Elu sénateur en septembre mais largement chahuté sur le dossier du barrage de Sivens qu’il porte, le socialiste Thierry Carcenac repart en campagne pour les élections départementales. Entretien avec l’actuel président du Conseil Général du Tarn.
Photo : LDubois/France3MidiPy
Pourquoi repartir ?
J’aurais pu ne pas repartir mais je dois trouver une bonne succession. Et puis j’ai quelques dossiers en cour que je voudrais mener à bien, notamment sur l’emploi et le développement économique comme pour « Les Portes du Tarn ».
Et puis le barrage de Sivens…
Cette retenue a mis le Tarn en tête des situations similaires à celle de Notre Dame des Landes.
Mais nous n’aurions pas du en arriver là. Les gendarmes n’auraient jamais dû être présents sur le site de Sivens. Des retenues de telles dimensions il y en a beaucoup dans le Tarn. La difficulté dans nos contrées, c’est la sécheresse, surtout après celle de 2003. Nous avions trouvé avec la préfecture du Tarn et Garonne des solutions pour le bassin du Tescou.
Ceux qui ont voulu faire passer nos agriculteurs pour des grands maïsiculteurs se trompent. Vouloir faire passer les élus du Conseil général pour des personnes que l’environnement n’intéresse pas, ça me paraît surréaliste !
Alors pourquoi les choses ont-elles pris une telle tournure ?
Ce dossier a été bâti il y a plus d’une dizaine d’année. Que certains puissent y avoir été légitimement opposés, je le comprends très bien mais à un moment il faut respecter la légalité et accepter la réalisation.
Je suis content de la médiation actuelle, parce qu’évidemment je n’ai pas toutes les compétences techniques.
Justement, que disent les experts pour l’heure ?
Tous les experts (NDR : du ministère de l’environnement) reconnaissent ce besoin d’eau. Alors comment faire maintenant ? Je travaille sur un programme écologique de développement territorial avec les agriculteurs, mais j’attends avec impatience la réponse des experts. Tout ce que nous avons fait jusque là, nous l’avons fait avec des autorisations. Ségolène Royale devrait nous donner une réponse avant la fin janvier parce qu’après, elle commencera à travailler sur le dossier de la transition énergétique.
Revenons aux élections de mars prochain, vous préconisez l’union de la gauche pour l’emporter. Mais justement avec les divisions qu’a entraînées le barrage de Sivens, est-elle possible cette union ?
Je n’en suis pas convaincu. Nous avons actuellement un élu apparenté Europe Ecologie Les verts avec qui nous avons notamment travaillé sur les transports et deux élus Communistes. Dans le Tarn le PS n’est pas hégémonique, notre majorité va jusqu’au centre quasi-droit. Si je ne peux pas faire cette union, je ferai avec ceux qui veulent bien me rejoindre, les gens de bonne volonté, que l’intervention publique intéresse. L’union de la gauche ne sera pas aussi simple que cela mais ce n’est pas moi qui vais décider, ça va aussi se discuter de partis à partis.
Ces élections départementales dans le Tarn peuvent-elles devenir un référendum pro ou anti-Sivens ?
Non, je ne le pense pas. A Mazamet ou à Lacaune, Sivens est loin. Ce n’est pas un enjeu départemental. Le Tarn ne peut se résumer à ça. C’est un enjeu local hormis peut-être pour les agriculteurs, même si là aussi, ils ont de nombreuses autres préoccupations.
La réforme territoriale ne va-t-elle pas complexifier ce scrutin ?
D’abord il y aura la parité. Puis, les circonscriptions électorales sont nouvelles. Avant, nous avions des cantons qui pouvaient aller de 642 à 28000 habitants. Aujourd’hui ils ont tous le même poids. Donc ça change la donne.
La vision reste locale mais avec des enjeux plus larges car sociétaux.
Les compétences des futurs départements ne sont pas non plus définies pour l’heure. Est-ce un problème ?
Si on parle des compétences, prenons par exemple les transports. Actuellement trois collectivités les ont en charge : la région, le département, la métropole. Les subdélégations se négocient de collectivité à collectivité. Je suis habitué à travailler avec des conventions et en partageant les finances.
Quelles que soient les futures compétences, nous continuerons à mutualiser pour essayer de travailler ensemble et de faire des économies.
Mais j’insiste le département restera un pôle d’équilibre et de stabilité, surtout par rapport à une grande région.
Il faudra quand même faire un effort d’explication auprès de l’électeur, non ?
Sans aucun doute quand on sait que jusqu’à cinq cantons pourront être regroupés en un. En plus la campagne sera courte, avec des vacances de février au milieu. Donc une campagne intense en explications !
Propos recueillis par Patrick Noviello