27 Sep

Occitanie : la première charte « ma commune sans migrants » devant le Conseil Municipal de Beaucaire.

Julien Sanchez, le maire FN de Beaucaire

Julien Sanchez, le maire FN de Beaucaire

C’est le groupe Nouveau Monde en Commun du Conseil Régional qui a tiré la sonnette d’alarme à travers un communiqué. « En Occitanie, le maire FN de Beaucaire et conseiller régional, souhaite faire voter cette charte ce matin ». « Nous ne savons pas ce qu’elle vaut juridiquement mais notre réaction est politique. Cette charte est terrible » s’insurge l’élu régional Nouveau Monde en Commun Patrick Cases. « Il s’agit d’un engagement moral des élus de la commune pour ne pas accueillir de migrants » veut tempérer Julien Sanchez, maire FN de Beaucaire.

Pourquoi accueillerions-nous ces clandestins ?

Les deux élus ne vont pas refaire le débat régional sur l’accueil des migrants puisque il a déjà eu lieu dans l’hémicycle. « Je suis intervenu d’ailleurs pour m’opposer à cette volonté de recevoir ces migrants. Pourquoi accueillerions-nous ces clandestins ? Parce que les amis socialistes de Carole Delga sont allés déclencher des guerres dans leurs pays ? » s’emporte Julien Sanchez. « L’Occitanie est une terre d’asile et doit le rester » rétorque Patrick Cases.

Alors que dit exactement cette charte ? « Que les communes signataires s’engagent à s’opposer par tous les moyens légaux à l’installation de centres d’accueil » (Paragraphe 4). « Que les communes signataires s’engagent à utiliser tous les moyens légaux afin d’obtenir l’évacuation des campas sauvages de migrants ou la cessation de toute emprise irrégulière par des groupes de migrants sur le territoire de la commune (Paragraphe 5). « Adoptée en conseil municipal, cette charte doit être communiquée aux représentants de l’Etat dans l’arrondissement et le département de la commune, au conseil départemental et au conseil régional dans lequel la commune a son siège » (paragraphe 8).

La crainte de l’effet tache d’huile

Initiée par Steeve Briois sur sa commune de Hénin-Beaumont, le Front National souhaite la faire adopter dans un maximum de communes. « Nous redoutons que cela fasse tache d’huile dans notre région mais aussi partout en France » avoue Patrick Cases. « Je ne sais pas où en est Robert Ménard à Béziers. Nous espérons en effet que d’autres communes FN mais aussi des maires Divers Droite adoptent cette charte » confirme Julien Sanchez. Son conseil municipal est prévu ce matin à 10h à Beaucaire dans le Gard. Sur l’ordre du jour, le vote de la charte figure au chapitre « finances » section « Cabinet/politique la ville/commerce ».

Incongru ? Pas tant que cela quand on jette un coup d’œil à la « déclaration liminaire » de la charte. Dans celle-ci, il est indiqué que « l’accueil des migrants génère un coût financier », « engendre des tensions graves avec les administrations de nos communes, nuit à l’ordre public, asphyxie l’économie locale ». Autre argument avancé celui de la sécurité : « des migrants permettent à des djihadistes de pénétrer sur le territoire de la République en vue de commettre des attentats contre nos populations, et qu’il n’est pas exclu que certains soient infiltrés dans les groupes de migrants disséminés dans les centres d’accueil ».

Bataille d’opinion et morale

« Déjà le terme de migrants n’est pas approprié. Nous, nous parlons de réfugiés, de personnes qui ont été contraintes de quitter leur pays » nuance Patrick Cases. Et Nouveau Monde en Commun de vouloir à son tour alerter la population mais d’une autre façon. « Cette charte représente ce qu’il y a de pire dans nos sociétés : le rejet de l’autre, l’absence de compassion et de solidarité, la division des êtres humains ». « A Beaucaire, nous avons déjà deux quartiers prioritaires et un fort taux de chômage. Nous n’avons pas besoin de précarité supplémentaire. Ça risque également d’abaisser le niveau de nos classes à l’école et occasionner des problèmes de sécurité» se justifie Julien Sanchez. Mais tout cela le maire devra aussi l’expliquer à sa population lors d’une réunion publique puisque la charte impose aussi de prévenir les administrés.

C’est donc bel et bien une bataille d’opinion qui s’engage et le FN l’a compris. Le paragraphe 6 de sa charte dit ceci : « les communes (NDLR : signataires) s’engagent à utiliser tous les moyens de communication à leur disposition pour faire connaitre leur opposition à l’accueil des migrants sur leur territoire ». Reste maintenant à l’Etat (les préfectures) et aux collectivités locales (Régions, Départements) qui vont recevoir ces chartes (si elles sont adoptées) à trancher à la fois sur leur caractère légal mais aussi moral.

Patrick Noviello

Monique Iborra : « Je n’aurai pas peur de porter les couleurs d’Emmanuel Macron »

Dimanche 25 septembre, Emmanuel Macron a participé, à Lyon, au sommet des réformistes européens. La présence de l’ancien ministre des Finances a transformé une simple conférence et des tables rondes en pré-campagne présidentielle. Traque de la petite phrase. Pointage et comptage des soutiens et des ralliements.

Parmi la photo de famille « macronienne » la députée de Haute-Garonne, Monique Iborra. L’ancienne coordinatrice de la loi Travail annonce son soutien à Emmanuelle Macron. Exclue du PS en juillet 2016, Monique Iborra est candidate à sa succession sur la 6eme circonscription de la Haute-Garonne. Elle est prête à endosser le dossard d’Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron et la députée de la Haute-Garonne, Monique Iborra à Lyon

Emmanuel Macron et la députée de la Haute-Garonne, Monique Iborra à Lyon au sommet de Réformistes Européens

Le Blog Politique. Vous étiez ce week-end avec Emmanuel Macron à Lyon. Pourquoi ?

Monique Iborra. J’y étais invitée par Gérard Collomb, maire socialiste de Lyon, qui appartient au groupe des Réformateurs, le thème de l’Europe s’invite légitimement dans les prochaines échéances électorales, réfléchir à son évolution et à sa restructuration est indispensable.

Le Blog Politique. Que retenez-vous de cette nouvelle séquence ultra-médiatisée d’Emmanuel Macron ? Au delà de la couverture media, il y a eu des débats de fonds à Lyon ?

Monique Iborra. Si la séquence a été partiellement médiatisée, elle est sans doute le fait que certains ont cru bon d’avoir des stratégies d’empêchement… Il y a eu de véritables débats de fond dans les ateliers préparés depuis de longs mois avec des questions, des remises en cause et des perspectives.

Le Blog Politique. C’est un pas de plus vers une candidature Macron à la présidentielle de 2017 ?

Monique Iborra. Je pense qu’il faut dissocier cet événement de la candidature d’Emmanuel Macron. Je pense qu’aujourd’hui bien qu’il ne l’ait pas annoncé qu’il se présente dans la perspective de l’élection présidentielle.Il n’est pas dans une démarche d’opposition mais de dépassement et de clarification, de mobilisation de ceux qui se sont désengagés souvent avec raison, ses discours et sa pensée sont très structurés et il agit par étapes, sortir des postures et des incohérences, et il y en a de nombreuses à droite comme à gauche.

Bien qu’il ne l’ait pas annoncé, il se présente dans la perspective de l’élection présidentielle

Le Blog Politique. Etes vous prête à soutenir Emmanuel Macron s’il déclare sa candidature ?

Monique Iborra. Aujourd’hui quel est le paysage politique et l’offre politique ? A gauche la division, le retour d’alliances qui se sont fracassées à l’épreuve du pouvoir, à droite la surenchère irresponsable, en embuscade l’extrême droite qui peut déboucher sur l’organisation d’une véritable « guerre civile » en France.Tout ce qui correspond à une alternative possible est à prendre en compte. Macron peut représenter cette réelle alternative dont le pays a besoin.

Macron peut représenter cette réelle alternative dont le pays a besoin

Le Blog Politique. Quels sont, d’après vous, les atouts d’Emmanuel Macron ?

Monique Iborra. Sa capacité et son honnêteté intellectuelles, sa détermination appuyée sur des convictions, son courage et son goût des autres… Sa liberté d’action et d’expression vis à vis des appareils politiques qui ne sont plus adaptés à la société telle que nous la vivons aujourd’hui.

Le Blog Politique. Quels sont, selon vous, les défauts et les failles d’Emmanuel Macron ?

Monique Iborra. Les défauts de ses qualités : sa propension à penser, je crois, qu’il suffit de convaincre pour transformer… Mais c’est en même temps sa force… Mais nous ne sommes qu’au début du processus.

Le Blog Politique. Vous avez annoncé votre candidature pour les législatives. Etes vous prête à porter les couleurs Macron sur votre circonscription en Haute-Garonne ?

Monique Iborra. J’ai été la seule députée aux primaires de 2012 à promouvoir la campagne de François Hollande sur ce département, comme j’étais seule à porter celle de Ségolène Royal, je n’aurais pas peur de porter celle d’Emmanuel Macron car je serai cohérente avec mes choix politiques.

Je n’aurai pas peur de porter la couleur d’Emmanuel Macron

Le Blog Politique. Pensez que d’autres députés sortants ou des candidats peuvent également suivre Emmanuel Macron ?

Monique Iborra. Je pense que d’autres députés pourraient être tentés, ailleurs que sur ce département qui lui, est adepte du soutien à Martine Aubry et à Arnaud Montebourg en ce qui concerne l’appareil politique et les responsables départementaux dans leur majorité, mais ils sont contrairement à moi, tenus par les anathèmes de Jean-Christophe Cambadélis pour les désignations… En ce qui me concerne je suis selon celui-ci devenue la jurisprudence Iborra et donc…

D’autres députés pourraient être tentés

Le Blog Politique. Une candidature Macron à la présidentielle et des candidats Macron aux législatives, cela revient à prendre la responsabilité de la division et d’une défaite de la gauche ?

Monique Iborra. Je trouve injuste et formidablement hypocrite de faire porter à Emmanuel Macron la responsabilité d’une défaite de la gauche, quand nous avons vécu pendant 4 ans à l’Assemblée les coups de boutoir des frondeurs, de ceux qui ont déposé à 2 reprises des motions de censure contre le Gouvernement, qui aujourd’hui pour certains sont candidats aux primaires socialistes et qui n’espèrent qu’une chose… l’échec de François Hollande ! Un grand nombre de militants socialistes, que je salue, partage également cette analyse.

Le Blog Politique. Vous avez été exclu du PS. Des parlementaires socialistes, dont le président du groupe parlementaire, Bruno Le Roux, demande votre réintégration. Le fait de soutenir Manuel Macron signifie que vous rompez définitivement les amarres avec le PS. Vous assumez ?

Monique Iborra. Je salue Bruno Le Roux, président du groupe qui a exercé pendant 4 ans une mission impossible. Je ne romps avec la gauche, avec mes convictions qui sont aujourd’hui compatibles avec celles d’Emmanuel Macron. Je n’approuve pas le sectarisme et les manœuvres de l’appareil socialiste qui résume sa stratégie à des accords d’appareil dont hélas, nous en avons la preuve tous les jours, y compris dans cette nouvelle grande région, constituent un échec dissimulé certes, mais un échec tout de même, qui fait que je ne regrette rien de mes choix passés.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

26 Sep

Communistes Hauts-garonnais et Mélenchon : rupture consommée ?

Pierre Lacaze, secrétaire départemental du PC Haute-Garonne

Pierre Lacaze, secrétaire départemental du PC Haute-Garonne

A travers un communiqué sans concessions, le secrétaire départemental du PCF 31 accuse Jean-Luc Mélenchon de « mépriser » les communistes. Pierre Lacaze appelle aussi à une candidature  de son parti à la Présidentielle portée par Pierre Laurent ou André Chassaigne.

Un si vieil animal politique

« Est-ce que le choix d’insulter les communistes au travers des attaques contre leur secrétaire national, Pierre Laurent, est un moment d’énervement de la part de Jean-Luc Mélenchon ou une stratégie de fond contre le PCF ? Une crise d’adolescent boudeur, qui rejetterait sa nouvelle famille communiste, après avoir rejeté les socialistes ? A près de 70 ans, c’est peu probable pour un si vieil animal politique, qui ne fait que ça depuis 50 ans. Plutôt une crise d’égocentrisme aigu. »

Un fossé a été creusé

Jean-Luc Mélenchon à Toulouse, août 2014. Photo MaxPPP

Jean-Luc Mélenchon à Toulouse, août 2015. Photo MaxPPP

Les premières phrases du communiqué sont sans appel. Pierre Lacaze n’a notamment pas digéré l’accusation de Mélenchon envers Pierre Laurent de « faire du trotskisme des années 70 ». Mélenchon qui a d’ailleurs répondu à l’Humanité à ce sujet mardi dernier. « Il s’agit ici d’un propos de couloir rapporté contre mon gré (prononcé à la Fête de l’Humanité, devant les micros de BFMTV, France 5, i-Télé, LCP et C8 – NDLR). De leur côté, les porte-parole du PCF me dénigrent sans relâche depuis sept mois. Je n’ai jamais répondu. Un fossé a été creusé. Mais notre divergence est politique. Le PCF a voulu les primaires de toute la gauche, cela n’avait pas de sens. La vie a tranché. La vérité, c’est que la direction communiste a pris sa décision depuis longtemps de ne pas me soutenir. Le 5 novembre (date de la conférence nationale du PCF – NDLR), le PCF ira de son côté. Le seul résultat de sa campagne aura été de me rendre la tâche plus difficile. Mais d’autres communistes m’ont aidé de toutes leurs forces. Le bilan reste positif. »

Mélenchon député du sud-ouest grâce aux communistes de la région

Pour Pierre Lacaze, cette aide, les «autres communistes » la font « contraints et forcés, en quelque sorte les yeux fermés, les oreilles fermées, le nez bouché ». Le secrétaire du PC 31 rappelle aussi que si Mélenchon est aujourd’hui député européen du sud-ouest, c’est « grâce aux voix communistes notamment de notre région, qu’il les respecte ». Et Lacaze d’enfoncer le clou : « Si Mélenchon veut se débarrasser de tout ce passé collectif pour apparaître comme un homme neuf, transformé par son régime au quinoa, qu’il l’assume et ne cherche pas à se présenter comme une victime du PCF, c’est lui qui a fait le choix de la division ».

Alors rupture consommée entre Mélenchon et le PCF ? Et l’avis de la fédération de Haute-Garonne est-il celui globalement partagé dans les autres sections françaises ? Réponse le 5 novembre. Lors de leur conférence nationale, les communistes devraient se positionner sur une candidature ou pas à la Présidentielle.

Patrick Noviello

 

23 Sep

Impression du journal de la Région par le groupe Baylet : les réactions

Dans un précédent article, le Blog Politique de France 3 Midi-Pyrénées a révélé l’attribution d’un marché public au groupe de presse de Jean-Michel Baylet. La Dépêche du Midi va imprimer le journal d’information du Conseil Régional d’Occitanie. Le marché est attribué pour 3 ans. Son montant est de 4,3 Millions d’euros.

(Photo : @culture31/Twitter)

(Photo : @culture31/Twitter)

Cette révélation a suscité des réactions politiques. Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, l’Hôtel de Région n’a pas souhaité réagir. En revanche, le groupe d’opposition de la Droite et du Centre au Conseil Régional est ironique :

Grande surprise, c’est à nouveau le groupe La Dépêche du Midi, propriété de la famille Baylet qui règne de manière quasi hégémonique sur la région, qui remporte la mise pour un montant de 4.320.000 €, sans plancher et sans plafond ! Autrement dit, libre ! Il est assez étonnant qu’un groupe de presse proche d’un ministre en exercice- Jean-Michel Baylet – mais aussi président du Parti Radical de Gauche jusqu’à sa nomination au gouvernement-, puisse remplir cette mission »

L’opposition de droite fait une proposition alternative :

Pour éviter tout amalgame et économiser les 4 millions d’euros de ce marché… opter pour une dématérialisation de ce support de communication. Ainsi, exit le gaspillage papier, exit les frais de distribution et de boîtage dans tous les foyers de Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées »

Le groupe du Front National au Conseil Régional a également réagi. Le ton est nettement plus polémique :

Pour faire plaisir à son allié de gauche, Madame Delga va confier au groupe Baylet l’impression du journal du Conseil Régional.
Le critère retenu pour justifier « ce choix » est bien peu convaincant. Ces petits arrangements entre amis vont coûter plus de 400 000 euros au contribuable sur trois ans.
Il faut être aveugle pour ne pas voir que cette affaire pose à nouveau la question du conflit d’intérêts et des liaisons dangereuses entre presse et politique.

Laurent Dubois (@laurentdubois)

« Politic Café #3 » : Béatrice Négrier, l’attitude du FN et les Montebourgeois

Politic Café

Ce vendredi 23 septembre, c’est l’heure du troisième numéro de « Politic Café ». Cette semaine, il est question :

  • de Béatrice Négrier, l’ancienne vice-présidente de la Région « démissionnée » après avoir été condamnée en justice mais toujours conseillère régionale,
  • de l’attitude du « parti du non » le Front National et de sa frénésie de recours en justice
  • et de la mobilisation locale des « Montebourgeois » pour soutenir leur candidat à la présidentielle.

N’hésitez pas à liker, partager, commenter…

22 Sep

Le groupe de presse de Jean-Michel Baylet va imprimer le journal du Conseil Régional

Le groupe de presse de Jean-Michel Baylet a remporté, le 13 septembre dernier, un marché public : la publication du journal du Conseil Régional d’Occitanie. Montant de la prestation : 4 320 000 euros.

L’attribution doit être ratifiée par un vote de la Commission Permanente (CP) du Conseil Régional. Mais il s’agit d’une formalité. La Commission Permanente est composée de vice-présidents et de conseillers régionaux parmi lesquels on compte des membres du parti de Jean-Michel Baylet. Parmi eux, la nouvelle présidente du PRG et 1re vice-présidente du Conseil Régional, Sylvia Pinel.

Jean-Michel Baylet dans son bureau de La Dépêche en 2014 (Photo : MaxPPP)

Jean-Michel Baylet dans son bureau de La Dépêche en 2014 (Photo : MaxPPP)

Un marché plus important grâce à la fusion de deux régions

Sous le mandat de Martin Malvy, l’entreprise de Jean-Michel Baylet éditait déjà le journal du Conseil Régional de Midi-Pyrénées. Selon nos informations, l’enveloppe représentait 2,8 millions d’euros.

La fusion entre Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées alourdit la facture. Sous la présidence de la socialiste Carole Delga (élue notamment sur la base d’un accord PS-PRG), ce sont plus de 4 millions d’euros qui vont finir dans les caisses de La Dépêche du Midi, désormais présidé par son ex-compagne Evelyne Marchand-Baylet depuis l’entrée du patron du journal au gouvernement. 

C’est une bonne nouvelle pour l’entreprise du ministre des Collectivités Locales de François Hollande. Le groupe de presse de Jean-Michel Baylet a subi des revers commerciaux dans des communes de la Région. La bascule à droite de plusieurs municipalités s’est traduite par la perte de plusieurs marchés publicitaires. La manne de l’organisation d’événements (au travers de la filiale La Dépêche Events) traverse également des turbulences. La perte du Festival Jazz In Marciac a notamment été un coup sévère.

Un marché « sans minimum ni maximum »

Dans ce contexte, un marché de 3 ans avec le Conseil Régional est le bienvenu. Jean-Michel Baylet peut même sortir le champagne. Le marché obtenu est un marché dit « sans minimum ni maximum ». Autrement dit, la somme de 4,2 Millions d’euros est ….indicative. Il est parfaitement possible (sans la moindre formalité) de gonfler l’enveloppe. Le groupe La Dépêche du Midi peut percevoir 5, 6 ou 7 millions sans qu’il soit nécessaire de lancer la moindre consultation. Cette technique a été employée dans un marché attribué par le Conseil Régional de Midi-Pyrénées et qui alimente l’actualité judiciaire : l’affaire AWF.

Autre bonne nouvelle pour Jean-Michel Baylet. Ce n’était pas gagné. Du moins sur le papier. Un mastodonte de l’imprimerie lorgnait le marché. Il s’agit de l’imprimerie Maury SAS. Le groupe Maury édite : Paris Match, Le Point, L’Express, France Football, Madame Figaro, Le Monde, Marianne, Gala, Libération, Télé Z, 20 Minutes, Courrier International…

Un autre concurrent était moins cher et plus respectueux de l’environnement

Un autre concurrent était également sérieux. Il devance l’offre de La Dépêche du Midi sur des points essentiels : le prix et la qualité environnementale. S’agissant du prix, l’offre est 10%… inférieure à celle du groupe La Dépêche du Midi. 10% sur un montant de 4,3 millions d’euros : 430 000 euros d’économies, ce n’est pas rien. Sur le critère environnemental, même chose. Le concurrent de La Dépêche du Midi est le plus compétitif. La commission est claire : « le procédé d’impression (ndlr de La Dépêche du Midi) est moins respectueux par rapport à l’offre » (ndlr du concurrent évincé).

Malgré l’existence d’une offre plus économique et écologique et la candidature d’un poids-lourd de l’imprimerie, c’est le groupe de Jean-Michel Baylet qui a raflé la mise. Une notation a été mise en place par la commission d’appel d’offre. Une notation qui a permis le classement des candidats et la détermination du vainqueur. Le concurrent évincé a été écarté sur une question de délai de livraison. supérieur… de 3 jours à celui de La Dépêche. 

Le groupe La Dépêche du Midi a obtenu 92,20 points sur 100. Le concurrent classé en seconde position décroche un 91 sur 100. 1,20 point d’écart. Un écart à 4 millions d’euros.

Laurent Dubois (@laurentdub)

20 Sep

RSA et dépenses sociales : l’Association des Départements de France dramatise-t-elle ?

Affiche de la campagne lancée par l'ADF

Affiche de la campagne lancée par l’ADF

L’Assemblée des Départements de France désormais dirigée par une majorité de droite emmenée par Dominique Bussereau lance une campagne d’affichage pour dénoncer la montée des charges et la baisse des dotations de l’Etat. L’ADF demande 300 millions d’euros pour « sauver » une quarantaine de départements. Sinon quoi ? « Demain, les départements ne pourront plus payer le RSA », « Demain les départements ne pourront plus assurer les aides à domiciles » assène la campagne d’affichage lancée par l’association. Alors info ou intox ? L’avis de quelques Présidents de Département d’Occitanie.

Pour Philippe Martin, Président du Conseil Départemental du Gers et ancien Ministre de François Hollande, « la ficelle est grosse ». « Je n’oublie pas que c’est en 2004 que Raffarin a transféré le RSA aux Départements. Ce qui aurait dû être pris en charge par la solidarité nationale ». Et le député socialiste de ne pas se rappeler qu’entre 2004 et 2012, les élus de droite aient demandé à l’Etat de reprendre la main. « Sous Sarkozy, une réflexion avait pourtant été lancée quant à une péréquation nationale pour les bénéficiaires du RSA et de l’APA » nuance Jean-Claude Luche. Le président UDI de l’Aveyron pense toutefois lui aussi que le RSA devrait « être recentralisé comme l’APA (Allocation Personnalisée Autonomie)».

Pour le Président socialiste de l’Aude André Viola, « il est tout de même un peu curieux de tout mettre sur le dos du gouvernement actuel ». « La campagne de mobilisation de l’ADF, par son calendrier – à la veille du congrès de l’ADF et à l’orée des primaires pour l’élection présidentielle – mais aussi par son ton et son caractère exagérément anxiogène apparaît clairement comme une démarche politicienne » affirme également Georges Méric, Président Socialiste du Conseil Départemental de Haute-Garonne.

Main tendue ou qui étrangle ?

Le groupe de gauche de l’ADF qui réunit 33 départements, et qu’André Viola préside, poursuit dans un communiqué : « Par posture politique, une majorité de départements de droite a refusé tout compromis. Ils ont ainsi fragilisé l’avenir des départements, préférant laisser perdurer l’injustice, quitte à laisser glisser certains territoires vers la faillite ».

« Manuel Valls est premier à avoir tendu la main aux départements pour entamer des discussions. La majorité de droite de l’ADF et Dominique Bussereau ont dit non » affirme Philippe Martin. « Valls fait des propositions qui ne se traduisent pas dans les faits. Il n’y a pas de traitement de fond. Une enveloppe exceptionnelle devrait être dégagée pour les départements en danger. On a l’impression que le gouvernement veut asphyxier les départements pour les supprimer » rétorque Jean-Claude Luche Président UDI de l’Aveyron.

Effet ciseaux et problème historique

De l’avis de tous pourtant, la situation est effectivement grave. « « Il est clair que l’exercice des Conseils départementaux, comme celui des autres collectivités, est rendu difficile en raison de la baisse des dotations de l’Etat, et du fameux effet ciseaux dû à la forte augmentation des  dépenses sociales » analyse Georges Méric. « Un problème historique depuis que l’on a donné une certaine autonomie aux départements » explique Philippe Martin. Chez lui, dans le Gers, le nombre de personnes de plus de 80 ans est supérieur de 20% à la moyenne nationale, le tout sur des bases fiscales plus faibles. Alors pourquoi pas des dotations au cas par cas en fonction des données démographiques de chaque territoire ?

En Aveyron, on reconnaît que la situation n’est pas extraordinaire mais pas aussi grave que dans les départements qui ont un RSA lourd. « Une quarantaine » selon la direction de l’ADF. A noter toutefois que plus de dix départements à majorité de droite ne se sont pas associés à cette campagne d’affichage. « L’Aveyron s’est associé à la démarche par solidarité » explique Jean-Claude Luche. « J’attends que l’Etat arrête de baisser ses dotations. Dans notre département nous dépensons 70 millions par an pour l’Allocation Personnalisée Autonomie sur 360 millions de budget ».

Le gouvernement, de son côté, devrait faire de nouvelles propositions pour aider les collectivités territoriales, lors du congrès de l’Assemblée des Régions de France le 29 septembre prochain à Reims, comme lors de celui de l’ADF du 5 au 7 octobre à Poitiers. Ce dernier congrès s’annonce chaud, la fracture entre droite et gauche au sein de l’association étant consommée.

Patrick Noviello

Présidentielle : Sylvia Pinel candidate à la primaire de la gauche ?

« Si primaire il y a, il y aura un candidat du Parti radical. Et comme la dernière fois, la légitimité c’est le président ou la présidente du parti« . La phrase est signée Jean-Michel Baylet, membre du gouvernement, invité ce mardi matin des « 4 Vérités » sur France 2.

Sylvia Pinel et Jean-Michel Baylet @Max PPP

Sylvia Pinel et Jean-Michel Baylet @Max PPP

Comprenez : c’est la députée du Tarn-et-Garonne et première vice-présidente de la Région, Sylvia Pinel, qui pourrait donc représenter le PRG, qu’elle préside depuis fin août, à la future primaire de la gauche pour la présidentielle.

« C’est le Parti socialiste qui les organise, a indiqué Jean-Michel Baylet. C’est à eux de décider. Nous les radicaux de gauche y seront tout naturellement, mais moi, mon avis personnel c’est que les primaires, cette fois, ne sont pas forcément le meilleur système si François Hollande est de nouveau candidat »

 
Sylvia Pinel candidate à la primaire ?

En 2011, c’est lui-même, Jean-Michel Baylet, qui s’était présenté à la première primaire qui avait désigné François Hollande : il avait alors recueilli 0,64 %.

Fabrice Valéry (@fabvalery)

 

19 Sep

Des socialistes de Haute-Garonne, dont la députée Lemorton, appellent à soutenir Montebourg

La course à la présidentielle au PS est bien lancée, si toutefois on en doutait. Mais désormais, cela prend aussi tournure localement. En Haute-Garonne, un appel vient d’être lancé par une quarantaine de personnalités socialistes pour soutenir la candidature d’Arnaud Montebourg. On y trouve notamment la députée Cathy Lemorton.

Cathy Lemorton, Aurélie Filipetti et Arnaud Montebourg (photo : MaxPPP)

Cathy Lemorton, Aurélie Filippetti et Arnaud Montebourg (photo : MaxPPP)

Cela n’avait échappé à personne : Cathy Lemorton, députée de la première circonscription de la Haute-Garonne et présidente de la commission des affaires sociales à l’Assemblée, était au premier rang à la fête de Frangy-en-Bresse, fin août, lorsque Arnaud Montebourg a annoncé sa candidature à la présidentielle. Assise juste à droite d’Aurélie Filippetti, la compagne d’Arnaud Montebourg.

Aujourd’hui, la députée Lemorton est parmi les premiers signataires d’un appel à soutenir la candidature de l’ancien ministre du redressement productif. Un appel lancé par une quarantaine de socialistes de la Haute-Garonne.

Des élus de Toulouse en grande majorité

On trouve à ses côtés surtout des élus de Toulouse et de la métropole, les conseillers municipaux de Toulouse François Briançon et Romain Cujives, l’animateur du mouvement des jeunes socialistes Daniel Molina ou encore le conseiller régional et maire de Portet-sur-Garonne Thierry Suaud.

Bon nombre de membres du conseil fédéral du PS 31 sont aussi sur la première liste des signataires. La fédération PS de Haute-Garonne est un savant équilibre entre Aubryistes, Hollandais et autres sensibilités. Le fait que les « Montebourgeois » sortent du bois risque d’accélérer les choses et ne manquera pas de donner du travail au premier secrétaire fédéral Sébastien Vincini, qui, lui, n’a pas encore fait connaître sa préférence, pour maintenir ce périlleux équilibre. Réunis à Colomiers derrière le gouvernement le 29 août dernier, les Hollandais/Vallsistes se font plutôt discret. Quant aux Aubrystes, sans candidat(e), ils attendent sans doute leur journée de réflexion à Paris le 26 novembre (organisée par l’ancien maire de Toulouse Pierre Cohen) pour choisir.

Le Conseil départemental en force

Autres personnalités très entourée de pro-Montebourg : le président du Conseil départemental, Georges Méric. On trouve sur la première liste des signataires de cet appel 6 conseillers départementaux (Anne Boyer, Zohra El Kouacheri, Marie-Claude Farcy, Vincent Gibert, Jean-Louis Llorca, Patrick Pignard) et plusieurs collaborateurs du conseil départemental (Mathieu Sauce, Romain Cujives, Henri Matéos…)

Il y a quelques jours, lors de sa conférence de presse de rentrée, Georges Méric avait surpris tout le monde en lançant qu’il était « contre une candidature Hollande en 2017« . Un premier pas vers un soutien à Montebourg, comme une grande partie de son entourage ?

« Les Français ne croient plus en la politique »

L’appel à soutenir Montebourg évoque des « Françaises et des Français qui ne croient plus en la politique » et une « défiance envers les politiques ne cesse de croître. Nos concitoyen-e-s, épuisé- e-s par la crise et les effets négatifs de la mondialisation, rejettent le message politique. Certain-e-s se réfugient dans le vote populiste, d’autres dans l’abstention ».

« Candidat de propositions innovantes, d’une politique industrielle volontariste, de la réorientation profonde de la politique européenne, poursuivent les signataires, Arnaud Montebourg est aussi celui du retour du volontarisme en politique. Non, tout n’a pas été essayé pour redresser notre pays, pour combattre le chômage, pour réguler la finance ».

Rappelons qu’Arnaud Montebourg n’a toujours pas dit s’il se plierait à la primaire à gauche voulue par le PS.

Fabrice Valéry (@fabvalery)

Reims : un congrès des Régions de France sans Carole Delga

Carole Delga, Présidente PS de la Région Occitanie. Photo MaxPPP

Carole Delga, Présidente PS de la Région Occitanie. Photo MaxPPP

Carole Delga ne se rendra pas à Reims le 29 septembre prochain. Officiellement, elle a prévu d’autres rendez-vous à son agenda ce jour-là. La Présidente Socialiste d’Occitanie va donc rater la première photo de famille. Une famille qui n’est plus aussi unie qu’avant. Terminé en effet le temps où toutes les régions de France sauf une, l’Alsace, étaient détenues par la gauche. C’est d’ailleurs aujourd’hui Philippe Richert qui préside l’Assemblée des Régions de France, tout un symbole. Et pour couronner le tout, le premier congrès nouvelle version se tiendra dans le Grand-est qu’il préside désormais.

Fracture Droite/Gauche

Officiellement, les sujets qui fâchent, migrants et Taxe Spéciale d’Equipement Régionale, ne figurent pas au programme de la plénière et autres ateliers. Mais ils feront sans doute beaucoup parler dans les réunions et discussions informelles du congrès. A travers ces deux dossiers, se révèle la fracture ouverte entre Présidents de Droite et Présidents de Gauche. Les premiers refusent catégoriquement  de participer à l’accueil des migrants de la jungle de Calais, les seconds s’y engagent. Les premiers ont dit non à la nouvelle taxe, les seconds, sans la défendre trop fort, l’attendaient pour renforcer leurs budgets.

Des annonces de Valls

Manuel Valls devrait rencontrer Philippe Richert ce mercredi à Matignon pour reparler de cette taxe mais pas seulement. Le Premier Ministre sera un des deux invités d’honneur du Congrès avec Gérard Larcher, le Président du Sénat. Il devrait y faire des annonces. Carole Delga ne sera pas là pour les entendre. Mais nul doute que l’ancienne secrétaire d’Etat en aura été informée au préalable.

Patrick Noviello