A chacun ses tensions. A droite, les relations entre l’UDI et Dominique Reynié sont orageuses depuis la violation des accords entre Républicains et Centristes. A gauche, l’atmosphère entre « partenaires » est également électrique. Gérard Onesta « sulfate » publiquement le PS. Raison de la discorde : une accusation de téléguidage d’une liste-torpille. A l’occasion d’un meeting à Montpellier, le ton monte d’un cran. Le leader de « Nouveau Monde » attaque frontalement la liste Cavard. Une liste qu’il accuse d’être instrumentalisée par le PS et dénonce la présence d’une ancienne candidate du Front National.
Jeudi 12 novembre, le PS de Haute-Garonne adresse un rappel à l’ordre à Gérard Gnesta dans un communique de presse :
« Nous appelons Gérard Onesta à faire preuve de mesure dans ses propos. Ces méthodes, d’un autre temps, sont à l’opposé de notre conception du combat politique ».
Cette réaction (cinglante) fait suite à une interview dans laquelle Gérard Onesta déclare que « Carole Delga ne sera pas présidente de Région ». Ce n’est pas la première fois que le leader de « Nouveau Monde » décoche cette flèche « empoisonnée ». Depuis plusieurs jours, Gérard Onesta accuse le PS d’avoir monter une « vraie-fausse » liste pour fragiliser le vote « écolo-citoyen ». Une liste « drivée » par le député du Gard ex-EELV, Christophe Cavard. Gérard Onesta a interpellé plusieurs fois Carole Delga à ce sujet. Au téléphone mais également en tête-à-tête. Malgré des piques publiques, le contact n’est pas rompu.
Mardi 10 novembre, après un débat organisé par la Jeune Chambre Economique de Toulouse, la candidate socialiste et l’élu Vert ont abordé la polémique qui fâche et qui fait tâche.Le 3 novembre dernier, à l’occasion de sa dernière Assemblée Plénière, Martin Malvy a joué les conciliateurs. Le président de Midi-Pyrénées a essayé de convaincre Gérard Onesta de la bonne foi de Carole Delga. Martin Malvy a martelé que Carole Delga ne cautionne aucune basse manœuvre.
Malgré ces approches « diplomatiques », Gérard Onesta ne décolère pas. Le contact n’est pas rompu avec Carole Delga. Mais il reste persuadé que le patron des élections au PS, Christophe Borgel, tire des grosses ficelles. Le député de Haute-Garonne rembourserait le service rendu en assurant en 2017 une circonscription au député du Gard, Christophe Cavard.
Dans l’entourage de Gérard Onesta, la ligne est tranchante :
« La liste Cavard vise uniquement à nous faire perdre des points. On va les récupérer sur la bête et taper sur le PS ».
Lors de son meeting à Montpellier, jeudi 12 novembre, Gérard Onesta continue sa « guérilla ». Mais il ne vise plus directement le parti socialiste. Il cible l’objet du « délit » : la liste Cavard. A la tribune, Gérard Onesta a révélé qu’une des candidates de Christophe Cavard (numéro 2 dans les Pyrénées-Orientales) est une ancienne candidate du Front National.
Le site du ministère de l’Intérieur conserve effectivement la trace d’une candidature de Dominique Gazo sous l’étiquette « Canet Bleue Marine » aux élections municipales de 2014.
Du côté du Front National, on confirme que la colistière de Christophe Cavard « est bien passée par les rangs du FN ». Après, d’ailleurs, un passage au PS et une candidature aux cantonales sous Christian Bourquin, l’ancien président de Région.
Contacté par téléphone, Louis Aliot déclare :
« Elle a été virée car elle tenait des propos vraiment borderline ».
Infréquentable au Front National, Dominique Gazo a donc trouvé refuge sur la liste « Bien Commun » de Christophe Cavard. Les révélations de Gérard Onesta tombent au moment ou Manuel Valls plaide pour une fusion des listes LR et PS en cas de péril FN. Mais, malgré ce contexte sensible, il n’est pas évident que le « déballage » public du leader de « Nouveau Monde » déclenche une tempête politique et conduise à une « disparition » de la liste Carvard.
D’ailleurs, une « rétractation » constituerait un aveu public. L’aveu que la liste Cavard est à la solde du PS. Concrètement, Gérard Onesta peut juste obtenir une déstabilisation de la liste Cavard. Des colistiers de « Bien Commun » risquent d’être troublés et de demander des comptes.
En revanche, le geste accusateur de Gérard Onesta, en plein meeting, démontre une détermination totale.
Des accusations publiques, on passe à la guerre ouverte.
Une guerre éclair puisque Gérard Onesta annonce la fin des hostilités. Il estime avoir tout dit. Le leader de Nouveau Monde ne veut pas en rajouter.
Du côté de Christophe Cavard, la réplique n’a pas tardé. Dans un communiqué de presse, il lance la contre-offensive.
Gérard Gnesta a dépassé toutes les limites. Soit l manque totalement de sang-froid, et se réfugie dans une agressivité inquiétante pour la suite, soit il a délibérément adopté une stratégie du mensonge et de la diffamation et il sombre dans les méthodes des démagogues et des populistes qu’il prétend combattre. Cette diffamation permanente doit cesser !
Laurent Dubois