27 Jan

Ces député(e)s de la région qui emploient enfants et conjoints

Un énorme pavé dans la marre. Le Canard Enchaîné épingle François Fillon et déclenche un « Pénolopegate« . Un soupçon d’emploi fictif conduit à l’ouverture d’une procédure judiciaire. L’affaire réveille la question (polémique) des conjoints, enfants et parents proches salariés par les parlementaires. La pratique est légale. Mais elle choque l’opinion publique. Dans un récent sondage, 76% des français souhaitent interdire les emplois familiaux par les député(e)s. Combien de parlementaires sont concernés en Occitanie ? Fact-checking.

Assemblée Nationale. Photo MaxPPP

Assemblée Nationale. Photo MaxPPP

Depuis 2009, le Parlement Européen interdit de recruter des collaborateurs dans le cercle « familial ». La contrainte est relative.Marine Le Pen a pu employer (et rémunérer) son compagnon, Louis Aliot, à partir du moment ou ils ne sont pas mariés. En France, à l’Assemblée Nationale, la seule contrainte concerne le montant de la rémunération. Un(e) député(e) employant un(e) conjoint(e) ne peut lui attribuer plus de la moitié de l’enveloppe consacrée à la rémunération des collaborateurs. L’enveloppe (mensuelle) est de 9561 euros. La femme ou le mari d’un(e) député(e) est donc « plafonnée » à 4780 euros par mois.

Au Sénat, le recrutement est plus étroitement encadré : un seul collaborateur « familial » par parlementaire. En Occitanie, le sénateur (PS) du Tarn, Thierry Carcenac, est notamment concerné par cette disposition. Le parlementaire tarnais et président du conseil départemental emploie sa conjointe.

Dans une enquête publiée en 2014, Mediapart a chiffré le nombre de collaborateurs « familiaux ». D’après le site d’Edwy Plenel, l’Assemblée Nationale rémunére 52 épouses, 28 fils et 32 filles de députés en 2014. Le Blog Politique de France 3 actualise la liste. Cette actualisation a été réalisée à partir des déclarations d’intérêts déposées auprès de la Haute Autorité Pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP). Des déclarations qui doivent mentionner les noms de collaborateurs. Parfois la nature du contrat de travail (CDD ou CDI) et la durée du temps de travail (partiel ou temps complet).

L’enquête de Mediapart recensait 127 député(e)s (sur 577) employant un membre de leur famille. Autrement dit, 22% des parlementaires siégeant à l’Assemblée Nationale pratiquent le recrutement familial.

10 député(e)s sur 49 de la région (en ex-Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées) sont concernés : 

  • Ils (ou elles) emploient un de leurs enfants :
    • Yves Censi (LR-Aveyron),
    • Linda Gourjade (PS-Tarn),
    • Monique Iborra (DVG – Haute-Garonne),
    • Patrick Lemasle (PS-Haute-Garonne),
    • Dominique Orliac (PRG-Lot, emploie son fils et sa fille),
    • Patrick Vignal (PS- Hérault)
  • Ils (ou elles) emploient leur conjoint :
    • Philippe Folliot (UDI-Tarn),
    • Martine Martinel (PS-Haute-Garonne),
    • Philippe Martin (PS-Gers),
    • Gilbert Collard (RBM-Gard).

Mais ce chiffre  « tombe » à 9 et bientôt à 8. Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, Philippe Martin déclare que sa conjointe n’est plus sa collaboratrice parlementaire. Le député du Gers quitte donc la « short list ». Le député du Tarn, Philippe Folliot, précise que sa conjointe cessera d’être sa collaboratrice parlementaire avant la fin du mandat c’est-à-dire dans les prochaines semaines. A ces données, il faut ajouter une précision. Le député de l’Aveyron Yves Censi a recruté son fils uniquement le temps d’un CDD d’été.

Au final, ce sont donc 8 député(e)s qui continuent à employer des membres de leur famille. Majoritairement des fils et des filles. Mais aussi des conjoints.

En Occitanie, la pratique des collaborateurs « familiaux » est donc marginale. Elle concerne près d’un député d’Occitanie sur 5. Ce chiffre est en dessous de la moyenne nationale.

Laurent Dubois (@laurentdub)

26 Jan

Alain Minc juge le maire de Toulouse mal payé

Ce jeudi 26 janvier, Radio Classique a reçu, dans le cadre de sa matinale, Alain Minc. L’essayiste ultra-médiatique et nouveau soutien d’Emmanuel Macron a été interrogé sur l’affaire Pénélope Fillon. Au détour de son interview, Alain Minc a évoqué le…salaire du maire de Toulouse. L’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy n’a cité aucun chiffre et s’est contenté d’une (vague) allusion. Quelques milliers d’euros. Mais justement quel est le montant des indemnités du maire de Toulouse ? Réponse.

Jean-Luc Moudenc. Maire de Toulouse. Photo MaXPPP

Jean-Luc Moudenc. Maire de Toulouse. Photo MaxPPP

Pour Alain Minc une des explications de l’affaire Pénopole Fillon est à rechercher du côté de la sous-rémunération des élus. L’essayiste estime que les député(e)s sont mal payé(e)s et condamné(e)s à des « arrangements ». Le lien avec l’enquête visant la femme de l’ancien Premier ministre n’est pas évident. La justice s’intéresse à un éventuel emploi fictif. Pénélope Fillon a-t-elle été pendant plusieurs années une véritable collaboratrice parlementaire ? C’est la question à laquelle le parquet national financier va devoir répondre. Mais Alain Minc élargit le dossier aux rapports entre les élus et l’argent.

Dans l’atmosphère populiste, démagogique ambiante. On n’ose pas dire : le métier politique n’est pas rémunéré. Combien gagne un maire ? Un maire gagne quelques milliers d’euros, le maire d’une ville comme Toulouse. Tout cela n’a pas de sens.

Quelques milliers d’euros. Ce n’est pas précis. C’est le moins que l’on puisse dire. Cette imprécision est l’occasion d’obtenir la « feuille » de paye de Jean-Luc Moudenc.

Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, la mairie de Toulouse livre le montant pour le mois de janvier : 5926 euros net. Le cabinet du maire précise que ce montant peut fluctuer de quelques dizaines d’euros, en fonction de prélèvements sociaux. Par an, Jean-Luc Moudenc perçoit donc : 71 112 euros net.

A noter. Cette somme comprend uniquement les mandats locaux de Jean-Luc Moudenc (mairie de Toulouse et présidence de Toulouse Métropole).

Laurent Dubois (@laurentdub)

Présidentielles : on a retrouvé Christine de Veyrac…chez Emmanuel Macron

Depuis les municipales de 2014, Christiane de Veyrac a disparu des écrans radars. Après sa défaite électorale, l’ancienne eurodéputée et adjointe à la mairie de Toulouse (2001-2008) a quitté la scène politique. Cette éclipse (totale) pouvait parfaitement convenir à son meilleur et plus constant adversaire, l’actuel locataire du Capitole, Jean-Luc Moudenc. Mais, selon nos informations, Christine de Veyrac est de retour. Un retour qui n’est pas toulousain. Il est parisien et dans l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron.

Christine de Veyrac, Photo MaxPPP

Christine de Veyrac, Photo MaxPPP

Tous les mardis soir, Christine de Veyrac participe, depuis sa création, aux réunions du comité politique d’En Marche !, le mouvement d’Emmanuel Macron. Des réunions qui se déroulent dans les locaux de campagne du candidat à la Présidentielle, 99 rue de l’Abbé Groult à Paris.

L’ancienne présidente de l’UMP31 se contente de revenir par la porte « nationale ». Mais un éventuel retour toulousain, sous la forme d’une influence sur les investitures aux législatives ou d’une candidature avec le dossard « Macron », ne manquerait pas de secouer le landerneau.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

La sénatrice (PRG) de la Haute-Garonne, Françoise Laborde rejoint Emmanuel Macron

L’hémorragie continue. Les élus PRG sont, de plus en plus nombreux, à rejoindre Emmanuel Macron. En moins de 72 heures, un député-maire du Calvados et un maire de Charente-Maritime ont basculé dans le camp de l’ancien ministre de l’Economie. Interrogé par le quotidien Libération, un député socialiste et soutien d’Emmanuel Macron estime que « deux tiers des parlementaires PRG ont rejoint Macron« . C’est dans ce contexte qu’un nouveau transfuge PRG s’est déclaré mercredi 25 janvier. Il s’agit de la sénatrice de la Haute-Garonne, Françoise Laborde.

Emmanuel Macron. Photo MaxPPP

Emmanuel Macron. Photo MaxPPP

Mardi 24 janvier, le patron des sénateurs radicaux a lancé un appel à rejoindre Emmanuel Macron. Cette déclaration publique n’a rien de surprenant. Depuis des semaines, Jacques Mézard et plusieurs autres personnalités du PRG ont affiché, en interne, leur intention. Le sénateur du Cantal est d’ailleurs membre (depuis 3 mois) du comité politique du candidat « En Marche !« . Mais les résultats du 1er tour de la primaire accélèrent le mouvement. La qualification surprise et la victoire probable de Benoît Hamon accroît les ralliements. Une défaite (dimanche prochain) de Manuel Valls amplifiera encore les départs.

François Laborde n’a pas attendu le second tour. Trois jours après la fin du premier, la sénatrice de la Haute-Garonne a annoncé sa décision aux « macroniens » du PRG. La parlementaire invoque le déroulement de la primaire et l’état de la gauche pour justifier son choix :

Deux courants du parti socialiste s’opposeront dimanche prochain, dans des conditions qui rendent difficile le rassemblement de la gauche et la conduite d’un projet commun dans l’intérêt de  la France, quel que soit le vainqueur.

Présidente du PRG 31, Françoise Laborde risque de subir le sort de son collègue du Calvados. Alain Tourret a été suspendu après son ralliement à Emmanuel Macron. Un de ses camarades de parti « plaide » pour cette « solution » :

Ce serait naturel. Elle n’a même pas attendu les résultats du 2nd tour. C’est une honte. Dans la fédération de la Haute-Garonne, il existe un co-président. Il s’appelle Pierre-Nicolas Bapt et il est fidèle à Sylvia Pinel. Une suspension de Françoise Laborde c’est dans l’ordre des choses.

Les prochains jours diront si la jurisprudence « Tourret » s’applique à François Laborde. Mais, vues l’accélération et la multiplication des ralliements à Emmanuel Macron, le PRG risque de connaître un turn over historique.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

25 Jan

Non-cumul des mandats : une loi à revoir ?

François Fillon avait dit qu’il ne reviendrait pas dessus. Les autres candidats à la Présidentielle également. Et pourtant… Selon le Journal du Dimanche, des sénateurs ont pris l’initiative de tenter de modifier cette loi pour « rester aussi des élus de proximité ». Si personne ne confirme ouvertement cette information, de nombreux parlementaires ont, au mieux, du mal à digérer cette obligation voire ne l’appliqueront pas d’ici la fin de leur mandat local.

Plusieurs sénateurs, maire de petites communes réclament un cumul sous conditions. AFP PHOTO / LIONEL BONAVENTURE

Plusieurs sénateurs, maire de petites communes réclament un cumul sous conditions. AFP PHOTO / LIONEL BONAVENTURE

« Je ne vous cache pas que cette loi, elle nous emm… » Voilà ce que vous lâcheront bon nombre de parlementaires, aussi maires de petites ou moyennes communes, quand vous leur parlez du non-cumul. « Moi je veux bien qu’on ne puisse pas être sénateur-maire de Marseille ou de Lyon mais de communes plus petites, oui ! On est censé être les représentants des territoires et donc y rester connectés » tempête Pierre Médevielle.

Le sénateur UDI de Haute-Garonne a abandonné toute activité professionnelle depuis qu’il a été élu au Palais du Luxembourg. Quand il aura lâché son mandat de maire de Boulogne-sur-Gesse, commune du Comminges de moins de 1500 âmes, il reconnaît, avec regret, que sa mairie ne verra plus forcément passer tous les lundis et vendredis le parlementaire qu’il est devenu.

Parlementaire pour encore quelques semaines, élu d’un territoire rural lui aussi, Philippe Martin a décidé de ne pas se représenter à la députation dans le département du Gers qu’il va donc continuer à présider. Mais concernant ses confrères élus sénateurs, il partage la même analyse que Pierre Médevielle. « Le rôle du Sénat, assemblée des collectivités locales fait que historiquement le lien entre les communes et leurs représentants paraît logique. Le non-cumul vise aussi à avoir la capacité de s’occuper de tous ses mandats. Sénateur et maire c’est compatible, si la commune est petite ».

Tenir compte du seuil démographique »

Autre sénateur, autre territoire, l’élu LR du Tarn et Garonne, François Bonhomme va dans le même sens : « Cette règle de non-cumul absolu ne prends pas en compte le seuil démographique, et c’est regrettable ». Le maire de Caussade souligne aussi que pendant ce temps-là d’autres élus continuent à cumuler allègrement tout en n’ayant pas de mandats exécutifs. « On voit beaucoup de Présidents de départements en France qui en cumulant des Présidence de syndicats ou autre ont des rétributions élevés sans être sous le coup de la loi » surenchérit Pierre Médevielle.

Autre écueil souligné par nos deux sénateurs, la différence de traitement entre eux et les députés. « Lors de l’étude du texte, ils ont eu le dernier mot comme d’habitude et nous imposent de rendre nos mandats en cours d’année et avant leur fin. Alors que c’est le suffrage universel qui nous les a donnés » conteste François Bonhomme. « Je pense qu’il y a un problème de constitutionnalité » critique même Pierre Médevielle.

Non-Cumul dans le temps »

« On va avoir un personnel politique qui n’aura aucune expérience locale de terrain. Ce sera la prime aux apparatchiks. Mais ça on s’en apercevra dans quelques années » poursuit François Bonhomme. « Je crois également au non-cumul dans le temps » souligne pour terminer Philippe Martin. « Moi, je me suis appliqué trois mandats de députés, quand certains en font six, sept, huit…» Fatalistes, Pierre Médevielle et François Bonhomme ne croient pas à un retour en arrière : « je pense que les candidats à la Présidentielle ont compris que ce n’était pas le sujet majeur. Et puis les plus mauvais avocats de la modification de cette loi sont bien évidemment les politiques eux-mêmes » confesse le sénateur Tarn et Garonnais.

Patrick Noviello

24 Jan

Primaire de la gauche : le score de Sylvia Pinel « gonflé » selon la presse nationale

Un film catastrophe. 48 heures après la fin du 1er tour, la Primaire organisée par le PS est plongée dans un scénario surréaliste. Impossibilité de chiffrer la participation. Un nombre de bureau de vote qui flotte. Des résultats qui ne sont pas fiables. C’est un incroyable imbroglio. Et, au milieu de la tempête, le nom de Sylvia Pinel émerge. Libération et Le Monde affirment que le score de la candidate PRG a été gonflé par les organisateurs des Primaires Citoyennes.

epa05713673 Candidate for the left-wing party primaries ahead of the 2017 presidential election, French former minister Sylvia Pinel, takes part in a televised debate at the studios of TF1 in Paris, France, 12 January 2017. France's seven left-wing presidential candidates hold their first televised debate before the first round of their primary on 22 January. EPA/PHILIPPE WOJAZER / POOL (MaxPPP TagID: epalivetwo495840.jpg) [Photo via MaxPPP]

Sylvia Pinel, candidate à la primaire de la Belle Alliance Populaire. Photo : MaxPPP

L’organisateur de la primaire, Christophe Borgel, a reconnu un bug. Le député de la Haute-Garonne a même admis un fait. Le  fameux bug a conduit à une chose incroyable : des faux résultats. Aucun élément ne permet d’accréditer l’idée d’une fraude organisée. Mais le constat est accablant. Un des plus grands et ancien parti français est (au mieux) responsable d’un incompréhensible amateurisme.

Et, dans ce sombre tableau, les radicaux de gauche ont droit à une potion amère. Au sein du parti plusieurs voix se sont opposées à une participation à la primaire. La qualification surprise de Benoit Hamon suscite un véritable trouble dans les rangs.  Et voilà que, en pleine tempête médiatique, le nom de Sylvia Pinel est cité. Il émerge dans les colonnes de la presse nationale. Le quotidien Libération a été le premier à le mentionner :

C’est Sylvia Pinel (tirage au sort ? Galanterie solferinienne ?) qui s’est vu attribuer 161 voix.

Dans son édition du mercredi 25 janvier, Le Monde écrit :

Au cours de la journée, d’autres modifications à la marge interviendront sur le score de Sylvia Pinel.

Les deux titres de la presse nationale insistent sur le côté marginal de la retouche. Dans le passé, dans les coulisses des congrès socialistes, des battus se voyaient (parfois) attribuer (après le dépouillement des urnes)  des voix supplémentaires. C’était une sorte de « synthèse ». Un moyen pour rendre la défaite plus acceptable et choyer les équilibres internes. Ces accords à l’amiable pouvaient concerner plusieurs centaines de voix.  S’agissant de 2017 et d’une primaire ouverte, le procédé est encore plus contestable. Les voix concernées ne sont pas celles de militants encartés. Elles proviennent de vrais électeurs, de citoyens ordinaires, qui ont payé 1euro pour voter. Mais, à la différence des « bidouillages » de Congrès, on n’est pas dans le processus « industriel ». Libération précise que les voix supplémentaires dont a bénéficié Sylvia Pinel sont liées à une problème statistique. Un autre bénéficiaire aurait pu bénéficier de ce petit coup de pouce. Mais, surtout, la hauteur de la « gonflette » se limite à moins de 200 voix. Cela ne modifie pas l’ordre d’arrivée des 7 candidats.

En fait, l’émergence de Sylvia Pinel dans la mêlée médiatique est anecdotique. Mais c’est le genre d’anecdote et de mauvaise publicité dont la présidente du PRG se serait (probablement) passée. Contactée par France 3 Midi-Pyrénées, Sylvia Pinel n’a pas souhaité s’exprimer.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

Présidentielle : Charlotte Marchandise « candidature citoyenne »

La candidate de la Primaire.org, primaire citoyenne en ligne est à Toulouse pour 4 jours. L’objectif : aller à la rencontre des populations évidemment mais aussi convaincre les élus de lui faire confiance en la parrainant. Détail de sa démarche et de sa vision de la politique du futur. Entretien.

Charlotte Marchandise dans la ville de Rennes où elle est élue municipale. Photo MaxPPP

Charlotte Marchandise dans la ville de Rennes où elle est élue municipale. Photo MaxPPP

Le Blog Politique : Pouvez-vous nous rappeler comment vous en est arrivée à candidater à la Présidentielle à l’issue de cette Primaire Citoyenne ?

Charlotte Marchandise : Il s’agit d’une démarche pour sortir de l’hégémonie des partis. C’est une élection citoyenne qui a été lancée par un avocat et un informaticien. 500 personnes se sont inscrites sur le site et 200 candidatures ont été validées. Pour cela, il fallait avoir recueilli 500 parrainages citoyens. Nous nous sommes retrouvés à 12 pour le premier tour puis à 5 au second. J’ai obtenu 27 000 voix. Pour info, c’est plus que le candidat Europe Ecologie Les Verts à l’issue de leur Primaire, c’est plus que Jean-François Copé pour celle de la droite et du centre et c’est plus que Sylvia Pinel ou pour celle de la gauche.

Le bien commun est plus large que la droite et la gauche »

Le Blog Politique : Vous êtes plutôt à gauche, non ?

Charlotte Marchandise : C’est curieux, je me suis toujours positionnée à gauche jusqu’à ce que j’entre véritablement en politique. A Rennes, je suis élue sur une liste EELV, Front de Gauche et Société Civile dont je suis. Le bien commun est plus large que la gauche et la droite. C’est une valeur collective. Voilà pourquoi je ne ferme la porte à personne.

Le Blog Politique : Qu’avez-vous mis en avant pour être élue à cette Primaire.org ?

Charlotte Marchandise : j’ai toujours dit que j’avais un projet de société mais que j’étais incapable de le mettre en place toute seule. C’est une méthode pour construire ce projet collectivement que je propose. La société civile a écrit le projet, je vais le mettre en musique.

Le Blog Politique : Justement, quelles sont les lignes forces de votre programme ?

Charlotte Marchandise : Une justice sociale fondée sur l’éducation, la santé et tout ce qui fait le bien vivre. Ensuite une transition économique et énergétique pour résister à la crise économique, aux changements géopolitiques et au réchauffement climatique. Parce qu’il faut penser l’écologie de manière globale, ce n’est pas simplement une lubie de bobo ! Enfin une politique internationale, d’Europe démocratique et de paix. On arrête de vendre des armes à des pays qui ne sont pas des démocraties par exemple.

Le Blog Politique : Vous rencontrez des élus de la région en ce moment. Que leur dites-vous pour qu’ils vous fassent confiance ?

Charlotte Marchandise : D’abord, je les écoute et je leur explique ma démarche. Il est préoccupant d’entendre dire que les français pensent que leurs élus ne s’occupent pas d’eux. C’est contre cela que je vais lutter. L’objectif est de travailler avec les élus sur le long terme.

Lancer un maire-funding »

Le Blog Politique : Et ça marche ? Vous avez recueilli beaucoup de parrainages sur les 500 nécessaires pour être au premier tour de la Présidentielle ?

Charlotte Marchandise : J’en suis au tout début. Là, j’en ai une vingtaine de signés et une centaine quasiment sûrs. Nous avons fourni un kit à 400 volontaires. Et souvent, ces derniers me disent : « Ah mais oui, je connais un maire ou un élu. Je vais aller le voir ! » Nous lançons une sorte de maire-funding comme les crowdfunding. Nous avons aussi une lettre de Jean-Paul Delevoye, l’ancien président des maires de France, qui soutient notre démarche, tout en soutenant Macron.

Le Blog Politique : Et Macron justement ? Lui aussi se dit en dehors des partis avec son mouvement en marche, non ?

Charlotte Marchandise : Oui mais les ficelles sont un peu grosses là. Il est plus libéral que Fillon sur certaines choses (Rires). Je comprends l’engouement qu’il suscite. Les gens ont besoin de rêver. Macron a le mérite de créer cet engouement. Mais son logiciel est un logiciel du XXème siècle.

Le Blog Politique : « Les gens veulent rêver », ils veulent aussi du renouvellement mais pas forcément de grands bouleversements. Or vous, vous leur proposez une assemblée constituante et en attendant un gouvernement de transition de deux ans. Vous n’allez pas effrayer l’électeur là ?

Charlotte Marchandise : Il y a un gros consensus sur le fait que la constitution doit être modifiée. Elle a été faite sous De Gaule et notre Président vit dans un palais. On peut le faire mais ensemble. On a des modèles qui marchent en France. Regardez les jurés d’Assises. Si on forme les participants, que des experts indépendants sont invités aux débats qui seront tous filmés, on peut construire, même si le mot peut sembler un fort, un « récit national ». Cette transition et le gouvernement qui va avec dureraient effectivement deux ans.

Arriver à faire retrouver confiance aux citoyens »

Le Blog Politique : Est-ce que votre démarche se poursuivra sur d’autres scrutins ?

Charlotte Marchandise : Absolument. Je fais aussi campagne pour qu’on ait des candidats aux Législatives et que tous les mouvements citoyens se joignent à nous pour cela. Il y en a assez des 75% d’hommes blancs de plus de 50 ans dans les assemblées. Puis nous poursuivrons sur les Européennes et surtout les Municipales. Ce que l’on fait à Rennes est un exemple. Le pouvoir y est partagé avec les habitants. On leur laisse poser leurs questions, c’est le contraire du référendum où une seule leur est imposée.

Le Blog Politique : Quel est votre point de repère pour savoir si votre démarche prend ?

Charlotte Marchandise : Si on arrive à créer un label citoyen, à l’image des mouvements municipalistes espagnols, de Pampelune, Madrid ou Barcelone. Si on arrive à avoir une dizaine de députés qui peuvent s’allier à d’autres pour pousser des propositions. Si on arrive à faire retrouver confiance aux citoyens !

Le reportage d’Emmanuel Wat :


Présidentielle : Charlotte Marchandise candidate « citoyenne » en campagne Toulouse

Propos recueillis par Patrick Noviello

 

 

23 Jan

Primaire de la gauche : Sylvia Pinel mieux ou moins bien que Jean-Michel Baylet ?

Première candidature pour Sylvia Pinel mais seconde participation du PRG. En 2011, c’est Jean-Michel Baylet qui portait, dans la primaire, les couleurs des radicaux de gauche. Six ans plus tard, l’héritière politique est-elle à la hauteur de son prédécesseur ? Sylvia Pinel fait-elle aussi bien ou mieux que Jean-Michel Baylet ? Réponse.

Sylvia Pinel et Jean-Michel Baylet. Photo AFP Jean Leoty

Sylvia Pinel et Jean-Michel Baylet. Photo AFP Jean Leoty

Des doutes et un flou entourent les chiffres de la participation et les résultats de la primaire organisée par le PS. Mais, selon le site des Primaires Citoyennes, Sylvia Pinel a obtenu 1,98 % des voix. 31 703 électeurs ont voté pour la présidente du PRG. Au niveau national, Sylvia Pinel fait bien mieux que Jean-Michel Baylet. En 2011, l’actuel ministre de François Hollande a recueilli seulement 17055 voix, 0,64% des suffrages exprimés.

Aucun doute. Sylvia Pinel surpasse son mentor politique. Elle double quasiment le score du PRG.

En revanche, dans le Tarn-et-Garonne, fief historique de Jean-Michel Baylet, Sylvia Pinel est à la peine. Son score départemental est de 11,5% des voix. C’est moins bon que le résultat, en 2011, de Jean-Michel Baylet : 14%. 1000 voix séparent l’ancien patron du PRG de la nouvelle présidente du parti.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Primaire de la gauche : Sylvia Pinel confrontée au « risque » d’une victoire de Benoît Hamon

1,98% des voix et direction Manuel Valls. A peine les résultats connusSylvia Pinel a annoncé son ralliement à l’ancien premier ministre. Le scénario était prévisible et même prévu. En revanche, la grande surprise, c’est Benoît Hamon. Une défaite de Manuel Valls est possible. Pour ne pas dire probable. Le PRG risque de devoir soutenir (contraint et forcé par les règles de la primaire) le vainqueur, Benoît Hamon. Cette perspective sème le trouble au sein des radicaux de gauche.

Sylvia Pinel, photo AFP/Joel Saget

Sylvia Pinel, photo AFP/Joel Saget

« Aucune surprise, elle aurait pu attendre une demi-heure de plus. C’était précipité. Mais ce n’est pas grave« . Pour un cadre du PRG, le ralliement de Sylvia Pinel à Manuel Valls était couru d’avance. Ce responsable ne franchit pas un pas supplémentaire en prétendant que c’était le but. Participer uniquement pour se rallier et apporter un soutien à Manuel Valls. Mais, une chose est certaine. La proximité entre Manuel Valls et la direction du PRG est évidente. Le numéro 2 du parti, Guillaume Lacroix a longtemps travaillé aux côtés de l’ancien premier ministre. Sylvia Pinel ne cache pas sa détestation envers Emmanuel Macron. Mais la présidente du PRG ne fait pas (non plus) mystère de sa compatibilité politique et personnelle avec Manuel Valls.

En revanche, ce qui n’était pas écrit, c’est l’irruption du trublion Hamon. Au lendemain du 1er tour, Manuel Valls se retrouve en position délicate. L’ancien premier ministre aborde le second tour avec un double boulet : une arithmétique défavorable (7 points de retard et des réservoirs de voix faibles) et une mauvaise dynamique politique. Ce schéma est totalement contraire aux prévisions de Sylvia Pinel. Dans les instances nationales de son parti, Sylvia Pinel n’a pas cessé de clamer sa conviction : Valls va gagner car il ne peut pas perdre.

Au moment de s’engager dans la primaire, une partie du parti a mis en garde Sylvia Pinel. Attention. Les statuts de la primaire exigent de soutenir le vainqueur. Si Arnaud Montebourg gagne ou si Benoît Hamon l’emporte, il faudra soutenir cette gauche socialiste. C’est impossible. Plusieurs cadres et élus PRG revendiquent une ligne sociale-libérale. Une ligne réaffirmée par Sylvia Pinel lors des débats télévisés de la primaire. Une ligne incompatible avec le positionnement idéologique d’un Montebourg ou d’un Hamon.

Un cadre du PRG déclare :

On ne pourra jamais se mettre derrière Hamon. J’ai reçu des appels de plusieurs élus du parti qui ne veulent pas prendre ce risque et qui préfèrent aller chez Macron. Ce qui se passe est calamiteux pour le PRG. Franchement, tout est possible. Le PS risque de ressortir explosé de la primaire mais le PRG est également en danger. Une victoire de Hamon peut permettre de clarifier les positions des uns et des autres. Mais cela peut également accélérer les ralliements à Macron.

Le PRG n’a plus de candidat en piste pour le 2nd tour. Mais, le parti est, plus que jamais, concerné par les résultats de la primaire.

Laurent Dubois (@laurentdub)