Ce jeudi 30 mars, Benoît Hamon a tenu un meeting à Montpellier. Carole Delga a profité de l’occasion pour dénoncer les trahisons envers le parti socialiste. Proche de Manuel Valls, la présidente de Région a visé explicitement mais à demi-mot l’ancien premier ministre.
Mercredi 29 mars, Manuel Valls a basculé, avec armes et bagages, du côté d’Emmanuel Macron. Le soir de ce lâchage, Jean-Luc Mélenchon a refusé la main tendue par Benoît Hamon. La semaine qui s’achève a été une semaine noire pour le candidat socialiste. Mais les journées de Manuels Valls sont également chahutées.
Son ralliement à Emmanuel Macron déclenche un déluge de violentes critiques. « Pitoyable ». « Minable ». « Indigne ». « Pathétique ». Les mots sont durs et les attaques brutales. Ils sont prononcés par des soutiens de Benoît Hamon. L’intensité et la virulence des piques peuvent surprendre. Mais elles sont dans l’ordre des choses. Les « hamonistes » défendent Benoît Hamon.
En revanche, une accusation de trahison venant des rangs « vallsistes », c’est plus surprenant. Carole Delga ne cite pas le nom de Manuel Valls. Mais l’allusion est (totalement) transparente. La présidente de Région déclare :
Ne comptez pas sur moi pour trahir le parti et casser la maison. Soyons fidèle au vote de la primaire et à l’expression du vote du peuple de gauche.
Pendant la primaire, Carole Delga a soutenu Manuel Valls. Elle a été très active sur le terrain en organisant, notamment, un grand meeting à Colomiers, en Haute-Garonne. Députée du Comminges, Carole Delga a régulièrement participé aux réunions du courant pro-Valls, les Réformateurs.
Malgré ses (profondes) racines Vallsistes, Carole Delga épingle ouvertement l’attitude de l’ancien premier ministre. Trahison du parti et du résultat de la primaire. Carole Delga reprend les thèmes « hamonistes ».
A trois semaines du 1er tour, Carole Delga aurait pu choisir le silence et la discrétion. Sa conversion (express) au « hamonisme » peut surprendre.
Mais l’attitude de la présidente de Région n’est pas étonnante. Carole Delga peaufine son image. La fidélité au parti et le légitimisme sont des cartes positives. Ce genre de discours plaît aux militants. La présidente de Région tient également compte de la situation politique. L’Occitanie a voté Hamon au moment des primaires. Malgré l’engagement de Carole Delga en faveur de la candidature Valls, les électeurs de la région se sont (massivement) portés sur Benoît Hamon.
La présidente de Région se positionne en patronne des socialistes d’Occitanie. Carole Delga ne peut pas être à contre-courant des socialistes de sa région. Immédiatement après le verdict de la primaire, la présidente d’Occitanie a infléchi son positionnement en fédérant le PS régional derrière Benoît Hamon. C’est l’appel de Carcassonne. Un appel sans grand écho. Mais l’objectif (tactique) est atteint : un glissement de Carole Delga vers le vainqueur de la primaire.
Le « lâchage » de Manuel Valls marque une étape supplémentaire. Un cap est franchi avec une critique explicite de l’ancien premier ministre.
Mais la ligne reste la même.
Une ligne qui subira (peut-être) un nouvel infléchissement en fonction des résultats du 1er tour de la présidentielle et du score de Benoît Hamon.
Laurent Dubois (@laurentdub)