03 Nov

Emmanuel Macron : « Je vais au contact de la réalité et des Français »

Une conférence. Une rencontre avec des étudiants. Une réunion publique. Un rendez-vous avec le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc. La visite d’une entreprise à Colomiers. Ce vendredi 4 novembre, la journée haute-garonnaise d’Emmanuel Macron est chargée. L’ancien ministre de François Hollande continue son tour de France et à mettre en mouvement son En Marche ! 

Emmanuel Macron (Photo : AFP)

Emmanuel Macron (Photo : AFP)

Emmanuel Macron entretient le suspens sur ses intentions et une éventuelle candidature à la présidentielle de 2017. Mais son déplacement toulousain, comme tous ses autres déplacements dans l’Hexagone, a un air de pré-campagne. Interview.

Le Blog Politique. Vous participez à l’édition 2016 de Futurapolis. Une édition consacrée aux voitures sans pilotes et aux drones. Qu’est ce qui vous motive cette participation ?

Emmanuel Macron. C’est l’état d’esprit de tous ceux qui y participent que je suis venu saluer et soutenir. Je pense qu’il faut mettre en valeur cette France qui ose et qui entreprend. Je souhaite contribuer à la réconcilier avec celle qui a peur de l’avenir et que je comprends tout autant car la situation est difficile pour beaucoup.

Le Blog Politique. Vous allez passer une journée dans une des nouvelles grandes régions françaises. Que pensez-vous de la réforme territoriale menée par François Hollande et de la création de super-régions ?

Emmanuel Macron. C’est un pas dans la bonne direction ! Mais le principal est pour moi de rendre le pouvoir à ceux qui font et qui sont sur le terrain, je pense notamment aux élus locaux et la route est encore longue ! Ce n’est pas qu’une question de découpage administratif : c’est un enjeu d’efficacité et de démocratie.

Le Blog Politique. Votre déplacement en Haute-Garonne ne se limite pas à Futurapolis et à une rencontre avec des étudiants. Vous allez également visiter une entreprise et tenir une réunion publique. Cela ressemble beaucoup à l’agenda d’un candidat en campagne. C’est juste une impression ?

Emmanuel Macron. Je parcours le pays sans discontinuer depuis plus de deux ans, pour mettre en valeur les belles initiatives dont on ne parle jamais assez et soutenir celles et ceux qui souffrent et pour qui on ne fait jamais assez. Je n’ai pas changé de méthode depuis que je ne suis plus ministre : je vais au contact de la réalité et des Français. C’est cela qui me plaît et cela aussi de cela que se nourrit ma réflexion sur les changements nécessaires pour le pays.

Le Blog Politique. Depuis votre départ du gouvernement, vous avez entamé une nouvelle vie. Sans regret ? Quels sont les changements les plus notables et que vous trouvez les plus appréciables dans ce nouveau départ ?

Emmanuel  Macron. J’ai quitté avec tristesse une fonction que je suis honoré d’avoir exercée. Mais je n’ai aucun regret : toute mon énergie est maintenant consacrée à faire grandir le mouvement de l’espérance. Car notre pays vaut mieux que le découragement ambiant !

Le Blog Politique. Vous êtes libéré de votre agenda ministériel. A priori vous avez plus de temps pour lire. Avez-vous lu le livre qui « cartonne », au sens propre comme figuré  : « un président ne devrait pas dire ça » ?

Emmanuel Macron. Non.

Le Blog Politique. Dans une autre existence, vous avez été l’assistant de Paul Ricoeur. Le philosophe établit une filiation entre le vouloir et le désir : « le vouloir serait faiblement efficace s’il n’était aiguillonné par une pointe de désir ». On voit bien votre « vouloir ». Vous participez au débat public. Vous êtes un acteur de la vie politique, mais c’est quoi la « pointe de désir » d’Emmanuel Macron ?

Emmanuel Macron. L’action. Participer au débat public, c’est bien. Mais faire, c’est mieux.

Le Blog Politique. On sent bien que vous êtes tenté par une aventure présidentielle. Il existe des indices : nombreuses réunions avec vos soutiens, déplacements dans toute la France. Qu’est ce qui pourrait vous retenir ?

Emmanuel Macron. Rien d’extérieur à En Marche ou à ma réflexion personnelle.

Le Blog Politique. Jean-Luc Mélenchon vous qualifie de « droite moderne » et d’ultra-libéral. Ce genre d’étiquette, cela vous agace ?

Emmanuel Macron. Sur ce point, je suis un vrai claustrophobe : je n’aime pas être enfermé dans une case ! Ma conviction, c’est que l’offre politique actuelle reste structurée par des oppositions anciennes qui n’ont plus lieu d’être. Aujourd’hui, les partis politiques traditionnels sont traversés par des clivages entre progressistes et conservateurs. Et par delà les partis, des gens peuvent se retrouver, sur des sujets aussi essentiels que l’Europe, l’éducation, ou la sécurité. En Marche!, en permettant la double adhésion est un mouvement qui permet à tous les progressistes de se retrouver.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

21 Oct

Didier Martinez -SCP FO Police : « c’est la haine totale des policiers »

Didier Marinez SGP FO Occitanie

Didier Marinez
SGP FO Occitanie

Des cocktails Molotov mettent le feu dans les rangs de la police. Le 8 octobre dernier, 4 policiers ont été blessés par des engins incendiaires alors qu’ils effectuaient une mission de surveillance. Suite à ce fait divers, les policiers descendent dans la rue avec armes et véhicules de service. Le mouvement est né en région parisienne. En quatre jours, il s’étend à l’ensemble du territoire national. A Toulouse, une centaine de policiers a manifesté sa colère. Les syndicats sont court-circuités et critiqués. Le secrétaire général de SGP FO en Occitanie, Didier Martinez, revient sur ce mouvement inédit et attend une réaction concrète de la part du gouvernent. Interview.

Le Blog Politique. Les manifestations de policiers qui se déroulent à Lyon, Paris, Toulouse sont-elles inédites ? Au cours de votre parcours syndical, vous avez connu un tel mouvement ?

Didier Martinez. C’est absolument inédit. Ce qui est nouveau, c’est le côté récurrent. En 2001, suite à l’assassinat d’un collègue au Plessis- Trévise lors d’un cambriolage, la base s’est spontanément mobilisée. A l’époque Daniel Vaillant était ministre de l’Intérieur. Cette mobilisation a débouché sur une réforme indemnitaire et indiciaire. La prime de risque a notamment été augmentée. En 2012, nous avons défilé sur les champs-Elysées suite à la mise en examen après qu’il ait utilisé son arme de service. Mais, c’est pareil, comme en 2001, en deux, trois jours tout rentre dans l’ordre.

Le Blog Politique. Pensez-vous que le gouvernement a une responsabilité dans le mouvement actuel ?

Didier Martinez. Aucun gouvernement n’a eu autant de manifestations durant un quinquennat. Même sous Sarkozy. Ils n’ont jamais entendu le message. La contestation autour de la loi Taubira aurait dû les alerter. Il y a eu la signature d’un protocole. Mais il est totalement vide et creux. Le gouvernement, s’est contenté de paroles sympathiques et de compassion. Pour que ça bouge, il aura fallu que la base dise : ça suffit. Les syndicats vous n’arrivez à rien.

Le Blog Politique. Comme vous le précisez, le mouvement vient de la base et se déroule en marge des syndicats. C’est un constat d’échec pour le syndicaliste que vous êtes ? 

Didier Martinez. Jamais un syndicat ne peut donner de consignes qui exposent nos collègues à des sanctions. Nous avons tout mis dans la balance pour faire avancer les exigences de la base. Mais on ne peut pas utiliser certaines méthodes comme bloquer un périph. C’est injuste de nous reprocher notre inaction. S’agissant de l’action des collègues, ils l’ont fait et ça marche. Je m’en réjouis.

Le Blog Politique. Pensez que l’action de vos collègues va faire bouger le gouvernement ?

Didier Martinez. Le fait que François Hollande reçoive les syndicats prouve que le gouvernement a pris la mesure du malaise. Mais le gouvernement va devoir présenter une palette de réponses. Je sais notamment que les collègues attendent une réponse sur le pouvoir de riposter. Actuellement, c’est compliqué de sortir son arme. Quand une voiture refuse de s’arrêter et nous dépasse, on ne peut pas tirer dans les pneus. Nous sommes enfermés dans le cadre de la légitime défense et cela suppose d’être devant le véhicule. On ne peut pas tirer.  Il y a un risque permanent de révocation et de mise en examen. Le climat est devenu intenable. Nous n’avons pas les moyens de réagir. C’est la haine totale des policiers. Dans les manifestations, on voit des gens armés qui veulent se battre et crever du flic. Nos collègues ont un sentiment de vulnérabilité et l’exaspération a atteint son paroxysme.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

 

20 Oct

Primaire Ecolo-Guillaume Cros : « Cécile Duflot a trop joué le second tour à la Jospin »

Le PS et la droite ne sont pas les seuls à organiser des primaires. Les écologistes votent également pour désigner leur candidat à la présidentielle de 2017. Les résultats du 1er tour conduisent à l’élimination surprise de Cécile Duflot. L’échec est brutal pour l’ancienne ministre du logement : 24% des votes. Un de ses soutiens en Occitanie revient sur cette défaite brutale. Guillaume Cros est un vice-président (EELV) du Conseil Régional. Interview.

Guillaume Cros. Conseiller régional EELV. Photo : L.Dubois

Guillaume Cros. Conseiller régional EELV. Photo : L.Dubois

Le Blog Politique. Cécile Dufflot est éliminée dès le 1er tour de la primaire organisée par Europe-Ecologie. Comment expliquez-vous cet échec ?

Guillaume Cros. Cécile Dufflot avait envie depuis longtemps de cette primaire et elle s’est longuement préparée. Si on essaie de voir ce qui n’a pas marché, c’est peut-être que Cécile Dufflot a trop joué le second tour, à la Jospin. Des personnalités ont apporté son soutien à Cécile Dufflot, notamment des économistes. Cela montrait qu’elle gagnait en crédibilité. Si on rentre dans les détails, je pense que l’on a peut être mal évaluer le côté anti-Dufflot. Son passage au gouvernement. C’est vrai que l’on peut mettre davantage en avant son bilan. Il y avait des choses positives. Je sentais une mobilisation. C’est vraiment dommage car on n’a besoin qu’un écolo soit présent dans la présidentielle et Cécile Dufflot avait une vraie notoriété. Et elle a gagné en notoriété.

Le Blog Politique. Il reste deux candidats en piste pour le second tour : Yannick Jadot et Michelle Ravasi. L’un des deux candidats décrochera l’investiture pour la présidentielle. Vous êtes confiant ?

Guillaume Cros. Cela va être très difficile. La présidentielle va être sanglante. Je soutiendrai le ou la candidate qui va gagner la primaire. Mais ce sera d’autant plus compliqué avec un ou une candidate qui sort comme ça.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

27 Sep

Monique Iborra : « Je n’aurai pas peur de porter les couleurs d’Emmanuel Macron »

Dimanche 25 septembre, Emmanuel Macron a participé, à Lyon, au sommet des réformistes européens. La présence de l’ancien ministre des Finances a transformé une simple conférence et des tables rondes en pré-campagne présidentielle. Traque de la petite phrase. Pointage et comptage des soutiens et des ralliements.

Parmi la photo de famille « macronienne » la députée de Haute-Garonne, Monique Iborra. L’ancienne coordinatrice de la loi Travail annonce son soutien à Emmanuelle Macron. Exclue du PS en juillet 2016, Monique Iborra est candidate à sa succession sur la 6eme circonscription de la Haute-Garonne. Elle est prête à endosser le dossard d’Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron et la députée de la Haute-Garonne, Monique Iborra à Lyon

Emmanuel Macron et la députée de la Haute-Garonne, Monique Iborra à Lyon au sommet de Réformistes Européens

Le Blog Politique. Vous étiez ce week-end avec Emmanuel Macron à Lyon. Pourquoi ?

Monique Iborra. J’y étais invitée par Gérard Collomb, maire socialiste de Lyon, qui appartient au groupe des Réformateurs, le thème de l’Europe s’invite légitimement dans les prochaines échéances électorales, réfléchir à son évolution et à sa restructuration est indispensable.

Le Blog Politique. Que retenez-vous de cette nouvelle séquence ultra-médiatisée d’Emmanuel Macron ? Au delà de la couverture media, il y a eu des débats de fonds à Lyon ?

Monique Iborra. Si la séquence a été partiellement médiatisée, elle est sans doute le fait que certains ont cru bon d’avoir des stratégies d’empêchement… Il y a eu de véritables débats de fond dans les ateliers préparés depuis de longs mois avec des questions, des remises en cause et des perspectives.

Le Blog Politique. C’est un pas de plus vers une candidature Macron à la présidentielle de 2017 ?

Monique Iborra. Je pense qu’il faut dissocier cet événement de la candidature d’Emmanuel Macron. Je pense qu’aujourd’hui bien qu’il ne l’ait pas annoncé qu’il se présente dans la perspective de l’élection présidentielle.Il n’est pas dans une démarche d’opposition mais de dépassement et de clarification, de mobilisation de ceux qui se sont désengagés souvent avec raison, ses discours et sa pensée sont très structurés et il agit par étapes, sortir des postures et des incohérences, et il y en a de nombreuses à droite comme à gauche.

Bien qu’il ne l’ait pas annoncé, il se présente dans la perspective de l’élection présidentielle

Le Blog Politique. Etes vous prête à soutenir Emmanuel Macron s’il déclare sa candidature ?

Monique Iborra. Aujourd’hui quel est le paysage politique et l’offre politique ? A gauche la division, le retour d’alliances qui se sont fracassées à l’épreuve du pouvoir, à droite la surenchère irresponsable, en embuscade l’extrême droite qui peut déboucher sur l’organisation d’une véritable « guerre civile » en France.Tout ce qui correspond à une alternative possible est à prendre en compte. Macron peut représenter cette réelle alternative dont le pays a besoin.

Macron peut représenter cette réelle alternative dont le pays a besoin

Le Blog Politique. Quels sont, d’après vous, les atouts d’Emmanuel Macron ?

Monique Iborra. Sa capacité et son honnêteté intellectuelles, sa détermination appuyée sur des convictions, son courage et son goût des autres… Sa liberté d’action et d’expression vis à vis des appareils politiques qui ne sont plus adaptés à la société telle que nous la vivons aujourd’hui.

Le Blog Politique. Quels sont, selon vous, les défauts et les failles d’Emmanuel Macron ?

Monique Iborra. Les défauts de ses qualités : sa propension à penser, je crois, qu’il suffit de convaincre pour transformer… Mais c’est en même temps sa force… Mais nous ne sommes qu’au début du processus.

Le Blog Politique. Vous avez annoncé votre candidature pour les législatives. Etes vous prête à porter les couleurs Macron sur votre circonscription en Haute-Garonne ?

Monique Iborra. J’ai été la seule députée aux primaires de 2012 à promouvoir la campagne de François Hollande sur ce département, comme j’étais seule à porter celle de Ségolène Royal, je n’aurais pas peur de porter celle d’Emmanuel Macron car je serai cohérente avec mes choix politiques.

Je n’aurai pas peur de porter la couleur d’Emmanuel Macron

Le Blog Politique. Pensez que d’autres députés sortants ou des candidats peuvent également suivre Emmanuel Macron ?

Monique Iborra. Je pense que d’autres députés pourraient être tentés, ailleurs que sur ce département qui lui, est adepte du soutien à Martine Aubry et à Arnaud Montebourg en ce qui concerne l’appareil politique et les responsables départementaux dans leur majorité, mais ils sont contrairement à moi, tenus par les anathèmes de Jean-Christophe Cambadélis pour les désignations… En ce qui me concerne je suis selon celui-ci devenue la jurisprudence Iborra et donc…

D’autres députés pourraient être tentés

Le Blog Politique. Une candidature Macron à la présidentielle et des candidats Macron aux législatives, cela revient à prendre la responsabilité de la division et d’une défaite de la gauche ?

Monique Iborra. Je trouve injuste et formidablement hypocrite de faire porter à Emmanuel Macron la responsabilité d’une défaite de la gauche, quand nous avons vécu pendant 4 ans à l’Assemblée les coups de boutoir des frondeurs, de ceux qui ont déposé à 2 reprises des motions de censure contre le Gouvernement, qui aujourd’hui pour certains sont candidats aux primaires socialistes et qui n’espèrent qu’une chose… l’échec de François Hollande ! Un grand nombre de militants socialistes, que je salue, partage également cette analyse.

Le Blog Politique. Vous avez été exclu du PS. Des parlementaires socialistes, dont le président du groupe parlementaire, Bruno Le Roux, demande votre réintégration. Le fait de soutenir Manuel Macron signifie que vous rompez définitivement les amarres avec le PS. Vous assumez ?

Monique Iborra. Je salue Bruno Le Roux, président du groupe qui a exercé pendant 4 ans une mission impossible. Je ne romps avec la gauche, avec mes convictions qui sont aujourd’hui compatibles avec celles d’Emmanuel Macron. Je n’approuve pas le sectarisme et les manœuvres de l’appareil socialiste qui résume sa stratégie à des accords d’appareil dont hélas, nous en avons la preuve tous les jours, y compris dans cette nouvelle grande région, constituent un échec dissimulé certes, mais un échec tout de même, qui fait que je ne regrette rien de mes choix passés.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

14 Sep

Nadia Pellefigue : « la majorité régionale est clairement de gauche »

De La Rochelle à l’Hôtel de Région. Le week-end dernier, Nadia Pellefigue a participé à la rentrée politique des Frondeurs. Une rentrée organisée dans la préfecture de Charente-Maritime, en présence des deux ténors de la gauche anti-Hollande : Arnaud Montebourg et Benoit Hamon. Le lendemain du rendez-vous de La Rochelle, lundi 12 septembre, l’élue d’Occitanie a retrouvé son agenda de vice-présidente du Conseil Régional en charge du développement économique. Un pied à La Rochelle et parmi les Frondeurs. Un autre dans les dossiers économiques régionaux et la majorité d’une ancienne ministre de Manuel Valls, Carole Delga. Ce sont les deux facettes de Nadia Pellefigue.

Comment Nadia Pellefigue a-t-elle vécu la rentrée politique des Frondeurs ? A la Région, Nadia Pellefigue défend le rôle des entreprises. Contradiction avec son positionnement à gauche du PS ? La vice-présidente du Conseil Régional a-t-elle des ambitions municipales à Toulouse ? Interview

Nadia Pellefigue, vice-présidente de la Région Occitanie. Photo : MaxPPP

Nadia Pellefigue, vice-présidente de la Région Occitanie. Photo : MaxPPP

Le Blog Politique. Quelle était l’ambiance à La Rochelle ?

Nadia Pellefigue. Conviviale et studieuse. Ces deux journées étaient avant tout des journées de travail et de débat. Elles se sont déroulées dans un esprit de responsabilité, de gravité même : nous sommes dans un moment politique important où la gauche française, dans son ensemble, se trouve confrontée à des choix qui conditionnent l’avenir de notre pays et de nos concitoyens. Face à l’extrême droite qui loin d’apporter des solutions aux problèmes réels des français, cultive les peurs pour augmenter son influence électorale et à une droite qui devient elle-même de plus en plus extrême dans ses propositions et réactions, il nous faut absolument proposer une alternative crédible à gauche, pour défendre nos valeurs : car c’est bien l’avenir de tout notre modèle républicain qui est en jeu. Nous avons donc proposés une méthode et un objectif : construire une plate forme programmatique commune pour une candidature unique à l’issue de primaires de toute la gauche.

Le Blog Politique. Vous êtes, depuis plusieurs années, un soutien de Benoît Hamon. Vous le soutenez dans sa candidature aux primaires ?

Nadia Pellefigue. Je défends effectivement depuis de nombreuses années, au sein de mon parti, un certain nombre d’idées dans des combats partagés avec Benoît Hamon qui, par son engagement, est un des plus connus porte-parole de mon courant de pensée. Il est par ailleurs un ami. Mais le choix de soutenir telle ou telle candidature aux primaires ne s’opère pas que sur la qualité des liens personnels. Il doit d’abord se faire sur un projet, et sur la capacité de le porter. Nous parlons ici de l’avenir du pays, pas de la préparation d’un congrès du PS ! Quatre candidats déclarés aujourd’hui à la primaire sont issus de la motion que je représente en Haute-Garonne (B.Hamon, G.Filoche, MN.Lieneman, A.Montebourg). Les divergences entres eux sont minimes. Il faut, comme ils l’ont fait à La Rochelle, qu’ils continuent de se parler afin que nous puissions d’ici deux mois n’avoir qu’une candidature issue de nos rangs.Nous nous battons pour une candidature unique de toute la gauche à l’élection présidentielle. Il serait donc pour le moins curieux que nous n’arrivions pas dans un premier temps à choisir déjà une seule candidature chez nous !

Nous nous battons pour une candidature de toute la gauche à l’élection présidentielle

Le Blog Politique. Benoit Hamon, comme Arnaud Montebourg, pense que François Hollande ne doit pas se présenter en 2017. Selon vous, qu’est-ce qui justifie cette disqualification de François Hollande ? Son bilan ? Son style ?

Nadia Pellefigue. Ils ont raison. Aujourd’hui, François Hollande n’a pas réuni les conditions politiques pour que sa candidature permette en 2017 à la gauche d’être victorieuse. Et je pense que de le dire ne doit pas être jugé à l’aune d’une pseudo loyauté au Président de la République, il s’agit là de lucidité quant à l’état de l’opinion publique. Souvent, quand la Gauche est au pouvoir, on dit qu’elle ne tient pas toutes ses promesses. Et c’est vrai que par le passé, sous François Mitterrand ou Lionel Jospin, il y a eu des manquements à nos engagements. Et, d’ailleurs, à chaque fois (1986, 1993, 2002) cela c’est soldé par un échec électoral. Mais aujourd’hui c’est autre chose. Il ne s’agit pas de promesses non tenues, il s’agit de politiques économiques et sociales qui sont à l’opposé de ce que la gauche a toujours défendu : le CICE, la déchéance de nationalité, l’allongement de la durée de cotisation pour les retraites ! Et la Loi dite « Travail », la manière de la faire adopter en renonçant au dialogue social comme au débat parlementaire, son article 2 qui fait prévaloir le contrat sur la loi, est un contre-sens historique. Or, c’est tout le contraire qu’il faut faire : reprendre la marche de la réduction du temps de travail, redonner du pouvoir d’achat, créer de nouveaux droits pour les salariés en prenant en compte l’émergence de nouveaux modes de production, de nouveaux modes managériaux avec le développement de l’innovation, du numérique…Ce n’est évidemment pas une question de personne ou de style. François Hollande est un Président qui représente très honorablement sa fonction. Et les attaques contre sa personne ou personnalité supposée sont inacceptables. Simplement, il n’est plus en position de représenter nos idées.

Il ne s’agit pas de promesses non tenues, il s’agit de politiques économiques et sociales qui sont à l’opposé de ce que la gauche a défendu

Le Blog Politique. Pour vous l’échec du quinquennat de François Hollande est-il imputable à François Hollande ? à Manuel Valls ? Au contexte ?

Nadia Pellefigue. Ce quinquennat est d’abord l’héritage d’une situation dramatique économiquement, socialement, budgétairement de la politique menée par la droite et Nicolas Sarkozy. Nous avons eu tort d’insuffisamment dire la réalité à laquelle nous avons été confrontés en 2012. Le contexte international, les violences inédites auxquelles nous avons dû faire face sont aussi des éléments à prendre en compte. Comment assurer la sécurité quand vos prédécesseurs ont supprimé des milliers de postes de policiers, supprimé les outils précieux de renseignements ? Comment préparer l’avenir quand des postes d’enseignants, leur formation même, ont également été supprimés ? Mais nous sommes dans la Cinquième République. Et dans ce système c’est bien le Président de la République qui est responsable. C’est à dire qu’une fois élu, il peut faire, il fait, conformément ou non à ses engagements, à ceux de son parti ou même de sa majorité parlementaire. On l’a vu récemment avec le passage en force par le 49.3. C’est lui qui nomme son Premier Ministre. Lui qui le maintient ou le change. Cette constitution a vécu. Si l’on veut redonner confiance à nos concitoyens, il faut moderniser notre démocratie. Il nous faut changer de République.

Le Blog Politique. Vice-présidente à la Région, vous « gouvernez » avec une ancienne ministre de Manuel Valls et de François Hollande, Carole Delga. Il reste du Valls et du Hollande dans la gestion de la région par Carole Delga ?

Nadia Pellefigue. La Présidente Delga est une femme de gauche sincère et assumée. La majorité régionale est elle aussi clairement de gauche. Nous avons gagné les élections avec une liste d’union de la gauche PS/PCF/FG/EELV/PRG/NGS/POC, unique en France, et nous mettons en place des politiques régionales issues d’un programme commun. Carole Delga est une femme qui tient tous ses engagements et je peux vous dire que depuis son élection en janvier, la feuille de route qu’elle a donnée à ses Vice-Président-e-s et à sa majorité va tout a fait dans le sens d’une Région forte dans une République forte ! Notre drapeau commun c’est la Région Occitanie, Pyrénées-Méditerranée. Et nos valeurs sont communes.

La présidente Delga est une femme de gauche sincère et assumée

Le Blog Politique. Au sein du parti socialiste, vous incarnez la « gauche du PS » et, en tant que vice-présidente du conseil régional en charge du développement économique  vous déclarez «  ce sont les chefs d’entreprises qui font la richesse ». D’un côté un positionnement Hamon et de l’autre un discours avec un relent Macron-Valls. Pourquoi ?

Nadia Pellefigue. Je ne comprends pas bien votre question. Bien sûr que les chefs d’entreprises font la richesse. Qui peut nier cette évidence ? Par contre, dire « Vive l’entreprise ! », c’est idiot. C’est comme dire « Vive les poissons ! ». Chez les poissons, il y a des requins et des sardines.Les chefs d’entreprises initient et portent des projets qui font la richesse. Mais ils ne sont pas les seuls. Ils vous le diront : il n’y a pas de richesse produite sans les millions de salariés de ce pays. Sans même les fonctionnaires qui eux aussi, à la place qui est la leur, génèrent les conditions à la production de la richesse : formation, recherche, sécurité… Tous contribuent par leur effort au travail, leur impôt, leur consommation, à la croissance et à la richesse d’un pays. Moi je n’oppose pas les uns aux autres.Et je sais distinguer parmi les entreprises celles qui sont des TPE, des PME, qu’il nous faut aider dans leur développement, dans la mobilisation de capitaux alors même qu’elles sont chaque jour confrontés à la frilosité du secteur bancaire traditionnel. Macron est un banquier, je suis une élue locale en contact avec les femmes et les hommes pour lesquels nous nous devons de faire en sorte que l’action politique, l’action publique, favorisent le maintien et la croissance de l’activité dans notre territoire.

Bien sur les chefs d’entreprises font la richesse. Par contre, dire « Vive l’entreprise, c’est idiot

Le Blog Politique. Les municipales sont encore loin. Mais votre nom circule. Toulouse en 2020, ça vous tente ?

Nadia Pellefigue. Il ne vous a pas échappé que je suis une femme de combat. Le prochain n’est pas celui-ci. C’est celui de 2017 pour lequel je souhaite une gauche forte de ses valeurs et de son unité. En tant que Vice-Présidente de la Région au Développement Economique, à l’innovation, à l’Enseignement Supérieur et à la Recherche, je m’intéresse tous les jours à Toulouse. Les dossiers dont j’ai la charge sont souvent reliés à la capitale régionale ; une des toutes premières villes universitaire, industrielle, d’innovation et de recherche d’Europe. C’est passionnant. J’adore mon mandat qui me permet aussi via ces sujets de m’occuper du quotidien et de l’avenir des habitants de notre belle et désormais très grande région. Les Toulousaines, les Toulousains en font partis et j’en suis !

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

14 Juil

Le dernier 14 juillet avec l’arme nucléaire et « Sentinelle » ?

La tradition est respectée mais elle prend une tournure exotique. Pour la première fois depuis 1880, des troupes australiennes et néo-zélandaises vont défiler sur les Champs-Elysées. Des guerriers maoris seront parmi les troupes à pied. Cette présence haute en couleur et originale est liée à la commémoration de la bataille de la Somme. Le temps d’une cérémonie, les képis blancs de la Légion vont côtoyer les frères d’armes des poilus de 1916.

Le défilé du 14 juillet, c’est un feu d’artifice d’uniformes, de véhicules blindés et d’avion de combat. Mais, en 2016, le rendez-vous prend une tournure particulière.

Les attentats ont mis du kaki dans les rues, devant les écoles, dans les hall de gare ou les guichets de l’aéroport de Blagnac. Les habitants d’Occitanie croisent, tous les jours, des bérets rouges, noirs ou bleus marines. Famas sur l’épaule.

Est-ce le rôle de l’armée de jouer les sentinelles dans nos villes ? L’armée a-t-elle les moyens d’assurer ses missions ?

Le député du Tarn Philippe Folliot répond à ses questions. Le parlementaire membre de la commission de la Défense Nationale. Mais c’est également un élu qui a, sur sa circonscription, le fameux « 8 ». Un 8eme  RPIMA (Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine) qui s’est illustré notamment Afghanistan. Interview.

Philippe Folliot, député du Tarn et membre de la commission de la Défense.

Philippe Folliot, député du Tarn et membre de la commission de la Défense.

Le Blog Politique. Des troupes qui vont défiler le 14 juillet, sont présentes tous les jours dans les rues dans le cadre de l’opération « Sentinelle ». Une opération qui se traduit par des patrouilles ou des gardes statiques devant des bâtiments. Les effectifs vont être réduits. Etes-vous d’accord avec cette décision ?

Philippe Folliot. C’est une nécessité par rapport aux forces. C’est un dispositif qui utilise beaucoup de moyens. Ce n’est pas le travail des forces armées. En plus, cela nuit à la préparation opérationnelle des armées. Nos forces ont besoin d’entrainement et de repos pour effectuer leur mission : le déploiement à l’extérieur. Des policiers ou même des entreprises privées peuvent largement suffire pour effectuer des gardes statiques.

Le Blog Politique. Nicolas Sarkozy estime que le budget de l’armée est sacrifié. Vous partagez cette critique ? Pensez-vous qu’il faille renforcer le budget militaire ?

Philippe Folliot. C’est une question de priorité et de choix. Si on veut faire de la France une super Belgique, on peut continuer dans la même direction. Mais on est arrivé au bout du bout du système s’agissant de la baisse des effectifs et du renouvellement du matériel. Le renouvellement du matériel est forcement onéreux. Et il ne s’agit pas simplement d’acheter du matériel. Le matériel moderne impose des coûts supplémentaires. L’heure de vol d’une Gazelle est d’environ 1 500 euros. Pour un Tigre (ndlr hélicoptère de combat de dernière génération), on passe à 15 000 euros.

Le Blog Politique. Pour trouver de l’argent, la solution n’est-elle pas, comme le préconise l’ancien ministre de la Défense Paul Quilès, d’abandonner l’arme nucléaire ? Une arme extrêmement onéreuse et dont l’utilité est devenue douteuse depuis la fin de la guerre Froide. 

Philippe Folliot. L’abandon de l’arme nucléaire ne permettra pas d’économies immédiates. C’est la première remarque. Ensuite il faut savoir. Tous les Etats membres du conseil de sécurité des Nations Unies disposent de l’arme nucléaire. Si on veut être déclassé, on peut renoncer. Mais ce n’est pas la position que je défend. Ce n’est pas raisonnable de revenir sur la dissuasion nucléaire. En revanche, c’est une autre question s’agissant de la composante tactique et aéroportée.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

Carole Delga : « Tout décider, d’en haut, ce n’est pas mon style »

Retour sur les 6 premiers mois d’une présidence de région qui ne ressemble à aucune autre.

Nouvelle région avec la fusion Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées. Nouveau nom et une appellation inédite : Occitanie. Nouvel exécutif régional avec une ancienne ministre qui inaugure une présidence taille XXL. Depuis son élection en janvier dernier, la socialiste Carole Delga doit gérer une majorité plurielle (composée de radicaux de gauche, d’écologistes et de membres du Front de Gauche). Mais elle doit surtout  accompagner l’émergence d’un territoire et d’une institution régionale qui est encore sur les fonds baptismaux.

Comment Carole Delga a-t-elle vécue ses premiers pas de présidente d’une Grande Région ? Quel bilan sur les grands dossier du début de mandat ? Interview.

Carole Delga le jour de son élection à la présidence de Région. Photo Max PPP

Carole Delga le jour de son élection à la présidence de Région. Photo Max PPP

Le Blog Politique. Vous venez de passer le cap des 6 mois à la présidence de la Région. Comment vous sentez-vous dans vos nouveaux habits de présidente de Région ?

Carole Delga. Passionnée et parfaitement à l’aise. J’avais dit le 4 janvier, jour de mon élection à la présidence, que mon rôle premier serait de rassembler et de fédérer. C’est ce que je fais au quotidien. Je ressens une grande attente autour de la Région qui doit jouer son rôle de locomotive au service du développement de tous les territoires. D’où un rythme très soutenu : en six mois, nous avons voté un budget, mis en œuvre le plan de soutien au BTP, réorganisé les services de la Région, lancé deux consultations citoyennes. J’avais annoncé : pas d’année blanche. Nous sommes aussi en train de bâtir la stratégie régionale pour la croissance et pour l’emploi, qui sera approuvée début 2017. Chacune et chacun peut constater que je tiens parole.

Tout décider, d’en haut, sans connaître la réalité du terrain, ce n’est pas mon style »

Le Blog Politique. Depuis le début de votre mandat, vous parcourez la Région 7 jours sur 7 jours et vous multipliez vos déplacements. Quelle est la recette pour assurer une telle mobilité ?

Carole Delga. Le travail et la passion de ce territoire. En parcourant la Région, en dialoguant avec les habitants, les élus, les porteurs de projets, je constate une réelle volonté de construire, de jouer collectif. J’ai vraiment le sentiment qu’on peut faire de grandes choses et que nous sommes une Région « à part » dans bien des domaines. Cela mérite d’y consacrer du temps, de l’énergie. Et puis cela correspond à ma manière de faire de la politique : être sur le terrain, proche des gens, pour mieux les comprendre, les entendre. Tout décider, d’en haut, sans connaître la réalité du terrain, ce n’est pas mon style.

Le Blog Politique. Votre devise est « mon bureau, c’est le terrain ». Il faut tout de même assumer un travail de bureau avec signature de parapheurs et examen de dossiers. Vous appliquez la méthode Malvy avec une voiture-bureau ? Vous déléguez ?

Carole Delga. Oui, la voiture c’est mon bureau, comme celui de Toulouse et de Montpellier. Les trajets sont des moments de travail à part entière. Après, j’ai de la chance d’avoir des collaborateurs compétents et un exécutif qui vit bien ensemble. La production collective est exemplaire, ce qui explique qu’en six mois nous ayons lancé de nombreux chantiers. Cette majorité est à l’aise dans ses baskets, complémentaire : elle a envie de réussir pour la Région.

Le Blog Politique. Que répondez-vous à ceux qui prétendre que votre plan Marshall sur le BTP c’est juste de la com’ et un redéploiement de crédits ?

Carole Delga. Que ce sont eux qui font de la com’. Ou plutôt qu’ils font de la politique comme avant, c’est-à-dire : « quand je suis dans l’opposition, je m’oppose » et point à la ligne. Le plan de soutien au BTP ce sont des dizaines de réunions avec les acteurs clés. C’est un investissement de 880 millions d’euros en 2016, soit 46% d’augmentation au total par rapport aux deux ex-régions. Un plan qui s’accompagne d’une nouvelle commande publique régionale, au plus près des entreprises, de nos TPE et PME avec des petits lots et des avances de trésoreries. La Région accélère car elle connaît l’importance de ce secteur-clé pour notre économie. Dans le même temps, nous équipons la Région, en lycées, en CFA, en très haut débit, pour nos jeunes, nos entreprises pour les salariés, les usagers du train…  C’est gagnant-gagnant pour tout le monde.

Je sais que je suis le visage et la voix de la Région. Mais je ne suis pas du genre à me plaindre. J’ai choisi de quitter Paris et le ministère pour ma Région. Et franchement, je ne regrette rien et je suis très déterminée à réussir »

Le Blog Politique. La région Occitanie est une des plus grandes régions de France. Lorsque vous devez assumer vos déplacements, il vous arrive de vous dire que c’est trop grand ?

Carole Delga. Vous savez, on peut avoir des territoires beaucoup plus petits mais avec des citoyens qui constatent une très grande distance avec leurs élus ! La proximité est un des défis, c’est vrai, et c’est pourquoi je souhaite une Maison de la Région dans chaque département. Mais la proximité, c’est d’abord pour moi, la connaissance des dossiers de chaque territoire, la volonté d’être toujours à l’écoute afin de prendre la meilleure décision. Je sais que je suis le visage et la voix de la Région. Mais je ne suis pas du genre à me plaindre. J’ai choisi de quitter Paris et le ministère pour ma Région. Et franchement, je ne regrette rien et je suis très déterminée à réussir.

Ce qui me marque aussi depuis le début, c’est la virulence du FN, les attaques sexistes, les insultes, le non-respect du travail de l’Assemblée »

Le Blog Politique. Quel fait, dossier ou situation vous a le plus marqué depuis votre installation à la présidence de la Région ?

Carole Delga. Je me suis battue pour avoir, dans le cadre du plan 500.000 formations du gouvernement, 30.000 formations de plus dans notre région pour les demandeurs d’emplois, soit au total 90.000. Savoir que demain, des jeunes, des gens sans travail depuis longtemps, vont pouvoir bénéficier d’une formation qualifiante qui pourra les ramener vers l’emploi, voilà quelque chose dont je suis fière. Je choisis volontairement cet exemple parce que tout ce que construit la Région doit être incarné, et singulièrement quand la priorité est l’emploi. La politique que j’aime, c’est celle qui a un impact positif sur le quotidien des gens. Je citerai aussi l’éco-chéque, 1500 euros, pour les ménages modestes pour la rénovation énergétique de leur habitation. C’est bon pour le pouvoir d’achat, les artisans, notre environnement. Après ce qui me marque aussi depuis le début, c’est la virulence du FN, les attaques sexistes, les insultes, le non-respect du travail de l’Assemblée. Mais ce cirque est une stratégie de l’extrême droite pour cacher la réalité de leurs votes : ils sont contre à peu près tout, le développement économique, le social, la culture, l’export, les associations…  Je crois sincèrement que leurs électeurs ne connaissent pas cette réalité-là.

Le Blog Politique. La Fusion entre les deux ex-régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon c’est fait ?

Carole Delga. Nous avons entamé l’harmonisation des politiques publiques des deux ex-régions tandis que l’organisation des services a été revue pour être la plus efficace possible pour les habitants de la région et les territoires. « L’outil » Région est en ordre de marche.  Il est au service des gens, avec un nouvel horizon, pas seulement plus grand, mais qui doit nous rendre plus forts. On ne créera pas  « l’esprit région » sans donner du sens à ce nouvel ensemble. Ma vision est claire sur ce sujet : une Région forte, créative et solidaire. Faire une Région comme les autres ne m’intéresse pas. Nous sommes « à part » encore une fois dans bien des domaines et il faut le rester. Dans le monde d’aujourd’hui, la différence est un atout, et je veux la cultiver, notamment en étant en pointe dans le domaine de l’innovation.

Il y a depuis le 4 janvier une seule Région, une Présidente, un exécutif, une administration. Et une vision. Il ne sert à rien de ressasser le passé. Pour moi, la guéguerre Montpellier-Toulouse dans les services n’existe pas »

Le Blog Politique. Vous insistez sur la nécessité d’un équilibre des territoires. Pourtant, dans les services de l’Hôtel de Région, les Toulousains ont l’impression d’être perdants face aux Montpelliérains. C’est un juste une impression ? C’est lié à un manque de communication et d’explication ?

Carole Delga. Penser ainsi, c’est penser qu’il y a encore deux régions. Il y a depuis le 4 janvier une seule Région, une Présidente, un exécutif, une administration. Et une vision. Il ne sert à rien de ressasser le passé. Pour moi, la guéguerre Montpellier-Toulouse dans les services n’existe pas. Celles et ceux qui veulent jouer ce petit jeu ne sont pas à la hauteur des enjeux. Nous sommes une collectivité au service de gens qui comptent sur nous, un service public régional pour aider les entreprises, les producteurs, les porteurs de projets. Notre mission est là. Et les agents que je rencontre quotidiennement sont parfaitement conscients de cela. Je souhaite une relation équilibrée avec tous les acteurs de la Région, sans sentiment de supériorité, mais avec de l’équité.

Dans notre région, la concertation citoyenne ne sera pas bafouée. Mais avec Occitanie, soulignée de Pyrénées-Méditerranée, nous rassemblons »

Le Blog Politique. Le nouveau nom de la nouvelle Grande Région a été voté par le conseil régional. C’est Occitanie. Le nom doit maintenant être approuvé par le gouvernement. Simple formalité ? Vous avez évoqué le sujet lors de votre dernière rencontre avec Manuel Valls à Montpellier le 1er juillet ?

Carole Delga. Non, mais j’ai été sensible que dans plusieurs discours il cite à plusieurs reprises le nom de notre nouvelle région. Il était au courant de la consultation citoyenne que j’avais toujours annoncé durant ma campagne. Les gens ont voté, dans le cadre d’une procédure transparente, et  le résultat est clair et placer « Occitanie » loin en tête, mais c’était aussi le choix très majoritaire des lycéens. Quand la démocratie parle, il faut la respecter. C’est le message de notre Assemblée du 24 juin : dans notre région, la concertation citoyenne ne sera pas bafouée. Mais avec Occitanie, soulignée de Pyrénées-Méditerranée, nous rassemblons.

Le Blog Politique. Des catalans rejettent le nom Occitanie. Cette contestation vous inquiète, vous agace ou  vous interpelle ?

Carole Delga. J’ai proposé, après « Région Occitanie », la référence permanente à Pyrénées-Méditerranée, dans toute notre communication institutionnelle, telle que l’a exprimée la consultation et singulièrement dans ce département. Je me suis rendue à Perpignan pour rencontrer, dès le 30 juin, les acteurs économiques locaux et les élus. Je propose aux Pyrénées-Orientales un contrat d’avenir avec notamment la recherche de nouveaux investissements régionaux et la prise en compte de la catalanité avec la création d’un Office Public de la Langue Catalane. Ce sont des actes forts, qui n’avaient jamais été posés auparavant. Je constate que dans la Région voisine, la Nouvelle Aquitaine, le Pays basque existe bel et bien, et pourtant « l’identité » basque n’est pas inscrite dans le Nom de la Région. Celui-ci ne peut pas tout englober, singulièrement lorsqu’il y a 13 départements. Après, ce qui fait la force d’un territoire, ce sont ses projets. Et sur ce point, personne ne peut dire que la Région abandonne ce territoire car ce n’est pas vrai, ni dans les investissements depuis 2004 (plus d’un milliard d’euros), ni depuis mon élection. Je connais bien ce territoire.  Il peut compter sur mon engagement et celui de la Région. Et je veux réaffirmer que nous avons deux belles cultures catalanes et occitanes.

Le Blog Politique. Ça ressemble à quoi les vacances de la présidente Delga ?

Carole Delga. S’aérer la tête, marcher, lire, se cultiver, passer des bons moments avec des amis, la famille. Je vais prendre un peu de hauteur, au propre comme au figuré tout en restant connectée à l’actualité de la région.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

07 Juil

« Georges Frêche avait une volonté hors-norme que je retrouve avec Carole Delga »

Le documentaire a été rediffusé par France 3 le 6 juillet dernier. 98 minutes dans l’ombre et la lumière de Georges Frêche. Aux côtés de la personnalité (massive) du « Président« , en toile de fond et parfois au premier plan, une silhouette. Celle de Laurent Blondiau. A l’époque du tournage, c’est l’homme de la com’ de Georges Frêche. Six ans après le tournage du film, Laurent Blondiau est toujours à l’hôtel de Région. Mais c’est l’hôtel d’une région devenue grande suite à la fusion du Languedoc-Roussillon avec Midi-Pyrénées.

L’actuel directeur de cabinet de la présidente de Région revient sur le tournage du « Président« . Au delà du « backstage », Laurent Blondiau revient sur la personnalité et l’empreinte de Georges Frêche.

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Le Blog Politique. Comment est née l’idée du film ? En tant que patron de la communication de Georges Frêche, comment avez-vous réagi à ce projet ? Georges Frêche étant partant ou il a fallu le convaincre ?

Laurent Blondiau. De nombreux observateurs estimaient qu’il s’agissait de sa dernière campagne après 40 ans de vie politique, nous avions donc reçu plusieurs propositions de documentaires, dont celle d’Yves Jeuland. Yves Jeuland était déjà à l’époque un réalisateur reconnu en matière de politique avec notamment le film sur la victoire de Delanoë à Paris en 2001et un doc sur Georges Marchais. J’ai rencontré Yves en juillet 2009. La connexion s’est vite faite d’autant que je connaissais son producteur, Alexandre Hallier. Nous en avons discuté avec Frédéric Bort. Il nous a semblé important de « fixer » Frêche à l’image, de laisser une trace pour lui. Nous avons soumis l’idée au Président qui a été immédiatement d’accord.

Le Blog Politique. La camera et le micro étaient ouverts en permanence ? Le film était-il une caméra embarquée en toute liberté ?

le-president-y-jeulandLaurent Blondiau. C’était LA condition d’Yves Jeuland et nous l’avons respectée à la lettre. Yves a eu accès à tout : les discussions stratégiques, les sorties sur le terrain, les réunions politiques. Il travaille seul avec sa caméra, on l’a rarement dans son champ de vision donc il était quasiment invisible. Le film le démontre. Et puis lorsque vous êtes en campagne électorale, l’activité est intense, la pression maximum, et singulièrement celle-ci puisque Frêche avait contre lui presque tout le monde. On ne joue pas un rôle tant l’engagement est total.

Le Blog Politique. Georges Frêche était connu pour son tempérament volcanique et imprévisible. Vous redoutiez un dérapage ?

Laurent Blondiau. Le mot « dérapage » est utilisé par le microcosme parisien pour fusiller ce qui n’est pas politiquement correct. Par contre, Frêche savait que certains de ses mots avaient pu blesser des gens. Pour avoir travaillé avec lui dans ces moments de crise, je veux rappeler qu’il a chaque fois présenté ses excuses, et il devait le faire, et qu’aucune condamnation en justice n’a été prononcée. Il était imprévisible dans les idées, surtout. Durant toutes ces années de collaboration, Frédéric Bort et moi-même lui avons toujours parlé franchement, et sur tous les sujets. Le film le montre : nous n’étions pas des courtisans.

Le Blog Politique. Quelle scène vous a le plus marquée ?

Laurent Blondiau. Celle où il gravit seul, péniblement et appuyé sur sa canne, l’escalier qui monte sur la scène du Zénith de Montpellier, où derrière le rideau noir attendent plus de 5.000 personnes. C’était ça, Frêche : une volonté hors normes. La politique, c’est en quelque sorte un sport de haut niveau. Il faut un gros mental. Je retrouve cela aujourd’hui avec Carole Delga.

Laurent Blondiau (Twitter)

Laurent Blondiau (Twitter)

Le Blog Politique. Des scènes ont elles été coupées au montage ? Et parmi ces scènes coupées vous en garder une en mémoire ?

Laurent Blondiau. Aucune pour la bonne raison que nous n’avons pas vu le film avant sa sortie en avant-première à Montpellier. Nous ne l’avons pas demandé et de toute façon Yves ne l’aurait pas accepté.  Et, surtout, le Président est décédé quelques jours auparavant.  La sortie du film s’est faite dans une drôle d’ambiance. Nous avions quitté la Région avec Frédéric. D’un côté, nous étions des pestiférés pour quelques personnes soucieuses de leur petite carrière et de l’autre, les habitants de Montpellier nous tapaient dans le dos dans la rue.

Le Blog Politique. Une scène est incroyable. Georges Frêche parle, les larmes aux yeux, lors d’un meeting de son père, pauvre et en sabot. Puis, en petit comité, Georges Frêche reconnait qu’il a inventé toute histoire. Votre réaction

Laurent Blondiau. Dans cette campagne, Frêche avait des accents churchilliens. Cette campagne, c’était le Vieux Lion contre le reste du monde.  Cela tenait, pour une bonne part, au fait que son nom était sali par ses adversaires ou la presse parisienne. Il y avait un complet décalage entre le ressenti sur le terrain, dans la région, où les gens se précipitaient sur lui pour le toucher et l’embrasser, et la curée médiatique. Dans ces moments d’extrême tension, lui, le fils unique, parlait beaucoup de son père et de sa mère qui n’étaient plus là. Les larmes n’étaient pas feintes. Les sabots, c’est pour le storytelling. C’était une image pour dire : je viens de l’Ariège, je viens de la terre. Et je vais montrer aux souliers vernis du VIIe arrondissement de Paris que le peuple m’aime. Et le peuple a répondu présent.

Le Blog Politique. Un film comme le Président c’est un film unique ? Un film qui ne pouvait être tourné qu’avec Frêche et sur Frêche ?

 Laurent Blondiau. Depuis sa mort, il n’y a pas eu un jour sans que l’on me parle de lui, même avant de revenir à la Région. Et du film aussi, donc l’objectif que nous nous sommes fixés avec Frédéric est atteint. Ce film d’Yves Jeuland restera de fait comme un grand documentaire politique. Oui,  bien entendu, Frêche était unique. C’était un grand animal politique. Qui a certes beaucoup parlé, mais qui a beaucoup fait. Parfois, on me demande si je suis fier d’avoir été dans le film. Je ne peux répondre à cette question car j’ai surtout le sentiment d’avoir fait mon job de collaborateur, point. Par contre, ce qui est sûr, c’est que je suis fier d’avoir servi Georges Frêche.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

01 Juil

Jean-Christophe Sellin : « je lance un appel à Carole Delga pour qu’elle revienne à la raison »

La pilule ne passe pas. Les élus du Parti de Gauche et Nouvelle Gauche socialiste du conseil régional refusent de plier. Ils veulent constituer un groupe autonome et quitter « Nouveau Monde En Commun« . Mais une modification du règlement intérieur et un relèvement du  seuil pour constituer un groupe leur barre la route.

Jean -Christophe Sellin désigne un responsable : le président (Nouveau Monde) du bureau de l’assemblée régionale. Le conseiller régional Front de Gauche lance un appel à Carole Delga et demande à la présidente de région de revenir sur le nouveau règlement.  Interview.

Jean-Christophe Sellin conseiller régional "Nouveau Monde".

Jean-Christophe Sellin conseiller régional « Nouveau Monde ».

Le Blog Politique. Gérard Onesta estime que vous êtes libre de quitter le groupe « Nouveau Monde ». Pourquoi ne pas devenir des non inscrits ?

Jean-Christophe Sellin. Il est hors de question de se prêter à ce tour de passe passe administratif. Nous ne voulons pas être réduit à de la poussière politique. Les non inscrits n’existent pas politiquement. Pas question. Nous ne plierons pas. Nous n’accepterons jamais cela. Le Parti de Gauche et la Nouvelle Gauche Socialiste existent politiquement au niveau régional et national. Dans l’assemblée régionale, nous sommes restés fidèles à nos engagements de campagne et au discours que nous avons tenu aux électeurs. Nationalement, le pays est chauffé à blanc par des lois anti-sociales. Nous sommes les hauts parleurs et les traducteurs du malaise social du pays.

Le Blog Politique. Le règlement intérieur a été voté. Pourquoi ne pas accepter le vote de la majorité ?

Jean-Christophe Sellin. Nous n’avons jamais accepté un relèvement du seuil pour constituer un groupe autonome. En janvier nous nous sommes mis d’accord sur le seuil de 4 élus avec Gérard Onesta en janvier dernier. Le bureau de l’assemblée (ndlr présidé par Gérard Onesta) veut nous corseter et sert de police politique. Beaucoup de gens voudraient bien museler le Front de Gauche et la Nouvelle Gauche Socialiste. Certains en rêvent y compris au sein du conseil régional.

Le Blog Politique. Vous ne voulez pas être non inscrit. Vous ne pouvez pas constituer un groupe. Quelle issue ?

Jean-Christophe Sellin. La balle est dans le camp de Carole Delga. Je ne vois pas l’intérêt de Carole Delga d’engager une guérilla avec nous. Je crois qu’elle est de bonne foi dans cette affaire. Je lui lance un appel pour qu’elle revienne à la raison lors de la prochaine assemblée plénière et qu’elle revoit le seul pour permettre la constitution d’un groupe.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

22 Juin

Bernard Debré : « Nicolas Sarkozy doit quitter la présidence du parti et assumer sa candidature »

Bernard Debré est, ce mercredi 22 juin, à Toulouse. L’ancien ministre et député de Paris continue à porter la parole filloniste dans un tour de France qui le ramène dans le Sud-Ouest. Après Bordeaux en mars dernier, c’est au tour de la ville Rose. Et c’est toujours pour la même cause : présenter le programme de François Fillon. L’urologue parisien défend la candidature de l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy.

Dans une interview exclusive, Bernard Debré explique son soutien à François Fillon et demande la démission de Nicolas Sarkozy de la présidence de LR. 

Au-delà de la primaire, le fils du père de la Vème République s’exprime également sur la situation sociale du pays, l’islamisme et… le nom Occitanie pour la grande région LRMP.

Bernard Debré, député de Paris et soutien de François Fillon Photo : MaxPPP

Bernard Debré, député de Paris et soutien de François Fillon Photo : MaxPPP

Le Blog Politique. Vous venez à Toulouse en tant que porte-parole de François Fillon. Pourquoi soutenez-vous l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy ?

Bernard Debré. Tout d’abord parce que François Fillon est un homme honnête, qui fait ce qu’il dit et qui dit ce qu’il fait. Ensuite, il est, à mes yeux, l’homme de la situation et le candidat qui dispose du meilleur programme pour la France de demain. Nous avons besoin d’un Président qui a une expérience du pouvoir et une vision pour notre pays. François Fillon est le seul dans ce cas.

Le Blog Politique. Vous êtes le fils du père de la Constitution de la Ve République. Michel Debré et le général de Gaulle voulaient placer l’élection présidentielle au dessus des partis. Le fait de soutenir un candidat à une primaire ce n’est pas un « crime » de lèse paternité ?

Bernard Debré. Pas du tout. Si en effet, mon père et le général de Gaulle avaient souhaité que le Président soit un arbitre de la vie politique, c’était d’abord et avant tout pour ne pas connaître à nouveau les dérives autoritaires qu’avait connues notre pays. Il faut évoluer et vivre avec son temps. Il nous fallait dépasser ce stade pour aboutir à plus de démocratie et permettre à tous les citoyens de choisir leur candidat. Déjà en 1990, j’avais défendu l’idée de primaires au niveau local. Pourquoi dès lors ne pas élargir ceci au plan national ?

Le Blog Politique. Dans les sondages, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé sont les deux challengers de la primaire. Comment François Fillon peut-il espérer regagner du terrain ?

Bernard Debré. Je suis persuadé que les Français sauront faire la différence. François Fillon est un homme honnête, disponible et proche des gens. Issu du terroir sarthois, il connaît parfaitement bien la vie des Français. Et c’est en multipliant les rencontres et les déplacements, comme il le fait depuis plusieurs mois, qu’il remontera la pente.

Le Blog Politique. Votre frère, Jean-Louis Debré, est très critique sur Nicolas Sarkozy. Vous partagez son point de vue ?

Bernard Debré. On en peut dire pas que je sois un fervent soutien de Nicolas Sarkozy. S’il est tout-à-fait légitime à se présenter à la primaire, il me semble toutefois qu’il doive démissionner immédiatement de la présidence du parti, afin de clarifier la situation. Il doit quitter la présidence du parti et assumer sa candidature dont personne ne doute à Paris comme en province. Les français ne sont pas dupes. Il demeure néanmoins un candidat énergique et fut, je le rappelle, le Président de la République qui permit à notre pays de subir la crise de 2008 sans connaître la même déliquescence que la Grèce.

Le Blog Politique. Vous trouvez qu’Alain Juppé n’est pas assez fonceur. A la différence de François Fillon ?

Bernard Debré. Alain Juppé, que je connais bien, a toutes les raisons de se présenter à la primaire de la droite et du centre. Mais, pour moi, il n’est pas le « meilleur d’entre-nous », même si je le respecte énormément et il le sait.

Le Blog Politique. Cette semaine de nouvelles manifestations sont prévues. Le premier ministre, Manuel Valls demande à la CGT de les reporter pour cause d’euro. Vous partagez ce point de vue ?

Bernard Debré. Le gouvernement de Manuel Valls est incapable de gérer une situation qu’il a lui-même créée. Nous sommes en état d’urgence et l’Euro est maintenu. Comment accepte-t-on dès lors que des manifestations aussi violentes que celles auxquelles nous avons à faire face soient encore autorisées ? Et que dire de Nuit Debout ! Soyons sérieux cinq minutes. Que le gouvernement assume son rôle plutôt que de laisser la chienlit s’installer durablement.

Le Blog Politique. Faut-il interdire les manifestations ?

Bernard Debré. Interdire ? Certainement pas. L’état d’urgence autorise les manifestations. Mais il faut un meilleur encadrement et ne surtout pas permettre à des organisations syndicales de faire de la politique et d’insulter, comme la CGT l’a fait, les policiers.

Le Blog Politique.  Le gouvernement pointe la responsabilité de la CGT dans les violences qui accompagnent les manifestations. Pensez-vous que la CGT est un syndicat de casseurs ?

Bernard Debré. Un syndicat de casseurs ? N’exagérons rien. Mais il est vrai que la CGT met tout en œuvre pour créer un climat pré-insurrectionnel avec l’aval tacite du gouvernement.

Le Blog Politique. Vous avez qualifié la loi El-Khomri de loi El Connerie. Le Sénat vient de retoucher le texte adopté au forceps à l’Assemblée Nationale. Le projet est moins c… ?

Bernard Debré. S’agissant du qualificatif utilisé, comme je l’ai déjà expliqué il s’agissait d’un lapsus. J’ai d’ailleurs présenté tout de suite après mes excuses à la ministre et nous en avons parlé de vive voix tous les deux. L’affaire est close. Le texte du Sénat me semble en effet plus adapté et surtout moins vide de sens ! Car qui lirait le texte adopté à l’Assemblée nationale comprendrait rapidement qu’il était en réalité complètement vide de toute portée significative.

Le Blog Politique. Vous venez dans une ville meurtrie par l’islamisme et qui a connu l’affaire Merah. Quelles solutions pour lutter contre le radicalisme et le terrorisme ?

Bernard Debré. Il faut tout d’abord, et c’est primordial, permettre aux musulmans de France de pratiquer leur culte dans les limites qu’imposent la République. Ensuite, s’agissant de la lutte contre le terrorisme, il faut continuer les perquisitions, les écoutes et les arrestations, tout en développant les infiltrations, empêcher les individus partis en Syrie et en Irak de pouvoir revenir tranquillement en France, et couper les moyens de financement des terroristes, en luttant contre le trafic de drogue qui finance directement leurs activités, en gelant les avoirs suspects, en conditionnant nos partenariats avec les pays soutenant DAESH, en discutant à nouveau avec les forces politiques syriennes qui combattent ces fous de Dieu, et en continuant la fragilisation militaire d’un régime dangereux qui prône la mort.

Le Blog Politique. Toulouse, en juin 2016 c’est également une des villes de l’Euro. Vous êtes un amateur de ballon rond ? Une équipe favorite ?

Bernard Debré. Oui. L’équipe de France ! Et tout élu parisien que je suis, je soutiens bien évidemment le Paris Saint-Germain.

Le Blog Politique. La nouvelle grande région Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées va probablement s’appeler Occitanie. Le sentiment du député de Paris sur ce nom  ?

Bernard Debré. Les grandes régions sont un non-sens. Mais si les habitants de cette nouvelle région ont choisi l’Occitanie, il faut s’y soumettre !

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)