10 Juin

Election-UDI31 : Pierre Médevielle : « Jean-Jacques Bolzan doit apprendre l’humilité et le respect de l’adversaire »

 L’UDI 31 au bord de l’explosion. Jean-Jacques Bolzan refuse de reconnaître la victoire du sénateur Pierre Médevielle. Un recours est déposé et les deux parties sont irréconciliables. Jean-Jacques Bolzan veut une nouvelle élection ce que refuse catégoriquement le vainqueur du scrutin. Cette gérilla interne vire au schisme.

Dans les prochains jours, la famille centriste pourrait éclater en Haute-Garonne. Pierre Médevielle se fait menaçant. Il est prêt à travailler avec Jean-Jacques Bolzan et ses amis. Mais si les tensions persistent, le maire adjoint de Toulouse et ses soutiens « peuvent aller voir ailleurs ». Interview.

Pierre Medevielle

Pierre Medevielle, sénateur de la Haute-Garonne et président de l’UDI31

Le Blog Politique. Jean-Jacques Bolzan a déposé un recours contre votre élection et exige un nouveau scrutin. Comment réagissez-vous ?

Pierre Médevielle. Je suis étonné sans être étonné et je suis désolé par le ton détestable qui règne depuis le début de la campagne. Les acolytes de Jean-Jacques Bolzan ont dérapé sur le net à grand coup de calomnies. Sans offenser Jean-Jacques Bolzan, je crois qu’il lui reste deux choses à apprendre. L’humilité et le respect de l’adversaire. Si Jean-Jacques Bolzan n’avait pas clamé partout qu’il allait gagner sa défaite aurait été moins amère.

Le Blog Politique. Le recours déposé a-t-il une chance d’aboutir selon vous ? 

Pierre Médevielle. Je comprends la déception de Jean-Jacques Bolzan. Mais l’élection s’est déroulée  normalement. Il y avait un huissier et des représentants de Jean-Jacques Bolzan. Les listes électorales ont été validées par le conseil national. Mon seul soucis c’est de travailler et de préparer l’avenir. Ceux qui veulent travailler avec moi peuvent le faire et les autres peuvent aller voir ailleurs.

Le Blog Politique. Pourquoi vous êtes vous lancer dans cette élection départementale et pourquoi vouloir, à tout prix, conserver votre titre de président de l’UDI31 ?

Pierre Médevielle. Le but ce n’est pas d’enrichir ma collection de casquettes. Je suis maire et sénateur, je ne tiens pas à collectionner un titre de plus. Je souhaite réunir les différentes chapelles de notre famille politique. On ne peut pas continuer comme cela. Depuis le départ de Jean-Louis Borloo, il n’y a plus de couvercle sur la marmite et on risque vraiment de disparaître.Je me suis présenter avec l’accord de Jean-Christophe Lagarde (ndlr président national de l’UDI) et d’Alain Chatillon (ndlr sénateur de la Haute-Garonne). Il n’est pas normal que dans un département comme la Haute-Garonne notre mouvement compte moins de 300 adhérents. Je me suis fixer comme objectif d’atteindre les 1000. Pour les législatives, je compte également présenter des candidats. L’UDI n’a pas réussi à présenter un candidat pour les primaires. Nous allons être privés de cette exposition qui va durer 5 à 6 mois. Il ne faut pas louper le tremplin des législatives

Le Blog Politique. LR vient d’investir ses candidats en Haute-Garonne. Visiblement une seule circonscription n’est pas attribuée et pourrait donc éventuellement revenir à l’UDI. C’est votre seul espoir : un accord avec le parti de Nicolas Sarkozy pour décrocher une seule candidature ?

Pierre Médevielle. La liste présenté cette semaine par LR correspond uniquement à des pré-investitures. Les véritables investitures se dérouleront uniquement en novembre prochain. Les instances nationales des Républicains me l’ont confirmé. Je vais sélectionner 10 candidats UDI dans les 10 circonscriptions de la Haute-Garonne. En cas d’accord national avec LR nous en discuterons avec les Républicains.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

08 Juin

Bruno Le Maire : « Je ne sais pas si Nicolas Sarkozy a de l’avance mais je n’ai pas de retard »

C’est le troisième homme de la primaire. Dans les sondages, Bruno Le Maire est dans le « tiercé » de tête, derrière Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Secrétaire d’Etat a 39 ans, ministre à 40 ans, Bruno Le Maire passe un cap et se lance dans la course à la présidentielle.

En moins de 10 ans, l’énarque-agrégé de lettres est passé des couloirs de la diplomatie aux coulisses de Matignon et du statut de conseiller du Prince à l’arène politique. Le député de l’Eure est jeudi 9 juin à Toulouse. Ce sera son 376 déplacements. Bruno Le Maire s’exprime sur la primaire, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, son réformisme et les blocages qui grippent le pays. Interview.

Bruno Le Maire, député de l'Eure et candidat à la primaire de la droite et du centre Photo MaxPPP

Bruno Le Maire, député de l’Eure et candidat à la primaire de la droite et du centre Photo MaxPPP

Le Blog Politique -Vous venez de remporter le prix de l’humour politique pour votre phrase « mon intelligence est un obstacle ». Jacques Chirac qualifiait d’Alain Juppé de « meilleur d’entre nous ». Comme le maire de Bordeaux, vous êtes passé par les grandes écoles de la République. Il y a du Juppé en Bruno Le Maire ?

Bruno Le Maire. Chaque responsable politique a sa propre histoire, son propre parcours. Ce n’est pas parce que nous avons fait les mêmes écoles que nous portons les mêmes idées. J’ai démissionné de la fonction publique, je ne cumule pas les mandats et je n’ai jamais gouverné aux destinées de ce pays. C’est ma différence.

Le Blog Politique-Dans les sondages, vous êtes le troisième homme de la primaire. C’est une bonne surprise ou un résultat que vous analysez froidement et qui vous donne envie d’aller plus haut ?

Bruno Le Maire. L’objectif n’est pas d’être le troisième homme mais de gagner la primaire. Pour cela, le seul sondage qui compte, c’est celui des 20 et 27 novembre prochains. Ce que je ressens sur le terrain, c’est que les Français veulent que les choses changent et qu’ils sont prêts à faire le choix du renouveau. Prêt à renouveler la classe politique, prêt à refonder le dialogue social.

Les français veulent que les choses changent

Le Blog Politique- L’organisation de la primaire va, en partie, conditionner les résultats. Quels sont les points qui vous semblent décisifs : choix implantation des bureaux de vote, organisation des débats dans les fédérations départementales… ?

Bruno Le Maire. Nous n’avons pas le droit à l’erreur. Ce qui est décisif c’est d’effacer le souvenir honteux de l’élection interne de 2012 en s’assurant que l’élection de notre candidat soit incontestable et incontestée. Cela nécessite une organisation transparente et équitable pour tous les candidats. J’ai toute confiance en Thierry Solère, qui coordonne cette primaire et notamment l’implantation des 10 000 bureaux de vote, pour réussir ce défi.

Effacer le souvenir honteux de l’élection interne de 2012

Le Blog Politique-Vous êtes confiant dans la qualité et la sincérité de la compétition ? La lutte ne va pas trop laisser de traces ?

Bruno Le Maire. Ce n’est pas une question de confiance mais de nécessité : nous n’avons pas le choix. Après le désastre du quinquennat Hollande et le pitoyable spectacle de l’UMP en 2012, notre famille politique a le devoir de rester unie. Je compte sur le sens des responsabilités de chacun.

Le Blog Politique-Nicolas Sarkozy a-t-il une longueur d’avance sur ses concurrents parce qu’il est le président de LR ?

Bruno Le Maire. J’ai effectué 375 déplacements depuis janvier 2013 pour aller à la rencontre des Français et échanger avec eux. J’ai tissé depuis quatre ans un tissu solide d’élus locaux et nationaux qui me soutiennent avec loyauté. Avec mon équipe nous pouvons compter sur des milliers de bénévoles, de jeunes et de donateurs qui partout en France croient au renouveau politique que je porte. Je ne sais pas si Nicolas Sarkozy a une longueur d’avance, mais je n’ai pas pris de retard.

Le Blog Politique-La primaire se marque à droite pour séduire militants et sympathisants. Cette « droitisation » est-elle un handicap car il faudra ensuite parler à l’ensemble des français ?

Bruno Le Maire. Je m’emploie depuis plusieurs années à défendre avec constance des idées et des valeurs qui sont les miennes et auxquelles je suis profondément attaché. Il n’a jamais été question de déroger à celles-ci. Je veux être élu sur un programme et ne ferai pas de compromis par opportunisme.

Le Blog Politique-François Hollande et Manuel Valls battent des records d’impopularité. C’est gagné pour la droite en 2017 ?

Bruno Le Maire. Rien n’est jamais gagné. La droite ne doit pas l’emporter par dépit ou par revanche mais parce que le projet qu’elle porte insuffle le renouveau capable de redresser la France et de redonner confiance à tous nos compatriotes. Il est de notre devoir de faire preuve d’audace et de renouveler nos pratiques politiques comme je le demande depuis maintenant plusieurs années : fin définitive du cumul des mandats, limitation à 3 mandats parlementaires successifs, réduction du nombre de parlementaires et d’élus régionaux, et démission de la fonction publique pour les hauts fonctionnaires élus. Je me bats contre les pratiques dépassées, les postures partisanes et les discours incantatoires qui ne trompent plus personne. En 2017, les Français doivent avoir le choix d’une nouvelle offre qu’ils attendent depuis si longtemps.

La droite ne doit pas l’emporter par dépit ou par revanche

Le Blog Politique-Vous avez annoncé que vous ne serez pas le premier ministre du prochain président de la République. Pourquoi ? Matignon est un « cadeau empoisonné » ?

Bruno Le Maire. Je n’ai qu’un seul objectif : gagner la primaire pour devenir le prochain Président de la République Française et réformer le pays. C’est le seul message qui vaille et notre électorat n’en peut plus des manœuvres d’appareil et des parcours sinueux. Il faut offrir un choix clair aux Français pas un plan de carrière.

Le Blog Politique-Dans la galerie des présidents de la Ve République, du Général jusqu’à François Hollande lequel est, selon vous, le meilleur et le pire ?

Bruno Le Maire. Nous devons nous tourner vers l’avenir pour écrire une nouvelle page de l’Histoire de France. Néanmoins je garde une admiration toute particulière pour le Général de Gaulle, et je pense que François Hollande a abaissé la France comme jamais sous la Ve République.

Une admiration particulière pour le Général de Gaulle

Le Blog Politique-Vous venez dans le Sud-Ouest au milieu des grèves de trains et des blocages anti-El Khomri. C’est le côté « gaulois » d’un peuple qui résiste toujours et encore aux réformes ?

Bruno Le Maire. Ce n’est pas la France qui résiste. C’est une minorité qui se dit représentative mais qui en réalité ne représente qu’elle-même et qu’une idéologie totalement obsolète. L’idée selon laquelle le pays serait difficilement réformable ne me semble pas juste. La réalité est que nous nous y prenons mal depuis plusieurs décennies, en refusant d’être clairs sur nos projets et en faisant une fois au pouvoir l’inverse de ce qui a été annoncé en campagne. Or, le rôle du chef de l’État est de respecter la majorité et d’appliquer son contrat de mandat conclu avec le peuple français. La France n’est pas plus difficilement réformable que d’autres pays en Europe. Dans tous les pays européens, quand on porte des changements profonds, comme en Allemagne ou en Italie, cela crée des résistances et des réactions. C’est bien normal, nous sommes en démocratie. Ce qui pose problème en France c’est que nous cédons aux minorités contre la majorité depuis trente ans. Il est temps que la majorité soit respectée.

En France nous cédons aux minorités contre la majorité depuis trente ans

Le Blog Politique-Vous faites une visite à Toulouse. Quels sont vos soutiens en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon ?

Bruno Le Maire. J’ai l’honneur d’être soutenu par des élus qui font un travail remarquable et sans qui rien ne serait possible. La liste complète des parrainages que j’ai recueillis est disponible sur mon site Internet.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

Présidence UDI31 – Jean-Jacques Bolzan « je veux une nouvelle élection »

La menace planait. Elle est devenue réalité. Jean-Jacques Bolzan a déposé, ce mercredi 8 juin, un recours devant les instances nationales de son parti. Un recours qui vise l’élection du sénateur Médevielle à la présidence départementale de l’UDI31. Le scrutin s’est déroulé dans une ambiance délétère. A peine les résultats proclamés, Jean-Jacques Bolzan a refusé de prendre acte du vote.

Le maire adjoint de Toulouse porte le conflit devant la Commission Nationale d’Arbitrage et de Transparence (CNAT) de l’UDI. Jean-Jacques Bolzan précise ses griefs et annonce clairement son objectif : « pas d’arrangement sur un coin de table mais une nouvelle élection ».  Interview.

Jean-Jacques Bolzan, maire adjoint UDI de Toulouse et conseiller régional

Jean-Jacques Bolzan, maire adjoint UDI de Toulouse et conseiller régional

Le Blog Politique. Pourquoi avez-vous déposé un recours devant les instances nationales de l’UDI ?

Jean-Jacques Bolzan. L’organisation du scrutin était floue. Il y avait des bulletins et des enveloppes pour les trois scrutins qui se déroulaient : l’élection de la présidence, de la liste départementale et de la liste nationale. On ne s’y retrouvait pas. Moi même j’ai eu du mal à voter. Résultat certains de mes bulletins ont été invalidés uniquement parce que certains de mes électeurs se sont trompés d’enveloppe. Et puis il y a eu une vague d’adhérents qu’il a fallu guider pour qu’ils trouvent le lieu du vote 22 allée de Barcelone, qui ne me connaissaient pas, qui ne connaissaient pas Pierre Médevielle (ndlr : le sénateur de Haute-Garonne et vainqueur du scrutin) et que personne n’a jamais vu. Une vague d’adhérents menée par le président d’une de nos composantes. Il y a deux ans, lors d’un vote au sein d’Alliance Centriste, on a vu débarquer un bus entier d’adhérents sortis de nulle part. C’est le même genre de manoeuvre que s’est reproduite. Je ne peux pas approuver ce genre de méthode.

Le Blog Politique. Que pointez-vous dans votre recours ?

Jean-Jacques Bolzan. Il y a une liste de personnes qui auraient pu voter et qui n’étaient pas sur le fichier. Je me demande pourquoi ? Je demande à la CNAT de se pencher sur cette question et de m’apporter une réponse. Attention, je ne stigmatise absolument personne. C’est juste une question pratique mais je demande si des personnes peuvent voter sur la base de titres de séjours. Je demande également une vérification des paiements des cotisations : sont-elles à jour et comment ont elles été réglés ? cartes bleues ? en liquide ?

Le Blog Politique. Vos adversaires parlent de propos racistes tenus contre des adhérents d’origine africaine. Que répondez-vous à cette accusation ? 

Jean-Jacques Bolzan. Je démens catégoriquement. Pas du tout. Je suis attaché aux valeurs humanistes et de tolérance de l’UDI. J’aimerai d’ailleurs que tout le monde les respecte et que cessent des pressions inadmissibles. Je n’ai pas tenu de propos racistes. Je suis formel et choqué que l’on colporte de tels ragots indignes.

Le Blog Politique. Vous avez conscience que votre querelle publique avec Pierre Médevielle peut nuire à l’image de votre mouvement ?

Jean-Jacques Bolzan. J’ai proposé à Pierre Médevielle de travailler ensemble. Quand je vois les résultats et que nous sommes « fifty-fifty »  je me dis que l’on aurait pu s’épargner tout cela. Il y a moins de 15 voix d’écart entre nous deux. On aurait pu s’entendre. Mais c’est allé trop loin. Ce sont des méthodes d’un autre temps et il y a des limites à ne pas franchir. Ils attaquent et dénigrent Les Républicains et le Capitole (ndlr : Jean-Luc Moudenc)

Le Blog Politique. Vos adversaires vous accusent  d’être piloté par Jean-Luc Moudenc. Que répondez-vous ?

Jean-Jacques Bolzan. Jean-Luc Moudenc n’a rien à voir dans cette affaire. J’ai pris ma décision moi-même à la différence de Pierre Médevielle qui a été influencé par Alain Châtillon (ndlr sénateur de la Haute-Garonne). J’ai pris la décision tout seul d’être candidat à la présidence de l’UDI quand j’ai vu les manigances au sein de l’UDI 31. J’ai souhaité porter un projet fédérateur afin de retrouver les fondamentaux de la proximité en remettant le parti au travail. C’est tout.

Le Blog Politique. Vous pointez l’influence d’Alain Châtillon. Pourquoi, selon vous, le sénateur de Revel s’implique autant dans les affaires de l’UDI 31 ?

Jean-Jacques Bolzan. Sincèrement, je n’en ai aucune idée. Vous avez qu’à lui poser la question.

Le Blog Politique. Maire adjoint de Toulouse en charge du commerce, conseiller régional, président régional du Parti Radical. Cela fait beaucoup. Pourquoi vouloir rajouter la présidence de l’UDI 31 ?

Jean-Jacques Bolzan. Ce n’est pas cumuler pour cumuler. Je suis attaché à l’UDI et c’est pour dynamiser et transformer en machine de guerre l’UDI. J’ai un vrai projet pour les cadres et les militants.

Le Blog Politique. Vous avez eu Pierre Médevielle au téléphone depuis le « clash » de l’élection ? Vous êtes prêt à lui tendre la main ?

Jean-Jacques Bolzan. Non je n’ai pas de nouvelle. Encore une fois j’étais prêt à travailler avec lui. Mais maintenant je veux que l’élection soit refaite. Avec tout ce qui s’est passé, il n’y aura pas d’arrangement au coin d’une table.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

 

06 Juin

Conseil Régional – Joseph Francis (UDI) : « On patauge et on gère sans vision »

Personnalité économique et figure (nationale) de l’UDI. Joseph Francis revendique son statut de chef d’entreprise et il est un proche du président des centristes, Jean-Christophe Lagarde. Synthèse de ce parcours professionnel et de son profil personnel, le conseiller régional de l’Hérault a rédigé le programme économique de l’UDI. Un programme qui sera présenté aux instances nationales du parti  le 26 juin prochain.

Joseph Francis a été un adversaire résolu de Dominique Reynié pendant la campagne des régionales. Après l’élection de décembre dernier, le nouvel élu  a refusé de siéger dans le groupe du politologue parisien. Le conseiller régional revient sur le départ forcé de Dominique Reynié. Au lendemain de l’élection de son successeur, Joseph Francis évoque le nouveau chapitre qui s’ouvre pour la droite et le centre en Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées. Il livre également ses impressions sur le début de la présidence de Carole Delga. Interview.

Joseph Francis, conseiller régional , membre de l'UDI

Joseph Francis, conseiller régional , membre de l’UDI Photo : France3Languedoc

Le Blog Politique : Comment jugez-vous le début du mandat du nouveau conseil régional ? De votre point de vue, les premiers pas de la fusion vont-ils dans le bon sens ?

Joseph Francis. Lors de la précédente assemblée plénière, Carole Delga a eu la gentillesse de me donner la parole alors que je suis non-inscrit. J’ai eu l’occasion de dire que la région ne manque pas d’intelligence analytique. Mais il manque une intelligence intuitive. Il n’y a pas d’objectif et de vision. Nous allons dépenser tout au long de ce mandat des milliards d’euros et il manque une vision. Sur nos compétence obligatoire, toute ce qu’il faut faire c’est trouver un bon architecte pour construire un lycée ou décider le bon endroit pour construire. Mais c’est le développement économique et la formation professionnelle qui sont nos compétences majeures et là rien de nouveau. Juste un peu de saupoudrage. On ne s’interroge pas sur l’efficacité de nos financements. On ne sait pas si une formation est plus performante qu’une autre. L’efficacité d’un CFA (ndlr Centre des Formations des Apprentis) c’est savoir si un apprenti a trouvé du travail. Cette question n’est pas posée. Si dans cinq ans, à la fin du mandat régional, le chômage diminue se sera en raison de la croissance économique et s’il augmente rien ne sera fait pour l’arrêter. La région est une institution inodore, incolore et sans saveur.

Le Blog Politique : Des fonctionnaires régionaux, surtout à Toulouse, inquiets et épuisés par des déplacements perpétuels, des doublons entre Toulouse et Montpellier. La fusion des deux ex-régions suscite un vrai malaise. Vous partagez ce sentiment ou c’est juste une impression ?

Joseph Francis. Rien n’est prêt. il n’y a strictement rien de prêt. On patauge et on gère le quotidien sans aucune vision. D’ailleurs ce n’est pas un fusion mais une fusion-absorption. C’est Midi-Pyrénées qui absorbe le Languedoc-Roussillon. Dans ma vie professionnelle, j’ai connu des fusions-absorptions. Il y avait toujours des projets derrière. Une fusion-absorption ça se prépare. Au conseil régional, c’est de l’immaturité. Tout est improvisé.

Le Blog Politique : Vous êtes non-inscrit car vous avez refusé de siéger aux côtés de Dominique Reynié. Qu’elle est votre réaction face à son départ forcé ? Un soulagement ? Une satisfaction ?

Joseph Francis. Le départ de Dominique Reynié est un non événement. Son arrivée comme son départ sont des épiphénomènes. J’ai observé que la tête de liste aux régionale (ndlr Dominique Reynié) prenait de décisions infondées et souvent seul. Une tête de liste qui a bafoué les accords électoraux avec l’UDI. Je ne pouvais pas accepter de siéger à ses côtes. Cela m’a donné la liberté de rester fidèle aux valeurs de l’UDI.

Le Blog Politique. Vous avez demandé une intégration dans l’ancien groupe de Dominique Reynié. Vous êtes confiant ? 

Joseph Francis. J’ai lu dans la presse que Christophe Rivenq (ndlr nouveau président du groupe UDI-LR) estime que j’ai 90% de chance d’être intégré. Au moment de l’élection de Dominique Reynié, il était normal que l’on fasse un groupe UDI indépendant mais mes collègues UDI ne l’ont pas souhaité. Il serait normal que je retrouve le groupe LR-UDI.

Le Blog Politique. Dimanche 4 juin, le successeur de Dominique Reynié a été élu. Il s’agit de Christophe Rivenq. L’élection s’est réduite à une candidature unique suite à des pressions extérieures au groupe et à l’abandon d’Elisabeth Pouchelon. C’est un nouveau dérapage ? 

Joseph Francis. Je suis quelqu’un de pragmatique. Je ne peux pas dire grand chose. Je n’étais pas présent et je suis donc incapable de juger. J’ai l’impression que l’élection s’est déroulée de manière normale et naturelle. J’attends de connaître Christophe Rivenq et de travailler dans son groupe pour avoir une idée.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

23 Mai

David Cormand, Secrétaire National d’EELV : « On est sorti d’un cycle d’alliance avec le PS »

David Cormand, le secrétaire national d’Europe Ecologie Les Verts sera dans notre région demain. Au programme : tournée des projets inutiles mais aussi prise de pouls et consultation des militants. Dans une période plus qu’agitée pour le parti, l’un de ses leaders nous livre ses orientations et son sentiment sur l’écologie politique.

David Corman, Secrétaire National d'EELV sera demain et mercredi à Castres et Toulouse. AFP PHOTO / THOMAS SAMSON

David Cormand, Secrétaire National d’EELV sera demain et mercredi à Castres et Toulouse. AFP PHOTO / THOMAS SAMSON

Quelle est l’ambiance actuellement chez EELV ?

 

David Cormand :Je ne vous cache pas qu’avec la disparition de notre groupe à l’Assemblée Nationale, c’est un coup dur. Mais c’est une conséquence de divergences politiques avec la majorité depuis notre sortie du gouvernement. Plus on s’approche de la Présidentielle, plus Hollande fait tout pour qu’il n’y ait pas une tête qui dépasse. C’est le de la politique à la Attila et nous n’aimons pas ça.

 

Face à ces turbulences au sein d’EELV, quelles réponses apportez-vous aux interrogations de vos partisans ?

 

D.C : Que l’espace politique pour l’écologie n’a jamais été aussi grand.

Au niveau du constat, aujourd’hui nous ne sommes plus minoritaires. Mais maintenant c’est dans les propositions qu’il faut que l’on soit majoritaire. Il ne faut pas perdre confiance en nous. On est tributaire d’un paysage politique en décomposition mais nous pouvons réussir à nous imposer dans cet espace politique que doit occuper l’écologie.

 

Le parti EELV en lui-même est-il en danger dans sa forme actuelle ?

 

D.C : Je ne crois pas. La place d’un parti écologiste en France n’a jamais été aussi importante. Il faut réinventer EELV qui n’a souvent été qu’une addition d’individualités. Il faut que nous nous construisions une identité commune autour du « bien commun ». Très souvent on parle d’ « égologie » plus que d’écologie. Il faut que l’on soit plus sur le projet que sur nos préoccupations internes.

 

Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon est-elle une région au terreau favorable pour vous ?

 

D.C : Cette région a un potentiel important en termes d’écologie. Le tissu économique s’y prête que ce soit des grands groupes comme Airbus mais surtout un tissu d’entreprises où s’allient qualité de vie et savoir-faire. Tout cela est favorable à la préparation de la transition. Regardez l’agriculture par exemple. Mais à côté de ces atouts, il y a aussi des risques comme l’étalement urbain ou les projets inutiles.

 

Justement, parlons-en. Notre région est aussi celle de Sivens…

 

D.C : C’est un dossier emblématique d’une course en avant en matière agricole. Un dossier qui a également une charge symbolique et affective avec le décès de Rémi Fraisse. Ce drame annonçait hélas la montée en tension du dialogue social. Je ne remets pas en cause les forces de l’ordre, mais leur matériel et l’usage qui leur est demandé d’en faire par ceux qui nous dirigent.

 

Demain, vous viendrez également parler du projet d’autoroute Castres-Toulouse. Projet inutile selon vous ?

 

D.C : Vous savez des projets autoroutiers de ce type, il y en a partout en France actuellement. L’enjeu ce n’est pas simplement d’être contre. Avec tout l’argent nécessaire à ce chantier, on pourrait réaliser d’autres projets plus harmonieux. Le mythe du développement économique par l’autoroute hérité du passé ne fonctionne plus. Il faut que les politiques aient le courage de prendre position surtout après les décisions de la Cop 21. En plus, de nos jours, nous n’avons plus d’argent public à gaspiller pour ce genre d’infrastructures.

 

Les autoroutes toujours dans l’air du temps, comme les grandes zones commerciales en périphérie des villes. Ici Val Tolosa crée pas mal de remous. Qu’allez-vous dire à ce sujet lors de votre venue ?

 

D.C : Toulouse est l’une des métropoles qui a connu le plus grand étalement urbain ces dernières décennies en France. Là on parle d’un projet de 12 hectares qui va en impacter une quarantaine. Ce projet va également mettre en péril de nombreux commerces locaux. En plus, on parle ici d’un mode de consommation qui n’est absolument pas orienté vers les filières courtes et qui n’est donc pas bon pour l’emploi local. Même les Etats-Unis aujourd’hui reviennent sur ce type d’implantation.

 

Parlons à nouveau politique pure et dure pour terminer. Nous sommes à un an des Législatives. Dans notre région des accords avaient été conclus voilà cinq ans, qu’en est-il pour le scrutin de l’année prochaine ?

 

D.C : Ce sera au congrès de décider (à partir du 28 mai). Mais si vous voulez ma position personnelle, on est sorti d’un cycle d’alliance avec le PS. En 2012, nous étions parvenus à un accord en termes de programme. Mais sitôt cet accord signé, François Hollande l’a balayé d’un revers de main. On a aussi essayé de travailler avec les socialistes à l’Assemblée Nationale et on a vu que tous les arbitrages tombaient à côté. Ce n’est pas sectaire de dire ça, c’est une réalité. Nous, on a toujours été ouverts. Mais maintenant, on ne va pas rester pour les places. Pour les futures Législatives donc, je pense que nous opterons pour notre indépendance avec des candidats dans le plus de circonscriptions possibles.

 

Propos recueillis par Patrick Noviello

13 Mai

Nom de la Région : « une méthode floue et hors de prix » pour Dominique Reynié

Depuis le début de la semaine, ex-Midi-Pyrénéens et ex-Languedociens peuvent se prononcer sur le (nouveau) nom de la (nouvelle) Grande Région. La consultation ouverte le lundi 9 mai va s’étendre jusqu’au 10 juin et elle donne la parole à 4 millions de votants potentiels. Le président du groupe d’opposition de la Droite et du Centre au conseil régional s’exprime sur le choix de Carole Delga d’organiser un « référendum » ouvert à tous les habitants de plus de 15 ans et coûte 500 000 euros. Dominique Reynié évoque ses réserves sur un process qu’il juge « hors de prix » et pointe l’opacité d’une méthode qui donne la parole à une « population électorale dont on ne connait ni la taille ni les limites ».

Dominique Reynié président du groupe de la Droite et du Centre au conseil régional

Dominique Reynié président du groupe de la Droite et du Centre au conseil régional

Le Blog Politique. Le nom d’une région, est-ce vraiment important ?

Dominique Reynié. Oui, sans aucun doute. A travers le choix d’un nom, nous allons dire qui nous sommes, comment nous souhaitons être nommés, donc identifiés. C’est une affaire d’identité. Nous contribuons aussi à écrire la cartographie nationale. En effet, la majorité a voulu la fusion de deux régions, ce qui implique la disparition des deux noms « Midi-Pyrénées » et « Languedoc-Roussillon ». Un nouveau nom prendra leur place. Ce sera notre identité au sein de la nation, mais également en Europe et dans le monde. Pour un territoire comme le nôtre dont l’avenir dépend à ce point de l’investissement économique, du tourisme, des exportations, industrielles ou agricoles, ou encore des échanges entre chercheurs du monde entier, l’identification par le nom joue inévitablement un rôle clé. Un échec dans ce domaine serait lourd de conséquences, d’autant plus que nous n’allons pas choisir un nom pour la durée du mandat, mais pour longtemps sinon pour toujours. On ne change pas le nom d’une région tous les 10 ans !

En décidant d’ouvrir la participation à celles et ceux qui sont des résidents non encore inscrits, les moins de 18 ans, et à la diaspora, c’est le flou complet ! »

Le Blog Politique. Les jeunes de plus de 15 ans, les résidents, la « diaspora » régionale et les électeurs inscrits sur les listes électorales vont pouvoir s’exprimer. Que pensez-vous de la composition du corps « électoral » ?

Dominique Reynié. Je suis frappé par cette composition. On ne peut pas en connaître les contours ! La diaspora, c’est quoi, c’est qui ? Sont-ce tous les français nés dans notre région mais travaillant à l’extérieur ? Les enfants de ces « expatriés » sont-ils concernés ? Leurs petits-enfants ? Pour le seul cas de l’Aveyron, mon département, on estime qu’il y a autant, voire plus, d’Aveyronnais à Paris, pour ne considérer que Paris, qu’en Aveyron. La grande région compte 5,6 millions d’habitants et 4,2 millions d’électeurs inscrits. Nous avions là des bases claires pour une consultation. On pouvait vérifier l’inscription sur les listes électorales. En décidant d’ouvrir la participation à celles et ceux qui sont des résidents non encore inscrits, les moins de 18 ans, et à la diaspora, c’est le flou complet ! La population potentiellement concernée est de combien ? 5 millions ? 10 millions, 20 millions de personnes ? Plus ? On peut même imaginer que le choix sera fait par la « diaspora » dont le nombre est évidemment supérieur à celui des habitants… Quantitativement, si la diaspora décide de voter, c’est son choix qui sera majoritaire. Ce serait étonnant que le nom soit choisi par ceux qui ne vivent pas ici !

Je trouvais plus logique, plus simple et beaucoup moins coûteux, pour ne pas dire gratuit, de confier ce travail au Conseil régional dont les membres ont été élus pour faire ce travail ».

Le Blog Politique. Vous seriez président de Région, vous auriez choisi le même process ?

Dominique Reynié. J’avais proposé dans mon programme une méthode comprenant une sorte de « Comité du nom ». J’y aurais, c’est sûr, associé l’opposition. Or, nous avons été entièrement écartés de ces discussions ! Je l’ai dénoncé publiquement lors des Assemblées plénières. Je trouvais plus logique, plus simple et beaucoup moins coûteux, pour ne pas dire gratuit, de confier ce travail au Conseil régional dont les membres ont été élus pour faire ce travail. A la fin, le paradoxe est complet : Carole Delga décide d’impliquer fortement un groupe de personnes dont pas une n’a été élue par les citoyens pour cela – c’est le « Comité du nom »-, et de tenir à l’écart les membres du Conseil régional qui ont pourtant tous été désignés par les électeurs !

Une participation massive serait un bon indicateur de réussite, mais là encore, quel est le chiffre, puisque nous ne connaissons pas la population électorale concernée ? »

Le Blog Politique. Quels sont, selon vous, les critères d’une consultation réussie ? La participation ? L’absence de fraude ? Un vote massif en faveur d’un nom qui s’impose sans appel ?

Dominique Reynié. La consultation aura lieu, elle produira un résultat, car un choix sera fait mais elle ne peut pas être réussie. En effet, la méthode est floue, la population électorale potentielle est immense et nul n’en connaît ni la taille ni les limites ! Carole Delga et Gérard Onesta eux-mêmes sont incapables de le dire ! Si le nom qui sera choisi suscite une sorte d’approbation, même sans enthousiasme, nous n’aurons pas trop de problèmes ; en revanche, si le nom est rejeté par une large partie de notre population ou s’il déplaît beaucoup à une forte minorité, souvenons-nous de « Septimanie », alors nous irons au devant de graves difficultés. Une participation massive serait un bon indicateur de réussite, mais là encore, quel est le chiffre, puisque nous ne connaissons pas la population électorale concernée ? Le choix d’un nom est une décision de fondation ; c’est l’acte de naissance d’une communauté.

Le Blog Politique. Carole Delga chiffre le coût de l’opération à 500 000 euros. C’est cher payé ?

Dominique Reynié. C’est hors de prix ! Je ne suis pas certain que ce soit compris et accepté en ces temps de disette budgétaire. Je le répète, par une procédure allégée, reposant sur le travail des élus, qui sont là pour ça, nous pouvions diviser par 20 ou 30 ce montant.

Le Blog Politique. Parmi les 5 noms soumis au vote, lequel a votre préférence ?

Dominique Reynié. Pendant la campagne électorale, j’ai toujours accepté de répondre à ce sujet, je le fais encore volontiers aujourd’hui. Je balance entre un nom qui ferait sens pour nous mais qui risquerait d’être énigmatique pour le reste du monde – « Occitanie/Pays Catalans » – et un nom qui fera sens pour le reste du monde mais qui apparaîtra énigmatique à une partie de notre population – « Pyrénées/Méditerranée ».

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

26 Avr

[Exclusif] Jean-François Copé : « Rien n’est joué pour 2017 »

Deux mois après l’annonce de sa candidature, Jean-François Copé multiplie les déplacements à un rythme soutenu. Carcassonne, Nîmes, Manosque et Cavaillon la semaine dernière. Ce  mercredi 27 avril, il est à Toulouse avant les Pyrénées-Orientales. Les sondages ne classent pas Jean-François Copé parmi les favoris de la primaire. Il oscille entre 1 et 3 points dans les baromètres. Mais l’ancien président de l’UMP affirme qu’il peut gagner même s’il relativise en précisant qu’il a « conscience d’attaquer l’Himalaya par la face Nord« .

Dans une interview exclusive pour Le Blog Politique de France 3 Midi-Pyrénées, Jean-François Copé déclare disposer des parrainages nécessaires pour se présenter à la primaire et cite parmi ses soutiens la députée de Haute-Garonne et présidente de LR31, Laurence Arribagé. Le candidat à la primaire se prononce également sur les « chances » d’Alain Juppé et défend son programme.

Jean-François Copé (Photo : AFP)

Jean-François Copé (Photo : AFP)


Le Blog Politique. Vous étiez opposé au principe des primaires. Vous êtes désormais candidat et engagé dans la compétition. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis et convaincu de vous présenter sur la ligne de départ ?

Jean-François Copé. C’est vrai qu’à l’origine je n’étais pas à l’aise avec ce principe des primaires. Il me semblait en rupture avec l’esprit de la Vème République, celui de la rencontre d’un homme et du peuple… J’ai évolué ! Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui aucun leader naturel ne s’impose à droite. Et comme il serait suicidaire d’utiliser le premier tour de l’élection présidentielle pour départager tous les candidats de notre famille politique, mieux vaut le faire dans le cadre de primaires ! Elles permettront de dégager un candidat reconnu par l’ensemble de la droite et du centre. A titre personnel, je m’étais donné deux critères pour être sur la ligne de départ. Le premier était d’être lavé de tout soupçon dans l’affaire dite Bygmalion, sur le financement de la campagne présidentielle de 2012. Les juges, vous le savez, m’ont fait connaître qu’ils ne retenaient aucune charge contre moi. Mon éthique personnelle m’aurait empêché de me présenter si jamais j’avais été mis en examen. Le second critère était d’être prêt, tout simplement. Je le suis. J’ai derrière moi 20 ans d’engagement politique local et national. Surtout, je porte des idées, celles d’une droite décomplexée, que je ne vois nulle part ailleurs. Des idées  que j’ai décrites dans mon livre, le Sursaut français, je veux les porter moi-même. Mon expérience, mon parcours, mon projet me portent à être candidat pour me mettre au service des Françaises et des Français…

Contrairement aux autres principaux concurrents, je n’ai pas été aux manettes entre 2007 et 2012″

Le Blog Politique. 11 candidats sont en piste. Ce n’est pas trop ? Vos atouts par rapport aux autres concurrents ?

Jean-François Copé. C’est la démocratie ! Mais ne nous y trompons pas : il y a beaucoup de candidats à la candidature, mais il y en aura beaucoup moins sur la ligne de départ fin septembre. Tous n’auront pas les parrainages requis. Il y aura cinq ou six candidats au final. Quant à moi, j’estime avoir plusieurs différences avec les autres candidats. D’abord, je ne suis comptable d’aucun bilan. Contrairement aux autres principaux concurrents, je n’ai pas été aux manettes entre 2007 et 2012. Or ce quinquennat –où tout n’a pas été mauvais loin de là !- a été une occasion manquée pour réformer la France en profondeur. Les Français avaient des attentes immenses en 2007, ils ont été déçus. Ils savent qu’il y a peu de raisons que ceux qui n’ont pas eu assez de résultats hier, en aient plus demain. Moi, je n’ai pas ce problème, j’étais de ceux qui poussaient pour réformer plus en avant : par exemple, c’est moi qui, avec mes amis députés, ait bataillé pour interdire le port de la burqa alors que l’exécutif, initialement, ne voulait pas de cette loi ! Ensuite, je suis le seul maire d’une ville moyenne, Meaux. Une petite France ancrée dans le réel : 50% de logements sociaux, 27 nationalités. Et j’y ai eu des résultats : la délinquance a été divisée par deux en dix ans, des centaines d’emploi ont été créés, la laïcité a été réaffirmée, la rénovation des quartiers a changé le visage de la ville… Si j’ai été réélu à chaque fois au premier tour, c’est bien parce que mes administrés ont vu leur cadre de vie s’améliorer. Ce que je fais pour Meaux, c’est ce qu’il faut faire pour la France. Enfin, je suis le seul à assumer une méthode de gouvernement infaillible pour réformer : celles des ordonnances, c’est-à-dire de 15 décisions immédiatement applicables au lendemain de l’élection sans passer par l’interminable procédure législative. Je n’aurai pas la main qui tremble quand il s’agira de prendre des décisions difficiles qui seules pourront remettre notre pays en ordre de marche !

Le Blog Politique. Pour participer aux primaires, le ticket d’entrée est élevé : 250 élus dont 20 parlementaires issus de 30 départements et 2 500 adhérents. Où en êtes-vous de votre « récolte » de signatures ?

Jean-François Copé. J’aurai les parrainages nécessaires malgré les pressions assez peu « fair-play» des uns et des autres… Plus de 20 parlementaires et des centaines d’élus m’ont déjà assuré par oral ou par écrit de leur soutien !

Chacun connaît ma proximité amicale et politique avec Laurence Arribagé »

Le Blog Politique. Vous pensez pouvoir obtenir des soutiens dans la région Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon ? Combien et lesquels ?

Jean-François Copé. Bien sûr ! J’étais par exemple la semaine dernière à Nîmes où mon ami député européen Franck Proust me soutient ! Et puis chacun connaît ma proximité amicale et politique avec Laurence Arribagé, Elie Aboud, François Calvet… Beaucoup d’entre eux sont engagés en tant qu’organisateurs du scrutin dans leur département et, à ce titre sont tenus à une certaine réserve. Ils feront part de leurs choix le moment venu !

Laurence Arribagé et Jean-François Copé en 2013 (Photo : MaxPPP)

Laurence Arribagé et Jean-François Copé en 2013 (Photo : MaxPPP)

Le Blog Politique. Quels sont les thèmes que vous allez défendre pendant cette primaire ?

Jean-François Copé. Un axe fort : le commandement. La France souffre de ne plus être commandée : regardez François Hollande qui recule devant la pression de l’UNEF et de certains casseurs de Nuit Debout pour édulcorer la loi El Khomri… c’est consternant ! Jusqu’à quand allons-nous laisser la France décrocher ainsi ? Partout, nos compatriotes disent que notre pays n’est plus tenu. Eh bien je m’engage à ce que désormais il le soit, à ce « qu’on ne recule plus », c’est pour cela que j’ai fait de cette phrase forte mon slogan de campagne ! Je propose de changer la France en votant dès l’été 2017, 15 ordonnances pour rétablir l’autorité de l’Etat (création de 50 000 postes de policiers, gendarmes, magistrats, gardiens de prison, militaires…), restaurer la liberté économique (avec 50 milliards de baisses d’impôts et de charges), lutter contre le communautarisme (faire en sorte que l’Islam s’adapte à la République et pas l’inverse)… Il n’y aura pas de Sursaut français possible sans rétablissement du commandement, du leadership, à la tête de notre pays !

Le Blog Politique. Pensez-vous que les perdants aux primaires vont s’aligner derrière le vainqueur ? La lutte ne va-t-elle pas laisser des traces ?

Jean-François Copé. Pas d’angélisme : il n’y a pas de compétition sans éclats. Il y aura forcément des frictions. Pas de catastrophisme non plus : nous serons tous derrière le vainqueur ! En tous cas, moi je n’aurai pas d’état d’âme. Si jamais je ne l’emportais pas, je serai à 100% derrière notre candidat ! L’essentiel est de réussir l’alternance. François Hollande est le pire Président de la Vème République, la France ne peut pas se permettre de continuer avec lui.

Le Blog Politique. Nicolas Sarkozy est un des favoris des primaires. Pensez-vous que sa mise en examen dans l’affaire Bygmalion est un obstacle ? Son éventuelle qualification aux primaires peut-elle « exploser » en vol en raison d’un calendrier judiciaire qui peut venir percuter celui des présidentielles ?

Jean-François Copé. Je n’ai pas d’information particulière en ce qui concerne Nicolas Sarkozy ni en ce qui concerne l’avancée de l’instruction de l’affaire du financement de la campagne présidentielle de 2012. Il prendra sans doute la décision de se présenter ou non en accord avec ses valeurs.

Nous sommes à un an des élections tant de choses peuvent se passer… Rien n’est joué, rien n’est plié, rien n’est écrit

Le Blog Politique. Alain Juppé est le favori des sondages. Le match est plié ? S’il gagne les primaires, il deviendra le futur président de la République ?

Jean-François Copé. Les sondages d’avril 2016 ne font pas le Président de mai 2017. Nous sommes à un an des élections tant de choses peuvent se passer… Rien n’est joué, rien n’est plié, rien n’est écrit. Fin 1994 pas grand monde ne misait sur Jacques Chirac et il a gagné six mois après… Les pronostics ne servent à rien, seule la vérité des urnes compte.

Le Blog Politique. Ce week-end l’extrême droite a remporté une victoire historique en Autriche. En France Marine Le Pen est bien placée dans les sondages pour 2017. Pensez-vous que la présidentielle va se gagner en « droitisant » la droite ?

Jean-François Copé. Le score de l’extrême-droite en Autriche s’explique largement par l’incapacité de l’Europe à apporter une réponse crédible à la crise des migrants… Tout se joue là : dans la crédibilité et les résultats pas dans la « gauchisation » ou la « droitisation ». Celui ou celle qui sera le prochain président de la République sera celui ou celle qui aura donné le plus de gages quant à sa capacité à agir pour redonner à la France son indépendance et sa grandeur, à agir pour que, dans les dix ans qui viennent nos enfants, qui aujourd’hui ont la tentation de l’expatriation, puissent vivre et réussir dans notre pays.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

Primaire à droite : quelles garanties d’une consultation sincère ?

La droite part favorite pour la présidentielle de 2017. Mais un dérapage incontrôlé lors des primaires pourrait « tuer » ses chances. Un simple doute ou une impression de « bidouillages » peuvent « torpiller » la dynamique. Une personnalité doit veiller au grain. Anne Levade est la présidente de la Haute Autorité en charge de l’organisation et du contrôle des primaires.

Cette juriste de 46 ans, professeur de droit public à Paris-Est, connaît les arcanes et les procédures de l’ex-UMP. En 2014, Anne Levade était déjà aux manettes pour assurer la régularité de l’élection du président du parti.

Quelles sont les garanties de sincérité du vote pour les primaires qui se dérouleront en novembre prochain ? Comment s’assurer que les votants remplissent les conditions pour participer au scrutin ?

NKM et Jean-François Copé sont sur Toulouse cette semaine. Ce sera ensuite le tour de Bruno Le Maire et de François Fillon, mi-mai. Comment la Haute Autorité présidée par Anne Levade va-t-elle encadrer les fédérations départementales ? Interview.

Anne Levade (Crédit photo : MaxPPP)

Anne Levade (Crédit photo : MaxPPP)

Le Blog Politique. Comment est composée la Haute-Autorité que vous présidez et quelles sont les garanties d’indépendance ?

Anne Levade. En application de la Charte de la Primaire, la Haute Autorité est « composée de cinq membres extérieurs aux partis et groupements concourant à la primaire, choisis pour leur compétence juridique parmi des personnalité offrant toutes garanties d’indépendance et jouissant de la plus haute considération morale ».Les membres de la Haute Autorité sont, outre sa présidente, Anne Debet, agrégée de droit privé et professeur des universités, ancien membre de la CNIL, elle est spécialiste des nouvelles technologies ; Jean-Claude Magendie, magistrat, il a notamment été président du TGI de Paris puis premier président de la Cour d’Appel de Paris ; il a été membre de la Commission nationale sur la prévention des conflits d’intérêts dans la vie publique ; Bertrand Mathieu, agrégé de droit public et professeur des Universités, ancien membre du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM), il est vice-président de l’Association internationale de droit constitutionnel ; Pierre Steinmetz, Préfet de Région en métropole et en outre-mer, il a été successivement directeur général de la Gendarmerie, directeur de cabinet du Premier ministre, Conseiller d’Etat et membre du Conseil constitutionnel.

Le Blog Politique. Quels points vous semblent cruciaux pour assurer l’objectivité et la sérénité du secret ? 

Anne Levade. Comme pour tout scrutin, le secret du vote est garanti et l’ensemble des moyens sont mis en œuvre, par transposition des règles applicables aux scrutins de la République, pour assurer qu’il en soit ainsi, que le vote ait lieu par bulletin papier ou par voie électronique.

Le Blog Politique. Pour pouvoir se présenter aux primaires, les candidats doivent justifier du soutien de 2 500 adhérents. Comment allez-vous vérifiez que les adhérents sont bien des « vrais » adhérents avec des cotisations à jour ?

Anne Levade. Il faut, à titre préalable, rappeler que la règle que vous évoquez ne vaut que pour les candidats issus du parti « Les Républicains ». Le guide électoral que nous avons rendu public vendredi 22 avril prévoit que les adhérents de ce parti doivent être à jour de cotisation au 31 décembre 2015 ou au 30 juin 2016. A compter de cette date, le parti nous communiquera la liste de ses adhérents à jour de cotisation et c’est sur cette base que nous procéderons aux vérifications dans la limite du nombre requis pour être candidat.

Le Blog Politique. Comment vont se dérouler les opérations de vote ? Comme dans tous les scrutins et une sorte de « copier-coller » du Code Electoral, il existera des scrutateurs, des présidents de bureau de vote, une liste d’émargement ?

Anne Levade. Il n’est pas possible d’entrer dans le détail de manière exhaustive. Je ne peux que vous renvoyer au Guide électoral que nous avons rédigé et qui est disponible sur le site de la primaire. Mais, en effet, la Charte de la Primaire prévoit que la tenue des bureaux de cote et le dépouillement du scrutin se font conformément aux règles applicables aux scrutins de la République. Il y aura donc évidemment des listes d’émargement dans chacun des 10 337 bureaux de vote qui seront tenus par un président et des assesseurs comme pour tout scrutin et le dépouillement sera opéré par des scrutateurs, le tout sous l’œil de délégués des candidats.

Le Blog Politique. Pas de procuration de vote en métropole pourquoi ?

Anne Levade. C’est le choix qui a été fait par les rédacteurs de la Charte de la Primaire et il s’applique à l’ensemble des opérations de vote soit, bien sûr, en métropole mais aussi outre-mer et pour les Français établis hors de France.

Le Blog Politique. Comment la collecte et la transmission des résultats locaux vont-ils être gérés ? 

Anne Levade. Le recensement des résultats se fera tout entier sous le contrôle de la Haute Autorité qui procédera à une consolidation des résultats par circonscription législative et par département avant de proclamer les résultats nationaux.

Le Blog Politique. En cas de contestation des résultats quel est votre compétence ?

Anne Levade. Une fois encore, les choses sont clairement établies par la Charte de la Primaire et le Guide électoral en précise les modalités d’application. Comme pour un scrutin national, tout électeur peut contester la régularité des opérations de vote dans le bureau où il aura voté en faisant porter une réclamation au procès-verbal. Par ailleurs, tout candidat peut, dans les vingt-quatre heures suivant la clôture du scrutin, contester la régularité de l’ensemble des opérations devant la Haute Autorité. Les pouvoirs de la Haute Autorité sont les mêmes que ceux de tout juge électoral : si elle constate des irrégularités, il lui revient d’en apprécier la nature et la portée et de décider s’il y a lieu de poursuivre les opérations électorales ou de prononcer leur annulation totale ou partielle.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

Christophe Borgel : « Tout faire pour une primaire » à gauche pour 2017

Une vingtaine de ministres pour défendre le bilan de François Hollande. C’est l’opération « Hé oh la gauche » lancée par Stéphane Le Foll et qui s’est déroulée le lundi 25 avril. Un grand rassemblement progressif. C’est la « Belle alliance populaire » inaugurée mi-avril par le 1er secrétaire national du PS, Jean-Christophe Cambadélis. Les socialistes se mobilisent et donnent au mois d’avril un air de pré-campagne présidentielle. Quel est le sens de cette mobilisation ? Une préparation d’une candidature Hollande ? Une tentative de sauver les meubles d’une maison qui brûle ? Réponse avec le numéro 3 du PS et député de Haute-Garonne, Christophe Borgel. Interview.

Christophe Borgel, député de Haute-Garonne et numéro 3 du PS

Christophe Borgel, député de Haute-Garonne et numéro 3 du PS

Le Blog Politique. « Hé Oh la gauche  » avec Stéphane Le Foll. « Belle Alliance populaire » du côté de Cambadélis. Comment expliquez-vous cette soudaine mobilisation ? 

Christophe Borgel. « Belle alliance populaire », c’est la volonté de se tourner vers le mouvement social. Le PS ne doit pas se rétracter sur lui-même, il s’agit d’appeler à un débat serein, honnête et étayé. C’est une volonté d’élargissement et de dépassement du PS. Il s’agit d’affirmer un bloc réformiste. Si le PS ne s’ouvre pas, il va se rétracter encore plus. Il faut se tourner vers le mouvement social. Pour « Hé Oh la gauche », c’est le fruit d’une expérience vécue par Stéphane (ndrl Le Foll). Il était sur un marché et une personne l’interpelle en lui disant qu’il n’est pas question de faire travailler les français jusqu’à 65 ans en repoussant l’âge de la retraite. Stéphane lui a répondu qu’il ne voyait absolument pas à quel projet du gouvernement cette personne pouvait faire allusion. Il n’a jamais été question de repousser l’âge de la retraite à 65 ans. En fait, cette personne croisée sur un marché confondait avec une proposition faite par Alain Juppé. Il faut expliquer l’action du gouvernement car la perception est totalement brouillée.

Le Blog Politique. Vous parlez d’un débat ouvert pour éviter un repli du PS. Cette ouverture va-t-elle jusqu’au turbulent Emmanuel Macron ?

Christophe Borgel. Emmanuel Macron peut être une pierre de plus.

Le Blog Politique. Le PS a tenu son Congrès il y a moins d’un an. Pourquoi faut-il clarifier l’action du PS et du gouvernement un an après. C’était un Congrès pour rien ?

Christophe Borgel. Non le Congrès a servi à régler des choses et notamment à assumer la politique suivie et à demander des inflexions. Certaines ont été réalisées d’autres sont restées lettre morte. Le PS a été suivi sur la réforme du travail. Mais il l’a été moins sur le pacte de responsabilité (ndrl : ensemble de mesures à destination des entreprises et perçues par une partie de la gauche comme un cadeau au patronat). A un an de la fin du quinquennat, on veut bien entendre des critiques fortes. Mais une partie de la gauche prétend que le PS c’est la droite en pire. On ne peut laisser dire sans réagir. Il faut prendre le débat à bras le corps. 

Le Blog Politique. Le meilleur moyen pour débattre avec toute la gauche, ce n’est pas une primaire ?

Christophe Borgel. Cela ne dépend pas de nous. Le PS est partant mais à une seule condition : que tous les participants soutiennent celui qui l’emporte. Les primaires de 2011 ont été un succès parce que nous avons pu faire une belle photo Aubry-Hollande. S’il faut attendre 10 jours de tractation pour faire la photo et on renvoie une image politicienne on tue l’essentiel de la primaire. Les sondages traduisent l’éparpillement de la gauche et le risque d’être absent du 2nd tour.

Le Blog Politique. Pour vous l’organisation d’une primaire est donc une bonne solution.

Christophe Borgel. On va tout faire pour qu’elle ait lieu. Mais les Verts ont quasiment fermé la porte et le PC ne veut pas entendre parler d’une primaire avec François Hollande.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

18 Avr

Incidents au Conseil régional : « On est en pays soviétique » pour la présidente du groupe FN France Jamet

Insultes, bousculade, désordre organisé et un coupable pointé du doigt : le Front National. La « Plénière » du Conseil Régional du 15 avril a viré au mauvais théâtre de boulevard. La mise en scène est attribuée à un acteur : les élus FN. La présidente du groupe, France Jamet conteste cette version des faits et parle d’une « riposte » au traitement infligé par Carole Delga au Front National. Interview.

France Jamet  (Crédit : AFP)

France Jamet (Crédit : AFP)

Le Blog Politique. Une séance sabordée par le Front National et des comportements indignes. C’est le souvenir que laisse la Plénière de Montpellier. Vous partagez cette vision des événements ? 

France Jamet. Non. Cela ne correspond pas du tout à ce que j’ai vécu personnellement. Nous avons été agressés verbalement, traité de « fascistes » et d’assassins. Par exemple un élu communiste (ndrl : Jean-Christophe Sellin) qui a commencé par nous provoquer en m’offrant un chapeau « Panama » (ndrl : une référence au scandale des paradis fiscaux révélés par l’affaire « Panama Papers »). Nous n’avons rien à voir avec cela ni de prés ni de loin et Marine (ndlr : Le Pen) a dit qu’elle attaquerait systématiquement en justice toutes les personnes qui associeraient le Front National à « Panama Papers ». J’ai demandé à Carole Delga un droit de réponse suite à la provocation de l’élu communiste. Il a été refusé.

Le Blog Politique. La séance a été enregistrée et une vidéo, disponible sur le site du Conseil Régional, montre pourtant que des incidents à répétition ont émaillé la « Plénière ».

France Jamet. Il manque des extraits. Il y a des coupures avec des passages dans lesquels il manque le son. On est en pays soviétique. Comme par hasard, on n’entend pas les insultes que l’on nous adresse et les demandes répétées de droit de réponse que Carole Delga nous refuse. Ses méthodes sont totalement autocratiques et dictatoriales.

Le Blog Politique. Le fait de brandir des pancartes « Delgastan » et de se lever pour chanter la « Marseillaise », ce n’est pas de la provocation ?

France Jamet. Les pancartes « Delgastan », c’est aussi humoristique que d’offrir un chapeau « Panama ». Un chapeau que j’ai accepté de prendre avec le sourire. S’agissant de la « Marseillaise » a cappella, ce n’était pas prémédité. Nous ne sommes levés spontanément face au refus de Carole Delga de faire chanter l’hymne national. Nous avons été très dignes.

Le Blog Politique. Un élu d’opposition, le conseiler régional LR du Lot Aurélien Pradié, parle de pression physique et d’une tentation d’intimidation.

France Jamet. Il est de notoriété publique qu’Aurélien Pradié et notre représentant dans le Lot ont de vieux contentieux.. Mais c’est Aurélien Pradié qui a d’abord bousculé notre élu. On aussi entendu du côté des rangs communistes des provocations du genre : « viens ici si tu es un homme ».

Le Blog Politique. Le spectacle donné par le Front National ne va-t-il pas ternir l’image d’un parti qui cherche à gagner en respectabilité ?

France Jamet. Sur le fond, nous sommes droit dans nos bottes. Nous n’avons pas été élu pour nous asseoir sagement et attendre silencieusement la fin de la classe. Sur la forme, si ce spectacle parait discutable à certains, c’est simplement en réponse et à la hauteur de ce que nous subissons à longueur de temps. Carole Delga se comporte en militante depuis le premier jour. Nous sommes systématiquement exclus des débats et des décisions. On nous refuse la parole. Nous sommes exclus des organismes, des conseils d’administration, des débats et des décisions. On nous refuse la parole. On refuse tous nos amendements et toutes nos propositions. Dans une interview donnée à Midi-Libre, Carole Delga nous range dans les 7 plaies d’Egypte à coté de l’insécurité et du chômage. Elle nie notre représentativité. Ce n’est pas tolérable. Ce n’est pas conforme à notre conception de la démocratie dans un état républicain. Nous sommes sérieux et nous travaillons. Nous avons fait des interventions sérieuses et même brillantes sur les orientations budgétaires. Nous avons fait une contre-proposition sur le nom de la région : Languedoc-Roussillon. Mais, comme d’habitude, notre proposition a été écartée d’un revers de main. Nous sommes des élus systématiquement mis à part alors que nous sommes des élus à part entière. Dans les commissions, des élus refusent de nous serrer la main.

Le Blog Politique. Les élus de droite comme de gauche pointent une duplicité : une passivité totale dans les commissions sectorielles et une agitation stérile lors des assemblées plénières. Que répondez-vous à cette accusation ? Vos élus refusent de voter en commission. Pourquoi ?

France Jamet. Les commissions sectorielles, lieu de débats et d’échanges, sont des endroits où l’on pose des questions et tous nos élus posent des questions et participent activement, contrairement aux élus LR. Nous ne prenons pas part aux votes car nous arrêtons ensuite collégialement, après débats au sein du groupe, nos positions sur chaque dossier. C’est aussi la preuve qu’en matière de démocratie nous sommes exemplaires et irréprochables et que nous n’avons de leçon à recevoir de personne, surtout pas de nos adversaires politiques et de Madame Delga.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)