06 Sep

Cachez ces drapeaux occitans et catalans qui peuvent exciter les tensions régionalistes

Mardi 6 septembre, la ministre de l’Education Nationale est en visite à Toulouse, dans les locaux du lycée Pierre de Fermat. Le déplacement débute par une rencontre avec des élèves. Vers 11 heures, un discours est prévu. Il doit se tenir dans une cour intérieure. Un pupitre est dressé et, au second plan, les drapeaux français et européen servent de décor. En réalité, ce ne sont pas deux mais quatre drapeaux qui devaient figurer dans le tableau. A coté de l’emblème national et de la bannière européenne devait figurer les étendards catalans et occitans.

Deux des 4 drapeaux derrière le pupitre de la ministre ont été retirés. (Crédit photo : L. Dubois / France 3)

Deux des 4 drapeaux derrière le pupitre de la ministre ont été retirés. (Crédit photo : L. Dubois / France 3)

Ils ont été retirés, à la dernière minute, par le service du protocole du Conseil Régional. Les drapeaux catalans et occitans ont été exfiltrés et placés dans un véhicule administratif de la Région. Un véhicule garé devant le bâtiment du Lycée Fermat, derrière une palissade de chantier. L’explication de cette exfiltration ? Elle a été donnée, à haute voix, par l’agent du protocole qui s’est livré à l’opération. Avant de placer les drapeaux dans le véhicule administratif, il a lancé à des collègues placés à proximité du véhicule : « il ne faut pas irriter les Montpelliérains !« .

Les drapeaux exfiltrés ont été placés dans une voiture

Les drapeaux exfiltrés ont été placés dans une voiture

Drôle d’explication pour une situation cocasse. Un agent du protocole qui se faufile (drapeaux sous les bras) au milieu des véhicules officiels, ce n’est pas banal. A quelques minutes d’un discours ministériel, la scène sent l’improvisation et le flottement dans l’organisation. Mais la raison de l’opération est également « saugrenue » : « ne pas agacer les Montpelliérains« .

Ne pas exciter les catalans, cela se comprend. Les Pyrénées-Orientales ne digèrent toujours pas le choix du nom Occitanie. Une manifestation est prévue ce samedi. Un membre du gouvernement, originaire de Perpignan, Ségolène Neuville, est montée au créneau (médiatique) pour demander à la présidente de Région de revenir en arrière. Coté Catalans, il ne manque pas de contestataires. En revanche, les Montpelliérains ?

Une explication est plausible. Il s’agit bien des Montpelliérains. Mais des Montpelliérains…du staff de la présidente de Région. Le directeur de cabinet de Carole Delga est originaire de la préfecture de l’Hérault. Laurent Blondiau sait parfaitement qu’il ne faut pas titiller les susceptibilités régionalistes. Il a connu la fronde des Catalans aux côtés de Georges Frêche lorsque l’ancien président de Région a voulu rebaptiser sa région Septimanie.

Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, Laurent Blondiau  déclare : « C’est le protocole républicain, quand l’Etat parle, c’est le drapeau français et le drapeau européen. En revanche, sur nos sites et nos bâtiments, ce sont les quatre drapeaux. Y compris le drapeau catalan« .

Un haut fonctionnaire est plus nuancé : « Il n’existe d’éléments juridiques que sur le pavoisement des bâtiments. Rien sur les discours. C’est une affaire de pratique. Il faut néanmoins que le drapeau français soit au centre et le drapeau européen à sa droite »

Laurent Dubois (@laurentdub)

05 Sep

Sylvia Pinel, nouvelle présidente du PRG : rupture ou continuité ?

Une élection sans surprise. Mais un scénario inédit. Samedi 3 septembre, lors d’un congrès à La Rochelle, Sylvia Pinel a été élue à la tête du PRG. L’ancienne ministre succède à Jean-Michel Baylet. Une succession préparée de longue date. En revanche, cette passation (programmée) de relais ne prévoyait pas un duel avec un concurrent. Le challenger, Guilhem Porcheron, est parvenu à décrocher 34,5% des voix. Dans le camp du vainqueur, comme dans celui du vaincu, on salue la bonne tenue de la compétition et un esprit fair-play. Malgré un peu de tension, tous les acteurs s’accordent à dresser un bilan positif. Récit.

Sylvia Pinel et Jean-Michel Baylet @Max PPP

Sylvia Pinel et Jean-Michel Baylet @Max PPP

Samedi 4 septembre, La Rochelle. Le parti socialiste a déserté une préfecture des Charentes-Maritimes qui habituellement héberge l’Université d’été du PS. Mais, pour la saison 2016, ce sont les radicaux de gauche qui ont pris la place. Pendant trois jours, du vendredi 2 septembre  au dimanche 4 septembre, environ 500 radicaux de gauche se sont réunis au Palais des Congrès, salle de l’Encan. Le programme prévoyait une séance de formation pour les élus (sur la transition énergétique) et  trois ateliers (l’Europe, Valeurs Républicaines, Ecologie et développement économique). Mais le moment phare a été l’élection à la présidence du parti.

Dans cette compétition, la présidente par intérim n’avait pas simplement une longueur d’avance sur son (seul et unique) concurrent. Sylvia Pinel disposait d’une carte maîtresse. Elle bénéficiait du soutien de Jean-Michel Baylet. Pendant 20 ans, le ministre de l’Aménagement du Territoire a régné sur le parti radical de gauche. Il a annoncé, à différentes reprises, l’entrée en politique de son fils, Jean-Benoit. Une entrée qui aurait pu aboutir sur une présidence du PRG. Néanmoins (malgré une absence de transmission père-fils) la présidence du PRG reste tout de même dans la « famille ». Sylvia Pinel était une candidate « naturelle » et sa désignation n’est absolument pas étonnante.

Une élection incontestée malgré la tension

La  seule surprise vient de l’éruption d’un trublion. La candidature inattendue de Guilhem Porcheron a secoué le cocotier. Une secousse toute relative. Mais réelle. Guilhem Porcheron ne faisait pas le poids face au rouleau compresseur Baylet-Pinel. Mais, selon plusieurs sources, la piqûre de « moustique » a agacé Jean-Michel Baylet. Lors du vote, l’agacement s’est transformé en nervosité. D’après un délégué présent à La Rochelle, ce sont les fédérations du Tarn et surtout du Tarn-et-Garonne (la plus importante avec 59 délégués) qui ont fait penché la balance du côté de Sylvia Pinel. Au moment du dépouillement, un certain suspens aurait plané. Au point de troubler les nerfs de Jean-Michel Baylet et de susciter un petit incident entre le ministre et un journaliste.

Selon un proche de Guilhem Porcheron, la candidature du challenger a mobilisé le camp Baylet-Pinel. Les statuts du PRG permettent des votes par procuration. Et l’afflux de procurations s’expliquerait par une mobilisation des soutiens de Sylvia Pinel. Nombreux appels téléphoniques. Appel au vote.

Malgré ces crispations et une certaine tension (lors du dépouillement ou avant le vote), les deux parties en présence dressent un tableau positif. Un parlementaire PRG parle d’un « bon Congrès » et « d’une ambiance agréable« . Du côté du perdant, même tonalité. Comme le précise Guilhem Porcheron, « l’ambiance était très agréable. Les gens étaient là pour voter« . Des doutes sur la sincérité du scrutin ? Des bourrages d’urnes ou des choses suspectes ? Guilhem Porcheron balaye le moindre doute : « L’élection a été parfaite. Il n’y a vraiment rien à dire. Ils n’ont pas tricher. Ils ont récupéré de beaucoup de procurations. C’est normal. Ils ont simplement fait le boulot. Ils disposaient des fichiers militants et pas moi ».

Sylvia Pinel : rupture ou continuité avec la présidence Baylet ?

Un participant au Congrès regrette que le candidat malheureux n’est pas pu prendre la parole pour remercier ses électeurs. Mais, Guilhem Porcheron préfère saluer l’élection de la nouvelle présidente : « Je pense que c’est quelqu’un de bien et avec qui je peux parfaitement travailler en bonne intelligence et dans une parfaite entente« .

Pour l’ex-concurrent l’objectif est clair. Il s’agit de transformer son capital électoral en une place dans l’organigramme. Guilhem Porcheron espère que son score va déboucher sur un poste de vice-président. Son intégration dans le staff aura valeur de test. Sylvia Pinel va-t-elle s’inscrire dans la continuité de Jean-Michel Baylet ou assumer une certaine rupture ? La nouvelle présidente du PRG n’est pas complètement neuve. Elle assure l’intérim depuis l’entrée de Jean-Michel Baylet au gouvernement. Dans cette phase intermédiaire, les équipes issues de l’époque Baylet sont restées en place. Le premier test va-être de voir si la présidente du PRG va imprimer sa marque en faisant son propre casting. Sylvia Pinel va-t-elle tendre la main à son ancien adversaire ?

Le second test sera beaucoup plus politique et peut même devenir polémique. En novembre prochain, le PRG va devoir se prononcer sur sa ligne par rapport à la présidentielle de 2017. Parmi les 35% d’électeurs de Guilhem Porcheron, on trouve des délégués qui plaident pour une autonomie par rapport au PS. L’adversaire de Sylvia Pinel a même fait campagne pour un candidat PRG face au candidat PS en 2017. Cette ligne politique va-t-elle se dissoudre dans la désignation de Sylvia Pinel ? La nouvelle présidente du PRG va-t-elle entendre une partie des voies de son parti ?

Après le Congrès consacrant son élection, Sylvia Pinel a partagé un plateau de fruits de mer avec Jean-Michel Baylet. Cet épisode gastronomique rappelle une évidence. Une élection marque un nouveau début mais pas forcemment une fin. Le vieux compagnonnage entre Sylvia Pinel et Jean-Michel Baylet est loin d’être terminé. Selon une source proche du ministre, Jean-Michel Baylet pense que la présidentielle de 2017 va laminer le PS et conduire à une recomposition de la gauche. Une recomposition dans laquelle Jean-Michel Baylet se voit jouer un rôle aux côtés de Manuel Valls.

Sylvia Pinel ne pourra pas ignorer ce positionnement.

Laurent Dubois (@laurentdub)

01 Sep

Nicolas Sarkozy aura aussi un comité de soutien à Toulouse

Nicolas Sarkozy ©MaxPPP

Nicolas Sarkozy
©MaxPPP

Tout juste déclaré officiellement candidat à la primaire des Républicains et du centre, Nicolas Sarkozy aura droit à son comité de soutien toulousain.

Nicolas Sarkozy pourra désormais compter sur des partisans en Haute-Garonne. Il sera lancé officiellement ce lundi 5 septembre et c’est Maxime Boyer, le conseiller municipal délégué à la mairie de Toulouse qui devrait le présider. Fervent sarkozyste, Maxime Boyer rejoint ainsi les partisans déclarés de l’ancien président, Laurence Arribagé, adjointe au maire de Toulouse et Michel Ajoulat, premier adjoint au maire de Cugnaux et premier vice-président de Toulouse Métropole.

Du côté des autres candidats, Alain Juppé peut compter sur Pierre Espuglas-Labatut, adjoint au maire de Toulouse et conseiller métropolitain à Toulouse Métropole et Alain Chatillon, maire de Revel et sénateur de Haute-Garonne. François Fillon a lui aussi des relais en Haute-Garonne et a lancé en juillet son mouvement Force républicaine en Haute-Garonne avec à sa tête, Jean-Marie Belin, ancien journaliste.

Yann Lagarde

Carole Delga démissionne de la mairie de Martres-Tolosane

La présidente de Région conserve son siège de députée du Comminges. Mais elle quitte le conseil municipal d’une commune qui est son berceau politique et dont elle fut maire jusqu’en 2014.

Cette décision résulte d’une application du code électoral. La loi prévoit qu’un(e) parlementaire ne peut siéger que dans une seule assemblée locale. L’Assemblée ou le conseil régional. Députée ou la mairie de Martres-Tolosane (Haute-Garonne). Il fallait choisir. Carole Delga choisit l’Assemblée et le conseil régional. 

©PHOTOPQR/LE MIDI LIBRE ; PHOTOPQR/MIDI LIBRE/MICHAEL ESDOURRUBAILH/ HERAULT MONTPELLIER LE CORUM PREMIERE SEANCE PLENIERE DU CONSEIL REGIONAL CAROLE DELGA (MaxPPP TagID: maxnewsworldfour004635.jpg) [Photo via MaxPPP]

Carole Delga (Crédit photo : MaxPPP)

C’est le premier mandat obtenu par Carole Delga (2008) et c’est le premier mandat dont se démet la présidente de Région. Suite aux régionales de 2017, la présidente de Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées a affirmé sa volonté de conserver son siège à l’Assemblée Nationale. Mais le compte à rebours est lancé. L’entrée en vigueur d’une loi anti-cumul (votée au début du quinquennat de François Hollande) doit conduire Carole Delga a quitté le Palais Bourbon. Elle ne se représentera pas aux législatives 2017.

Après Martres-Tolosane, c’est au tour de la 8ème circonscription d’être sur le billot. La succession se prépare. Et, selon nos informations, c’est le suppléant de Carole Delga, Joël Aviragnet qui tient la corde au sein du PS. 

Dans un courrier en date du 30 août, Carole Delga s’adresse à ses anciens administrés et écrit : « je continuerai, de manière indéfectible, à travailler pour Martes à vous apporter les meilleures conditions de vie au travers de mes mandats et de mon engament associatif communal« .

Un des opposants local de Carole Delga (récemment investi par l’UDI pour les législatives de 2017), Jean-Luc Rivière critique le choix de la présidente de Région : « Carole Delga a abandonné Martes en privilégiant le poste de député où elle ne siège pas à l’ancrage local. Bref l’argent et les indemnités parlementaires plutôt que le local ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

Par sms, le PS menace d’exclusion les soutiens d’Emmanuel Macron

Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du parti socialiste ©MaxPPP

Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du parti socialiste
©MaxPPP

Un coup de sang, c’est simple comme un SMS. Le Lab d’Europe 1 a récupéré, dans ses filets, des textos furibards de Jean-Christophe Cambadelis au sujet de la démission d’Emmanuel Macron.

Le 1er secrétaire du PS fustige violemment le départ du gouvernement de l’ancien ministre de l’Economie. Mais il joint les actes à la parole en lançant un avertissement aux « macroniens » en puissance. Attention. La jurisprudence Iborra existe et elle s’applique.

Un soutien envers le « félon » Macron et c’est l’ascenseur pour l’échafaud. Une exclusion va tomber. Les traîtres en puissance sont prévenus. A quelques semaines des investitures pour les législatives, la menace a de quoi faire réfléchir les têtes brûlées et de quoi faire trembler les jambes des députés sortants.

Mais l’affaire ne s’arrête pas là. La colère est un sentiment contagieux. La hargne de Jean-Christophe Cambadélis suscite la grogne dans l’entourage du maire de Montpellier.

Monique Iborra a été exclue en raison de son soutien à la candidature de Philippe Saurel lors des précédentes régionales. Mais, chez les « saureliens », on insiste sur un point : « Philippe Saurel a été au parti socialiste alors que Macron n’a jamais été membre du parti. Ce n’est pas pareil de soutenir un ancien socialiste et en plus Philippe Saurel est un proche de Manuel Valls ».

Laurent Dubois (@laurentdub)