Une rentrée politique en terre toulousaine. Lundi 29 août, les socialistes font leur rentrée à Colomiers. La garde rapprochée de François Hollande tient meeting en région. L’opération ne fait pas l’unanimité dans les rangs du PS. L’ancien maire de Toulouse, Pierre Cohen, ne fera pas le déplacement. Même chose pour le président du Gers et ancien ministre de l’Ecologie, Philippe Martin. La députée du Tarn-et-Garonne et rapporteure du budget, Valérie Rabault restera dans sa circonscription. Plus surprenant, les députés proches de Manuel Valls, les réformateurs, ne prendront pas non plus l’avion pour Toulouse.
Premier meeting pour la dernière rentrée du quinquennat. Lundi 29 août, quatre membres du gouvernement, le premier ministre et le premier secrétaire du PS sont à Colomiers. L’événement débute par des deux ateliers animés par les présidents de groupes parlementaires (Bruno Le Roux pour l’Assemblée Nationale et Didier Guillaume s’agissant du Sénat). Mais c’est, évidemment, la présence de Manuel Valls qui attire tous les projecteurs médiatiques. En pleine polémique sur le Birkini et après un week-end politique marqué par le discours de Jean-Luc Mélenchon, l’intervention du premier ministre est attendu.
Pourtant, le nom qui suscite le plus de commentaires est celui de Stéphane Le Foll. Et ce n’est pas la chaude actualité du ministre de l’Agriculture (avec la grogne des producteurs de lait) qui lui vaut d’être au centre du jeu. Stéphane Le Foll est à l’origine du meeting de Colomiers. Le plus hollandais des hollandais a eu l’idée d’une rencontre entre fidèles de François Hollande. C’est la région toulousaine qui a été retenue pour servir de lieu d’accueil.
Problème. Certains de ses camarades n’apprécient pas l’initiative et le font savoir. Dans un post sur Facebook, Pierre Cohen, ancien maire de Toulouse, explique son « boycott » : « On nous propose une rencontre que je définirais comme un OVNI, après la Belle Alliance Populaire, Hé Ho la Gauche et toutes les tentatives infructueuses d’occuper un espace politique qui mérite plus qu’un coup médiatique pour faire oublier les rentrées avortées de la Rochelle ou de Nantes« .
Pierre Cohen est, comme une majorité de socialistes en Haute-Garonne, aubryiste. L’ancien maire de Toulouse le revendique et précise : « Nous, les Aubrystes, avions décidé de faire une rencontre intitulée « Carrefour citoyen des gauches et de l’écologie » fin Août. Cette décision intervenait après 8 mois de politique gouvernementale déplorable tant sur le plan moral que social. Il était grand temps de rassembler les forces de gauche à partir de réformes attendues et fondatrices. Suite à l’attentat de Nice, face à un terrorisme aveugle et barbare qui n’a que pour objectif de faire exploser notre vivre ensemble, nous avons décidé d’annuler cette rencontre ».
L’autre grand absent de Colomiers est l’ancien ministre de l’Ecologie Philippe Martin. Selon nos informations, le député restera dans le Gers. Il a informé de sa décision une proche de Stéphane Le Foll, la présidente d’Occitanie Carole Delga.
Selon son entourage, la décision de Philippe Martin n’est pas un signe subliminal par rapport aux prochaines présidentielles. Cela ne fait de lui ni un partisan d’Arnaud Montebourg, ni un partisan de Benoît Hamon. Les deux concurrents déclarés face au président sortant.
La députée du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault restera également dans sa circonscription. La rapporteur(e)d du budget déclare :
Je soutiens le président de la République et je suis pour le rassemblement. Mais annuler une Université d’été pour le remplacer par un meeting partisan ne me paraît pas bon. Quand on fait un rassemblement, il faut que tout monde soit présent. Si on annule une université d’été, on ne fait pas un meeting
De manière plus surprenante, mais révélatrice, les proches de Manuel Valls risquent également de manquer à l’appel. Des députés membres du courant Vallsiste « Les Réformateurs » ne vont pas atterrir à Blagnac. La proximité de l’aéroport est censé favoriser la venue des parlementaires extérieurs à la Région Occitanie. Mais cette facilité de transport et de transfert ne suffit pas à motiver les troupes. Le manque de motivation n’est pas dirigé contre Manuel Valls. Bien évidemment. Mais des députés réformateurs trouvent que le meeting de Colomiers est « un truc fait par des hollandais, entre hollandais et pour marquer l’empreinte des hollandais et qui exclu les autres ».
Pour rappel les Vallsistes soutiennent pour l’instant… François Hollande. Un réformateur est lucide : « je comprends que les gens ne comprennent rien à tout cela. C’est vraiment un truc interne ».
Laurent Dubois (@laurentdub)