Candidate à Toulouse, Nadia Pellefigue a été qualifiée pour le second tour prévue en…mars dernier. Mais la finale des municipales a été emportée par le coronavirus et le confinement. Comment Nadia Pellefigue conçoit la suite des événements ? Quelle est l’analyse la vice-présidente du conseil régional (en charge de l’économie) sur la crise sanitaire et économique qui secoue Toulouse et sa région ?Interview.
Le Blog Politique. L’hypothése d’un second tour des municipales en septembre prochain existe. Que pensez-vous de cette option ?
Nadia Pellefigue. En tant qu’élue locale, ma première priorité est sanitaire comme c’était déjà le cas quelques jours avant le 1er tour des municipales, dont je considère qu’il n’aurait pas dû se tenir. J’avais été la première à transformer mon meeting en meeting virtuel et à choisir de ne pas organiser de soirée électorale pour éviter les risques de contagion. La démocratie ne peut se faire sous quelle contrainte que ce soit : quand vous ne pouvez plus échanger, discuter, débattre, cela pose problème et cela touche au fondement même de notre société. Mais encore une fois, aujourd’hui, la première des priorités, c’est la santé de la population, la gestion du déconfinement, les conséquences économiques et sociales. Concernant les municipales, le gouvernement dit attendre le feu vert du Conseil scientifique pour le mois de mai, certains ministres évoquent l’automne et d’autres le printemps. Pour moi, ce n’est clairement pas une priorité du moment.
Ma première priorité est sanitaire
Le Blog Politique. Serez vous candidate sous vos propres couleurs, en tant que tete de liste, ou allez-vous rejoindre l’autre liste de gauche qualifiée pour le 2nd tour, Archipel Citoyen ?
Nadia Pellefigue. Je répondrais à cette question très précisément lorsque je connaîtrais les modalités de vote proposées par le gouvernement. Je considère pour ma part qu’il faut, dans les communes qui n’ont pas élu leur maire au premier tour, refaire les deux tours. Avec 64% d’électeurs toulousains qui se sont abstenus, c’est la démocratie locale qui pourrait être abimée. Or je crois en sa nécessité et sa force pour trouver les solutions au quotidien de nos concitoyens. Chacun convient qu’en l’espace de quelques mois, beaucoup de choses ont basculé. Avec cette crise et ses nombreuses conséquences, celle ou celui qui va gérer demain Toulouse et sa métropole n’aura pas les mêmes priorités, les mêmes actions, ni les mêmes marges de manœuvre financière. Nous devons aux citoyens de la clarté, de la transparence. C’est de fait une autre élection, dans un contexte radicalement différent. Le projet ne peut donc pas être un copié-collé de mars. Nous ne vivons pas une parenthèse, nous avons ouvert un autre chapitre de notre histoire.
Refaire les deux tours
Le Blog Politique. Vous êtes vice-présidente en charge de l’Economie au conseil regional. Quel bilan économique dressez vous du confiment au niveau regional et à Toulouse ?
Nadia Pellefigue. Nous avons pris rapidement la mesure de la crise avec un plan d’urgence sanitaire, économique et solidaire. L’urgence, c’est de pallier les carences de l’Etat en matière sanitaire notamment par l’achat de 10 millions de masques. C’est le soutien fort aux entreprises régionales avec un dispositif unique en France. C’est aussi un travail de fond sur la relocalisation express de productions sanitaires avec par exemple le dossier de Paul Boyé. C’est également le dispositif mis en place « former plutôt que licencier », la coopération avec les avocats de la région pour l’aide juridique aux entreprises, aux salariés, le prêt d’ordinateurs aux étudiants les plus démunis ou la création en moins de 48h d’une plateforme alimentaire pour soutenir nos producteurs, que nous avons d’ailleurs élargi aux marchés de Toulouse. Au total 22 mesure, fortes, immédiates et dans le même temps, un travail que nous poursuivons sur le nouveau modèle à mettre en place en Occitanie. La crise est forte, violente. Elle demande de l’agilité, de la détermination au quotidien, de l’expérience. Elle va durer, c’est certain, et il faudra être vigilant sur certaines filières, je pense notamment à l’aéronautique. Dans les années qui viennent, plus qu’hier, le volontarisme politique sera déterminant.
Vigilance sur l’aéronautique
Le Blog Politique. Le principal acte du deconfinement passe par la réouverture des écoles. Qu’en pensez vous ?
Nadia Pellefigue.Je comprends l’angoisse et l’inquiétude des parents. J’en suis un. Le gouvernement doit plus associer les élus locaux sur la stratégie de déconfinement et aussi les enseignants, les personnels concernés. On ne s’en sortira pas avec plus de division, mais avec plus d’unité. Ce qui veut dire plus d’écoute, de concertation qui manquent aujourd’hui. Là aussi, il faut de la transparence, des protocoles clairement identifiés et partagés par tous. Le 11 mai, ce n’est pas le défi d’un homme, en l’occurrence le Président de la république. C’est la capacité d’un pays à se relever, à recommencer à fonctionner. Cela nécessite de rassembler toutes les énergies.
Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)