Le poids des mots et le choc d’une photo. Jean-Claude Martinez déclare à l’AFP que sa liste pour les Régionales, « Force France Sud » n’est « pas d’extrême-droite ». A moins de considérer que les nostalgiques du IIIème Reich sont de gauche, Jean-Claude Martinez a un problème de cohérence entre ses paroles et la composition de sa liste.
En effet, un de ses colistiers en Haute-Garonne, Frank Pech fréquente le milieu néo-nazi. Pour preuve, une photo prise (le 5 mai 2012) dans un « haut lieu » de l’extrême-droite toulousaine : une auberge toulousaine dont le nom fleure bon la culture germanique et où celui qui figure en 20ème place sur la liste haut-garonnaise est bien entouré.
Autour de la table, on trouve deux figures nationales de l’extrême droite française : Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac.
Ce dernier, originaire de Rhône-Alpes, est un ancien membre du Front National. Il a été exclu suite à la diffusion d’une photo le montrant en train de faire le salut nazi. L’affaire a fait la Une des médias.
Sa présence à Toulouse en mai 2012 est « normale ». La photo que s’est procurée France 3 immortalise une réunion entre le mouvement que présidait à l’époque, Alexandre Gabriac (Jeunesses Nationalistes) et une autre mouvance (Œuvre Française) dont le leader est également autour de la table, Yvan Benedetti.
Depuis la prise du cliché (sur lequel on retrouve les « bons » vieux symboles de l’extrême droite : croix celtique et polos Fred Perry), le mouvement d’Alexandre Gabriac a été dissous par le ministère de l’Intérieur. Le 5 juin 2013, un militant d’extrême-gauche, Clément Méric, est tué lors d’une rixe avec un groupuscule de nationalistes.
Suite à cet épisode sanglant (qui a secoué toute la France), Manuel Valls décide de dissoudre « Jeunesses Nationalistes ». A la sortie du conseil des ministres, il justifie sa décision : « Jeunesses Nationalistes propage la haine et la violence et rend hommage à des Waffen SS et à des miliciens ».
Le co-listier de Jean-Claude Martinez ne fréquente pas vraiment des « boys scouts ».
Alexandre Gabriac et Yvan Benedetti sont les plus connus. Alexandre Gabriac est même une vraie « vedette » médiatique. Plusieurs chaines de télévisions lui ont consacrés différents reportages. En mars 2015, une condamnation à de la prison ferme a, d’ailleurs, de nouveau braqué les projecteurs sur Alexandre Gabriac. Mais, lors de la réunion de mai 2012, on trouve également des « célébrités » locales.
Pierre-Marie Bonneau est un avocat toulousain bien connu. Surnommé « Pilou », d’après un de ses amis, il lui arrive d’agrémenter ses dîners avec des discours d’Hitler. Dans sa jeunesse, des bruits insistants (alimentés par l’intéressé lui-même) circulaient, à la Faculté de droit, sur ses accointances pour l’extrême-droite. Depuis son inscription au barreau, il lui arrive « seulement » de défiler à Paris derrière la banderole des « Jeunesses Nationalistes ».
Un autre convive a du faire de la route avant de rejoindre le colistier de Jean-Claude Martinez et ses camarades.
Mazamétain d’origine, membre du Bloc Identitaire, Aurélien Rouanet est une jeune « ordinaire ». Il a un compte Facebook. Un compte sur lequel il affiche son goût pour la Croix de Fer (une médaille militaire allemande) et défend la race aryenne.
Jean-Claude Martinez n’est pas responsable des fréquentations de son colistier. Mais il peut difficilement plaider l’ignorance. Franck Pech ne vient pas de nulle part. Comme Jean-Claude Martinez, il a adhéré, après avoir quitter le FN, au parti de Carl Lang : le Parti de France.
De plus, le fait d’intégrer sur des listes électorales une personne n’est pas neutre. C’est un véritable choix politique. Un co-listier n’est pas une personne croisée dans le bus. La tête de liste est censée connaître ses recrues.
Pour expliquer le décalage (flagrant) entre le discours et les actes de Jean-Claude Martinez, il reste une piste. Visiblement, pour le candidat aux Régionales, l’extrême-droite débute à la droite des «néo-nazis».
Laurent Dubois
Mise à jour du 13 novembre – A la suite de la parution de cet article Franck Pech nous a fait parvenir un message où il indique : « Je ne suis pas néo-nazi (…) J’ai effectivement participé à un repas, suite à l’invitation de mon avocat Maître Pierre-Marie Bonneau. J’ai été pris en photo à mon insu et cette exploitation est déplorable d’autant que les membres de ma famille ont payé un lourd tribut à la défense de la France en 14-18, 39-45 et en Indochine. Donc ne me traitez pas de néo-nazi ».
Nous précisons que M. Pech n’a pas été « traité » de néo-nazi par cet article mais que, comme les lecteurs s’en sont aperçus, nous avons simplement montré que ce colistier de Jean-Claude Martinez avait des « fréquentations néo-nazies ». Ce que nous maintenons.