Les Régionales se sont délocalisées à Matignon. Ce lundi 15 juin, à partir de 18 heures et pendant une heure, l’agenda de Manuel Valls a pris les couleurs (électorales) de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Le premier ministre a reçu les présidents des deux régions, Martin Malvy et Damien Alary, le maire de Montpellier, Philippe Saurel, et la tête de liste PS aux prochaines régionales, Carole Delga.
Objet de la rencontre : le cas Saurel.
Ce n’est pas la première fois que le maire de Montpellier discute avec Manuel Valls des régionales. Mais, ce lundi, l’auditoire est élargi. Et surtout le calendrier avance. Carole Delga entre pleinement en campagne après sa démission du gouvernement (rendue officielle mardi) et (point essentiel) les listes du PS seront bouclées dans moins d’un mois.
Les négociations, c’est maintenant. Une fois les listes votées (le 9 juillet prochain), impossible d’offrir des places.
Pourtant, Carole Delga n’espérait pas un ralliement en cette mi-juin. La candidate socialiste reconnaît qu’il faut laisser du temps au temps et offrir une porte de sortie honorable à Philippe Saurel. Dans son entourage, on parle même d’un « jeu du chat et de la souris qui peut durer jusqu’en septembre ».
Carole Delga estime que « la réunion s’est déroulée de manière cordiale, l’ambiance était sereine et Philippe Saurel attentif ». Ce que confirme, par ailleurs, l’entourage de Philippe Saurel. Mais surtout, la candidate socialiste refuse de parler d’un échec : « un échec cela aurait été de refuser un échange et une absence de dialogue, ce n’est absolument pas le cas ».
Comme le dit Carole Delga, « Philippe Saurel continue sa réflexion ». Il n’a pas rendu les armes ou entonné le champ du départ (pour les régionales). C’était prévisible. Sa candidature éventuelle soulève des questions politiques et pratiques : 158 candidats à trouver dans les 13 départements de la Grande Région, un budget (environ 900 000 euros) à boucler, les conséquences sur ses (récents) élus départementaux…
Mais, en réalité, le rendez-vous de Matignon reposait sur une équation personnelle.
C’est la personnalité de Philippe Saurel qui « interdisait » une issue rapide. Comme le dit un responsable du PS, « Philippe Saurel a le gout de l’impossible ». Ce n’est pas une réunion, sous les dorures de la République, qui peut le brider, encore moins l’impressionner. Les arguments (rationnels) de Martin Malvy, la détermination (affichée) de Carole Delga ou le rappel à l’ordre de Manuel Valls, ne pèsent pas face à un tempérament « sauvage ». Le maire de Montpellier s’est fait (dernièrement) tatoué un léopard sur l’avant-bras. Le symbole lui va bien. Il se veut indomptable.
Bien évidemment, il y a une part de mise en scène. Philippe Saurel reconnaît lui même qu’il est pragmatique et qu’il sait être prudent. Mais, en revanche, il ne pouvait pas transformer l’invitation de Manuel Valls en acte de reddition.
En définitive, la question posée par le rendez-vous de Matignon n’est pas : un rendez-vous manqué ? La véritable interrogation est : quelle sera son utilité ? La table ronde ne pouvait pas servir de tremplin à une annonce. Mais est-ce qu’elle amorce une union entre Philippe Saurel et Carole Delga ?
Laurent Dubois