Le feuilleton n’en finit pas. Depuis le jeudi 5 novembre, Dominique Reynié est sur le devant de la scène politico-médiatique. Chaque journée qui passe apporte son lot de rebondissement au sujet de son « coup de force » sur la composition de sa liste pour les Régionales. Après 6 jours de péripéties un nouvel épisode va se dérouler mardi 10 novembre. Le bureau exécutif de l’UDI doit se pencher sur le cas de Dominique Reynié. Des mesures de « représailles » sont à l’ordre du jour. Après l’hypothèse d’un éventuel retrait de l’investiture, on se dirige vers un retrait du logo UDI. D’après une source centriste, 80% des membres du « burex » sont favorables à cette sanction.
Samedi 7 novembre, la presse nationale a répercuté le « recadrage » de Nicolas Sarkozy en plein Conseil National des Républicains. Deux jours plus tard, lundi 9 novembre, France Info évoque des possibles sanctions, après les élections, contre le trublion Reynié. Demain, mardi 10 novembre, c’est au tour de Jean-Christophe Lagarde et des instances nationales de l’UDI de réagir.
Le bureau exécutif de l’UDI va se réunir à partir de 12 heures 30. L’ordre du jour ne mentionne pas expressément le cas de Dominique Reynié. Mais il va être évoqué lors de la séquence dédiée aux élections régionales.
Depuis la découverte d’une modification unilatérale des listes départementales dans l’Hérault, Jean-Christophe Lagarde ne décolère pas. Un de ses plus proches soutiens, Joseph Francis, a été rétrogradé et un membre de l’UDI 34, Olivier Oddi, a été carrément débarqué. Une « place 13 UDI » s’est transformée en Modem. Sans parler d’une 8ème position qui était réservé à l’UDI et qui est repoussée à la 12ème place.
Bref, Dominique Reynié ne respecte pas les accords signés entre Jean-Christophe Lagarde et Nicolas Sarkozy. Le président de l’UDI ne veut pas laisser passer cet affront. Lundi 9 novembre, en fin d’après-midi, l’hypothèse d’un retrait de l’investiture UDI circule. Dans les rangs centristes, la publication d’un communiqué de presse allant dans ce sens est évoqué.
Ce scénario laisse sceptique.
Dominique Reynié a déposé ses listes en préfectures. Les candidats UDI sont dessus. Le guichet préfectoral est fermé depuis le lundi 9 novembre midi. Impossible de retirer des candidats qui, de toute manière, n’auraient pas forcément envi de quitter le navire.
En revanche, le retrait du logo UDI est plus réaliste. Cette solution est prévue pour le Morbihan. Une autre région dans laquelle les accords électoraux ne sont pas respectés.
D’ailleurs, dans l’Aude, le président départemental de l’UDI prépare une action en justice qui vise à retirer le logo UDI à Dominique Reynié. Jean-Christophe Lagarde n’a pas décroché son téléphone pour dissuader son responsable départemental. Le risque d’une démission de plusieurs membres du bureau de l’UDI11 (9 sur 14) a peut-être pesé dans la balance. Mais le soutien (implicite) de Jean-Christophe Lagarde peut s’expliquer autrement : l’initiative audoise anticipe ce qui va se produire au niveau national.
Un retrait du logo aurait des conséquences pratiques. Dominique Reynié n’utilise pas de logo de partis sur son journal de campagne. Des militants regrettent d’ailleurs cet « oubli ». En revanche, sur des affiches électorales, le sigle de l’UDI apparaît effectivement. Même chose sur le site du candidat.
Un retrait aurait un triple impact.
Financier. Du matériel de campagne siglé « UDI » risque de finir au panier. Cela peut occasionner des frais d’imprimeries supplémentaires. Le budget de campagne de Dominique Reynié est très serré et la tête de liste régionale veille sur le moindre euro. La sanction de l’UDI peut lui coûter de l’argent. La décision de Jean-Christophe Lagarde risque de devenir une sorte d’amende.
Politique. Le politologue a pris sa carte « Les Républicains » après son investiture. La perte du label UDI le renvoie à une seule chapelle. La perte du logo UDI contredit l’image d’ouverture et d’homme au dessus des partis que veut renvoyer Dominique Reynié.
Electoral. Depuis la fin octobre et une polémique autour de son éligibilité, Dominique Reynié est plongé dans une série noire. A moins d’un mois du scrutin, la décision de l’UDI ferait tanguer à nouveau la galère.
A l’annonce d’une prochaine et possible sanction de la part de l’UDI, un élu Républicain a eu un cri du cœur : « ils ont plus de c…que nous. Les centristes ne se laissent pas faire ». La confirmation d’un « simple » retrait du logo UDI risque de refroidir ce membre de LR.
La perte d’un logo est évidemment moins forte et spectaculaire que le retrait d’une investiture. Mais c’est loin d’être anecdotique.
Laurent Dubois