20 Nov

Guilhem Serieys : « la droite court après l’extrême-droite et le gouvernement après la droite »

Un premier meeting après un deuil national. Hier au soir, jeudi 19 novembre, Guilhem Serieys a repris une campagne brutalement interrompue par les attentats de Paris. Sur ses terres aveyronnaises, à Rodez, le conseiller régional Front de Gauche a retrouvé un micro et une campagne qui sont profondément marqués par le sang versé dans les rues de la Capitale. Guilhem Serieys livre ses impressions sur un retour à la « normale » qui ne peut pas être normal. La campagne des Régionales peut-elle reprendre ? Comment parler à des électeurs qui sont encore sous le choc ? Réponses.

Guihem Serieys

Guihem Serieys

Régionales 2015-Comment se passe la reprise de la campagne ? 

Guilhem Serieys. On reprend de façon fébrile, sans trop savoir comment vont réagir les gens après cette période de deuil. Beaucoup se posent des questions nouvelles. En particulier sur la façon de s’unir, de faire peuple. S’unir mais pas de façon politicienne et autour de la défense de la démocratie et de notre devise « Liberté, Egalité, Fraternité ». Mais aussi autour de la défense de la laïcité, seul rempart contre tous les obscurantismes.

Régionales 2015-Certains candidats redoutent que la peur des attentats vide les salles de meetings. Vous partagez cette crainte ?

Guilhem Serieys. Non, au meeting de Rodez, on a été plutôt surpris. De notre côté, on assiste à une remobilisation. Les gens ont besoin de se retrouver et de se voir. Si on reste devant sa télé, comment ne pas céder à la panique.

Régionales 2015-Les attentats vont-ils changer votre manière de faire campagne ? 

Guilhem Serieys. Notre devoir d’animateur du débat public est de faire reprendre le débat. Il ne peut pas y avoir de démocratie sans débat. Il faut répondre aux assassins en leur réaffirmant nos principes.

Régionales 2015-Pensez-vous que les attaques terroristes vont durcir la campagne ?

Guilhem Serieys. Le climat va se durcir. La droite court après l’extrême-droite et le gouvernement court après la droite. Dans cette atmosphère, le mouvement que nous avons réussi à créer (NDLR : « Nouveau Monde » avec EELV, les Occitanistes, le PC) constitue un pole de stabilité républicain. Je suis d’accord avec François Hollande pour que le pacte de sécurité prime sur le pacte de stabilité. Mais nous ne sommes pas favorable à une dérive sécuritaire. Je suis favorable à un renforcement des moyens pour la sécurité mais pas de l’arsenal juridique. La vraie solution passe par un renforcement du vivre ensemble. Une partie des assassins sont des français. Il faut se demander comment des français peuvent être manipulés et en arriver là. Nous devons réinventer et renforcer tous les outils qui permettent de renforcer le lien social : politique de la ville, éducation, art et culture.

Régionales 2015-D’après vous, les Régionales sont « mortes » avec les attentats ?

Guilhem Serieys. Non. Les élections sont utiles sont utiles. L’objectif politique des assassins est de cassé la démocratie. Nous avons dans le calendrier une élection démocratique libre. Le peuple doit se saisir du scrutin pour réaffirmer nos valeurs de Liberté et de Fraternité. La seconde utilité est que 60% des électeurs de notre région ne sont pas nés dans la région. Nous n’avons pas une identité fermée. Nous sommes une synthèse de l’identité républicaine.

Régionales 2015-Comment faire exister le débat régional dans le climat actuel ?

Guilhem Serieys. Quand nous avons choisi l’expression « Nouveau Monde », nous voulions dire qu’il faut rompre avec le monde ancien. Un monde gangréné par une crise sociale, économique et écologique. Il faut ajouter la crise liée à un fascisme religieux. Il existe une citation de Gramsci : « L’ancien monde est déjà disparu, le nouveau monde n’est pas encore là, et dans
cet entre-deux les monstres apparaissent ». Nous sommes totalement dans ce cas. Le programme de « Nouveau Monde » permet de revenir à des valeurs qui font qu’un peuple se sent uni : l’équilibre des territoires, répondre aux besoins de santé, renouveler les pratiques politiques.

Propos recueillis par Laurent Dubois