30 Sep

LGV Bordeaux-Toulouse : toujours sur les rails malgré le rapport sénatorial

98431Il y a des coïncidences d’agenda qui tombent parfois très mal. Hier, le secrétaire d’Etat aux Transports recevait les « présidents des collectivités « chefs de file » » des lignes nouvelles Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. Mais ce même jour, un rapport sénatorial était rendu recommandant de « geler pendant une quinzaine d’années le financement des nouveaux projets de lignes à grande vitesse pour donner la priorité à la modernisation des réseaux existants ».

45 millions à débloquer

Résultat de ce choc des calendriers : une salve de communiqués voulant rassurer à commencer par celui d’Alain Vidalies. Si les traverses de voies ferrées ne sont plus forcément en bois, la langue de cette même matière a de beaux jours devant elle : « Lors de la réunion de ce jour, qui s’est déroulée dans un excellent esprit de travail, chaque partenaire a réaffirmé son plein soutien au projet et à la démarche engagée » déclare le secrétariat d’Etat.

Plus concrètement 45 millions d’euros sont donc toujours prévus pour « poursuivre les études et engager les acquisitions foncières » sur les 2 LGV du sud-ouest ». C’est aussi ce que rappelle Carole Delga et Jean-Luc Moudenc à travers un communiqué commun, c’est suffisamment rare pour être souligné. « L’intégration de la Métropole toulousaine et de sa Région au réseau européen à grande vitesse demeure donc une priorité des pouvoirs publics. Notre détermination à faire avancer ce projet est entière et partagée. »

Quelle participation de l’Etat ?

Mais qui va payer ces 45 millions d’euros ? Bien avant ce qui se veut comme une tentative de rassurer du Ministère des Transports et une réaffirmation du caractère indispensable de la LGV par la région et la mairie de Toulouse, une autre collectivité a mis les pieds dans le plat. Réagissant aux préconisations des sénateurs, le Président du Conseil Départemental de Haute-Garonne entend mettre les points sur les « i ». « Envisager l’implication financière des collectivités territoriales sans un soutien financier fort de l’Etat n’est pas réaliste » affirme Georges Méric. « Il est urgent de consolider rapidement un plan de financement crédible et soutenable, pour l’ensemble des parties prenantes » rajoute l’élu socialiste.

La Région Occitanie et Toulouse Métropole se sont engagées à inscrire rapidement à l’ordre du jour de leurs prochaines sessions plénières le déblocage des fonds. Mais côté Etat, c’est plus flou, à la fois sur le montant de la participation et sa date de mise à disposition. Et comme il n’a échappé à personne qu’une échéance électorale approche à grands pas, les partisans de la LGV savent qu’ils leur restent encore pas mal d’aiguillages à franchir…

Patrick Noviello

« Politic Café #4 » : charte anti-migrants, impression du journal de la région et guéguerre PCF/Mélenchon

Politic Café

Quatrième livraison de notre module vidéo hebdomadaire qui décrypte l’actualité politique en Occitanie. Cette semaine, il est question de la charte « Ma commune sans migrant » adoptée à Beaucaire (Gard), de l’affaire de l’attribution du marché de l’impression du journal de la Région au groupe Baylet et de la guéguerre que se livre communistes et Jean-Luc Mélenchon.

Retrouvez ici tous les numéros de « Politic Café »

29 Sep

Emmanuel Macron : ses soutiens en Occitanie passent à table

Emmanuel Macron multiplie les déplacements et sillonne l’Hexagone. Lyon, le 25 septembre, Montpellier le 18 octobre avec une réunion « diagnostic » sur l’état de la France et les attentes des français.  A ces colloques et tables rondes s’ajoutent des déjeuners avec des parlementaires. Le dernier en date remonte à mercredi dernier. Le 28 septembre, Emmanuel Macron a choisi une table bien connue des députés, un restaurant proche du Palais-Bourbon, Chez Françoise.

Emmanuel Macron. Photo MaxPPP

Emmanuel Macron. Photo MaxPPP

Parmi les convives, trois personnalités d’Occitanie. Une députée de la Haute-Garonne, un sénateur du Tarn-et-Garonne et le maire de Rodez étaient autour de la table. La présence de Monique Iborra n’a rien de surprenant. La parlementaire affiche son soutien envers Emmanuel Macron. En revanche, la participation d’Yvon Collin n’allait pas de soi. Le sénateur (ancien pilier du PRG de Jean-Michel Baylet) n’a pas vraiment basculer dans le camp « macronien ». Il se contente de parler d’une curiosité : « c’est toujours intéressant. Emmanuel Macron est quelqu’un de parfaitement fréquentable. C’est un non-événement« .

L’autre élu d’Occitanie (présent aux côtés d’Emmanuel Macron) est plus direct. Il ne cache pas son engagement et même son enthousiasme. Le maire de Rodez, Christian Teyssèdre déclare : « Je soutiens Emmanuel Macron et je sens qu’il se passe quelque chose. En mois de six mois, 85 000 soutiens l’ont rejoins. Dans l’Aveyron, des maires et des chefs d’entreprises le soutiennent. Emmanuel Macron a compris que le clivage entre la droite et la gauche ne veut plus rien dire. C’est un clivage entre progressistes et réformateurs« .

Le nom d’un autre soutien (de poids) circule. Le maire de Montpellier va accueillir dans moins de trois semaines Emmanuel Macron dans sa ville. Selon nos informations, Emmanuel Macron est prêt à rencontrer Philippe Saurel pour évoquer un éventuel rapprochement politique. Du côté du maire de Montpellier (proche de Manuel Valls), c’est la prudence et une certaine retenue qui prédominent :  » J’ai de très bonnes relations avec Emmanuel Macron. Je lui prête une salle pour son meeting du 18 octobre. Mais je suis derrière personne. Je l’aime bien et je trouve sa démarche en dehors des partis intéressante. Mais je reçois tous les candidats à la présidentielle« .

La dernière phrase de Philippe Saurel prouve qu’il partage au moins un point commun avec les « macroniens ». Il est persuadé qu’Emmanuel Macron va être candidat à la présidentielle.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

Grande Région : « Occitanie » pour de bon

Ça y est ! Par décret officiel paru ce jour, le nouveau nom de la région est validé.

Un peu plus de 200 000 personnes avaient participé à la consultation institutionnelle et citoyenne

Un peu plus de 200 000 personnes avaient participé à la consultation institutionnelle et citoyenne

 

« La population a choisi, le Gouvernement l’a suivie » s’enorgueillit ce matin Carole Delga. La Présidente Socialiste de la désormais officielle « Occitanie » met évidemment en avant son idée de « consultation institutionnelle et citoyenne, claire et transparente, entre prise de mars à juin ». Seulement rappelons qu’un peu plus de 200 000 personnes y ont participé sur un bassin de population de 5,6 millions d’habitants. Certains répondront à cela : « tant pis pour les mécontents qui n’ont pas participé, ils n’avaient qu’à le faire ».

Marchandage politique selon la droite

Pour les deux groupes d’opposition du Conseil régional ce système n’était pas le bon. Selon le Front National, il s’agit d’un « micro-trottoir qui a agité les lobbies indépendantistes ». Pour la Droite et le Centre, ce nom a été « négocié sur tapis vert » et « choisi par l’exécutif régional ». Et l’UEDC de poursuivre : « la dénomination de notre Région n’a pas été le fruit d’une réflexion pragmatique et ambitieuse mais d’un marchandage politique entre Carole Delga et une minorité verte à tendance rouge vif du Conseil régional ». Ambiance, ambiance…

Le Languedoc et le Roussillon oubliés selon le FN

« Exit le « Languedoc », Valls occit également le Roussillon » ! Cette déclaration de France Jamet veut souligner, selon la présidente du groupe FN-RBM, l’écart du nom de Languedoc et avec lui de « 97% des habitants de notre nouvelle région ». « Ils devront se consoler avec une base line « Pyrénées Méditerranée » qui apparaitra sur les sur les supports de communication » selon l’Union des élus de la Droite et le Centre.

Un nom et déjà un bilan

Communication justement, à la fin de son communiqué de presse sur le nom de la Région, Carole Delga en profite aussi pour faire le bilan de ses premiers mois de Présidente, placé désormais sous « l’étendard » Occitanie : « un budget offensif pour l’économie et l’éducation », avec « un plan d’investissement de 880 millions d’euros », « un dialogue permanent et fructueux avec l’ensemble des territoires ». Nul doute que dans les semaines qui viennent ce dialogue devra s’intensifier en direction des catalans notamment.

Patrick Noviello

28 Sep

Quelle ville pour demain ? Jean-Luc Moudenc et les élus urbains interpellent les candidats à la Présidentielle

Jean-Luc Moudenc, maire LR de Toulouse et Président de "France urbaine" (Crédit : MaxPPP)

Jean-Luc Moudenc, maire LR de Toulouse et Président de « France urbaine » (Crédit : MaxPPP)

Le 22 septembre dernier s’est tenue à Paris, « la conférence des villes ». A son initiative « France Urbaine », l’association qui regroupe désormais l’Association des Maires de Grandes Villes de France et l’Association des Communautés Urbaines de France. Présidée par la maire (LR) de Toulouse Jean-Luc Moudenc, elle produit un manifeste pour interpeller les candidats à l’élection présidentielle. Tour d’horizon de ses propositions.

Sanctuariser les impôts locaux

On connaît les réprimandes des collectivités territoriales à l’encontre de l’Etat quant à sa baisse régulière des dotations. « France Urbaine » demande donc « l’arrêt de la transformation d’impôts locaux en dotations en posant d’abord le principe de sanctuarisation des impôts locaux existants et le remplacement progressif de dotations par de la fiscalité nationale existante. Pas sûr que les contribuables y gagnent…

Une nouvelle chambre des territoires ?

Après l’autonomie fiscale, et trente-quatre ans après les lois Deferre, le manifeste demande également la création d’une instance de dialogue entre l’Etat et les territoires. Elle serait complémentaire à l’action du Parlement. Objectif : clarifier les compétences de chacun « pour une meilleure efficience des politiques publiques ». De deux choses l’une : ou c’est un machin de plus dans le millefeuille, ou ça marche et un grand pas sera effectivement franchi.

La clé de l’Habitat

Autonomie et décentralisation toujours, les territoires urbains souhaiteraient s’emparer des politiques locales d’habitat, notamment du soutien aux programmes de rénovation urbaine. Les représentants des villes et des communautés de communes voudraient également « gérer les crédits de la politique de la ville pour une meilleure prise en compte des besoins du terrain et des publics prioritaires dans une optique d’inclusion sociale ».

Métropoles plutôt que Départements ?

Et « France Urbaine » ne compte pas s’arrêter là puisqu’elle demande aussi de prendre la main sur des compétences départementales. Décidément, on y revient. L’association propose le transfert aux métropoles du Fonds de Solidarité Logement, de la prévention spécialisée, de la politique de la jeunesse et de la politique de la ville. Pas sûr que les Présidents de départements se laissent faire surtout lorsqu’on connaît les rapports ici entre le patron de la métropole toulousaine et celui du département de Haute-Garonne…

Ces propositions et ce manifeste vont donc maintenant être soumis aux candidats à l’Elysée. Qu’en ressortira-t-il ? Réponse les 23 et 24 mars prochains pour les prochaines « Journées Nationales de France Urbaine » à Arras.

Patrick Noviello

 

« Il va se taire le roquet ? » lance Christophe Borgel (PS) au FN Nicolas Bay

Le député PS de Haute-Garonne et numéro du parti socialiste Christophe Borgel, s’est emporté mardi sur le plateau de La Chaîne Parlementaire (LCP) où il débattait avec l’eurodéputé FN Nicolas Bay au sujet des migrants.

Christophe Borgel (Photo : AFP)

Christophe Borgel (Photo : AFP)

Comme l’a relevé le Lab d’Europe 1, la tension était forte sur le plateau de LCP et le député de la Haute-Garonne s’est emporté, reprochant à son adversaire de lui couper en permanence la parole :

– Nicolas Bay : Faites un référendum, vous verrez. Vous verrez si les Français sont d’accord.

– Christophe Borgel : Nan mais…

– Nicolas Bay : Faites un référendum.

– Christophe Borgel : Il va se taire, le roquet ? Non mais c’est incroyable ça. Depuis tout à l’heure, vous n’êtes pas capable d’écouter deux phrases »


Le mot « roquet » fait rarement son apparition dans les débats politiques à la télé. Il a été notamment utilisé en 1986 par Jacques Chirac face à Laurent Fabius qui était alors Premier ministre.

Fabrice Valéry (@fabvalery)

27 Sep

Deux nouvelles démissions dans la majorité de Stéphanie Guiraud-Chaumeil à Albi

Nouveaux remous au sein de majorité municipale d’Albi. Lundi 27 septembre au soir, France Gerbal-Medalle et Anne-Marie Lugan, respectivement conseillère municipale déléguée à la coopération décentralisée et à l’Occitanie et déléguée aux personnes âgées et au logement, ont abandonné leurs mandats.

L'équipe municipale de Stéphane Guiraud-Chaumeil en 2014 (Photo : F.Guibilato – Ville d’Albi)

L’équipe municipale de Stéphane Guiraud-Chaumeil en 2014 (Photo : F.Guibilato – Ville d’Albi)

Des « raisons professionnelles et personnelles » sont avancées pour expliquer ces défections qui portent désormais à quatre le nombre de démissions au sein de la majorité depuis l’élection de Stéphanie Guiraud-Chaumeil en 2014.

Derrière ces décisions se cachent aussi les complications à faire cohabiter au sein de la majorité des élus venant à la fois de la « droite traditionnelle et de la gauche modérée ».

France Gerbal-Medalle appartenait à l’aile gauche de l’équipe de la maire d’Albi. Outre ses difficultés à conjuguer son activité de consultante à celle de conseillère municipale, certaines divergences de fond viennent expliquer son départ.


Deux nouvelles démissions au conseil municipal d’Albi

L’opposition a saisi l’occasion hier soir pour souligner ces dissensions au sein d’une majorité toujours secouée par l’affaire du Pôle Funéraire et la dernière en date ; celle du rachat de la maison appartenant aux parents de Bruno Crusel, adjoint au maire à la jeunesse, par l’Agglomération de l’albigeois pour 300 000 euros, soit près de 100 000 euros au-dessus de l’estimation des services du domaine, dans le cadre du projet de la nouvelle passerelle.

De quoi électriser l’ambiance au sein du conseil municipal et de piquer au vif Stéphanie Guiraud-Chaumeil qui n’a pas apprécié les sous-entendus des socialistes et les a renvoyés à leur propres dysfonctionnements.

Sylvain Duchampt (@duchampt)

Occitanie : la première charte « ma commune sans migrants » devant le Conseil Municipal de Beaucaire.

Julien Sanchez, le maire FN de Beaucaire

Julien Sanchez, le maire FN de Beaucaire

C’est le groupe Nouveau Monde en Commun du Conseil Régional qui a tiré la sonnette d’alarme à travers un communiqué. « En Occitanie, le maire FN de Beaucaire et conseiller régional, souhaite faire voter cette charte ce matin ». « Nous ne savons pas ce qu’elle vaut juridiquement mais notre réaction est politique. Cette charte est terrible » s’insurge l’élu régional Nouveau Monde en Commun Patrick Cases. « Il s’agit d’un engagement moral des élus de la commune pour ne pas accueillir de migrants » veut tempérer Julien Sanchez, maire FN de Beaucaire.

Pourquoi accueillerions-nous ces clandestins ?

Les deux élus ne vont pas refaire le débat régional sur l’accueil des migrants puisque il a déjà eu lieu dans l’hémicycle. « Je suis intervenu d’ailleurs pour m’opposer à cette volonté de recevoir ces migrants. Pourquoi accueillerions-nous ces clandestins ? Parce que les amis socialistes de Carole Delga sont allés déclencher des guerres dans leurs pays ? » s’emporte Julien Sanchez. « L’Occitanie est une terre d’asile et doit le rester » rétorque Patrick Cases.

Alors que dit exactement cette charte ? « Que les communes signataires s’engagent à s’opposer par tous les moyens légaux à l’installation de centres d’accueil » (Paragraphe 4). « Que les communes signataires s’engagent à utiliser tous les moyens légaux afin d’obtenir l’évacuation des campas sauvages de migrants ou la cessation de toute emprise irrégulière par des groupes de migrants sur le territoire de la commune (Paragraphe 5). « Adoptée en conseil municipal, cette charte doit être communiquée aux représentants de l’Etat dans l’arrondissement et le département de la commune, au conseil départemental et au conseil régional dans lequel la commune a son siège » (paragraphe 8).

La crainte de l’effet tache d’huile

Initiée par Steeve Briois sur sa commune de Hénin-Beaumont, le Front National souhaite la faire adopter dans un maximum de communes. « Nous redoutons que cela fasse tache d’huile dans notre région mais aussi partout en France » avoue Patrick Cases. « Je ne sais pas où en est Robert Ménard à Béziers. Nous espérons en effet que d’autres communes FN mais aussi des maires Divers Droite adoptent cette charte » confirme Julien Sanchez. Son conseil municipal est prévu ce matin à 10h à Beaucaire dans le Gard. Sur l’ordre du jour, le vote de la charte figure au chapitre « finances » section « Cabinet/politique la ville/commerce ».

Incongru ? Pas tant que cela quand on jette un coup d’œil à la « déclaration liminaire » de la charte. Dans celle-ci, il est indiqué que « l’accueil des migrants génère un coût financier », « engendre des tensions graves avec les administrations de nos communes, nuit à l’ordre public, asphyxie l’économie locale ». Autre argument avancé celui de la sécurité : « des migrants permettent à des djihadistes de pénétrer sur le territoire de la République en vue de commettre des attentats contre nos populations, et qu’il n’est pas exclu que certains soient infiltrés dans les groupes de migrants disséminés dans les centres d’accueil ».

Bataille d’opinion et morale

« Déjà le terme de migrants n’est pas approprié. Nous, nous parlons de réfugiés, de personnes qui ont été contraintes de quitter leur pays » nuance Patrick Cases. Et Nouveau Monde en Commun de vouloir à son tour alerter la population mais d’une autre façon. « Cette charte représente ce qu’il y a de pire dans nos sociétés : le rejet de l’autre, l’absence de compassion et de solidarité, la division des êtres humains ». « A Beaucaire, nous avons déjà deux quartiers prioritaires et un fort taux de chômage. Nous n’avons pas besoin de précarité supplémentaire. Ça risque également d’abaisser le niveau de nos classes à l’école et occasionner des problèmes de sécurité» se justifie Julien Sanchez. Mais tout cela le maire devra aussi l’expliquer à sa population lors d’une réunion publique puisque la charte impose aussi de prévenir les administrés.

C’est donc bel et bien une bataille d’opinion qui s’engage et le FN l’a compris. Le paragraphe 6 de sa charte dit ceci : « les communes (NDLR : signataires) s’engagent à utiliser tous les moyens de communication à leur disposition pour faire connaitre leur opposition à l’accueil des migrants sur leur territoire ». Reste maintenant à l’Etat (les préfectures) et aux collectivités locales (Régions, Départements) qui vont recevoir ces chartes (si elles sont adoptées) à trancher à la fois sur leur caractère légal mais aussi moral.

Patrick Noviello

Monique Iborra : « Je n’aurai pas peur de porter les couleurs d’Emmanuel Macron »

Dimanche 25 septembre, Emmanuel Macron a participé, à Lyon, au sommet des réformistes européens. La présence de l’ancien ministre des Finances a transformé une simple conférence et des tables rondes en pré-campagne présidentielle. Traque de la petite phrase. Pointage et comptage des soutiens et des ralliements.

Parmi la photo de famille « macronienne » la députée de Haute-Garonne, Monique Iborra. L’ancienne coordinatrice de la loi Travail annonce son soutien à Emmanuelle Macron. Exclue du PS en juillet 2016, Monique Iborra est candidate à sa succession sur la 6eme circonscription de la Haute-Garonne. Elle est prête à endosser le dossard d’Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron et la députée de la Haute-Garonne, Monique Iborra à Lyon

Emmanuel Macron et la députée de la Haute-Garonne, Monique Iborra à Lyon au sommet de Réformistes Européens

Le Blog Politique. Vous étiez ce week-end avec Emmanuel Macron à Lyon. Pourquoi ?

Monique Iborra. J’y étais invitée par Gérard Collomb, maire socialiste de Lyon, qui appartient au groupe des Réformateurs, le thème de l’Europe s’invite légitimement dans les prochaines échéances électorales, réfléchir à son évolution et à sa restructuration est indispensable.

Le Blog Politique. Que retenez-vous de cette nouvelle séquence ultra-médiatisée d’Emmanuel Macron ? Au delà de la couverture media, il y a eu des débats de fonds à Lyon ?

Monique Iborra. Si la séquence a été partiellement médiatisée, elle est sans doute le fait que certains ont cru bon d’avoir des stratégies d’empêchement… Il y a eu de véritables débats de fond dans les ateliers préparés depuis de longs mois avec des questions, des remises en cause et des perspectives.

Le Blog Politique. C’est un pas de plus vers une candidature Macron à la présidentielle de 2017 ?

Monique Iborra. Je pense qu’il faut dissocier cet événement de la candidature d’Emmanuel Macron. Je pense qu’aujourd’hui bien qu’il ne l’ait pas annoncé qu’il se présente dans la perspective de l’élection présidentielle.Il n’est pas dans une démarche d’opposition mais de dépassement et de clarification, de mobilisation de ceux qui se sont désengagés souvent avec raison, ses discours et sa pensée sont très structurés et il agit par étapes, sortir des postures et des incohérences, et il y en a de nombreuses à droite comme à gauche.

Bien qu’il ne l’ait pas annoncé, il se présente dans la perspective de l’élection présidentielle

Le Blog Politique. Etes vous prête à soutenir Emmanuel Macron s’il déclare sa candidature ?

Monique Iborra. Aujourd’hui quel est le paysage politique et l’offre politique ? A gauche la division, le retour d’alliances qui se sont fracassées à l’épreuve du pouvoir, à droite la surenchère irresponsable, en embuscade l’extrême droite qui peut déboucher sur l’organisation d’une véritable « guerre civile » en France.Tout ce qui correspond à une alternative possible est à prendre en compte. Macron peut représenter cette réelle alternative dont le pays a besoin.

Macron peut représenter cette réelle alternative dont le pays a besoin

Le Blog Politique. Quels sont, d’après vous, les atouts d’Emmanuel Macron ?

Monique Iborra. Sa capacité et son honnêteté intellectuelles, sa détermination appuyée sur des convictions, son courage et son goût des autres… Sa liberté d’action et d’expression vis à vis des appareils politiques qui ne sont plus adaptés à la société telle que nous la vivons aujourd’hui.

Le Blog Politique. Quels sont, selon vous, les défauts et les failles d’Emmanuel Macron ?

Monique Iborra. Les défauts de ses qualités : sa propension à penser, je crois, qu’il suffit de convaincre pour transformer… Mais c’est en même temps sa force… Mais nous ne sommes qu’au début du processus.

Le Blog Politique. Vous avez annoncé votre candidature pour les législatives. Etes vous prête à porter les couleurs Macron sur votre circonscription en Haute-Garonne ?

Monique Iborra. J’ai été la seule députée aux primaires de 2012 à promouvoir la campagne de François Hollande sur ce département, comme j’étais seule à porter celle de Ségolène Royal, je n’aurais pas peur de porter celle d’Emmanuel Macron car je serai cohérente avec mes choix politiques.

Je n’aurai pas peur de porter la couleur d’Emmanuel Macron

Le Blog Politique. Pensez que d’autres députés sortants ou des candidats peuvent également suivre Emmanuel Macron ?

Monique Iborra. Je pense que d’autres députés pourraient être tentés, ailleurs que sur ce département qui lui, est adepte du soutien à Martine Aubry et à Arnaud Montebourg en ce qui concerne l’appareil politique et les responsables départementaux dans leur majorité, mais ils sont contrairement à moi, tenus par les anathèmes de Jean-Christophe Cambadélis pour les désignations… En ce qui me concerne je suis selon celui-ci devenue la jurisprudence Iborra et donc…

D’autres députés pourraient être tentés

Le Blog Politique. Une candidature Macron à la présidentielle et des candidats Macron aux législatives, cela revient à prendre la responsabilité de la division et d’une défaite de la gauche ?

Monique Iborra. Je trouve injuste et formidablement hypocrite de faire porter à Emmanuel Macron la responsabilité d’une défaite de la gauche, quand nous avons vécu pendant 4 ans à l’Assemblée les coups de boutoir des frondeurs, de ceux qui ont déposé à 2 reprises des motions de censure contre le Gouvernement, qui aujourd’hui pour certains sont candidats aux primaires socialistes et qui n’espèrent qu’une chose… l’échec de François Hollande ! Un grand nombre de militants socialistes, que je salue, partage également cette analyse.

Le Blog Politique. Vous avez été exclu du PS. Des parlementaires socialistes, dont le président du groupe parlementaire, Bruno Le Roux, demande votre réintégration. Le fait de soutenir Manuel Macron signifie que vous rompez définitivement les amarres avec le PS. Vous assumez ?

Monique Iborra. Je salue Bruno Le Roux, président du groupe qui a exercé pendant 4 ans une mission impossible. Je ne romps avec la gauche, avec mes convictions qui sont aujourd’hui compatibles avec celles d’Emmanuel Macron. Je n’approuve pas le sectarisme et les manœuvres de l’appareil socialiste qui résume sa stratégie à des accords d’appareil dont hélas, nous en avons la preuve tous les jours, y compris dans cette nouvelle grande région, constituent un échec dissimulé certes, mais un échec tout de même, qui fait que je ne regrette rien de mes choix passés.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

26 Sep

Communistes Hauts-garonnais et Mélenchon : rupture consommée ?

Pierre Lacaze, secrétaire départemental du PC Haute-Garonne

Pierre Lacaze, secrétaire départemental du PC Haute-Garonne

A travers un communiqué sans concessions, le secrétaire départemental du PCF 31 accuse Jean-Luc Mélenchon de « mépriser » les communistes. Pierre Lacaze appelle aussi à une candidature  de son parti à la Présidentielle portée par Pierre Laurent ou André Chassaigne.

Un si vieil animal politique

« Est-ce que le choix d’insulter les communistes au travers des attaques contre leur secrétaire national, Pierre Laurent, est un moment d’énervement de la part de Jean-Luc Mélenchon ou une stratégie de fond contre le PCF ? Une crise d’adolescent boudeur, qui rejetterait sa nouvelle famille communiste, après avoir rejeté les socialistes ? A près de 70 ans, c’est peu probable pour un si vieil animal politique, qui ne fait que ça depuis 50 ans. Plutôt une crise d’égocentrisme aigu. »

Un fossé a été creusé

Jean-Luc Mélenchon à Toulouse, août 2014. Photo MaxPPP

Jean-Luc Mélenchon à Toulouse, août 2015. Photo MaxPPP

Les premières phrases du communiqué sont sans appel. Pierre Lacaze n’a notamment pas digéré l’accusation de Mélenchon envers Pierre Laurent de « faire du trotskisme des années 70 ». Mélenchon qui a d’ailleurs répondu à l’Humanité à ce sujet mardi dernier. « Il s’agit ici d’un propos de couloir rapporté contre mon gré (prononcé à la Fête de l’Humanité, devant les micros de BFMTV, France 5, i-Télé, LCP et C8 – NDLR). De leur côté, les porte-parole du PCF me dénigrent sans relâche depuis sept mois. Je n’ai jamais répondu. Un fossé a été creusé. Mais notre divergence est politique. Le PCF a voulu les primaires de toute la gauche, cela n’avait pas de sens. La vie a tranché. La vérité, c’est que la direction communiste a pris sa décision depuis longtemps de ne pas me soutenir. Le 5 novembre (date de la conférence nationale du PCF – NDLR), le PCF ira de son côté. Le seul résultat de sa campagne aura été de me rendre la tâche plus difficile. Mais d’autres communistes m’ont aidé de toutes leurs forces. Le bilan reste positif. »

Mélenchon député du sud-ouest grâce aux communistes de la région

Pour Pierre Lacaze, cette aide, les «autres communistes » la font « contraints et forcés, en quelque sorte les yeux fermés, les oreilles fermées, le nez bouché ». Le secrétaire du PC 31 rappelle aussi que si Mélenchon est aujourd’hui député européen du sud-ouest, c’est « grâce aux voix communistes notamment de notre région, qu’il les respecte ». Et Lacaze d’enfoncer le clou : « Si Mélenchon veut se débarrasser de tout ce passé collectif pour apparaître comme un homme neuf, transformé par son régime au quinoa, qu’il l’assume et ne cherche pas à se présenter comme une victime du PCF, c’est lui qui a fait le choix de la division ».

Alors rupture consommée entre Mélenchon et le PCF ? Et l’avis de la fédération de Haute-Garonne est-il celui globalement partagé dans les autres sections françaises ? Réponse le 5 novembre. Lors de leur conférence nationale, les communistes devraient se positionner sur une candidature ou pas à la Présidentielle.

Patrick Noviello

 

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