1 000 adhérents dans le Tarn, 4 000 en Haute-Garonne, 3200 pour l’Hérault et 11 000 sur l’ensemble de l’Occitanie. Le mouvement En Marche ! d’Emmanuel Macron affiche ses bataillons. Ils sont nombreux, supérieurs ou équivalents (selon les départements) au plus important parti de notre région, le PS. Les chiffres reposent sur un système original : une inscription gratuite sur le web. Est-il possible de multiplier les « vraies-fausses » inscriptions et de gonfler artificiellement les chiffres ? Test.
Emmanuel Macron. Photo : MaxPPP
Emmanuel Macron n’est pas le seul à pratiquer les E-adhésions. Le PS propose des inscriptions en ligne et le parti Les Républicains opte pour le téléchargement d’un formulaire. Mais il existe une différence entre le nouveau bolide la politique française et les partis traditionnels. L’adhésion au mouvement En Marche ! est gratuite. Une carte socialiste coûte 20 euros, minimum. Chez Les Républicains le ticket d’entrée est à 30 euros pour une personne, 40 euros s’agissant d’un couple.
Emmanuel Macron fait dans le simplicité à tous les niveaux : pas la peine de sortir une carte bleue et quelques minutes sur un clavier suffisent.
Simple et rapide
La procédure est simple et rapide. Le futur adhérent doit remplir un formulaire électronique qui se résume à moins de 20 cases. Nom. Prénom. Date de naissance. Adresse électronique. Mot de passe. Ville. Code Postal. Profession (facultatif) et centres d’intérêts (optionnel). Après avoir coché « J’adhère à la charte et j’ai pris connaissance des règles de fonctionnement d’En Marche« , il suffit de cliquer sur OK. Un mail est envoyé et une fois l’adresse électronique validée, c’est fait.
L’adhérent est alors dirigé vers une carte de géolocalisation. Le nouveau « macronien » voit apparaître les cercles locaux correspondant à son adresse postale.
On a testé pour vous !
Le Blog Politique a testé la procédure et suivi le processus. Premier enseignement, cela permet de connaître le nombre d’adhérents dans sa ville. La ville test est une ville moyenne : Albi.
A peine inscrit, le macronien (albigeois) en herbe apprend qu’il existe, dans sa commune, trois cercles. Le plus important comporte 44 membres et le plus petit 2.
Petit détail qui a son importance. Le nouvel adhérent peut se rattacher à un cercle existant ou… créer le sien. C’est le statut d’auto-entrepreneur appliqué au militantisme.
Mieux que le PS
Evidemment, l’essentiel est de savoir si le système Macron est fiable. Emmanuel Macron revendique 149 211 adhérents dans l’Hexagone. Alors que tous les partis traditionnels subissent une hémorragie de militants, c’est un excellent score et même un véritable exploit. Le mouvement En Marche ! a moins d’un an. Il a été lancé le 6 avril 2016 et il franchit la barre des 100 000 adhérents. Il ne s’agit pas vraiment de militants qui donnent de leur argent et sont supposés être capables de coller des affiches et de distribuer des tracts. Mais, à titre de comparaison, le PS annonce, en mai 2016, 111 450 cartes. En quelques mois, le mouvement d’Emmanuel Macron dépasse donc son vieux rival.
Une sécurisation des inscriptions très faible
Néanmoins, la procédure d’adhésion pose question. Une même adresse IP (permettant d’identifier un ordinateur) peut servir à plusieurs adhésions. Mais, surtout, avec un même nom, une même date de naissance, un même numéro de téléphone mais avec des adresses électroniques différentes, il est possible de procéder à plusieurs inscriptions. En réalité, la sécurité des inscriptions est faible (pour ne pas dire inexistante) et, par voie de conséquence, le compteur des adhésions est parfaitement falsifiable.
La facilité de la procédure d’inscription favorise la volatilité des adhésions. Inscrire ne coûte pas d’argent et se fait rapidement. Il est possible d’agir sur un coup de tête ou de cœur et de zapper, sans s’investir réellement dans le mouvement. Mais, surtout, les équipes d’Emmanuel Macron peuvent multiplier les vraies-fausses adhésions. Le test réalisé par le Blog Politique est édifiant. Attention. Rien n’indique que des bidouillages existent. Mais c’est possible.
Tous les partis retouchent (plus ou « honnêtement ») les chiffres. A gauche, avant chaque élection interne, des cartes sont « achetées » par les candidats. La cotisation est payée à la place du « vrai-faux » militant. Ces cartes sont comptabilisés dans les livres de la Fédération départementale. Mais elles sont artificielles. La tentation de tricher sur le nombre d’adhérents peut également se traduire par une confusion volontaire entre les adhérents à jour de cotisation et les inscrits sur les listings.
Bref, la bataille autour du « plus grand nombre de militants » est une réalité aussi vieille que la politique. Le mouvement En Marche ! veut renouveler les pratiques. Mais il n’est pas certain qu’il résiste à la mauvaise pente des chiffres retouchés.
En tout cas, à défaut de le vouloir, il en a la possiblité.
Laurent Dubois (@laurentdub)