Michel Pélieu refuse de plier. Il tord le cou à la réforme territoriale. Le président du Conseil Général des Hautes-Pyrénées est loin d’être isolé. Mercredi matin, soixante patrons de départements ont manifesté leur hostilité. Un jour après, jeudi soir, c’est autour des sénateurs de dégainer. Une « torpille » procédurale envoie le projet de loi au Conseil Constitutionnel et faire prendre l’eau au calendrier gouvernemental. La réforme est retirée de l’ordre du jour. La discussion parlementaire suspend son (en)vol pendant une semaine. Ces tirs d’artilleries ne gênent pas Michel Pélieu. Au contraire. L’élu PRG tire à boulet rouge. Il parle même d’une explosion, en forme de reculade, de la réforme.
Michel Pélieu. Président PRG du CG65. Photo : LDubois/France3MidiPy
-Un qualificatif pour la réforme défendue par François Hollande ?
-Michel Pélieu. Une mauvaise réforme. Ce n’est pas le moment de faire des grandes réformes. Dans le contexte économique et social, il y a d’autres priorités. En plus cela retarde la signature des contrats de plan Etat-Régions. 2014 devient une année blanche.
-Le projet gouvernemental prévoit une fusion Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon. D’après vous, c’est une bonne ou une mauvaise idée ?
-Michel Pélieu. Je suis pour une grande région Sud qui épouse toute la chaine des Pyrénées. Ce n’est pas le choix qui a été fait. Je le regrette. Les Hautes-Pyrénées sont davantage tournées vers l’Aquitaine.
-Les défenseurs d’une fusion des régions invoquent l’argument de la taille. Des régions plus grandes se sont des régions plus puissantes. Vous partagez ce point de vue ?
–Michel Pélieu. On nous propose des espaces immenses. Comment les administrés vont s’y retrouver ? Qui va s’occuper des routes départementales. Ce n’est pas de Toulouse qu’on peut le faire. Tout cela ne peut être réglé que par de la proximité et de la réactivité. Il faut un intermédiaire et c’est le conseil général.
-D’après vous la création d’une grande région n’est donc pas synonyme de plus d’efficacité.
-Michel Pélieu. Une grande région ne pourra pas s’occuper en même temps de Tarbes, Rodez, Castres et être partout. Que vont devenir tous les projets économiques soutenus dans ces villes par les départements ? Le conseil général des Hautes-Pyrénées soutient financièrement l’aéroport Tarbes-Lourdes. C’est la mort programmée de l’aéroport.
-D’après vous ce qui condamne la réforme territoriale c’est sa finalité : la suppression à terme des départements. C’est bien cela ?
-Michel Pélieu. On ne pas laisser passer cette réforme. C’est la mort du secteur rural. Dans les cantons on nous dit que l’on a besoin de nous. Tous les jours nous contribuons à accompagner les communes. Ce n’est pas l’intercommunalité qui va régler les choses. Dans les petits villages les conseillers généraux se dévouent constamment. Pourquoi les supprimer ? On peut démontrer que les conseils généraux ont été utiles dans la gestion des routes et des collèges, par exemples. Les départements ont un niveau d’endettement raisonnable. De plus, c’est une courroie de transmission avec la région. On nous parle du millefeuille. Il est dans l’encombrement administratif. On propose un démentelement qui va créer de nouvelles difficultés. Tout ça est fait à marche forcée. On ne peut pas, avec une telle brutalité, imposer une réforme. Ce n’est pas acceptable
-Votre parti, le PRG, refuse de voter la réforme. Pensez-vous que François Hollande va devoir renoncer ?
-Michel Pélieu. A mon avis la réforme ne devrait pas passer. J’imagine pas qu’il existe une majorité pour la voter. Ca va finir par une reculade et le Pouvoir va continuer à se discrédité. Ils n’ont pas le feeling de sentir qu’ils vont contre le mur.
Propos recueillis par Laurent Dubois