« Reprendre les petits jeux de campagne, me paraît grotesque. Quel décalage ». Ce cri du coeur émane d’une tête de liste départementale. Elle reflète l’esprit général. Le deuil national est terminé. Mais les Régionales n’arrivent pas à reprendre.
Une tête de liste régionale confesse, par SMS, son malaise. Un malaise qui traverse les rangs de la droite comme de la gauche : » j’ai fait le point avec mes 13 têtes de listes départementales. Dans le contexte actuel, c’est très compliqué ».
Ce matin, mercredi 18 novembre, Gérard Onesta et « Nouveau Monde » devaient envoyer un communiqué de presse. Il a demandé à son staff de reporter l’envoi après la fin de l’assaut et une vague d’interpellations menées, tout au long de la matinée, à Saint-Denis.
La campagne est totalement écrasée par les attentats de Paris. Sur le fond, comment parler logement, finances et croiser le fer avec ses adversaires alors que les électeurs ont une seule chose en tête : la terreur islamiste.
Mais, à ce problème « politique », s’ajoute des difficultés pratiques. Un communiqué de presse ou une réunion risque d’être télescopé par des rebondissements policiers. Les perquistions et les interpellations captent toute l’attention. Sans parler d’une émotion qui rend dérisoire la bataille électorale. Derrière ces questions de « timing » se trouvent de vrais enjeux politiques. Une communication mal calibrée ou qui intervient au mauvais moment peut non seulement tomber dans la vide. Mais également un sentiment de rejet.
Loin des micros, certains ne sont pas trop gênés par le contexte dramatique du moment. Place du Capitole, mardi 17 novembre, ce sont rassemblées plus de 10 000 personnes. Parmi cette foule (rendant hommage aux victimes des attentats), se trouvaient de écharpes tricolores, des élus. Un des soutiens d’une tête de liste régionale n’a pas hésité à se « réjouir » (à haute voix) de la cure de silence imposée à son candidat. Un silence qui permet de capitaliser sans rien dire ni faire. Les calculs cyniques et la tactique politicienne ne sont (malheureusement) pas absents.
La campagne n’est pas simplement menacée par les terroristes.
Elle est également malmenée par des comportements déplacés.
Laurent Dubois