Fin du deuil national. Retour de la campagne. Après les attentats de Paris, les candidats ont suspendu les réunions publiques et les opérations de tractages sur les marchés. A partir de demain, mercredi 18 novembre, les Régionales reprennent. C’est une reprise progressive et difficile à gérer. Etat des lieux.
Depuis le 13 novembre et la tuerie parisienne, la campagne des Régionales est en berne. Impossible et impensable de maintenir des conférences de presse ou des réunions publiques. La France est sous le choc. Les élections ne sont pas simplement éclipsées. Elles sont littéralement englouties par une actualité sanglante et glaçante.
Face à ce drame national, un consensus régional se forme. Toutes les opérations électorales sont suspendues. Mais le mouvement n’est pas unanime. En plein deuil national, le lendemain des attaques terroristes, Dominique Reynié maintient une réunion publique à Mende. Ce qui provoque d’ailleurs une polémique sur twitter et suscite un malaise à droite.
Le dimanche, deux jours après les attentats, Dominique Reynié « récidive ». Le candidat LR adresse un communiqué de presse aux rédactions. Un communiqué évoquant les attentats mais aussi son projet régional. Même réaction que pour la réunion de Mende (les réseaux sociaux en moins). Des dents grincent à droite et des sarcasmes fusent à gauche.
En dehors de ces «fausses notes », Dominique Reynié a rejoint le cortège des candidats. Les réunions sont décommandées et les tracts restent dans les cartons.
Carole Delga a tenu sa dernière réunion publique le vendredi 13 novembre à 18 heures. Un article, publié par le quotidien régional le 16 novembre, rend compte d’une réunion de ses soutiens à Portet-sur-Garonne. Mais le staff de Carole Delga précise que la tête de liste socialiste n’a animé ou participé à aucune manifestation depuis le soir des attentats.
Du côté de Philippe Saurel, on insiste sur l’annulation de toutes les opérations électorales. Le leader des « Citoyens du Midi » a ceint son écharpe de 1er magistrat de Montpellier. Mais il a raccroché sa casquette de candidat. Des déplacements et 3 réunions ont été supprimées.
Louis Aliot a dégainé un tweet polémique. Mais, après cet épisode, la tête de liste FN a suspendu sa campagne. Louis Aliot annonce la suppression de 4 déplacements et de 4 réunions dont 1 à Béziers.
S’agissant de Gérard Onesta, le message est clair : « aucun tract distribué, aucun communiqué de presse envoyé, pas de réunion ou de meeting ». Le samedi 14 novembre, « Nouveau Monde » a publié une lettre publique pour convier Carole Delga, Dominique Reynié et Philippe Saurel à une réunion. Une réunion pour « une fin de campagne apaisée ».
En dehors de cette irruption (le lendemain des attentats) de la campagne des régionales, Gérard Onesta et « Nouveau Monde » ont respecté un « black out ».
L’immense majorité des candidats a compris que le moindre faux pas serait plus qu’une erreur. Une véritable faute. Face aux morts et aux blessés, la plus petite allusion à la campagne électorale aurait été sanctionnée.
Comme le déclare un responsable du PS : « une seule à faire : se taire ». Cela n’empêche pas les arrières pensées et la tentation de l’instrumentalisation. Mais la période de deuil national exigeait le silence.
Il n’y aurait pas de retour à la « normale ». L’impact profond des attentats interdit de reprendre la campagne là ou elle a été suspendue. La reprise pose des « casse-têtes » logistiques : impossible d’organiser des réunions publiques ou des meetings qui n’ont pu être annoncés.
Mais c’est surtout un problème de fond qui agite les états-majors politiques. Comment trouver le bon ton ? Quels mots faut-il employés et quelle forme doit prendre le retour en campagne ?
Carole Delga a choisi d’organiser une conférence de presse. Demain, mercredi 18 novembre, à 14 heures 30 à sa permanence toulousaine. Philippe Saurel (mercredi 18 novembre à 14 heures) et Louis Aliot (jeudi 19 novembre à Montpellier) ont choisi la même formule.
Le 17 novembre à 19 heures 22, Dominique Reynié a envoyé une newsletter à ses soutiens et sympathisants. La partie « agenda » mentionne une réunion publique le mercredi 18 novembre à 18 heures 30 à Béziers. En dehors d’un édito (reprenant le communiqué de presse envoyé aux médias le 15 novembre) les attentats ne sont pas mentionnés et le calendrier ne mentionne pas des modifications suite au deuil national.
Gérard Onesta parle d’une reprise « soft ». Une grande réunion publique est annulée malgré la fin du deuil national. Le leader de « Nouveau Monde » sera sur le terrain dans le Comminges. Il commencera à distribuer des documents siglés « nous sommes Paris ». Un sigle qui figurera désormais sur le matériel de campagne.
La méthode progressive de Gérard Onesta est révélatrice. Dans le contexte actuel, la cuisine politique est totalement indigeste. Elle est source de haut-le-coeur et même de rancoeur. Des blessés sont encore hospitalisés. Quasiment tous les jours, les médias évoquent des perquisitions de nuit dans le milieu islamiste.
Des discours sur la LGV ou les routes risquent de paraître non seulement déconnectés. Mais surtout « déplacés ». Les électeurs peuvent être indifférents aux dossiers régionaux. Mais également agacés par des querelles électorales.
Les candidats sont confrontés à une vraie difficulté. La campagne n’a pas vraiment débuté. Mais elle va se terminé dans un climat « hostile ».
Les medias ont également beaucoup de mal à retrouver le chemin des Régionales 2015.
Un seul exemple. « Sud Radio » devait organiser, vendredi prochain, un grand débat avec les têtes de listes.
Il est reporté.
Laurent Dubois