04 Jan

Mais où est passé le groupe socialiste au Conseil Régional ?

Le député de l’Hérault, Christian Assaf fête sa première année à la tête de la plus importante formation du conseil régional. L’anniversaire ne prend pas (forcément) un air de fête. Le groupe PS paraît absent des écrans radars. Peu de communiqués de presse. Pas de déclaration qui attire les lumières médiatiques.  A la différence du passé et notamment de la présidence Malvy, le groupe PS manque de visibilité et semble ne pas exister.

Fausse impression ou réalité ? La double casquette de Christian Assaf, député et président du groupe, est-elle un handicap pour les socialistes de la Région ?  Enquête.

Christian Assaf, député de l'Hérault et président du groupe PS au Conseil Régional Occitanie. Photo : MaxPPP

Christian Assaf, député de l’Hérault et président du groupe PS au Conseil Régional Occitanie. Photo : MaxPPP

De nouvelles frontières et un nouveau nom. Mais, côté coulisses, la toute jeune grande région a également accouché d’un groupe socialiste (historiquement) important. Dans l’ex-Midi-Pyrénées, l’ancien groupe Socialiste et Républicain (issu des élections régionales de 2010) comptait 36 élus. En ex-Languedoc-Roussillon, Fabrice Verdier était à la tête de 31 élus socialistes. Le groupe socialiste d’Occitanie comporte, quant à lui, 49 conseillers régionaux. Politiquement, il n’a pas la majorité absolue. Il faut l’appui et l’appoint des radicaux de gauche et du groupe Nouveau Monde de Gérard Onesta pour que la socialiste Carole Delga puisse diriger et gérer la région.

Néanmoins, arithmétiquement, le groupe de Christian Assaf reste numériquement le plus important. Ce poids (en terme d’effectifs) contraste avec la présence du groupe dans le débat public et sur la scène médiatique. Les socialistes du conseil régional n’ont jamais été aussi nombreux. Mais ils semblent plus effacer que jamais.

Une léthargie relative

Sous la présidence de Martin Malvy, le président du groupe PS, Thierry Suaud, faisait régulièrement entendre sa voix. A la tribune du conseil régional, comme le fait actuellement son successeur Christian Assaf, c’était normal. Mais, surtout, dans les médias régionaux. Les communiqués de presse du groupe socialiste arrivaient quasiment à flux tendu dans les rédactions. Des réactions ou des déclarations sur le plan rail, la réforme territoriale ou les questions économiques.

Néanmoins, il faut replacer cet « activisme » dans son contexte. Comme le précise Thierry Suaud :

Il n’est pas possible de comparer deux périodes différentes. L’expression du groupe était liée à une forte actualité nationale. Les retraites. La réforme du conseil territorial défendue par Nicolas Sarkozy. Le parti socialiste était dans l’opposition et, en accord avec Martin Malvy, nous défendions nos positions. Maintenant (ndlr : sous la présidence de Carole Delga), le groupe est concentré sur les intérêts régionaux.

Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, Christian Assaf est sur la même ligne :

L’expression du groupe socialiste alors que le gouvernement est socialiste et que la présidente est socialiste c’est de défendre les propositions et l’action du conseil régional.

Pour le président du groupe PS, le principal travail est un travail en amont avec les élus du groupe :

Une grande partie de nos élus ne sont pas membres de l’exécutif ou de la commission permanente (ndlr instance de décision). Une trentaine des élus du groupe, c’est la loi qui le prévoit, participent uniquement 4 à 5 fois par an aux assemblées plénières. Il faut donc faire preuve de pédagogie pour expliquer les dossiers. C’est un gros travail.

Un président de groupe député

Pour Christian Assaf, la communication et les déclarations publiques ne constituent pas l’essentiel de son travail de président de groupe. En tant que député de l’Hérault, le conseiller régional s’exprime dans la presse sur la théorie du genre à l’école ou la crise grecque. Mais, s’agissant de l’animation du groupe PS au conseil régional, Christian Assaf insiste sur un travail de fond, loin des projecteurs et en profondeur. Un travail mené en liaison directe et permanente avec Carole Delga et son cabinet

Les réunions de groupe se font quasi exclusivement en présence de Carole Delga. Je rencontre toutes les semaines le directeur de cabinet de Carole Delga, Laurent Blondiau. Mais au minimum 2 fois par an, j’organise des réunions de groupe territorialisées, Gard-Lozère ou Pyrénées-Orientales-Aude et systématiquement un chargé de mission du cabinet est présent.

Présence constante de la présidente de Région, communication permanente avec le cabinet de Carole Delga. Ce mode de fonctionnement fait la force de Christian Assaf. Le président du groupe PS ne risque pas de conflit ou de mésentente avec sa présidente. Mais cette proximité a fatalement un coût : une absence d’autonomie.

Pour un membre de la majorité régionale, le « système Assaf »souffre surtout un handicap.  C’est une présidence à temps partiel : « au delà des qualités de Christian Assaf, le fait d’avoir un président de groupe député, ce n’est pas un gage d’animation du groupe. Surtout à l’approche des législatives, jusqu’en juin prochain, son agenda n’est pas régional ».

Christian Assaf ne peut pas nier une évidence. A la différence de son prédécesseur ex-midi-pyrénéen, le président du groupe cumule sa fonction avec un mandat parlementaire. Mais Christian Assaf estime que les deux casquettes sont parfaitement conciliables :

C’est quelque chose qui s’organise. En gros, je suis 3 jours sur Paris et je consacre une journée et demie par semaine au groupe.  Alternativement je passe alternativement à Toulouse et à Montpellier avec les élus et les collaborateurs de groupe.

Une navette en Toulouse et Montpellier

Une source confirme l’existence d’une navette Toulouse-Montpellier. Christian Assaf est régulièrement aperçu dans les couloirs et les salles de réunion de l’Hôtel de Région toulousain. L’Héraultais Assaf vient régulièrement à  Toulouse pour rencontrer ses élus ex-midi-pyrénéens. Malgré des déclarations de principe, l’équilibre des territoires et l’égalité « Toulouse-Montpellier » ne sont pas toujours respectés. C’est du moins ce qu’expriment et ressentent les élus ex-midi-pyrénéens. Mais, du côté de Christian Assaf, les deux ex-régions sont sur un pied d’égalité.

Ce souci des équilibres risque d’être bousculé par la campagne des législatives. Plus que jamais, le centre de gravité politique de Christian Assaf va se trouver dans la 8ème circonscription de l’Hérault.

Mais les législatives vont finir par appartenir au passé et le mandat régional de Christian Assaf reste d’actualité pendant les 5 prochaines années.

Cela laisse du temps pour reprendre les (bonnes) habitudes.

Laurent Dubois (@laurentdub)