07 Avr

Législatives : le maire de Gaillac (Tarn) Patrice Gausserand renonce à cause de… François Fillon

La valse des étiquettes et des investitures continue dans le Tarn. Après Philippe Folliot sur la 1ère circonscription, c’est au tour du maire de Gaillac de renoncer à un dossard LR-UDI pour les législatives.

François Fillon en meeting. Photo MaxPPP

François Fillon en meeting. Photo MaxPPP

Dans le Tarn, les législatives de 2017 ne ressemblent à aucune autre. A gauche, les cartes sont rebattues suite au départ d’une figure du PS départemental (Jacques Valax) et à l’arrivée d’une nouvelle génération (Patrice Bédier, Claire Fita). A droite, ce n’est pas la sortie des sortants qui modifie le paysage. C’est l’entrée en scène d’Emmanuel Macron qui secoue le navire. Philippe Folliot a perdu son investiture LR-UDI aux législatives suite à son ralliement au candidat d’En Marche ! Ce coup d’éclat a obligé LR a changé de candidat(e) sur la 1ère circonscription.

Le même scénario se reproduit sur la 2ème circonscription. En vertu des accords LR-UDI, le maire centriste de Gaillac, Patrice Gausserand, a obtenu l’investiture pour les législatives. Mais, finalement, suite à son désistement, c’est un autre candidat, Pascal Grandin, qui portera les couleurs de la droite et du centre.

Les raisons de ce changement de casting n’est pas lié (comme sur la 1ère) à un ralliement à Emmanuel Macron. Selon nos informations, Patrice Gausserand n’a pas contacté le responsable départemental d’En Marche ! De plus, lors d’une réunion de l’UDI à Castres, fin mars, le maire centriste de Gaillac a exprimé ses réserves sur Emmanuel Macron. Le sénateur du Tarn, Philippe Bonnecarrère a plaidé, aux côtés de Philippe Folliot, pour un ralliement de l’UDI 81 à la candidature Macron. Mais, selon une source, Patrice Gausserand était hostile à cette option.

En réalité, c’est François Fillon qui pousse Patrice Gausserand à claquer la porte.

Contacté par France 3 Occitanie, le maire de Gaillac n’a pas souhaité s’exprimer. Mais, selon nos informations, Patrice Gausserand a informé les instances LR qu’il ne voulait pas soutenir François Fillon. Le maire de Gaillac redoute un échec aux législatives en cas de défaite (à la présidentielle) du candidat de la droite. La conséquence inévitable est le retrait de l’investiture LR-UDI pour les législatives. Pas de soutien. Pas d’investiture.

Pendant plusieurs semaines, Patrice Gausserand a été injoignable. Il ne répondait plus aux sollicitations des Les Républicains. Il a brisé le silence uniquement pour informer de sa décision le président départemental de LR, Bernard Carayon.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Législatives : 2 premières candidates investies par Macron en Haute-Garonne

Emmanuel Macron annonce les 14 premier(e)s candidat(e)s investie(s) pour les législatives. Dans la liste, deux femmes en Haute-Garonne. Une journaliste et une élue de la mairie de la Toulouse.

Emmanuel Macron (Photo : AFP)

Emmanuel Macron (Photo : AFP)

C’est la première vague nationale. Un deuxième doit intervenir avant le 1er tour de la présidentielle. Entre les deux tours, une troisième série d’investitures est prévue. Les dernières désignations se dérouleront après le second tour, début mai. Ces échéances sont scrutées de près. Emmanuel Macron promet de « nouveaux visages et de nouveaux usages ». Les candidats aux législatives sont censés incarner un renouvellement. Les commentateurs et les adversaires d’Emmanuel Macron attendent de voir si les actes seront à la hauteur des promesses.

En Haute-Garonne, Emmanuel Macron mise sur deux femmes ayant une expérience locale. Sandrine Mörch est journaliste de profession. Mais elle a eu un mandat municipal (entre 2008 et 2014) dans une petite commune, Roquettes.

Elisabeth Toutut-Picard a été élue sur la liste du maire (LR) de Toulouse, Jean-Luc Moudenc. Les deux candidates ont un autre point commun. Elles ne sont pas « encartées » dans un parti.

Elisabeth Toutut-Picard appartient à la majorité municipale toulousaine. D’ailleurs, on imagine mal que Jean-Luc Moudenc n’ait pas été informé (au minimum) d’un dépôt de candidature et (éventuellement) de l’investiture de son élue. Malgré cet ancrage politique à droite Elisabeth Toutut-Picard n’est pas membre de Les Républicains. Même chose du côté de Sandrine Mörch. Membre d’un conseil municipal, la journaliste n’a jamais été membre du PS.

Contacté par France 3 Occitanie, les instances fédérales du PS 31 ne connaissent pas Sandrine Mörch et n’ont jamais entendu parler de la nouvelle candidate d’Emmanuel Macron.

En revanche, le PS de la Haute-Garonne a bien identifié Elisabeth Toutut-Picard. Son investiture sur la 7ème Haute-Garonne (une circonscription un temps visée par le 1er fédéral socialiste) n’inquiète pas. Un cadre du parti déclare : « une élue de Moudenc sur une circonscription rurale, bonjour le renouvellement ».

Du côté de Sandrine Mörch, le terrain d’élection est également compliqué. La « 9ème » est la circonscription de deux poids lourds de la gauche irréconciliable : le numéro 3 du PS et député sortant, Christophe Borgel et le directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard.

Laurent Dubois (@laurentdub)

06 Avr

Appel à l’unité autour de Benoît Hamon : des socialistes d’Occitanie parmi les signataires

Le 1er secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, se mobilise derrière Benoît Hamon et lance un appel à l’unité et à la loyauté. Parmi les 100 premiers signataires figurent plusieurs socialistes d’Occitanie.

Benoît Hamon et Jean-Christophe Cambadélis; Photo AFP/Bureau

Benoît Hamon et Jean-Christophe Cambadélis; Photo AFP/Bureau

L’initiative est inédite. Ce n’est pas la première fois que le PS lance un appel à l’unité. Benoît Hamon a jeté (sans succés) plusieurs filets du côté de Jean-Luc Mélenchon. Mais, trois semaines avant le 1er tour, un appel à l’unité derrière le candidat (officiel) du PS, c’est du jamais vu. A situation exceptionnelle, mesure extra-ordinaire. Plusieurs personnalités socialistes de premier rang ont basculé chez Emmanuel Macron. Après le ralliement de Jean-Yves Le Drian et Manuel Valls, Stéphane Le Foll laisse planer, ce jeudi 6 avril. la possibilité de ne pas voter Hamon.

Le risque d’une élimination du socialiste (dès le 1er tour) est réel. Mais, surtout, une possible victoire d’Emmanuel Macron peut conduire à une explosion du parti de Jaurès.

C’est dans ce contexte, face à une fragilisation du PS et de son candidat à la présidentielle, que Jean-Christophe Cambadélis demande à ses camarades de serrer les rangs :

Par la primaire citoyenne, ce sont plus de deux millions de nos concitoyens qui se sont prononcés pour désigner le candidat de la gauche et des écologistes, Benoît Hamon. Cette légitimité qui dépasse le Parti socialiste, nul ne peut la nier ni la renier. C’est une légitimité démocratique qui impose la loyauté. Et qui nous engage tous.

100 premiers signataires soutiennent cet appel. Parmi eux, on compte le député de la Haute-Garonne, Christophe Borgel, le 1er fédéral de l’Hérault, Hussein Bourgi, le député européen, Eric Andrieu. La présidente de région, Carole Delga, a également signé le texte de Jean-Christophe Cambadélis. La participation de la présidente d’Occitanie n’a rien de surprenant. Carole Delga était présente aux côtés de Benoît Hamon lors de son meeting à Montpellier, le 30 mars dernier. Elle a affirmé et affiché, à la tribune, son soutien envers le candidat du PS.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Jean-Michel Baylet pronostique une victoire d’Emmanuel Macron

Le parti de Jean-Michel Baylet soutient Benoît Hamon. Mais pour l’ancien président du PRG et toujours ministre de François Hollande, aucun doute. C’est Emmanuel Macron qui va gagner la présidentielle.

Jean-Michel Baylet et Emmanuel Macron. Photo Max PPP

Jean-Michel Baylet et Emmanuel Macron. Photo Max PPP

Plusieurs membres du PRG le rapportent. Sylvia Pinel a une formule bien à elle pour qualifier Jean-Michel Baylet. L’actuelle présidente du PRG présente son prédécesseur comme le « président historique et éternel » du parti. Visiblement, Jean-Michel Baylet a été à la hauteur de ce qualificatif digne de la Chine Impériale. En effet, Jean-Michel Baylet a profité (mercredi 5 avril) d’un bureau national du PRG pour livrer sa vision de l’avenir politique du pays. Le visionnaire Baylet n’a pas simplement lu dans la boule de cristal et pronostiqué une victoire du candidat En Marche ! Il a dessiné le visage de la future présidence Macron. Une présidence marquée par le retour en force des partis.

Emmanuel Macron à l’Elysée

Pour « le président historique et éternel » du PRG Emmanuel Macron va être présent au 2nd tour. Il va éliminer François Fillon, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon et tous les petits candidats. Le candidat En Marche ! va même gravir le perron de l’Elysée et s’installer dans l’actuel fauteuil de François Hollande.

Ce pronostic risque de déplaire à Benoît Hamon. Sur le papier (en vertu d’un accord électoral) le PRG est derrière le candidat socialiste. Pourtant, le « président historique et éternel » des radicaux de gauche enterre vivant son allié. Il jette même une pelletée de terre sur le cercueil. Ce n’est pas très joyeux. Mais Benoît Hamon a une source de consolation. Le mandat d’Emmanuel Macron va débuter par un reniement.

Jean-Michel Baylet prophétise une reculade majeure. Emmanuel Macron va devoir ravaler son refrain sur la mort des partis. Le candidat d’En Marche ! le répète sur tous les tons. C’est sa marque de fabrique et son marqueur politique : Emmanuel Macron est au dessus des partis. Son mouvement et sa candidature transcendent le clivage multiséculaire entre la droite et la gauche. Jean-Michel Baylet estime que ce discours et ce positionnement sont condamnés à disparaître.

Le président Macron va se heurter à un principe de réalité : les partis sont incontournables et… perpétuels.

La revanche des partis

Le PRG a un « président historique et éternel« . Mais ce sont tous les partis qui sont éternels et constituent un horizon… historique indépassable.

Emmanuel Macron prétend transcender des partis dépassés et rejetés. Mais Jean-Michel Baylet en est convaincu. C’est un simple positionnement tactique, permettant de glaner les voix des électeurs. Un positionnement valable uniquement le temps de la campagne.

Une fois la victoire acquise, les partis vont redevenir indispensables pour gouverner. Parmi les partis, Jean-Michel Baylet classe (évidemment) le PRG en tête du hit parade des incontournables.

Le « président historique et éternel » des radicaux de gauche ne se contente pas de se projeter dans l’avenir. Jean-Michel Baylet estime que le PRG doit anticiper les choses. Le « président historique et perpétuel » appelle à lancer des manœuvres d’approche.

Le téléphone d’Emmanuel Macron risque de sonner dans les prochains jours. Les appels du pied vont devoir rester discrets.

Autrement, cela peut créer de la friture sur une autre ligne. La ligne Hamon-Pinel.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Armes chimiques en Syrie : Gérard Bapt n’exclut pas une manipulation

Président du groupe d’amitié France-Syrie, Gérard Bapt réagit au bombardement du village de Kahn Cheikhoun. Le député de la Haute-Garonne évoque une possible manipulation et demande la création d’une commission d’enquête pour vérifier si le régime syrien a utilisé (comme le prétendent Paris, Londres et Washington) des armes chimiques.

Gérard Bapt lors d'un voyage en Syrie en 2015

Gérard Bapt lors d’un voyage en Syrie en 2015

72 morts dont 20 enfants. Le bombardement d’un village syrien par le régime de Bachar Al-Assad suscite un tollé international. François Hollande parle d’un « crime de guerre ». L’usage d’armes chimiques est dénoncé par Paris, Londres et Washington. Un projet de résolution de l’ONU est lancé. Moscou, fidèle allié de Damas, défend la thèse d’une frappe accidentelle d’un site industriel. Le président du groupe parlementaire France-Syrie, Gérard Bapt, député PS de la Haute-Garonne, n’est pas sur la ligne de la Russie. Mais le député prend ses distances avec la diplomatie française.

Le député de la Haute-Garonne demande des preuves d’une utilisation d’armes chimiques par le régime syrien :

Je suis très, très troublé par ces images (ndlr des victimes du bombardement). De deux choses l’une. Soit ce que dit la Russie est vrai et un hangar contenant des produits chimiques a été touché. Soit c’est une attaque du régime syrien. J’avoue qu’il y a déjà eu d’énormes mensonges sur l’utilisation d’armes de destruction massive, notamment en Irak, pour déclencher des réactions. Il faut une enquête avec des inspecteurs indépendants pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’une provocation.

Gérard Bapt a effectué plusieurs voyages en Syrie. Le député se défend de toute proximité avec le régime de Bachar Al-Assad et met en avant des raisons humanitaires. Gérard Bapt insiste : « je n’ai jamais rencontré des représentants de l’appareil militaro-sécuritaire du régime syrien« .

En février 2015, une délégation de parlementaires français, emmenée par Gérard Bapt, a rencontré Bachar Al-Assad et deux autres hauts dirigeants du régime syrien.

Un régime dont le responsable (Bachar Al-Assad) a mené une répression faisant, depuis 2011, plusieurs dizaines de milliers de morts.

Laurent Dubois (@laurentdub)

05 Avr

Marine Le Pen déplace son meeting de Toulouse à Perpignan pour des raisons politiques

Le 15 avril prochain Marine Le Pen tiendra bien un meeting en Occitanie. Mais le lieu change. Prévu initialement à Toulouse, il se déroulera à Perpignan.

Marine Le Pen. Photo MaxPPP

Marine Le Pen. Photo MaxPPP

Huit jour avant le 1er tour, Marine Le Pen devait réunir ses troupes au Zénith de Toulouse. La candidate (FN) à la présidentielle viendra dans la ville rose. Mais la date change et le meeting se transforme en déplacement thématique. C’est Perpignan et les Pyrénées-Orientales qui accueilleront (le 15 avril) la favorite des sondages pour un meeting. Comme l’explique le numéro 2 du Front National, Louis Aliot, ce changement est lié à une question d’agenda. Mais pas uniquement.

Bordeaux et Toulouse étaient trop proches alors qu’aucun meeting n’était prévu en Languedoc-Roussillon, pourtant région plus forte. Il a fallu rééquilibrer et faire ce choix.

Perpignan est la terre d’élection du compagnon de Marine Le Pen. Mais ce n’est pas vraiment le sujet et l’objet du déplacement. Marine Le Pen a prévenu. En cas de victoire, Louis Aliot ne sera pas un de ses ministres. De son côté, Louis Aliot a déclaré qu’il prendra sa retraite politique en cas d’entrée de sa compagne à l’Elysée. Bref, un ticket Aliot-Marine Le Pen sur la même tribune, à Perpignan, ce n’est pas l’image recherchée.

En revanche, ce n’est pas un hasard si Louis Aliot s’est installé à Perpignan. L’Ariégeois d’origine a trouvé dans les Pyrénées-Orientales un terreau électoral. Que ce soit pour les Européennes, les municipales ou les régionales, Louis Aliot a obtenu de bons scores électoraux. Des scores largement supérieurs aux résultats obtenus par le FN dans son ancien berceau midi-pyrénéen.

Un meeting à Perpignan c’est l’assurance d’une salle pleine et d’un public acquis. C’est la garantie d’un meeting sans manifestant devant les portes comme cela arrive parfois.

Comme cela aurait pu arriver à Toulouse, la « rouge ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

La Chambre Régionale des Comptes pointe plusieurs délits de favoritisme à Verdun-sur-Garonne

La Chambre Régionale des Comptes (CRC) épingle les marchés publics passés par l’ancienne majorité de la commune de Verdun-sur-Garonne (82) et parle ouvertement de délits de favoritisme.

Verdun-sur-Garonne, Tarn-et-Garonne

Verdun-sur-Garonne, Tarn-et-Garonne

Le rapport comporte 58 pages. Mais les cinq paragraphes consacrés à la commande publique pèsent lourds et écrasent le reste du document. Les magistrats financiers pointent de graves dysfonctionnements. Sur la période 2010-2014, le marché des fournitures est (notamment) sur la sellette.

Un délit de favoritisme s’agissant de dépenses de carburants

Sur la période 2010-2014, la municipalité de Verdun-sur-Garonne a dépensé 102 492,31 euros en combustibles et carburants. Un fournisseur bénéficie largement de ces dépenses. Pour les magistrats financiers, la municipalité a organisé un monopole de fait, contraire aux règles de base de la commande publique.

En sollicitant majoritairement un seul et même fournisseur, la collectivité a porté atteinte au principe de traitement des candidats et à la liberté d’accès aux marchés.

Autrement dit, le marché n’est pas attribué objectivement, au terme d’une mise en concurrence. La mairie a délibérément choisi de favoriser un fournisseur. Ce choix est fait en toute opacité (en violation du principe de liberté d’accès des marchés et d’égalité des entreprises) et pour des raisons que seule une enquête judiciaire pourrait révéler : proximité amicale, intérêt personnels ou financiers « croisés », simple volonté de faire travailler des connaissances…

Les juges financiers rappellent que cette pratique est susceptible de poursuites pénales. Le CRC tient le même raisonnement s’agissant d’un marché beaucoup plus important. Celui de la voirie.

Une entreprise de BTP en situation de monopole

Les dépenses de carburants dépassent les 100 000 euros. S’agissant des travaux de voiries, les sommes sont beaucoup plus substantielles. La Chambre Régionale des Comptes chiffre (pour la période 2015) le montant de l’enveloppe entre 500 000 et 750 000 euros. Mais, comme pour les fournitures de carburant et de combustibles, les magistrats financiers parlent d’un délit de favoritisme. On retrouve les mêmes dérives.

C’est encore une seule entreprise qui bénéficie des commandes et donc de l’argent municipal. Mais ce n’est pas tout. Appliquant la formule « on n’est jamais mieux servi que par soi-même« , c’était l’entreprise bénéficiaire qui définissait elle même ses prestations. Généralement, ce n’est pas le boulanger qui décide, à la place du consommateur, s’il doit acheter 3 ou 10 croissants, une baguette ou 50 pains aux raisins. Ce serait trop facile et confortable pour le boulanger qui pourrait remplir son tiroir caisse à sa guise, en « tapant » dans le porte feuille du (pauvre) consommateur.

Mais, à Verdun-sur-Garonne, c’est pourtant ce qui passait. Le vendeur (une entreprise de BTP) définissait le montant et la nature des dépenses de l’acheteur (la mairie).

Ce drôle de fonctionnement était même institutionnalisé. La CRC précise :

Chaque année, en général en janvier ou en février, la commune reçoit une série de devis établis par l’entreprise relatifs à des travaux de voirie. Secteur par secteur, ils détaillent la nature des travaux et les quantifient. A partir des chiffrages ainsi obtenus, la commune établit un programme de travaux. La société attributaire obtient les marchés pour lesquels elle a établi à la fois le cahier des charges et le chiffrage.

Autrement dit, la municipalité (en charge de l’intérêt général de la commune) réglait sa politique de voirie en fonction des intérêts commerciaux d’une entreprise. Le verdict de la CRC est brutal et sans appel. La mise en concurrence est qualifiée d’apparente. L’écran de fumée est visiblement transparent. Les magistrats financiers évoquent (à demi-mots mais de manière évidente) une possible entente illicite :

Ce sont les trois mêmes entreprises qui sont sollicitées d’année en année. Les entreprises fournissent les devis demandés. Les offres de prix d’une entreprise coïncident exactement avec les devis et sont systématiquement les moins-disantes.

Le hasard fait bien les choses. Contacté par France 3 Occitanie, un praticien des marchés publics précise qu’il existe un moyen pour fausser la mise en concurrence. Un simple coup de téléphone ou une conversation peut permettre de communiquer à l’heureux élu les propositions de ses concurrents. Il lui suffit alors d’ajuster son prix pour remporter le marché.

Cette technique dite « de l’ouverture des enveloppes » (contenant les propositions des concurrents) exige juste une précaution : éviter de laisser des traces écrites. Un Sms ou un mail peut finir sur le bureau d’un juge. Surtout si un concurrent évincé (et mauvais joueur) mêle la justice à ces sombres manœuvres. L’hypothèse est rare. Un concurrent frauduleusement évincé évite généralement de faire des vagues. Dans le petit milieu de la commande publique, les places sont chères (même si elles sont rémunératrices) et beaucoup redoutent un « black listage ».

Peu importe les moyens, le constat est sans appel pour Verdun-sur-Garonne. Les magistrats financiers dénoncent une méconnaissance des obligations du code des marchés publics. S’agissant  des travaux d’entretien de la voirie, la CRC précise :

Aucun élément, dans les dossiers consultés n’atteste d’une quelconque mise en concurrence pour ces travaux d’entretien de la voirie jusqu’en 2014

Le réquisitoire est particulièrement sévère. Contacté par France 3 Occitanie, le maire (PRG) qui occupait l’hôtel de ville au moment des faits n’a pas souhaité s’exprimer. Mais il a livré une réaction sur les ondes de radio Totem. Denis Roger invoque l’absence de conseiller juridique. Cette défense est fragile. Tous les citoyens sont soumis à un principe général : nul n’est censé ignorer la loi. Un justiciable ( a fortiori un responsable public) ne peut pas se réfugier derrière une méconnaissance ou la complexité du droit.

De plus, selon nos informations, les services municipaux ont alerté (au moment des faits) Denis Roger sur l’illégalité des pratiques en matière de marchés publics.

La position de Denis Roger laisse en suspens des questions.

Pourquoi des entreprises ont-elles bénéficié de la largesse de l’ancienne majorité municipale menée par Denis Roger ? Faiblesse envers des proches ? Éventuelles rétro-commissions ou enrichissements personnels ?

Denis Roger n’est pas seul sur la sellette. La préfecture est en charge du contrôle de légalité. Comment expliquer l’immunité dont a pu bénéficier, pendant des années, l’ancien maire de Verdun-sur-Garonne ?

La proximité politique et l’amitié forte entre Denis Roger et l’influent Jean-Michel Baylet peut-elle expliquer l’étonnante passivité des services de l’Etat ?

Même interrogation au sujet du trésor public. En vertu de la (fameuse) distinction entre l’ordonnateur et le comptable, ce n’est pas la mairie qui a versé les sommes aux entreprises « favorisées ». C’est le comptable public qui a réalisé l’opération. Il était censé vérifier la régularité de la dépense avant de payer.

Les magistrats financiers se contentent d’un (saisissant) état des lieux. Seule la justice pénale permettrait d’aller au bout. Contactée par France 3 Occitanie, la Chambre Régionale des Comptes ne souhaite pas s’exprimer sur une éventuelle saisine du parquet. Un parquet qui, par définition, reste maître de l’initiative des poursuites.

En toute hypothèse, les règles de prescriptions s’agissant du délit de favoritisme (3 ans après la commission des faits) risquent d’éteindre le dossier.

Il restera alors une seule chose : un rapport accablant. Et plusieurs centaines de milliers d’euros (irrégulièrement) dépensés.

Laurent Dubois (@laurentdub)

03 Avr

Manuel Bompard, directeur de campagne de Mélenchon : « le chantage à l’unité ne fonctionne plus »

Deuxième présidentielle pour Jean-Luc Mélenchon et son directeur de campagne, le Toulousain Manuel Bompard. Quelle différence entre la cuvée 2012 et l’épopée de 2017 ? Sur quoi repose la percée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages ? Quelles réactions face aux accusations de division de la gauche ? Réponses de l’homme-orchestre, en charge de l’organisation et de la communication du leader de la France Insoumise.

Manuel Bompard (photo : MaxPPP)

Manuel Bompard (photo : MaxPPP)

Le Blog Politique. C’est votre première campagne en tant que directeur. Mais vous étiez déjà aux côtés de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle de 2012. Quelle différence entre 2012 et la présidentielle de 2017 ?

Manuel Bompard. La campagne de 2017 est beaucoup plus mouvante et incertaine que la campagne de 2012. En 2012, en avril, on connaissait déjà les deux candidats qui avaient le plus de chance de se qualifier. En 2017, toutes les hypothèses sont ouvertes. La campagne est incertaine. Des hypothèses que l’on croyait impossible, ce sont réalisées. Comme par exemple la victoire de Hamon ou de Fillon aux primaires.

Le Blog Politique. Quelle différence entre le Mélenchon de 2012 et le Mélenchon de 2017 ?

Manuel Bompard. Nous avons désormais l’expérience d’une campagne présidentielle. Trois semaines avant le 1er tour, nous étions émoussés en 2012. Nous avons mieux planifié les choses. Du coup, Jean-Luc a encore de l’énergie. Nous avons également mieux géré les ressources financières pour pouvoir organiser des réunions publiques et des meetings. Nous avons mieux anticipé.

Le Blog Politique. Un proche de Benoît Hamon qualifie Jean-Luc Mélenchon de showman. Comment réagissez-vous à ce genre de critique ? Jean-Luc Mélenchon s’est juste du spectacle ?

Manuel Bompard. Nos meetings sont pleins et les gens qui se déplacent viennent écouter pour apprendre. Ils ne se déplacent pas pour applaudir en cadence. Nous faisons une campagne pédagogique, instructive. Parler de spectacle, c’est assez méprisant.

Le Blog Politique. La presse parle du phénomène Mélenchon, avec une percée et une poupée dans les sondages. Comment expliquez-vous ce phénomène Mélenchon ?

Manuel  Bompard. Il y a un effet Mélenchon. C’est factuel. C’est inscrit dans les sondages, même si nous faisons toujours un retour critique s’agissant des études d’opinions. Mais il y a des signes qui ne trompent pas. Sur notre site, nous avons 350 000 appuis citoyens. Ce n’est pas rien. Le chiffre est important. Mais il y a aussi le succès des meetings. Cela fait plus d’un an que nous sommes en campagnes. Ce travail de fond porte ses fruits.

Le Blog Politique. Benoît Hamon estime que vous avez refusé la main tendue. Il estime que l’absence d’une union à gauche est de votre responsabilité. Une réaction ?

Manuel Bompard. La main tendue de Hamon, c’est la veille tactique consistant à faire endosser le mistigri de la désunion à un autre. C’est une erreur. C’est la vieille tactique du chantage à l’unité. Elle est démonétisée. Elle ne fonctionne plus après un quinquennat et la présidence de François Hollande.

Le Blog Politique. Le PS vous accuse d’être animé par une obsession : tuer le parti socialiste. Une réaction ?

Manuel Bompard. ça ne correspond pas à notre état d’esprit. La présidentielle de 2017 est la plus importante élection présidentielle de la Ve République. Notre objectif n’est pas de régler des comptes. Nous sommes à la 4ème place dans les intentions de vote. Notre objectif est de passer à la 3ème puis en tête de la présidentielle.

Le Blog Politique. Jean-Luc Mélenchon va tenir son dernier meeting à Toulouse. Il a débuté son année politique, en septembre dernier, à Toulouse. C’est vous, le toulousain, qui « vendait » la ville Rose à Jean-Luc Mélenchon ?

Manuel Bompard. Toulouse est une ville avec un climat et une ambiance. C’est une ville très politique. Elle est bercée par l’histoire des républicains espagnols. Elle a également un passé syndical. Jean-Luc Mélenchon a toujours été très bien accueilli et nous avons fait des scores électoraux importants. Jean-Luc Mélenchon aime bien Toulouse.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

Depuis 1965, Toulouse a (presque) toujours voté à gauche à la présidentielle

On dit que Toulouse vote à gauche pour les scrutins nationaux et à droite pour les élections locales. Info ou intox ? Nous avons vérifié en nous plongeant dans les résultats de la ville pour les 9 élections présidentielles qui ont eu lieu depuis 1965.

Lors du débat Mitterrand-Chirac en 1998 (photo : AFP)

Lors du débat Mitterrand-Chirac en 1998 (photo : AFP)

Si Toulouse était la France, le pays aurait été dirigé par 8 présidents de la République de gauche sur les 9 qui ont été élus. Si Toulouse était la France, Mitterrand aurait été élu président dès 1965 et Lionel Jospin dès 1995. Si Toulouse était la France, le général De Gaulle, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ne l’auraient jamais été. Si Toulouse était la France, le pays se serait doté pour la première fois d’une femme présidente en 2007… 

Mais Toulouse n’est pas la France…

Pour autant ce que révèle la plongée dans les résultats des élections présidentielles successives à Toulouse, c’est qu’effectivement, depuis 1965 et l’instauration de l’élection au suffrage universel du chef de l’Etat, la ville a toujours choisi le candidat de gauche, à une exception près : en 1969. Même en 2002, la ville rose avait placé Lionel Jospin en tête au premier tour.

Mitterrand a battu De Gaulle en 1965

En 1965, pour la première élection du Président de la République au suffrage universel, De Gaulle paraît imbattable. François Mitterrand le pousse pourtant à un second tour inattendu. Alors que la France porte Charles de Gaulle à l’Elysée avec plus de 55 % des voix, Toulouse, dirigée alors par un maire socialiste , Louis Bazerque, inverse la tendance :

  • François Mitterrand : 55, 38 %
  • Charles de Gaulle : 44, 62 %

En 1969, Toulouse choisit Pompidou contre Poher

Après la démission de De Gaulle, désavoué lors d’un référendum, la gauche ne parvient pas à s’organiser divisée en le communiste Jacques Duclos, le SFIO Gaston Deferre et le PSU Michel Rocard. Le second tour oppose donc le Premier ministre Georges Pompidou et le président du Sénat Alain Poher. Pompidou est élu avec 58,61 % des voix. C’est la seule fois dans l’histoire que Toulouse choisit un président de droite. Et pour cause, il n’y a pas de candidat de gauche au second tour.

  • Georges Pompidou : 52,36 %
  • Alain Poher : 47,64 %

Mitterrand plutôt que Giscard en 1974

Après la mort de Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing s’impose à droite face à Jacques Chaban Delmas. A gauche, Mitterrand est presque en mesure de l’emporter mais s’incline de justesse (49,19 %) face au jeune ministre de l’Economie (50,81 %). A Toulouse, où Pierre Baudis a été élu maire en 1971, Mitterrand est largement devant.

  • François Mitterrand : 53,75 %
  • Valéry Giscard d’Estaing : 46,25 %

Le raz de marée Mitterrand en 1981

François Mitterrand tient sa revanche en 1981 en devenant enfin Président de la République (51,76 %) face au président sortant (48,24 %). A Toulouse, Miterrand lamine Giscard dans les urnes :

  • François Mitterrand : 58,54 %
  • Valéry Giscard d’Estaing : 41,46 %

Mitterrand face à Chirac en 1988

7 ans plus tard, le président PS est réélu largement avec 54,02 % des voix face à son premier ministre de cohabitation Jacques Chirac (45,98 %). Toulouse, qui compte un maire de centre-droit après l’élection de Dominique Baudis en 1983, choisit encore largement Mitterrand, avec cependant un écart moindre avec le score national.

  • François Mitterrand : 56,61 %
  • Jacques Chirac : 43,38 %

En 1995, Jospin bat Chirac

Elu de Haute-Garonne, Lionel Jospin, candidat PS face à Chirac en 1995 aurait été élu Président de la République si la France avait voté comme Toulouse. Le candidat socialiste est pourtant largement battu au niveau national avec 47,36 % contre 52,64 % à Jacques Chirac. Un résultat inversé à Toulouse :

  • Lionel Jospin : 51,78 %
  • Jacques Chirac : 48,21 %

2002 : Jospin en tête au premier tour

Comme le reste de la France, Toulouse a voté Chirac (86,06 %) au second tour de l’élection présidentielle de 2002, face à Jean-Marie Le Pen (13,94 %). Mais ce qui est intéressant, c’est de regarder le résultat du premier tour… A Toulouse, ou l’UDF Philippe Douste-Blazy a succédé à Dominique Baudis au Capitole en 2001, Lionel Jospin sort en tête :

  • Lionel Jospin : 20,23 %
  • Jacques Chirac : 17,34 %
  • Jean-Marie Le Pen : 14,65 %

En 2007, Royal plutôt que Sarkozy

Alors que la France choisit Nicolas Sarkozy (53,06 %) plutôt que Ségolène Royal (46,94 %), Toulouse, dont Jean-Luc Moudenc est le maire après le départ de Philippe Douste-Blazy en 2004, inverse le résultat et donne la majorité de ses voix à la candidate socialiste.

  • Ségolène Royal : 57,6 %
  • Nicolas Sarkozy : 42,4 %

En 2012, Hollande dépasse les 60 %

Même rejet du candidat Sarkozy, président sortant en 2012. Cette fois, Toulouse a un maire de gauche, le socialiste Pierre Cohen élu en 2008 et offre à François Hollande, élu président, l’un de ses meilleurs scores en France :

  • François Hollande : 62,54 %
  • Nicolas Sarkozy : 37,46 %

Et en 2017 ?

Impossible de se projeter, à partir de ces résultats, sur ce que sera le scrutin présidentiel de 2017. D’autant que la situation sur l’échiquier politique est loin d’être clair. Rendez-vous au soir du second tour, le 7 mai, pour savoir si Toulouse a de nouveau fait entendre sa voix.

FV (@fabvalery) avec J. Leroy

01 Avr

Le maire (LR) de Lavaur, Bernard Carayon au FN : « un poisson d’avril »

Ce 1er avril, Le Figaro évoque de possibles ralliements d’élus de droite au Front National. Le nom du maire de Lavaur, dans le Tarn, est cité par le quotidien national. Bernard Carayon réagit et parle d’un « poisson d’avril ».

Bernard Carayon ©MaxPPP

Bernard Carayon @MaxPPP

Des approches informelles et des ralliements surprises. Le Figaro publie un article sur un rapprochement et des contacts entre des représentants de la droite et le parti de Marine Le Pen.

Le quotidien national ne se contente pas de dévoiler des tractations et des rapprochements. Le Figaro publie une liste d’élus LR qui pourraient basculer au FN. Parmi les noms cités, celui du maire de Lavaur, Bernard Carayon.

Contacté par France 3 Occitanie, l’ancien député du Tarn et candidat (LR) aux législatives fait part de sa surprise :

Je suis très surpris. J’ai cru que c’était un poisson d’avril. Je n’ai rien à démentir.

Bernard Carayon rappelle ses rapports avec le FN :

Les deux seules fois où j’ai été battu le FN a appelé à voter contre moi. Je ne suis vraiment pas habitué à ce que le FN me fasse de cadeau. En revanche, s’ils deviennent enfin des gens de bon sens et qu’ils acceptent de voter pour moi, je ne vais pas refuser leur suffrage. Comme d’ailleurs je suis prêt à accueillir les voix de gauche ou celles des macronistes repentis. Je fais mienne la phrase de Clemenceau. Les voix ne se pèsent pas. Elles se comptent.

Dans l’entourage de Bernard Carayon, la présence du nom de maire de Lavaur dans la liste des « transfuges » possibles provient du…FN. Cette « fuite » téléguidée viserait un objectif : déstabiliser la droite.

Laurent Dubois (@laurentdub)