Une situation totalement inédite. C’est la première fois, sous la Ve République, qu’une élection va se dérouler sous le régime de l’Etat d’Urgence. Trois jours après les attentats de Paris, François Hollande vient d’annoncer un projet de loi pour prolonger, durant les trois prochains mois, cette mesure exceptionnelle. Quel impact sur le déroulement de la campagne ? Des meetings ou des réunions publiques vont-ils être annulés ? Un renforcement de la sécurité est-elle prévue ? Eléments de réponse.
Restrictions à la liberté d’aller et de venir. Interdiction de réunions publiques. L’Etat d’Urgence (appliqué en vertu de la loi du 5 avril 1955) renforce les pouvoirs de la police en permettant des perquisitions de nuit. Mais il peut concerner le quotidien des français et impacter le déroulement de la campagne régionale.
Samedi 14 novembre, Manuel Valls a annoncé le maintien des élections les 6 et 13 décembre prochains . Mais l’éruption du terrorisme (moins d’un mois avant le 1er tour) modifie complètement le contexte électoral. Sur le plan politique, les conséquences vont être majeures. C’est une nouvelle élection qui débute avec un drame national aussi inattendu que brutal. Mais, sur le terrain (pratico-pratique) des opérations électorales, c’est un véritable coup de tonnerre.
Samedi 14 novembre, le préfet de Région, Pascal Mailhos a réuni des parlementaires et le président de Midi-Pyrénées, Martin Malvy. Cette réunion n’a pas abordé les conséquences de l’Etat d’Urgence sur les élections régionales.
D’après nos informations, le représentant de l’Etat a évoqué le renforcement de la surveillance de certains lieux : salles de spectacles, magasins…Un long exposé a également été consacré à la manifestation du mardi 17 novembre. Une manifestation en forme de marche et qui doit réunir politiques, syndicalistes et citoyens.
Mais aucun élément sur la campagne électorale.
Contacté par téléphone, la préfecture de Région n’a pas communiqué d’informations.
Evidemment, la situation peut évoluer d’un moment à l’autre.
La campagne va reprendre à la fin du deuil national. Mercredi 18 novembre, Gérard Onesta et « Nouveau Monde » annulent un meeting prévu dans le Comminges. Le même jour, Louis Aliot envisage une double conférence de presse : le matin à Montpellier et l’après-midi à Toulouse. De son côté, Carole Delga réfléchit.
Le retour en campagne va se faire progressivement.
Cela laisse le temps au préfet de s’ajuster en fonction des évènements. Mais la question va se poser rapidement
Selon nos informations, les têtes de listes régionales n’ont pas encore été contactées par la préfecture. D’ailleurs, certaines s’interrogent : des réunions publiques ou des meetings pourraient-ils être interdits par l’Etat ?
Le responsable d’un des staff de campagne est convaincu que cela ne se produira pas : « personne n’a réservé des salles de 10 000 personnes ». Autrement dit, faute de meetings de masse des mesures de sécurité doivent suffire. Même en période d’Etat d’Urgence, un précepte fondamental demeure : la liberté de réunion est le principe et l’interdiction l’exception.
Le préfet doit pouvoir garantir le bon déroulement de la campagne et donc la tenue des meetings ou des manifestations publiques. C’est « juste » une question de cars de CRS et de « bleu marine » autour des salles. Quitte à « brutaliser » des syndicats policiers qui dénoncent régulièrement l’épuisement des forces de l’ordre. Des forces de l’ordre qui, avant les attentats de Paris, étaient déjà hyper-sollicitées.
Du côté des candidats, pas de renforcement de la sécurité au programme.
Pour Gérard Onesta, « ce n’est pas un gars avec un badge à l’entrée qui va arrêter un terroriste avec une kalachnikov ». Bref, pas de vigiles ou de service d’ordre du PC en renfort.
S’agissant de Carole Delga : aucun commentaire et encore moins de détails. La campagne est suspendue. La reprise (y compris sous l’angle de la sécurité) n’est pas à l’ordre du jour.
Louis Aliot a interpellé le ministère de l’Intérieur au sujet du meeting toulousain de Marion Maréchal. Le leader du FN attend une réponse. Mais c’est un bureau exécutif qui mardi 18 novembre, à 10 heures, doit aborder la question de la sécurisation de la campagne.
Dans l’équipe de Philippe Saurel, c’est une réunion qui doit prochainement mettre le dossier sur la table. Mathilde Tolsan, tête de liste en Haute-Garonne et en charge du grand meeting de Toulouse, insiste sur le fait que « les élections sont maintenues et la campagne doit continuer après un drame qui a nous a complétement occuper. Au delà du drame national, on a des copains et des amis qui ont été touchés ».
Laurent Dubois