forcément influencer les intentions de vote.

Il faut attendre les chiffres pour mesurer l’impact. Mais impossible que les lignes ne bougent pas.

Plusieurs hypothèses sont sur la table :

Un réflexe civique avec un sursaut de mobilisation.

Improbable. Par définition, les régionales ne sont pas des élections nationales. Transformer le scrutin en référendum anti-Daesh ou en acte de résistance est loin d’être évident. Cela peut mobiliser, à la marge, des électeurs qui veulent manifester un soutien civique à la Démocratie. Mais ce geste symbolique ne va pas bouleverser les lignes.

Une prime au Front National.

Probable. Un élu Républicain pronostique un « 40% » dans son département du Gard. Même son de cloche dans le Tarn-et-Garonne.Cela n’a rien de scientifique (évidemment). Mais, plusieurs élus (de droite comme de gauche) évoquent 2 points en plus en Midi-Pyrénées et 4 coté Languedoc-Roussillon. Le FN a le vent en poupe depuis le début de la campagne.Dans tous les sondages publiés jusqu’à présent, Louis Aliot arrive en tête au 1er tour. Mais il peut profiter d’une radicalisation de l’électorat de droite. Depuis deux sondages, Dominique Reynié se classe dernière le leader du FN. Des transferts de voix peuvent s’accélérer et s’approfondir.

Une fragilisation de Philippe Saurel et Gérard Onesta.

Possible. Les attentats de Paris peuvent conduire à une remobilisation autour de Carole Delga. C’est le syndrome du « drapeau ». L’électorat de gauche peut jouer la carte du parti (socialiste) au pouvoir. Le climat national est anxiogène. Une prise de risque politique (en votant pour des offres électorales alternatives) risque de devenir plus compliqué. Du côté de « Nouveau Monde » et de Gérard Onesta, on peut ajouter un autre élément. Les partenaires d’Europe-Ecologie (notamment le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon) critiquent l’état d’urgence et dénoncent une atteinte aux libertés publiques. L’opinion publique est en attente de sécurité et d’autorité. Gérard Onesta et « Nouveau Monde » risquent de se « recroqueviller » sur leurs bases idéologiques. Ce retour aux sources (pacifisme, défense des libertés publiques) peut rétrécir le socle électoral de Gérard Onesta

Laurent Dubois

 

 

[Brèves de non campagne] : « reprendre la campagne parait grotesque »

« Reprendre les petits jeux de campagne, me paraît grotesque. Quel décalage ». Ce cri du coeur émane d’une tête de liste départementale. Elle reflète l’esprit général. Le deuil national est terminé. Mais les Régionales n’arrivent pas à reprendre.

8441253-13253944Une tête de liste régionale confesse, par SMS, son malaise. Un malaise qui traverse les rangs de la droite comme de la gauche :  » j’ai fait le point avec mes 13 têtes de listes départementales. Dans le contexte actuel, c’est très compliqué ».

Ce matin, mercredi 18 novembre, Gérard Onesta et « Nouveau Monde » devaient envoyer un communiqué de presse. Il a demandé à son staff de reporter l’envoi après la fin de l’assaut et une vague d’interpellations menées, tout au long de la matinée, à Saint-Denis.

La campagne est totalement écrasée par les attentats de Paris. Sur le fond, comment parler logement, finances et croiser le fer avec ses adversaires alors que les électeurs ont une seule chose en tête : la terreur islamiste.

Mais, à ce problème « politique », s’ajoute des difficultés pratiques. Un communiqué de presse ou une réunion risque d’être télescopé par des rebondissements policiers. Les perquistions et les interpellations captent toute l’attention. Sans parler d’une émotion qui rend dérisoire la bataille électorale. Derrière ces questions de « timing » se trouvent de vrais enjeux politiques. Une communication mal calibrée ou qui intervient au mauvais moment peut non seulement tomber dans la vide. Mais également un sentiment de rejet.

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Loin des micros, certains ne sont pas trop gênés par le contexte dramatique du moment. Place du Capitole, mardi 17 novembre, ce sont rassemblées plus de 10 000 personnes. Parmi cette foule (rendant hommage aux victimes des attentats), se trouvaient de écharpes tricolores, des élus. Un des soutiens d’une tête de liste régionale n’a pas hésité à se « réjouir » (à haute voix) de la cure de silence imposée à son candidat. Un silence qui permet de capitaliser sans rien dire ni faire. Les calculs cyniques et la tactique politicienne ne sont (malheureusement) pas absents.

La campagne n’est pas simplement menacée par les terroristes.

Elle est également malmenée par des comportements déplacés.

Laurent Dubois

 



 

17 Nov

Fin du deuil national et l’improbable reprise de la campagne

Fin du deuil national. Retour de la campagne. Après les attentats de Paris, les candidats ont suspendu les réunions publiques et les opérations de tractages sur les marchés. A partir de demain, mercredi 18 novembre, les Régionales reprennent. C’est une reprise progressive et difficile à gérer. Etat des lieux.

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Depuis le 13 novembre et la tuerie parisienne, la campagne des Régionales est en berne. Impossible et impensable de maintenir des conférences de presse ou des réunions publiques. La France est sous le choc. Les élections ne sont pas simplement éclipsées. Elles sont littéralement englouties par une actualité sanglante et glaçante.

Face à ce drame national, un consensus régional se forme. Toutes les opérations électorales sont suspendues. Mais le mouvement n’est pas unanime. En plein deuil national, le lendemain des attaques terroristes, Dominique Reynié maintient une réunion publique à Mende. Ce qui provoque d’ailleurs une polémique sur twitter et suscite un malaise à droite.

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Le dimanche, deux jours après les attentats, Dominique Reynié « récidive ». Le candidat LR adresse un communiqué de presse aux rédactions. Un communiqué évoquant les attentats mais aussi son projet régional. Même réaction que pour la réunion de Mende (les réseaux sociaux en moins). Des dents grincent à droite et des sarcasmes fusent à gauche.

En dehors de ces «fausses notes », Dominique Reynié a rejoint le cortège des candidats. Les réunions sont décommandées et les tracts restent dans les cartons.

Carole Delga a tenu sa dernière réunion publique le vendredi 13 novembre à 18 heures. Un article, publié par le quotidien régional le 16 novembre, rend compte d’une réunion de ses soutiens à Portet-sur-Garonne. Mais le staff de Carole Delga précise que la tête de liste socialiste n’a animé ou participé à aucune manifestation depuis le soir des attentats.

Du côté de Philippe Saurel, on insiste sur l’annulation de toutes les opérations électorales. Le leader des « Citoyens du Midi » a ceint son écharpe de 1er magistrat de Montpellier. Mais il a raccroché sa casquette de candidat. Des déplacements et 3 réunions ont été supprimées.

Louis Aliot a dégainé un tweet polémique. Mais, après cet épisode, la tête de liste FN a suspendu sa campagne. Louis Aliot annonce la suppression de 4 déplacements et de 4 réunions dont 1 à Béziers.

S’agissant de Gérard Onesta, le message est clair : « aucun tract distribué, aucun communiqué de presse envoyé, pas de réunion ou de meeting ». Le samedi 14 novembre, « Nouveau Monde » a publié une lettre publique pour convier Carole Delga, Dominique Reynié et Philippe Saurel à une réunion. Une réunion pour « une fin de campagne apaisée ».

En dehors de cette irruption (le lendemain des attentats) de la campagne des régionales, Gérard Onesta et « Nouveau Monde » ont respecté un « black out ».

L’immense majorité des candidats a compris que le moindre faux pas serait plus qu’une erreur. Une véritable faute. Face aux morts et aux blessés, la plus petite allusion à la campagne électorale aurait été sanctionnée.

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Comme le déclare un responsable du PS : « une seule à faire : se taire ». Cela n’empêche pas les arrières pensées et la tentation de l’instrumentalisation. Mais la période de deuil national exigeait le silence.

Il n’y aurait pas de retour à la « normale ». L’impact profond des attentats interdit de reprendre la campagne là ou elle a été suspendue. La reprise pose des « casse-têtes » logistiques : impossible d’organiser des réunions publiques ou des meetings qui n’ont pu être annoncés.

Mais c’est surtout un problème de fond qui agite les états-majors politiques. Comment trouver le bon ton ? Quels mots faut-il employés et quelle forme doit prendre le retour en campagne ?

Carole Delga a choisi d’organiser une conférence de presse. Demain, mercredi 18 novembre, à 14 heures 30 à sa permanence toulousaine. Philippe Saurel (mercredi 18 novembre à 14 heures) et Louis Aliot (jeudi 19 novembre à Montpellier) ont choisi la même formule.

Le 17 novembre à 19 heures 22, Dominique Reynié a envoyé une newsletter à ses soutiens et sympathisants. La partie « agenda » mentionne une réunion publique le mercredi 18 novembre à 18 heures 30 à Béziers. En dehors d’un édito (reprenant le communiqué de presse envoyé aux médias le 15 novembre) les attentats ne sont pas mentionnés et le calendrier ne mentionne pas des modifications suite au deuil national.

Gérard Onesta parle d’une reprise « soft ». Une grande réunion publique est annulée malgré la fin du deuil national. Le leader de « Nouveau Monde » sera sur le terrain dans le Comminges. Il commencera à distribuer des documents siglés « nous sommes Paris ». Un sigle qui figurera désormais sur le matériel de campagne.

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La méthode progressive de Gérard Onesta est révélatrice. Dans le contexte actuel, la cuisine politique est totalement indigeste. Elle est source de haut-le-coeur et même de rancoeur. Des blessés sont encore hospitalisés. Quasiment tous les jours, les médias évoquent des perquisitions de nuit dans le milieu islamiste.

Des discours sur la LGV ou les routes risquent de paraître non seulement déconnectés. Mais surtout « déplacés ». Les électeurs peuvent être indifférents aux dossiers régionaux. Mais également agacés par des querelles électorales.

Les candidats sont confrontés à une vraie difficulté. La campagne n’a pas vraiment débuté. Mais elle va se terminé dans un climat « hostile ».

Les medias ont également beaucoup de mal à retrouver le chemin des Régionales 2015.

Un seul exemple. « Sud Radio » devait organiser, vendredi prochain, un grand débat avec les têtes de listes.

Il est reporté.

Laurent Dubois

 

 

 

 

 

 

 

16 Nov

Des Régionales en Etat d’Urgence

Une situation totalement inédite. C’est la première fois, sous la Ve République, qu’une élection va se dérouler sous le régime de l’Etat d’Urgence. Trois jours après les attentats de Paris, François Hollande vient d’annoncer un projet de loi pour prolonger, durant les trois prochains mois, cette mesure exceptionnelle. Quel impact sur le déroulement de la campagne ? Des meetings ou des réunions publiques vont-ils être annulés ? Un renforcement de la sécurité est-elle prévue ? Eléments de réponse.

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Restrictions à la liberté d’aller et de venir. Interdiction de réunions publiques. L’Etat d’Urgence (appliqué en vertu de la loi du 5 avril 1955) renforce les pouvoirs de la police en permettant des perquisitions de nuit. Mais il peut concerner le quotidien des français et impacter le déroulement de la campagne régionale.

Samedi 14 novembre, Manuel Valls a annoncé le maintien des élections les 6 et 13 décembre prochains . Mais l’éruption du terrorisme (moins d’un mois avant le 1er tour) modifie complètement le contexte électoral. Sur le plan politique, les conséquences vont être majeures. C’est une nouvelle élection qui débute avec un drame national aussi inattendu que brutal. Mais, sur le terrain (pratico-pratique) des opérations électorales, c’est un véritable coup de tonnerre.

Samedi 14 novembre, le préfet de Région, Pascal Mailhos a réuni des parlementaires et le président de Midi-Pyrénées, Martin Malvy. Cette réunion n’a pas abordé les conséquences de l’Etat d’Urgence sur les élections régionales.

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D’après nos informations, le représentant de l’Etat a évoqué le renforcement de la surveillance de certains lieux : salles de spectacles, magasins…Un long exposé a également été consacré à la manifestation du mardi 17 novembre. Une manifestation en forme de marche et qui doit réunir politiques, syndicalistes et citoyens.

Mais aucun élément sur la campagne électorale.

Contacté par téléphone, la préfecture de Région n’a pas communiqué d’informations.

Evidemment, la situation peut évoluer d’un moment à l’autre.

La campagne va reprendre à la fin du deuil national. Mercredi 18 novembre, Gérard Onesta et « Nouveau Monde » annulent un meeting prévu dans le Comminges. Le même jour, Louis Aliot envisage une double conférence de presse : le matin à Montpellier et l’après-midi à Toulouse. De son côté, Carole Delga réfléchit.

Le retour en campagne va se faire progressivement.

Cela laisse le temps au préfet de s’ajuster en fonction des évènements. Mais la question va se poser rapidement

Selon nos informations, les têtes de listes régionales n’ont pas encore été contactées par la préfecture. D’ailleurs, certaines s’interrogent : des réunions publiques ou des meetings pourraient-ils être interdits par l’Etat ?

Le responsable d’un des staff de campagne est convaincu que cela ne se produira pas : « personne n’a réservé des salles de 10 000 personnes ». Autrement dit, faute de meetings de masse des mesures de sécurité doivent suffire. Même en période d’Etat d’Urgence, un précepte fondamental demeure : la liberté de réunion est le principe et l’interdiction l’exception.

Le préfet doit pouvoir garantir le bon déroulement de la campagne et donc la tenue des meetings ou des manifestations publiques. C’est « juste » une question de cars de CRS et de « bleu marine » autour des salles. Quitte à « brutaliser » des syndicats policiers qui dénoncent régulièrement l’épuisement des forces de l’ordre. Des forces de l’ordre qui, avant les attentats de Paris, étaient déjà hyper-sollicitées.

Du côté des candidats, pas de renforcement de la sécurité au programme.

Pour Gérard Onesta, « ce n’est pas un gars avec un badge à l’entrée qui va arrêter un terroriste avec une kalachnikov ». Bref, pas de vigiles ou de service d’ordre du PC en renfort.

S’agissant de Carole Delga : aucun commentaire et encore moins de détails. La campagne est suspendue. La reprise (y compris sous l’angle de la sécurité) n’est pas à l’ordre du jour.

Louis Aliot a interpellé le ministère de l’Intérieur au sujet du meeting toulousain de Marion Maréchal. Le leader du FN attend une réponse. Mais c’est un bureau exécutif qui mardi 18 novembre, à 10 heures, doit aborder la question de la sécurisation de la campagne.

Dans l’équipe de Philippe Saurel, c’est une réunion qui doit prochainement mettre le dossier sur la table. Mathilde Tolsan, tête de liste en Haute-Garonne et en charge du grand meeting de Toulouse, insiste sur le fait que « les élections sont maintenues et la campagne doit continuer après un drame qui a nous a complétement occuper. Au delà du drame national, on a des copains et des amis qui ont été touchés ».

Laurent Dubois

Pendant la suspension de la campagne, le débat sur la sécurité continue

Unanimement, l’ensemble des candidats a décidé ce week-end de suspendre la campagne. Ce qui ne veut pas dire pour autant que le débat s’est arrêté. Il repart même de plus belle, forcément plus axé sur les questions de sécurité.

Photo : Rémy Gabalda / AFP

Photo : Rémy Gabalda / AFP

Samedi, Dominique Reynié avait bien expliqué qu’il suspendait sa campagne mais qu’il demandait à ses colistiers de maintenir les réunions prévues avec les concitoyens « afin de partager nos pensées et nos sentiments sur le drame que vit notre pays ». L’idée pouvait paraître alors plutôt cohérente.

Mais, dimanche, le leader LR-UDI qui avait invité, à Onet-le-Château, les treize binômes têtes de liste départementaux, n’a pas hésité à rentrer à nouveau dans le détail de son programme. Il est revenu notamment sur ses propositions en matière de « sécurité des personnes et des bien dans les lycées, les communes rurales, les trains et les gares ». Il a rappelé aussi qu’il avait préconisé régionalement « la mise en place de dispositifs de soutien et de solidarité vis-à-vis de nos soldats et de leur famille ».

Le discours de Dominique Reynié reste toutefois loin des polémiques que suscitent les propos d’autres candidats LR aux Régionales comme Christian Estrosi en PACA qui demande un « Patriot Act » à l’américaine et qui explique qu’il faut accepter de restreindre certaines libertés. Quant à Laurent Wauquiez tête de liste en Auvergne-Rhône Alpes, lui préconise sans détour des « centres d’internement antiterroristes spécifiquement dédiés », ce que certains interprètent déjà comme des « Guantanamo » sur le sol français.

Le PRG veut rappeler les réservistes

A sa sortie de l’Elysée hier, reçu comme tous les chefs de partis, Jean-Michel Baylet a formulé également ses propositions pour sécuriser le territoire. Le patron du PRG a souhaité le rappel des réservistes de l’armée et de la gendarmerie. L’élu Tarn et garonnais a par ailleurs suggéré « que le cadre légal de la légitime défense et du port d’arme hors des temps de service soit réétudié pour les forces de l’ordre ». Enfin le PRG rappelle qu’il avait été le premier, dès juillet dernier, à demander la fermeture « des lieux de culte convaincus de radicalisation ».

A droite comme à gauche, chacun veut donc se positionner sur la question désormais primordiale de la sécurité des citoyens. Une question, de même que celle de l’immigration que le FN avait mis en sourdine ici en début de campagne, mais que parti n’a pas tardé à reprendre à son compte. Louis Aliot n’a pas résisté dès samedi à interpeler Manuel Valls sur les réseaux sociaux le qualifiant même d’ « irresponsable » face à des mesures de protection du territoire que le Front National juge insuffisantes et trop tardives.

Une campagne qui devra être exemplaire

La campagne ne devrait officiellement pas reprendre avant mercredi matin, fin de la période de deuil national. Mais déjà certains craignent qu’elle ne s’envenime. Ainsi Gérard Onesta tête de liste EELV-FG a écrit une lettre ouverte à Carole Delga ainsi que MM Saurel et Reynié pour « définir en commun les bases d’une fin de campagne qui devra être exemplaire de dignité et détermination démocratique ».

Gérard Onesta dit vouloir s’adresser à un « arc républicain » dont il exclue le FN. Dominique Reynié, lui a déjà fait savoir  « qu’il ne répondrait favorablement à cette demande que si les onze listes candidates étaient représentées ». Du côté des autres candidats interpellés, pas de réponse officielle pour l’instant.

Patrick Noviello

14 Nov

Manuel Valls maintient les élections régionales en décembre prochain

Le premier ministre vient de confirmer le maintien des élections régionales les 6 et 13 décembre prochains. Elles ne seront pas reportées suite aux attentats à Paris. Manuel Valls a  écarté un éventuel report en déclarant : « ce serait donner raison aux terroristes ».

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La question d’un report des Régionales s’est posée toute la journée. Des voix se sont élévées pour demander  de nouvelles dates.

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Cette solution posait des problèmes  juridiques : rallongement du mandat des conseillers régionaux sortants, fusion des régions au 1er janvier, allongement du financement des campagnes, convocation (inscrite dans la Loi) des nouveaux conseils régionaux le 4 janvier 2016. À tout cela s’ajoute un autre « verrou ». La réforme régionale a déjà conduit à un prorogation du mandat des élus régionaux. Or la jurisprudence du Conseil Constitutionnel fixe une limite maximale : 6 mois. Une limite atteinte après le vote de la fusion des régions.

Mais, visiblement, ce ne sont pas (simplement) les contraintes constitutionnelles et pratiques qui ont déterminé l’Exécutif. François Hollande et Manuel Valls ont souhaité adresser un message de détermination face  à la menace terroriste. De manière moins avouable et plus électoraliste, l’espoir de bénéficier d’une mobilisation derrière un président devenu chef de guerre a également pu jouer.

Ce matin, samedi 14 novembre, les instances nationales du PS n’excluaient rien. Mais, d’après nos informations,à 18 heures, au sein d’un Bureau National extraordinaire, la ligne était unanime: maintien des élections à la date prévue. Parmi les défenseurs de cette position, on compte notamment le patron des élections, le député de Haute-Garonne, Christophe Borgel.

Christophe Borgel, député de Haute-Garonne et numéro 3 du PS

Christophe Borgel, député de Haute-Garonne et numéro 3 du PS

Bien évidemment, le PS n’est pas décideur en la matière.

Un éventuel report exigeait le vote d’une loi. Plus précisemment, un projet de loi c’est-à-dire un texte présenté par le gouvernement. Sans parler d’une consultation des autres partis. Une telle décision suppose un consensus républicain.

Lundi 17 novembre, François Hollande va réunir en Congrès les deux Chambres. Députés et sénateurs vont sièger à Versailles.

Cette formule(extra-ordinaire) est (normalement) réservée aux révisions constitutionnelles. Mais, faute de réforme à l’ordre du jour, elle va « simplement » servir d’écrin à un discours solennel et à des annonces. Un discours et des annonces qui se concentreront sur la lutte anti-terroriste et non sur un nouveau calendrier électoral.

Laurent Dubois

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