07 Oct

Arnaud Montebourg en terre conquise à Toulouse

Arnaud Montebourg passe la journée sur Toulouse. C’est sa première sortie après l’officialisation de sa candidature à la primaire du Parti Socialiste. L’ancien ministre a choisi une terre « conquise ». Arnaud Montebourg doit (encore) convaicre les électeurs toulousains. Mais il est déjà solidement implanté chez les socialistes de la ville rose.

Arnaud Montebourg en visite à Toulouse. Photo @France3Midi-Pyrénées

Arnaud Montebourg en visite à Toulouse. Photo @France 3 Midi-Pyrénées

Arnaud Montebourg dispose de soutiens historiques au sein du PS31. Des soutiens qui remontent au temps du Nouveau Parti Socialiste, dans les années 2000. Au premier rang, la députée, Catherine Lemorton. Des ralliements viennent renforcer les effectifs. Dernier en date, celui d’une proche de Benoît Hamon, la vice-présidente du Conseil Régional, Nadia Pellefigue. Comme le précise un cadre du parti, « c’est un soutien de poids. Elle bascule avec armes et bagages ».

En réalité, ce basculement spectaculaire est le point culminant d’un mouvement beaucoup plus ancien et profond. Un fin connaisseur du PS31 fait remonter le début de la conquête « montebourgeoise » aux précédents sénatoriales :

« L’éliminiation du 1er des « hollandais », Jean-Jacques Mirassou (ndlr ancien sénateur) a ouvert une brèche dans laquelle se sont engouffrés les « montebourg ». En partie en cause de la faute des « hollandais » qui ont très mal géré les choses, les « hollandais » ont été écrasés et l’appareil a basculé. Quasiment tous les cadres sont Montebourg. Quand on tient l’appareil, c’est fini. On a toutes les manettes : les cartes et autre ».

Parmi les cadres, on compte l’animateur fédéral du MJS. A titre personnel, Daniel Molina soutient Arnaud Montebourg. Le 1er fédéral, Sébastien Vincini, ne s’est pas encore exprimé. Mais il n’existe pas de doute sur son inclinaison « montebourgeoise ». Résultat de l’ancrage Montebourg au sein PS31, il n’existe pas de concurrence. Une autre candidate à la primaire, Marie-Noëlle Lienemann est venue sur Toulouse. Mais ce n’était pas la foule et impossible de parler d’un ancrage local. Du côté de François Hollande, pas de réunion ou de mobilisation en dehors du meeting de rentrée à Colomiers. Et encore. l’initiative ne vient pas du PS31 mais directement de Paris.

Comment expliquer cette « Montebourg Mania » ? Le style d’un personnage haut en couleur ? Le discours « Made in France » de l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande ? Son positionnement « souverainiste » sur l’Europe ? La critique du bilan de François Hollande ? Un de ses soutiens dévoile une des raisons de son succès : « les sondages montrent clairement que deux hommes se détachent (NDRL François Hollande et Arnaud Montebourg) et c’est entre les deux que cela va se jouer. Les sondages déclenchent des vocations ».

Un ancien hollandais est encore plus clair : « Si Montebourg gagne, cela va permettre à ses soutiens et notamment à Nadia Pellefigue de peser encore davantage et de peser face à la présidente de Région (NDLR, Carole Delga, soutien de François Hollande)  mais il y a également un enjeu du côté des municipales et d’une candidature à la mairie de Toulouse ».

La primaire du PS, c’est l’occasion de se positionner. Au sens propre comme figuré. Sur le plan des idées comme des places.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

 

Politic Café #5 : Sarkozy en Occitanie, les centristes dans la primaire, l’anti-cumul du PS

Politic Café

Tournée générale de « Politic Café », 5ème édition. Cette semaine au menu de notre module vidéo hebdomadaire de décryptage de l’actualité politique :

  • la tournée de Nicolas Sarkozy à Toulouse et Montauban
  • l’UDI 31 qui se déchire au sujet de la primaire de la droite… et du centre !
  • les socialistes de Haute-Garonne qui ne veulent pas plus de 3 mandats consécutifs pour leurs futurs députés.

A la vôtre !

06 Oct

Brigitte Barèges fait un parallèle entre son expérience judiciaire et celle de Nicolas Sarkozy

Lors d’un meeting en présence de Nicolas Sarkozy, la maire de Montauban  a prononcé un véritable réquisitoire. Dans un discours d’une dizaine de minutes, Brigitte Barèges s’est indignée du traitement infligé à un proche de l’ex-chef de l’Etat, l’ancien patron du renseignement, Bernard Squarcini. Mais l’ancienne avocate a également évoqué ses propres déboires judiciaires et son séjour au commissariat de police.

Nicolas Sarkozy. Meeting de Montauban. Photo : @AFP -Eric Cabanis

Nicolas Sarkozy. Meeting de Montauban. Photo : @AFP -Eric Cabanis

Face à 2000 sympathisants et Nicolas Sarkozy, Brigitte Barèges a pris la défense de Bernard Squarcini. :

J’ai été choquée, Nicolas, qu’on ait osé faire subir à lui, ce grand flic reconnu de tous, 48 heures de garde à vue. Quelle honte. Quelle bassesse. Depuis Christiane Taubira, la garde à vue est devenue un instrument d’humiliation politique des adversaires politiques.

Et pour la maire de Montauban, cet acharnement judiciaire vise Nicolas Sarkozy  :

Personne n’est dupe de l’opération de déstabilisation politique qui vise à te déstabiliser Nicolas.

Brigitte Barèges, décidément très remontée contre la justice de son pays, est revenue sur son passage dans les locaux de l’Hôtel de Police de Toulouse, dans le cadre une procédure pour détournement de fonds publics.  

Je garderai toujours en mémoire mon passage dans les geôles du commissariat de police de Toulouse. Je faisais les 100 pas dans ma cellule parce que je n’osais pas m’asseoir sur la paillasse. J’étais scrutée dans mon intimité par des caméras de surveillance. La garde à vue est une épreuve proche de la torture mentale pour les gens honnêtes. Ces épreuves, tu les as connu toi aussi, Nicolas.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

05 Oct

Les jeunes socialistes toulousains contre l’augmentation du tarif jeune dans les transports

©Benoit GIBERT

©Benoit GIBERT

2 000 autocollants. 500 affiches et des centaines de tracts. Les Jeunes Socialistes lancent une campagne pour dénoncer une augmentation du tarif jeune dans les transports. La mairie de Toulouse se défend. L’adjoint aux transports de Jean-Luc Moudenc et président de Tisséo, Jean-Michel Lattes estime que « le tarif jeune restera le tarif le deuxième tarif le moins cher de France avec 22 euros ».

Mais un responsable du Mouvement des Jeunes Socialistes ne l’entend pas de cette oreille. Daniel Molina sonne le tocsin : « On se mobilise car on craignait cette augmentation. On attendait de voir. Mais on connaît maintenant le détail et c’est plus grave qu’on pouvait le penser. La gratuité ne concernera plus que 2% des 100 000 étudiants ».

Pour Daniel Molina l’augmentation  du tarif jeune ce n’est pas simplement moins de bénéficiaires. C’est également plus de formalités : « Il va falloir prouver sa qualité de boursier, se rendre dans une agence, constituer un dossier. Éventuellement relancer les démarches en cas de changement de situation ».

Daniel Molina pointe les conséquences du nouveau dispositif. Un dispositif qui doit entrer en vigueur début 2017. Pour le représentant du MJS « c’est un frein à la mobilité et à l’autonomie. Quand on est boursier, on regarde les revenus des parents. Certains jeunes sont en rupture familiale ou ne veulent pas dépendre des parents ».

Daniel Molina souhaite le maintien du système actuel. Un système introduit sous la précédente municipalité. Celle du socialiste Pierre Cohen. Les jeunes socialistes n’hésitent pas se priver de sommeil pour afficher, la nuit, des affiches au slogan évocateur : Hey Moudenc ! touche pas à mon tarif jeune.

tarif jeune

Mais le MJS se projette également dans un Grand Soir municipal : « si nous gagnons la mairie en 2020, une de nos premières mesures sera de rétablir le système actuel ».

Un air de campagne électorale flotte sur les bus et le métro toulousains.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

 

 

Primaire de la droite…et du Centre ?

Participer ou ne pas participer à l’organisation de la Primaire de la Droite et du Centre ? Deux leaders centristes de Haute-Garonne s’opposent sur la question mais ouvrent le débat.

Jean-Jacques Bolzan, Président du Parti Radical Valoisien de Haute-Garonne

Jean-Jacques Bolzan, Président du Parti Radical Valoisien de Haute-Garonne

Le titre du communiqué de Jean-Jacques Bolzan est sans ambiguïté : « le Parti Radical de Haute-Garonne ne participera pas à l’organisation de la Primaire de la Droite ». Selon le Président du Parti Radical Valoisien 31 : « C’est une élection qui concerne les Républicains. Les adhérents de l’UDI ont voté lors du dernier congrès une non-participation à ces Primaires. Nous devons garder notre ligne d’indépendance. »

« Après chacun est libre d’aller voter s’il le souhaite » nuance l’élu toulousain. « Mais soutenir un candidat ou faire campagne pour lui, qu’est-ce que ça veut dire ? Autant aller dissoudre l’UDI ! Et puis, quoi, il n’y a personne de capable chez nous ? »

Qu’as-tu donc fait en politique, à part des paellas, pour te permettre de juger ?

Pierre Médevielle

Seul hic, le patron de l’UDI 31, Pierre Médevielle, lui, appelle sur Twitter à « voter massivement ». Réponse de Jean-Jacques Bolzan sur ce même réseau social : « Faute Politique ». Riposte sanglante de Médevielle : « Qu’as-tu donc fait en politique, à part des paellas, pour te permettre de juger ? ». Dernière joute de Bolzan : « Quel niveau ce sénateur ! »

Il faut pour bien remettre les choses dans leur contexte rappeler que Jean-Jacques Bolzan qui s’était présenté face à lui ne reconnaît pas l’élection de Pierre Medevielle comme Président de l’UDI31. Les deux hommes ne sont donc pas près de travailler ensemble sur quoi que ce soit. Mais alors quelle est la position officielle de l’UDI (dont font partie les Radicaux Valoisiens) ?

Pierre Medevielle, Président de l'UDI 31

Pierre Medevielle, Président de l’UDI 31

Le 24 septembre dernier Jean-Christophe Lagarde, Président de l’UDI a incité les centristes à « participer » à la Primaire, tout en critiquant sévèrement Nicolas Sarkozy. Rappelons que l’UDI a décidé au Printemps dernier de ne pas y présenter de candidat, faute d’accord avec Les Républicains. « L.R a fait ça de son côté. Il aurait fallu qu’on puisse participer à la règle du jeu. Après est-ce que ça aurait été une bonne chose d’avoir un candidat UDI à la Primaire ? » s’interroge Jean-Jacques Bolzan. « Le Centre flotte depuis le départ de Jean-Louis Borloo. Nous nous privons d’une tribune de plusieurs mois » regrette Pierre Médevielle.

Quand on est responsable d’un parti, on ne fait pas campagne pour un autre

Jean-Jacques Bolzan

Ce dernier ne s’en est jamais caché. Il soutient Alain Juppé, « le seul capable de ramener un peu de sérénité dans notre pays ».  « Quand on est responsable d’un parti, on ne fait pas campagne pour un autre » assène Jean-Jacques Bolzan. « Que nos Sénateurs planchent plutôt sur un projet » poursuit-il. « Si nous ne participons pas, il ne faudra pas se plaindre ensuite de ne pas avoir choisi » rétorque Pierre Médevielle.

Alors vers qui s’orienteront les militants UDI qui iront voter à cette Primaire ? Vers celui qui est dit le plus centriste, Alain Juppé ? « Pas forcément. On aura un éventail de votes assez varié » selon Jean-Jacques Bolzan. « Vous savez, à l’UDI, nous avons six sous-familles. Chacun a sa sensibilité. Certains sont aussi pour Fillon ou Le Maire, beaucoup moins pour Sarkozy… » analyse Pierre Médevielle.

Une diversité sur laquelle s’accordent au moins les deux élus. Deux élus rassemblés pourtant sous la même bannière, celle des Radicaux Valoisiens. Leur patron national, Laurent Hénart, se prononcera sur la stratégie officielle de leur parti mardi prochain. En attendant, balle au centre…

Patrick Noviello

Arnaud Mounier, l’homme « frontal » de Jean-Luc Moudenc

Une touche de hipster et un profil de jeune trentenaire. Arnaud Mounier a le look pour passer ses journées au Palais de Justice ou dans une salle de marché. Mais l’avocat de formation a toujours mis son énergie au service d’une seule cause : Jean-Luc Moudenc. Depuis juillet 2015, Arnaud Mounier dirige le cabinet de Jean-Luc Moudenc. Son parcours ? Son style ? Ses relations avec Jean-Luc Moudenc ? Son poids sur les dossiers ? Réponses en forme de portrait. Après Laurent Blondiau, directeur de cabinet de Carole Delga, suite de nos portraits des « hommes de l’ombre ».

Arnaud Mounier

Arnaud Mounier

Un étudiant formé par Jean-Luc Moudenc

Homme de confiance, fidèles parmi par les fidèles, Arnaud Mounier rejoint Jean-Luc Moudenc en pleine traversée du désert, après la défaite aux municipales de 2008. Cette rencontre est le fruit du hasard. Même si Arnaud Mounier préfère parler de destin. Le jeune étudiant en droit arrive sur Toulouse sans connaître la ville. Arnaud Mounier commence ses études à Clermont-Ferrand. Des études qu’il finance d’ailleurs en travaillant comme DJ et serveur dans un bar de nuit. Comme le précise Arnaud Mounier : « j’avais besoin de changer d’air et donc de ville après un début d’études supérieures un peu laborieux. Disons que jusqu’alors je prenais mon temps. Cela m’a permis de couper avec mon rythme de vie clermontois qui, en raison de mon job étudiant, était axé sur la vie nocturne et peu compatible avec la réussite universitaire ».

A l’âge de 20 ans, Arnaud Mounier fait donc ses valises et direction Toulouse. Dans la ville rose, l’étudiant ne va pas simplement découvrir son intérêt pour le droit médical. Arnaud Mounier va découvrir l’engagement politique. Le jeune homme n’a jamais eu de carte dans un parti. Arnaud Mounier confesse même son désamour pour les étiquettes politiques et sa détestation pour les clivages idéologiques. Il pousse la porte de l’association au service de Jean-Luc Moudenc pour la reconquête du Capitole : « Toulouse Avenir ». Au départ la structure se réduit à un petit groupe d’une dizaine de personnes et de trois piliers: Brigitte Micouleau qui deviendra par la suite sénatrice et adjointe à la mairie, Emilion Esnault et Jean-Michel Lattes, professeur de droit privé, amateur de Tintin et des chants occitans.

C’est ce dernier qui va présenter Arnaud Mounier à Jean-Luc Moudenc. Au début du commencement, le futur directeur de cabinet est un étudiant qui s’investit dans la commission « Jeunesse » de « Toulouse Avenir ». Arnaud Mounier n’intègre pas la « Moudencie » par le biais d’un parti ou d’un réseau local. L’ancien Clermontois et nouveau Toulousain se contente d’intégrer une petite équipe resserrée. Jean-Luc Moudenc a perdu les municipales face à Pierre Cohen. Les soutiens ne se bousculent pas au portillon.

Le vrai tournant se situe en 2010. L’étudiant Arnaud Mounier devient le collaborateur politique de Jean-Luc Moudenc. A l’époque Arnaud Mounier envisager de passer le concours de l’école d’avocat. Mais l’appel de la politique est fort. Comme le dit Arnaud Mounier : « il est impossible de travailler et de faire en parallèle l’école d’avocat. Parce que tout le monde me le dit. Je l’ai fait ».

Je peux dire que je l’ai formé » (Jean-Luc Moudenc)

Arnaud Mounier devient l’assistant de Jean-Luc Moudenc au sein de l’opposition municipale. En 2012, il enfile une nouvelle casquette : collaborateur parlementaire du nouveau député de la 3ème circonscription de la Haute-Garonne. Dans sa jeunesse, Arnaud Mounier se voyait bien la tête dans l’aéronautique ou l’industrie spatiale. Il n’a jamais pensé mettre les pieds dans la politique professionnelle. En moins de deux ans, entre son adhésion à « Toulouse Avenir » en 2008 et les législatives de 2012, Arnaud Mounier bascule dans l’univers des réunions de travail et des équipes de campagne.

Ce basculement, Arnaud Mounier le doit (totalement) à Jean-Luc Moudenc. L’actuel maire de Toulouse ne va pas simplement offrir son premier vrai job et un tremplin professionnel à Arnaud Mounier. Il va lui ouvrir un nouveau monde et assurer sa formation. L’actuel maire de Toulouse a également fait ses armes, dans une précédente vie, comme collaborateur politique et directeur de cabinet. Jean-Luc Moudenc va transmettre les codes et les usages à son jeune collaborateur. « Il avait 25 ans, j’ai même exercé des fonctions de cabinet. Je peux dire que je l’ai formé » déclare Jean-Luc Moudenc

Une communauté de pensée avec Jean-Luc Moudenc

Entre les deux hommes ce n’est pas simplement une histoire de travail. Jean-Luc Moudenc salue les qualités professionnelles d’Arnaud Mounier : « Il a une capacité de travail considérable et il comprends très vite ». Mais le maire de Toulouse parle d’une « communion de pensée ». La période d’opposition, la députation et la campagne (victorieuse) des municipales de 2014 forment un ciment. Ce compagnonnage pouvait conduire Arnaud Mounier à la direction du cabinet de Jean-Luc Moudenc dès le début du second mandat. Mais il faut attendre juillet 2015 pour que le fidèle homme de l’ombre occupe cette fonction stratégique.

« Arnaud Mounier fait partie des 10 hommes qui nous ont fait gagner ». Pour un responsable de la droite toulousaine, aucun doute, Arnaud Mounier est un des artisans de la reconquête du Capitole. Le recrutement d’un directeur de campagne affuté et expérimenté, Francis Decoux, a joué un rôle majeur dans la victoire. Mais Arnaud Mounier peut revendiquer une branche de lauriers. Arnaud Mounier pouvait espérer le « saint Graal » : la direction du cabinet. Dans les premiers mois du mandat, il doit se contenter du titre de conseiller du maire et des relations presse. Jean-Luc Moudenc dresse la fiche de poste : « un rôle transversal de conseil général dans un système complexe. Faire la synthèse des avis des élus et de l’administration ».

Le conseiller du maire

Dans la droite toulousaine, certains sont étonnés de la « relégation » d’Arnaud Mounier à un « simple » poste de conseiller. « Arnaud a toujours suivi Jean-Luc Moudenc et il l’a rejoint au pire moment quand Jean-Luc Moudenc venait de perdre le Capitole. Il méritait le poste de directeur de cabinet » déplore un cadre de la fédération LR31. Un proche de Jean-Luc Moudenc et d’Arnaud Mounier relativise. Pour Emilion Esnault : « c’était normal, Arnaud comme moi étions jeunes, il fallait encore apprendre des choses. Je comprends que Jean-Luc Moudenc a laissé du temps au temps pour qu’Arnaud découvre le fonctionnement de la collectivité. C’est parfaitement normal ».

Un nouveau style à la direction du cabinet

En juillet 2015, tout rentre dans l’ordre. Antoine Grézaud (collaborateur historique de Dominique Baudis) laisse sa place. Officiellement, c’est pour des « raisons personnelles ». Dans les couloirs du Capitole, certains parlent d’une manœuvre d’Arnaud Mounier pour récupérer la direction du cabinet.

Une chose est certaine. La nomination d’Arnaud Mounier ne fait pas que des heureux. Elle soulève même une vraie résistance. La députée de Haute-Garonne et maire adjointe de Toulouse, Laurence Arribagé s’oppose frontalement et durement au choix de Jean-Luc Moudenc. Pour un élu de la majorité municipale, « la haine tenace et irréversible entre Arnaud Mounier et Yoann Rault-Wita (ndrl collaborateur de Laurence Arribagé) est à l’origine de la campagne anti-Mounier menée par Arribagé ».

Malgré les piques et le fiel, Arnaud Mounier enfile tout de même, au début de l’été 2015, son nouveau costume de directeur de cabinet. Le style « Mounier » est très différent de celui de son prédécesseur. Pour un habitué du Capitole, « Antoine Grézaud était dans la périphrase et le conditionnel, Mounier est un Toulousain. Quand il prend une claque. Il en donne deux. Il sait ce qu’il veut où il va ».

Un « frontal » qui dit les choses

« C’est quelqu’un de frontal. Il dit les choses. Il dit même parfois les choses que Jean-Luc ne peut pas dire ». Le jugement vient d’une spécialiste de la « Moudencie » : la sénatrice et adjointe au Capitole, Brigitte Micouleau. Et ce n’est pas la seule à mettre en avant le style direct et énergique d’Arnaud Mounier.

Il dit ce que Jean-Luc ne peut pas dire » (Brigitte Micouleau)

Un de ses amis va dans le même sens : « Arnaud est quelqu’un de déterminé et il a le sens de l’autorité. Mais ce n’est pas un psychotique comme on peut en croiser. Il n’est pas du genre à insulter ou à bousculer gratuitement ». Défaut de ses qualités, certains pointent une dérive autoritaire.

Un de ses proches l’évoque à demi-mot : « sous la pression, il peut manquer de recul et à force de vouloir réagir immédiatement il peut bousculer. Il est encore jeune. Avec la maturité, il verra les choses avec plus de rondeur ».

Visiblement Arnaud Mounier a conscience de sa tendance à l’autoritarisme : « j’essaye de gagner en diplomatie ». Ce manque de rondeur pèse parfois sur les services. Une ancienne collaboratrice n’hésite pas à parler d’un « comportement dictatorial » et ajoute «  il faut avoir les reins solides pour travailler avec lui. J’ai vu le service de la com’ complétement désemparé face à l’énorme pression et aux demandes parfois contradictoires qu’il formule. Il s’occupe même de la couleur de la photo dans le journal municipal et il a parfois demandé 17 ou 18 maquettes pour un même numéro ».

Les critiques prennent parfois une tournure politique. L’opposition municipale se félicite du comportement du directeur de cabinet de Jean-Luc Moudenc. Le socialiste François Briançon évoque un Arnaud Mounier « tout à fait cordial, ouvert et avec qui il existe des relations très correctes. Quand il nous arrive de demander quelque chose, un document ou autre, nous l’obtenons sans problème. Même chose quand il s’agit de faire passer un message au maire ».

En revanche, un membre de la droite toulousaine déplore la mainmise d’Arnaud Mounier sur la municipalité : « chaque élu est coiffé par un membre du cabinet et le cabinet est dirigé par Mounier. C’est le cabinet qui dirige la ville. Le maire est coupé des élus. On ne peut plus le joindre directement. Si ça continue comme ça, il fait partie des 3 personnes qui vont finir par nous faire perdre la ville».

Laurent Dubois (@laurentdub)

02 Oct

Législatives : le PS réserve 24 places aux femmes en Occitanie

 Jean Christophe Cambadelis, le patron du PS, et Christophe Borgel le N°3 chargé des élections.


Jean Christophe Cambadelis, le patron du PS, et Christophe Borgel le N°3 chargé des élections.

Ce dimanche 2 octobre, le Conseil national du parti socialiste lance la première étape des législatives 2017. Les instances nationales du PS votent pour « profiler » les  circonscriptions.

Trois statuts sont possibles : « réservée » femme, « ouverte » ou « gelée ».

La première catégorie (comme son nom l’indique) est réservée à une femme. Ce qui d’ailleurs ne signifie pas (forcément) qu’une « sortante » ne puisse pas être remplacée par une nouvelle candidate. C’est le cas, notamment, dans le Tarn. La 3eme circonscription est détenue par la députée Linda Gourjade. La circonscription est réservée « femme » mais la députée sortante est une  « frondeuse » et la fédération départementale (dont le 1er secrétaire est un ancien conseiller de François Hollande à l’Elysée, Patrick Vieu) peut, au travers d’un vote militant, décider de remplacer la sortante.

Sur les 13 départements d’Occitanie, 3 comportent des circonscriptions destinées à des partenaires : le Gard, les Hautes-Pyrénées et le Tarn-et-Garonne. Néanmoins, les négociations n’ont pas commencé. Le chiffre peut évoluer.

La seconde catégorie est dite « ouverte ». Homme et femme peuvent se présenter.

La dernière catégorie est qualifiée de « gelée ». Généralement, ce type de circonscription correspond à des circonscriptions réservée à des partenaires. C’est le cas dans le Tarn-et-Garonne. Une circonscription qui est donc destinée au PRG. En revanche, l’absence de circonscription « gelée » en Haute-Garonne élimine l’hypothèse d’une candidature de Sylvia Pinel dans ce département.

France 3 Midi-Pyrénées s’est procuré les propositions sur les départements d’Occitanie. Ces propositions seront (définitivement) votées en fin d’après-midi. Vers 17 heures 30, une conférence de presse du premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, doit officialiser ce vote.

Tarn

1ere circonscription : Ouverte

2eme circonscription : Réservée Femme

3eme circonscription : Réservée Femme

Haute-Garonne

1er circonscription : Réservée Femme

2eme circonscription : Ouverte.

3eme circonscription : Réservée Femme

4eme circonscription : Réservée Femme

5eme circonscription : Réservée Femme

6eme circonscription : Réservée Femme

7eme circonscription : Ouverte

8eme circonscription : Ouverte

9eme circonscription : Ouverte

10eme circonscription : Ouverte

Tarn-et-Garonne

1ere circonscription : Réservée Femme

2eme circonscription : Gelée (Partenaire)

Ariège

1ere circonscription : Réservée Femme

2eme circonscription : Ouverte

Aude

1ere circonscription : Ouverte

2eme circonscription : Réservée Femme

3eme circonscription : Ouverte

Aveyron

1ere circonscription : Réservée Femme

2eme circonscription : Réservée Femme

3eme circonscription : Ouverte

Gard

1ere circonscription : Réservée Femme

2eme circonscription : Réservée Femme

3eme circonscription : Réservée Femme

4eme circonscription : Ouverte

5eme circonscription : Ouverte

6eme circonscription : Gelée (Partenaire)

Gers

1ere circonscription : Ouverte

2eme circonscription : Réservée Femme

Hérault

1ere circonscription : Gelée (Partenaire)

2eme circonscription : Réservée Femme

3eme circonscription : Réservée Femme

4eme circonscription : Ouverte

5eme circonscription : Réservée Femme (si le député sortant, Kléber Mesquida ne se représente pas)

6eme circonscription : Réservée Femme

7eme circonscription : Ouverte

8eme circonscription : Ouverte

9eme circonscription : Ouverte

Lot

1ere circonscription : Gelée (Partenaire)

2eme circonscription : Ouverte

Lozère

1ere circonscription : Réservée Femme

Hautes-Pyrénées

1ere circonscription : Ouverte

2eme circonscription : Gelée (Partenaire)

Pyrénées-Orientales

1ere circonscription : Ouverte

2eme circonscription : Réservée Femme

3eme circonscription : Réservée Femme

4eme circonscription : Ouverte

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

30 Sep

Législatives : une résolution du PS 31 qui vise Gérard Bapt ?

Le député PS Gérard Bapt (Photo : AFP)

Le député PS Gérard Bapt (Photo : AFP)

Le PS prépare les législatives. Une circulaire nationale est en train d’arriver dans les fédérations départementales. Le PS 31 n’est pas en reste. Jeudi 29 septembre, un conseil fédéral a adopté une résolution qui limite le cumul dans le temps : trois mandats (15 ans) et c’est fini. Cette motion est présentée par certains socialistes comme une torpille visant Gérard Bapt. Le député de la deuxième circonscription est le plus ancien député de France (7 mandats entre 1978 et 1993 puis de 1997 à nos jours) et une nouvelle candidature est toujours probable. Selon plusieurs sources, la motion (adoptée à l’unanimité) indique la sortie au sortant.

Le texte de la motion n’est pourtant pas clair. L’intention est (peut-être) anti-Bapt. Mais le document voté par le conseil fédéral du PS de Haute-Garonne est ambiguë. Impossible de savoir si la règle « 3 mandats et bye-bye » concerne les mandats exercés antérieurement ou si elle s’applique… à partir des législatives de 2017. Dans ce dernier cas, la règle est valable uniquement pour le futur et Gérard Bapt « sauve » sa tête.

François Mitterrand aimait citer le Cardinal de Retz : « on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses détriments« . Ce n’est pas toujours vrai. Gérard Bapt peut toujours dire que la motion votée par ses camarades ne le concerne pas. Même si ce n’est pas vrai.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Législatives au PS : de la place pour les femmes… et les alliés

La circulaire date du 16 juillet 2016. Mais elle arrive juste dans les fédérations départementales du PS. Objet : modalités de désignations des candidats pour les législatives. Le document est technique et aborde des questions pratiques. Néanmoins, la circulaire contient des éléments plus politiques. Notamment sur les accords avec les partenaires.

Photo : MaxPPP

Photo : MaxPPP

Le document comporte 5 pages, 9 paragraphes et une annexe. Signée par Christophe Borgel, le secrétaire national aux élections du PS, la circulaire précise le calendrier des désignations des candidats PS aux législatives : jeudi 8 décembre, premier tour du scrutin pour les investitures, samedi 17 décembre, convention nationale de ratification des candidatures….

Le document rappelle également les règles applicables en matière de non cumul des mandats : « les candidats titulaires de fonctions exécutives locales peuvent se présenter aux élections, en cas de victoire, ils perdent leur mandat exécutif local. La commission électorale invite les camarades qui exercent aujourd’hui un mandat exécutif local à mesurer pleinement les conséquences légales, politiques et électorales ».

Les instances nationales du PS insistent sur la parité : « L’objectif fixé nationalement est de présenter plus de femmes que d’hommes aux prochaines législatives. Aucune fédération ne pourra s’exonérer ».

L’aspect le plus intéressant de la circulaire concerne les accords avec les partenaires :

« Une nouvelle réalité électorale tripartite s’est imposée…Elle a pour conséquence…un risque d’élimination de la gauche dès le 1er tour si celle-ci est divisée. Certains de nos partenaires sont prêts à discuter d’un…rassemblement. Le parti socialiste favorisera des candidatures unitaires afin que la gauche soit représentée au second tour ».

La déclaration est claire. Des accords avec des partenaires sont jugés vitaux par les instances nationales du PS. Des circonscriptions seront réservées. La seule question est de savoir combien et avec qui. Ce dernier point est le moins mystérieux. Les Radicaux de Gauche de Sylvia Pinel sont les derniers alliés du PS. Le divorce est consommé avec des Ecologistes qui, de toute manière, sont divisés et ont éclaté en plusieurs chapelles.

Le PRG peut donc espérer des places. Les portes sont ouvertes. Seul problème, les radicaux de gauche ont intérêt à multiplier les candidatures. Le parti traverse des difficultés financières et il suffit de dépasser le seuil de « 1% des suffrages exprimé » pour obtenir des subventions. La législation sur le financement politique permet de transformer les législatives en « casino ». Des candidatures, même improbables, permettent de remplir les caisses.

La douce voix du PS risque d’être (sévèrement) concurrencée par l’appel du tiroir caisse. D’ailleurs, selon nos informations, le PRG souhaite présenter le maximum de candidats dans le maximum de circonscriptions. Les négociations vont être âpres.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Les députés d’Occitanie renforcent l’éthique publique… enfin presque !

Les députés d’Occitanie à la pointe de l’éthique publique. Jeudi 29 novembre, l’Assemblée Nationale a adopté (contre l’avis du gouvernement) un amendement qui interdit aux personnes condamnées pour corruption, trafic d’influence ou des infractions fiscales de se présenter à une élection. Trois députés de l’Hérault (Christian Assaf, Fanny Dombre-Coste, Frédéric Roig) sont parmi les signataires de l’amendement. Et c’est également une députée de la région, la Tarn-et-Garonnaise, Valérie Rabault qui a voté le texte.

A picture taken on September 15, 2015 in Paris shows the empty hemicycle of the French national Assembly.  AFP PHOTO/ERIC FEFERBERG / AFP PHOTO / ERIC FEFERBERG

L’Assemblée Nationale (Photo : AFP)

Les citoyens d’Occitanie peuvent se réjouir. Leurs représentants ne badinent pas avec l’exemplarité des élus de la République. Seule ombre au tableau : l’absence d’un casier judiciaire ne s’applique pas aux…. députés. Seuls les élus locaux sont concernés. Un obstacle juridique explique cette rigueur à deux vitesses. Il faut une loi organique (et non une simple loi ordinaire) pour que les députés soient concernés. Mais, comme l’a souligné Michel Sapin, lors de la séance :

« Nous donnerions une curieuse image si les députés adoptaient des dispositions qui ne s’appliquaient pas à eux et qui ne sont pas valables pour les prochaines législatives. A l’extérieur, vous donneriez l’impression d’être dur avec tout le monde sauf pour les membres du Parlement« .

Pour cette raison, Michel Sapin s’est opposé à l’amendement défendu par les députés de l’Hérault et les autres signataires du texte. Mais, surtout, le ministre de l’Economie a soulevé un argument de poids :

« Il est dommage que les tenants de cette modification ne l’aient pas proposé au moment, c’est-à-dire il y a quelques mois, lorsque cet hémicycle débattait des textes relatifs aux élections présidentielles et législative« .

Ce rappel factuel est cruel. La remarque de Michel Sapin rappelle une évidence : se réveiller plus tôt permettait d’inclure les députés. Mais surtout la pique du ministre soulève une question : les députés suivent-ils les débats parlementaires ?

La réponse s’affichent sur les bancs de l’Assemblée. L’adoption de l’amendement s’est déroulée dans un hémicycle vide. Les collaborateurs ministériels étaient plus nombreux que les parlementaires. Même les auteurs de l’amendement étaient absents. Moins de 10 députés ont participé au vote à main levée. Sur les 49 député(e)s d’Occitanie une seule, Valérie Rabault a participé au scrutin. Il faut être juste. Le jeudi n’est jamais un bon moment pour débattre. Les députés quittent massivement l’Assemblée le mercredi, après les questions au gouvernement, et se rendent dans leurs circonscriptions. L’approche des législatives ne va pas améliorer le taux de présence.

De plus, l’adoption de l’amendement modifiant l’article 10 de la loi sur la transparence, la lutte contre la corruption et la modernisation de la vie économique est un vote en seconde lecture. L’adoption définitive du texte se fera en séance publique, probablement la semaine du 3 au 8 septembre. Cela laisse le temps aux député(e)s d’Occitanie de retrouver le chemin de l’Assemblée.

Laurent Dubois (@laurentdub)

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