Vendredi 20 janvier, la présidente (PS) d’Occitanie, Carole Delga a adressé un courrier aux militants socialistes de la région. Il n’est pas passé inaperçu. Il faut dire que le ton et le contenu avait de quoi retenir l’attention : un ciblage (façon sniper) de Jean-Luc Mélenchon et d’Emmanuel Macron. Le représentant de Jean-Luc Mélenchon, Jean-Christophe Sellin, réagit.
La lettre et courte. Mais son contenu a le poids d’un pavé dans la marre. Carole Delga a envoyé un courriel qui a « fuité » du cénacle socialiste et qui fait réagir. Y compris les militants PS. La première personnalité de gauche a rebondir est membre du conseil national du parti communiste. Marie-Pierre Vieu n’est pas une « simple » responsable du PC. La communiste tarbaise a joué (avec l’écologiste Gérard Onesta) un rôle stratégique dans la constitution de la majorité (plurielle) de Carole Delga, lors des régionales de 2015.
Sur son compte twitter, Marie Pierre Vieu renvoie Carole Delga à son passé d’ancienne ministre de François Hollande et à la responsablité de ce dernier dans la crise traversée par la gauche.
@laurentdub@CaroleDelga C est la @fhollande qui a tué l idéal de la gauche. La refonder c est converger pour l alternative. Pas blablater!
— Marie-Pierre Vieu (@mariepierrevieu) 21 janvier 2017
Un autre responsable de la gauche de la gauche a également remarqué le courrier de la présidente d’Occitanie. Jean-Christophe Sellin est conseiller régional France Insoumise. Le représentant de Jean-Luc Mélenchon s’interroge sur le sens de la démarche de Carole Delga.
Je suis très surpris de ce genre de courrier et je me demande quel est son objectif. Resserrer les rangs du PS à la veille d’une primaire qui est une primaire de congrès du PS. Un PS en voie d’explosion. Les militants socialistes sont aussi surpris. J’ai eu un ou deux témoignages, de ce genre.
Pour le « mélenchoniste » la démarche de Carole Delga n’est pas simplement surprenante sur la forme. Elle est incompréhensible sur le fond :
Carole Delga distribue les bons et les mauvais points. Mais elle est incapable de proposer un programme. Pas une seule proposition dans le courrier. Elle dit que les territoires ont besoin du PS. Mais je ne vois pas pourquoi on voterait pour un parti qui n’a pas de programme. Jean-Christophe Cambadélis l’a dit ouvertement. Le PS n’aura pas de programme pour la présidentielle. Nous nous avons un programme. Il s’est vendu à 200 000 exemplaires et on doit faire un nouveau tirage. Un programme qui repose sur 4 piliers : l’urgence démocratique, l’urgence sociale, l’urgence écologique et l’urgence de la paix mondiale.
Dans son courrier, Carole Delga utilise deux expressions qui (visiblement) ne passent pas : « aventure personnelle » et « théâtralité radicale ». Jean-Christophe Sellin déclare :
Jean-Luc Mélenchon n’est absolument pas dans une aventure individuelle. Nous avons un programme issu d’une démarche collective et nous propositions visent à redonner les leviers aux citoyens. Le lendemain de l’élection présidentielle nous rendrons les pouvoirs aux citoyens en instaurant une 6ème République.
Sur l’expression « théâtralité radicale », Jean-Christophe Sellin renvoie Carole Delga a ses racines « vallistes ».
Je vois bien que c’est Mélenchon qui est visé par l’expression théâtralité radicale. Et alors ? oui la radicalité sociale est ouverte et c’est bien. Ce n’est pas sur ce terrain que l’on risque de trouver Manuel Valls.
Le courrier de la présidente de région ne va pas (vraiment) favoriser l’entente des gauches. Des gauches qui siègent ensemble, dans la même majorité, au sein du conseil régional présidé par Carole Delga. Mais la lettre envoyée aux militants a tout de même une vertu : alimenter le débat.
Laurent Dubois (@laurentdub)