26 Août

Toulouse, capitale des gauches

Un arc-en-ciel politique allant de Manuel Valls à Jean-Luc Mélenchon, va défiler dans la Ville Rose. Lundi 29 août, les soutiens de François Hollande et une partie du gouvernement tiennent meeting dans une commune de la couronne toulousaine. La veille, dimanche 28 août, Jean-Luc Mélenchon sera monté à la tribune dans un quartier de Toulouse. Dans la salle, élus et militants du Parti de Gauche et de la Nouvelle Gauche Socialiste auront passé le week-end à débattre. Des débats qui se seront tenus dans une université…toulousaine.

En l’espace de quelques jours, à quelques kilomètres de distance, les « frères ennemis » de la gauche française vont se croiser et croiser le fer par tribunes interposées. La co-existence ne s’annonce pas vraiment pacifique. Mais elle est  le fruit du hasard. La proximité des dates et des lieux est un pur concours de circonstance.  Du côté du Parti de Gauche ou de la Nouvelle Gauche Socialiste, la situation fait sourire et ne déplaît pas.

Jean-Luc Mélenchon à Toulouse, août 2014. Photo MaxPPP

Jean-Luc Mélenchon à Toulouse, août 2014. Photo MaxPPP

Le samedi 27 août la Nouvelle Gauche Socialiste organise son séminaire de rentrée à Toulouse. Le dimanche 28 août, les participants vont rejoindre Jean-Luc Mélenchon qui va prononcer un discours dans les jardins d’Observatoire, dans le quartier Jolimont. Un discours de rentrée qui intervient le lendemain de la clôture de l’Université d’été (elle aussi toulousaine) du Parti de Gauche. Dans une terre de rugby cela s’appelle un Pack. Et un Pack qui va pouvoir jouer un match face à  une équipe adversaire qui foulera le même terrain le lundi suivant.

Loi El Khomri. Interdiction du Burkini. Allégement de la fiscalité des entreprises. Emmanuel Macron et « social-libéralisme » de Manuel Valls. Les points de friction ne manquent pas entre la majorité socialiste et les soutiens de Jean-Luc Mélenchon. La candidature déclarée du leader de la France Insoumise et l’approche de la présidentielle de 2017 ne calment pas le jeu. A la fin du mandat de François Hollande, la facture vire à la fracture. Dans ce contexte, la dernière rentrée du quinquennat revêt une double dimension : électorale et symbolique.

La localisation des premiers meetings en région toulousaine est une sorte de répétition générale des affrontements à venir. Que ce soit au moment de la primaire du PS ou du vrai scrutin de mai 2017, la présidentielle va (en partie) se jouer en « interne », au sein même de la gauche.

Le représentant de la Nouvelle Gauche Socialiste en Occitanie, Liêm Hoang-Ngoc précise : « c’est complètement le hasard, on s’est aligné sur le discours de Jean-Luc Mélenchon. Jean-Luc Mélenchon, pour la deuxième fois, a choisi Toulouse et donc notre séminaire se déroule à Toulouse. On ne savait pas que les socialos allaient organiser quelque chose« . Mais le conseiller régional ajoute immédiatement: « tant mieux. On va appuyer fort le discours de Montebourg et de Benoit Hamon (ndlr la gauche de la gauche socialiste) au PS« .

Pour Liêm Hoang-Ngoc le fait de se retrouver (quasiment simultanément) avec la garde rapprochée de François Hollande, est un clin d’œil. Dans une ville ou (comme le chante Claude Nougaro), « même les mémés aiment la castagne » c’est une mise en jambe bienvenue. Du côté du Parti de Gauche, c’est le même discours. Le conseiller régional (PG) Guilhem Seyriès déclare : « un hasard complet. L’essentiel c’est le discours de Jean-Luc Mélenchon, bien sur. Mais il ne faut pas oublier pourquoi l’appareil du PS a choisi Colomiers (ndlr commune de la 1ere couronne toulousaine). C’est suite à l’annulation de l’Université d’été du PS à Nantes et parce que les socialistes sont confrontés à la contestation sociale. Ils ne pouvaient pas organiser leur université. L’appareil socialiste pense que Colomiers est un bastion et que la section locale est légitimiste. Mais cela ne suffira pas. Je suis certain que tous ceux qui ont été bousculés par la loi El Khomri ou piétinés par le 49-3 (ndrl article de la constitution ayant permis l’adoption sans vote de la réforme) vont aller se rappeler au bon souvenir de Manuel Valls à Colomiers« .

Parmi ces contestataires va-t-on retrouver des militants ou des élus qui auront assisté la veille au discours de Jean-Luc Mélenchon ? Réponse de Guilhem Seyriès : « on ne construit pas contre. La France Insoumise veut porter un projet alternatif à François Hollande et porter un discours sur des questions essentielles comme le rejet des traités européens ou la casse sociale. On n’est pas là dedans ».

Le PG d’Occitanie ne va pas faire le coup de poing ou de coup d’éclat contre Manuel Valls. En revanche, les propos de Guilhem Seyriès ne sont pas des paroles en l’air. Ils peuvent se révéler prémonitoires. La CGT a déjà annoncé la couleur : le syndicat va s’inviter au meeting de Colomiers.

Laurent Dubois (@laurentdub)