Unanimement, l’ensemble des candidats a décidé ce week-end de suspendre la campagne. Ce qui ne veut pas dire pour autant que le débat s’est arrêté. Il repart même de plus belle, forcément plus axé sur les questions de sécurité.
Samedi, Dominique Reynié avait bien expliqué qu’il suspendait sa campagne mais qu’il demandait à ses colistiers de maintenir les réunions prévues avec les concitoyens « afin de partager nos pensées et nos sentiments sur le drame que vit notre pays ». L’idée pouvait paraître alors plutôt cohérente.
Mais, dimanche, le leader LR-UDI qui avait invité, à Onet-le-Château, les treize binômes têtes de liste départementaux, n’a pas hésité à rentrer à nouveau dans le détail de son programme. Il est revenu notamment sur ses propositions en matière de « sécurité des personnes et des bien dans les lycées, les communes rurales, les trains et les gares ». Il a rappelé aussi qu’il avait préconisé régionalement « la mise en place de dispositifs de soutien et de solidarité vis-à-vis de nos soldats et de leur famille ».
Le discours de Dominique Reynié reste toutefois loin des polémiques que suscitent les propos d’autres candidats LR aux Régionales comme Christian Estrosi en PACA qui demande un « Patriot Act » à l’américaine et qui explique qu’il faut accepter de restreindre certaines libertés. Quant à Laurent Wauquiez tête de liste en Auvergne-Rhône Alpes, lui préconise sans détour des « centres d’internement antiterroristes spécifiquement dédiés », ce que certains interprètent déjà comme des « Guantanamo » sur le sol français.
Le PRG veut rappeler les réservistes
A sa sortie de l’Elysée hier, reçu comme tous les chefs de partis, Jean-Michel Baylet a formulé également ses propositions pour sécuriser le territoire. Le patron du PRG a souhaité le rappel des réservistes de l’armée et de la gendarmerie. L’élu Tarn et garonnais a par ailleurs suggéré « que le cadre légal de la légitime défense et du port d’arme hors des temps de service soit réétudié pour les forces de l’ordre ». Enfin le PRG rappelle qu’il avait été le premier, dès juillet dernier, à demander la fermeture « des lieux de culte convaincus de radicalisation ».
A droite comme à gauche, chacun veut donc se positionner sur la question désormais primordiale de la sécurité des citoyens. Une question, de même que celle de l’immigration que le FN avait mis en sourdine ici en début de campagne, mais que parti n’a pas tardé à reprendre à son compte. Louis Aliot n’a pas résisté dès samedi à interpeler Manuel Valls sur les réseaux sociaux le qualifiant même d’ « irresponsable » face à des mesures de protection du territoire que le Front National juge insuffisantes et trop tardives.
Une campagne qui devra être exemplaire
La campagne ne devrait officiellement pas reprendre avant mercredi matin, fin de la période de deuil national. Mais déjà certains craignent qu’elle ne s’envenime. Ainsi Gérard Onesta tête de liste EELV-FG a écrit une lettre ouverte à Carole Delga ainsi que MM Saurel et Reynié pour « définir en commun les bases d’une fin de campagne qui devra être exemplaire de dignité et détermination démocratique ».
Gérard Onesta dit vouloir s’adresser à un « arc républicain » dont il exclue le FN. Dominique Reynié, lui a déjà fait savoir « qu’il ne répondrait favorablement à cette demande que si les onze listes candidates étaient représentées ». Du côté des autres candidats interpellés, pas de réponse officielle pour l’instant.
Patrick Noviello