De l’abondance à la rareté. Avant le 1er tour, plus d’une dizaine de sondages a été publié. En revanche, s’agissant de l’entre-deux tours, le compteur affiche une seule enquête d’opinion. Une étude BVA circule sur les portables. Mais un IFOP est l’unique enquête d’avant 2nd tour publiée en bonne et due forme. Une publication dans la toute dernière ligne droite. Quelques heures avant la clôture de la campagne officielle.
Le commentaire des sondages obéit à un rituel et à des règles : les écarts et les scores, les progressions et les tendances, la taille de l’échantillon et la date de réalisation.
Mais, de manière beaucoup plus informelle, chaque étude fait également l’objet d’appréciations au coin d’un café, autour d’une table ou au détour d’une conversation. Ces appréciations n’ont rien de « scientifiques ». Elles émanent de collaborateurs politiques ou d’élus. Il faut les prendre pour ce qu’elles sont. De simples opinions. Néanmoins, sans exagérer leurs portées ou leur intérêt, elles donnent la « température ».
De plus, ces « analyses » et réactions émanent de personnes traînant les semelles sur les marchés ou dans les meetings. L’expérience et le « feeling » ne remplacent pas le scalpel du commentateur « professionnel ». Mais ces « amateurs » éclairés ont un atout sur le sondeur ou le politologue : la fréquentation du terrain et du landerneau politique .
Petit florilège de commentaires.
Un consensus se forme autour de l’écart de voix entre Carole Delga et Louis Aliot.
Le sondage de l’IFOP pointe un écart de 8 points. Au PS comme à droite, on ne croit pas à un tel chiffre. Un responsable centriste déclare : « un écart de 8 points cela veut dire que Reynié remonte et passe à 22 points. C’est contraire au ressenti que j’ai. Personnellement, je ressens plutôt un effondrement. Je ne vois pas comment Reynié peut récupérer des électeurs chez les abstentionnistes ou même chez Aliot. Moi je le mets plutôt à 15 ou 16. Pour son meeting à Toulouse, il a du mal à remplir sa salle et il monterait dans les urnes. Je n’y crois pas ».
Un élu de gauche est sur la même ligne. » Cela va être serré entre Carole et Aliot. Le sondage pointe un renforcement du PS en Midi-Pyrénées. C’est crédible car il peut y avoir une mobilisation de la gauche face au FN. Mais côté Languedoc Aliot peut continuer à monter. En plus on ne sait absolument pas comment vont se reporter les voix de Gérard Onesta. On me dit que les taux de report sont très bons. Mais j’attends aussi beaucoup de gens qui ne veulent pas voter socialiste. En tout cas, c’est bien que le sondage de Baylet ne sorte pas un écart trop important. Cela pourrait démobiliser ».
Un autre élu de gauche est plus optimiste. « Il y a de nombreuses procurations et je pense qu’elles traduisent une mobilisation anti-FN. Nous avons fait de bons scores sur Toulouse et Montpellier. On peut passer la barre des 50 points dans les deux plus grandes villes de la Région. Un écart de 8 points c’est peut-être trop optimiste. Mais je crois que Carole peut profiter d’une dynamique ».
Autre consensus. Le sondage IFOP montre que le maintien de Dominique Reynié fait perdre le FN. Un colistier de Carole Delga est formel : « sans Dominique Reynié, il est évident que le FN gagne largement.Il gèle des voix. Nous avons évité deux dangers mortels : un quadrangulaire avec Gérard Onesta et un retrait de Dominique Reynié. Dans les deux cas, on était cuit ».
A droite, un responsable Républicain déclare : « Dominique Reynié a eu totalement raison de se maintenir. Les centristes qui ont demandé son retrait sont complètement à côté de la plaque. Il n’ont rien compris. Notre électorat veut se débarrasser de la gauche, des Pinel et Delga. Il se serait reporter massivement sur Aliot. Tous les jours j’entends des sympathisants qui me disent qu’ils vont voter Aliot car il est le mieux placer pour virer la gauche. Alors imaginez si Reynié n’était pas resté en piste. Cela aurait un raz de marée ».
Laurent Dubois