07 Juin

B. Micouleau : « je suis candidate pour porter la voix des toulousains au Sénat »

1983-2014. Depuis plus de trente ans, Brigitte Micouleau arpente la vie municipale. Simple militante, maire de quartier et actuellement adjointe de Jean-Luc Moudenc, l’élue de la ville Rose a connu les mandats de Dominique Baudis et Philippe Douste-Blazy. Pour « Midi-Pyrénées Politiques » Brigitte Micouleau précise les grandes lignes de sa délégation consacrée aux séniors. Elle évoque également sa candidature aux sénatoriales de septembre prochain.

Brigitte Micouleau. Adjointe au maire de Jean-Luc Moudenc. Photo : L.Dubois/France3MidiPyrénées

Brigitte Micouleau. Maire-adjointe de Toulouse Photo : L.Dubois/France3MidiPyrénées

-Quelle va être votre politique à destination des séniors ?

Brigitte Micouleau. C’est la simple application du programme de Jean-Luc Moudenc. Le maire a promis le maintien de la gratuité des transports. Je vais travailler ce dossier. De même, Jean-Luc Moudenc, pendant la campagne, a promis la création de restaurants seniors dans de nombreux quartiers et la création de maisons de retraites ou autres dans les quartiers toulousains en partenariat avec le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale). Je vais m’atteler à ce chantier essentiel car il permet de maintenir la proximité entre les familles. Les enfants pourront voir plus facilement leurs parents et grands-parents s’ils restent dans le même quartier.

La nouvelle municipalité renonce à certains projets et annonce des arbitrages en raison de difficultés financières. Le domaine des séniors va-t-il subir des coupes budgétaires ?

-Brigitte Micouleau. Nous sommes tous obligés de faire des efforts et des économies.

Vous avez six ans pour vous occuper des séniors. Mais, avant la fin de ce mandat, il y a un rendez-vous électoral : les sénatoriales. Serez-vous candidate en septembre prochain ?

-Brigitte Micouleau. Je suis candidate à la candidature pour représenter Toulouse au Sénat. Avec Laurence Arribagé (nouvelle députée de la 3eme circonscription et adjointe de Jean-Luc Moudenc) à l’Assemblée Nationale et éventuellement moi au Sénat il s’agit de porter la voix des toulousains à Paris. L’investiture n’est pas encore donnée. Elle devrait intervenir au courant du mois de juin. Je reste très prudente. Je serai ravi de pouvoir être sur la liste d’Alain Chatillon (maire de Revel et actuel sénateur de la Haute-Garonne).

Propos recueillis par Laurent Dubois

05 Juin

Jean-Pierre Bel sur la réforme territoriale : « On a simplifié »

AFP PHOTO / PATRICK KOVARIK

AFP PHOTO / PATRICK KOVARIK

Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon, est-ce le bon mariage selon vous ?

Jean-Pierre Bel : Sur ce point précis, je vais dans le sens de Martin Malvy pour dire oui. Souvenons-nous que Midi-Pyrénées est en position centrale, tournée soit vers l’Atlantique, soit vers la Méditerranée. Alors que j’habitais près du Stadium, j’ai trop de souvenirs d’enfance de concurrence entre Bordeaux et Toulouse. Plus sérieusement, le meilleur choix est évidemment celui de l’Occitanie, midi-pyrénéenne et languedocienne. Et puis n’oublions pas que les catalans sont nos cousins. Les échanges économiques fonctionnent également bien entre ces deux régions. Tout est naturel là-dedans. Il valait d’ailleurs mieux associer une région à une autre plutôt que de disséquer département par département. Même si là encore je me souviens très clairement de l’appel de Raymond Courrière alors président du Conseil Général de l’Aude qui avait demandé en son temps le rattachement de son département à Midi-Pyrénées.

A un moment, il faut trancher ! 

Des voix se sont élevées pour qualifier la méthode Hollande de « brutale » sur ce dossier, sans coordination avec les élus locaux. Vous qui les représentez, trouvez-vous ce jugement étayé ?

J-P.Bel : Ce débat est très ancien. Il y a eu le rapport Mauroy, la commission Balladur. On peut discuter ad vitam aeternam, mais à un moment il faut trancher. Et puis Manuel Valls, lui-même, l’a dit : « ce n’est pas figé ». Donc pas d’inquiétude. Et puis le débat parlementaire est à venir.

Justement toujours au sujet de la consultation des élus, les Etats généraux de la Démocratie Territoriale que vous aviez impulsés ont-ils servi à nourrir la réflexion sur cette nouvelle carte de France et la réforme dans son ensemble ?

J-P.Bel : Sur la taille des régions tout d’abord, que nous avions souhaité plus adaptées par rapport à nos voisins étrangers, la Catalogne notamment. Ces états généraux ont duré plusieurs mois, mobilisé et consulté des milliers d’élus. Leur compte-rendu est à disposition. Nos préconisations sur le statut de l’élu et sur la simplification administrative ont également été approuvées. Et puis que les départements soient rassurés et qu’il n’y ait plus d’ambigüité. Oui on veut supprimer les Conseils Généraux, mais on ne supprimera pas les départements. On restera toujours ariégeois, gersois ou lotois. On va simplifier le mode de gouvernance.

La fin des conseils généraux, pas des départements 

Comment ?

J-P.Bel : Les prochaines élections aux conseils départementaux se feront selon les lois en vigueur. Mais après une clarification des compétences, il faudra s’orienter vers autre chose, un conseil départemental des intercommunalités. C’est d’ailleurs ce que dit André Vallini, le secrétaire d’Etat à la réforme territoriale. Il n’y aura ensuite plus d’élection départementale et donc une strate en moins.

Les deux premiers volets de cette réforme territoriale (découpage régional et loi électorale) vont être discutés en session extraordinaire en juillet au Sénat. Comment envisagez-vous ce débat ? Tendu ?

J-P.Bel : Je ne vois pas quelle raison on aurait de s’opposer à une telle réforme. Son objectif est l’efficacité des politiques publiques pour relancer l’économie et l’emploi. Moi je suis d’un département économiquement sinistré (NDLR : l’Ariège). Ce qui intéresse les gens là-bas, c’est « est-ce que je vais garder mon travail ? » ou « est-ce que je vais en retrouver un ?». Et je crois que c’est la seule question qui compte aujourd’hui.

Propos recueillis par Patrick Noviello

Fusion des régions, un sénateur PS prévient : « la proposition Hollande va passer au tamis »

Quel nom pour la nouvelle région ? Quelle ville va remporter le titre envié de capitale régionale ? Toulouse ou Montpellier ? Mardi dernier, François Hollande a annoncé une fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Depuis c’est l’emballement. La presse s’empresse de consulter les midi-pyrénéens. Ils sont priés de faire jouer leur imagination. Dans les colonnes des journaux, c’est un concours Lépine. Occitanie ? Grand Sud ? Les futurs habitants de la future super-région sont prolixes. Un sénateur haut-garonnais rappelle une évidence. Tout cela est largement prématuré. François Hollande a fait une simple proposition. Le Parlement a désormais le dossier entre les mains. Le destin, le dessin d’une région allant de Nogaro à Nîmes passe par le vote d’une loi. Une loi qui va être discutée, en première lecture, au Sénat fin juin. Le sénateur Mirassou pronostique un débat rude. Pour le parlementaire midi pyrénéen, ce n’est que « le début du commencement ».

-Manuel Valls estime avoir le soutien d’une majorité pour voter la réforme des régions. Vous partagez ce sentiment ? Pensez vous que les parlementaires vont voter le projet défendu par François Hollande ?

-Jean-Jacques Mirassou. Il y aura forcément un débat. Le mot est faible. Tout est encore ouvert. La proposition de François Hollande va devoir passer au tamis du Sénat et de l’Assemblée Nationale. Le débat va prendre du temps. On ne pourra pas l’expédier. J’aimerai notamment que l’on m’explique en quoi cette réforme est un mieux. Il ne faut pas présenter les länder allemands et les régions espagnoles comme un totem ou un mirage. L’histoire d’un pays n’est pas celle d’un autre.

-François Hollande accélère un projet de réforme qui traine dans les cartons depuis des années. Que pensez-vous de cette accélération ?

-Jean-Jacques Mirassou. J’ai peur que cette précipitation ne cherche à s’adresser à une opinion publique à laquelle on a mis dans la tête que les élus coûtent chers.

-En septembre prochain, des élections sénatoriales sont prévues. Existe-t-il un risque de télescopage entre le calendrier législatif et le calendrier électoral ?

-Jean-Jacques Mirassou. Le gouvernement s’est engagé à ne pas utiliser une « procédure accélérée ». J’imagine mal qu’il revienne sur cette promesse. Des sénateurs qui vont plancher cet été sur la réforme régionale ne seront donc plus là pour la voter l’automne prochain. A titre personnel, je souhaite évidemment être réélu et pouvoir suivre de bout en bout le dossier des régions.

-Le président de la région Languedoc-Roussillon est opposé à une fusion avec sa voisine midi-pyrénéenne. Cette résistance peut elle influencer le débat sénatorial ?

-Jean-Jacques Mirassou. L’actuel président de Languedoc-Roussillon (Christian Bourquin) est profondément hostile au projet de fusion et il est sénateur. J’imagine qu’il va vouloir faire entendre sa voix. Il va mobiliser ses réseaux. Mais il y a aussi des sénateurs midi-pyrénéens et, comme moi, ils ne sont pas hostiles à ce que Midi-Pyrénées se retrouve avec une façade méditerranéenne. Même si il y avait des raisons de se tourner également vers l’Aquitaine. Il existe notamment de nombreux pôles de compétitivité avec nos voisins aquitains.

Propos recueillis par Laurent Dubois

04 Juin

Du Comminges au gouvernement

Carole Delga répond à France3 Midi-Pyrénées avant son intervention au Sénat de cet après-midi

Carole Delga répond à France3 Midi-Pyrénées avant son intervention au Sénat de cet après-midi

Nommée hier en remplacement de Valérie Fourneyron, souffrante, Carole Delga devient à 42 ans secrétaire d’état en charge du commerce de l’artisanat et de la consommation. La députée du Comminges confirme ainsi un parcours clair en politique et la reconnaissance de compétences acquises sur le terrain en Midi-Pyrénées.

« Mon nom avait déjà circulé en avril dernier au moment du remaniement » reconnait-elle. Mais elle n’y avait pas cru : manque de « réseaux parisiens », s’estimant moins armée ou légitime que d’autres « profils plus expérimentés ». Les ennuis de santé de Valérie Fourneyron ont donc forcé son destin. Hier en pleine séance de l’assemblée nationale, un « 01 » s’affiche sur son portable. « Comme il sonnait plusieurs fois, je me suis décidée à sortir de l’hémicycle et à répondre » confie-t-elle. Il y a des appels qu’il vaut mieux ne pas laisser en absence, au bout du fil : l’Elysée et François Hollande.

Non au cumul mais…

« Je suis évidement ravie qu’on ait pu penser à moi » avoue cette modeste qui se reconnait toutefois des compétences sur les secteurs où elle va devoir intervenir. « Le commerce, j’avais déjà beaucoup travaillé dessus à l’Assemblée au moment du débat sur travail du dimanche » (NDR : elle avait voté contre). Les Chambres de métiers, elle les a également côtoyé en tant que maire de Martres-Tolosane ou encore lorsqu’elle était à la Région.

Un mandat régional qu’elle abandonne pour ne pas cumuler. Au moment du vote de la loi, elle demande toutefois qu’une exception soit faite pour les maires de communes rurales comme elle. Une ruralité qui la passionne mais qui ne l’éloigne pas non plus des problématiques urbaines.
Pour elle un territoire fragile n’est pas forcément perdu dans la campagne, il peut aussi se retrouver au cœur de la ville, d’un quartier. C’est en substance ce que dira son rapport sur le maintien des services publics qu’elle rendra à Cécile Duflot alors ministre de l’égalité des territoires. Première incursion dans les arcanes du gouvernement pour elle.

Agenda chargé

Depuis hier, la vitesse supérieure est passée. Si, ce matin, elle lance aux côtés de Montebourg et Stéphane le Foll, la fête de la gastronomie, le plat de résistance est pour cet après-midi. Elle présentera devant le Sénat le projet de loi sur l’économie sociale et solidaire, un domaine qu’elle maîtrise moins même si elle a déjà eu à l’aborder, là encore lors de son mandat régional.
Elle sait que ses premières semaines en poste seront décisives : « décrets d’application de la loi sur la consommation, loi PME d’ici fin juin, réception d’un rapport sur les taxis et enfin, le statut de micro-entrepreneur au sénat jeudi, les priorités ne vont pas manquer ».

Patrick Noviello

Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon : castagne au menu

Les fourchettes se mettent à gauche. Les couteaux se placent à droite. Les voitures françaises roulent en sens inverse des véhicules anglais. Le Coca-Cola ne se mélange pas avec le foie gras. Dans la vie, il existe des principes sacrés. Ils sont immuables et incontournables. La liste de ces dogmes intangibles contient désormais un précepte politique.

Tous les citoyens de France et de Navarre, tous les albigeois, montalbanais et tarbais sont priés de partager une conviction : point de salut en dehors de grandes régions. Pas de croyance sans pratiquant. La présidence de la République a donc décidé de graver cette belle conviction dans les faits.

Mardi dernier, François Hollande a annoncé une réforme territoriale. A coup de ciseau, il propose de retailler la carte régionale. Midi-Pyrénées se retrouve avec une façade méditerranéenne. Le tracé de la nouvelle région s’étend des plaines gersoises jusqu’aux plages montpelliéraines.

Motif de cette fusion-acquisition entre Toulouse et Nîmes : les kilomètres carrés. Les cerveaux surpuissants de l’Elysée le disent. C’est donc forcément pertinent. La France souffre de régions trop petites. Elles ne sont pas de dimension européenne. Pour trouver le chemin de l’Emploi et de la Croissance économique une seule solution : de l’espace.

Des mauvais esprits peuvent toujours rappeler que des länder allemands et des régions espagnoles sont plus petits que l’actuelle Midi-Pyrénées. Cela ne les empêche pas de lutter efficacement contre le chômage et de faire décoller les carnets de commandes des entreprises. Des langues perfides sont même capables de souligner une évidence. L’attractivité et les performances des territoires sont liées à la législation fiscale et sociale. De l’autre côté du Rhin, l’empire BMW repose sur l’utilisation intensive de travailleurs de l’Est. L’absence de smic et la souplesse des licenciements ne sont pas des données géographiques. D’ailleurs, il n’est pas évident que ce genre d’exemple fasse rêver les midi-pyrénéens et les lorrains. Mais peu importe.

Le mouvement est une vertu absolue. Les cyclistes le savent bien. Il suffit d’arrêter de pédaler pour « manger » du gravier. La Réforme c’est l’Alpe d’Huez des présidents. Touché à la carte de France, retoucher les régions est une épreuve noble. Elle est censée conférer l’aura des grimpeurs.

Mais François Hollande pédale plutôt dans la « choucroute ». Les alsaciens peuvent apprécier cet hommage à une spéciale locale. En revanche, pour les mangeurs de cassoulet, la recette n’est pas vraiment appétissante. Pas de critère convaincant. Les ciseaux passent et l’intelligibilité trépasse.

Pourquoi l’Aquitaine reste seule ? Pourquoi le Pays de Loire ne rejoint pas son port d’attache naturel, la Bretagne ? Pourquoi ne pas avoir choisi une approche plus fine ? On sait bien que Millau est tournée vers Montpellier et une partie de Gers vers l’Aquitaine.

Les raisons de ce brouillard sont limpides. La grosse voix d’un président de Région ou les intérêts d’un ancien premier ministre expliquent des choix incompréhensibles. La « Réforme » ressemble à une motion de synthèse d’un Congrès socialiste. Une mauvaise synthèse. De nombreux élus PS sont furieux et sortent les fourches.

L’annonce faite par François Hollande n’est que le début du commencement. Les albigeois ne sont pas encore sous le même toit que les nîmois. La découpe des régions suppose une loi. L’Assemblée et le Sénat (qui probablement va (re)basculer à droite en septembre prochain) vont entrer dans la danse. Ca va swinguer. François Hollande va gouter à un plat typiquement toulousain : la castagne.

Laurent Dubois

27 Mai

Bernard Carayon : « la démission de Copé est nécessaire »

Ancien député. Maire de Lavaur et président de l’UMP 81. Bernard Carayon réagit à la démission de Jean-François Copé. Il appelle à une recomposition de son parti et dresse un constat sans concession d’une UMP incapable d’incarner une véritable opposition face à François Hollande

-Votre réaction à la démission, ce matin, de Jean-François Copé ?

-Bernard Carayon. Elle était attendue. Elle est nécessaire et responsable.

-Cette démission, causée par une tempête judicaire, met à mal l’UMP. Elle fait du mal à votre parti. De ce mal peut-il naitre un mieux ?

-Bernard Carayon. La nomination provisoire de trois anciens premiers ministres (Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, François Fillon) à la tête de l’UMP va permettre de préparer un congrès réformateur. La droite a pêché par ses divisions. Il faut que la diversité des droites y trouve son compte et que l’on puisse traiter les sujets qui fâchent. Le gouvernement brille par sa nullité et ses trahisons. Nullité en terme de résultats et trahisons de son électorat. L’UMP devrait profiter de cette situation et c’est le FN qui en profite.

-La démission de Jean-François Copé est liée à une affaire de fausses factures. Cette affaire peut elle compromettre le retour de Nicolas Sarkozy ?

-Bernard Carayon. Pas du tout. Quand on est candidat à une élection présidentielle (comme c’était le cas de Nicolas Sarkozy au moment des facturations douteuses), la première préoccupation est d’aller vers les électeurs et d’aller au bout de ses chances. Pas de s’occuper de l’intendance. Un candidat, surtout à une élections présidentielle, délègue ce type de question. Il ne peut pas être à la fois à table et dans la cuisine.

-Implosion, explosion de l’UMP. Ces qualificatifs reviennent en boucle dans toute la presse. Lequel vous semble le plus juste ?

-Bernard Carayon. L’utilisation de ces termes dépend du journaliste, s’il est de gauche, de droite ou du centre. Mais franchement on n’a pas vraiment le choix au niveau des journalistes. Une seule chose importe. Le noeud gordien est tranché. La justice va se prononcer. L’UMP doit se concentrer sur le débat d’idées pour combattre une gauche qui n’apporte que des désastres au pays.

Propos recueillis par Laurent Dubois

26 Mai

Euro-catastrophés et après ?

Parlement Européen, Strasbourg ©Gerald Cercles - AFP

Parlement Européen, Strasbourg ©Gerald Cercles – AFP

« Un séisme », « un choc », « une éruption volcanique aux pluies très acides » bref Armageddon, quoi ! Les grands mots n’ont pas manqué hier soir pour commenter les résultats des élections européennes. Certes le Front National a fait quatre fois plus de voix qu’il y a cinq ans en Midi-Pyrénées. Mais y-a-t-il lieu de crier à la catastrophe ? Seul notre dernier eurodéputé Midi-Pyrénéen, José Bové, semblait vouloir garder de la mesure hier soir sur les plateaux télé, en déclarant « les français se sont lâchés », expliquant que pour eux, ces élections défouloirs n’avaient pas d’importance car les enjeux avaient probablement été mal expliqués donc mal compris.
Autre question qui taraude les esprits : va-t-on passer, nous français, pour des europhobes ou des grands protectionnistes, parce que nous envoyons la plus grosse cohorte d’élus d’extrême droite au parlement européen ? Nous n’en sommes pas encore là. Le Front National n’est pas Aube Dorée, et nous n’avons pas Viktor Orban comme Premier Ministre. Donc a priori, pas de leçon d’ouverture à recevoir de nos voisins… Qu’ont-ils fait d’ailleurs nos voisins directs ? L’Espagne a fait émerger « Podémos » un parti né de la révolte des « indignés » alors que chez nous Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche stagnent.
Un Jean-Luc Mélenchon, réélu du Sud-ouest, attristé, au bord des larmes même en conférence de presse hier soir, qui appelle les travailleurs à se ressaisir. Parce qu’au fond, c’est aussi l’ensemble de la gauche qui a pris une claque ce dimanche 25 mai. Y compris dans notre région où seul l’Aveyron, dernier bastion de droite en Midi-Pyrénées, a placé l’UMP devant le FN. Il faut bien dire que les socialistes sont partis dans cette campagne à reculons, avec une tête de liste qu’ils n’avaient pas choisie, la PRG Virginie Rozière.
Le patron du PRG, Jean-Michel Baylet dit avoir reçu le message des urnes : « nous comprenons l’amertume et la désillusion d’une partie de nos concitoyens face à l’état de l’Europe aujourd’hui et sommes conscients qu’il faudra tirer les conséquences d’un tel résultat. » Pour Martin Malvy, « c’est davantage qu’une correction, un sérieux avertissement pour l’avenir ». Et l’avenir quel est-il ? Des élections cantonales et régionales dont on ne connait pas la date, réforme territoriale oblige.
Il serait trivial d’imaginer déjà un FN en tête sur ces futurs scrutins. Premier élément : pas question de proportionnelle dans ces élections, les candidats frontistes devront donc ferrailler dans un second tour, s’ils s’y qualifient… Ensuite, même si la participation est loin d’être garantie, voter pour la couleur politique de sa région peut sans doute mobiliser plus que les questions européennes. Ces élections locales resteront sans doute le réel test d’évaluation des forces de la gauche traditionnelle ici en Midi-Pyrénées. Et pour l’électeur l’occasion de rassurer ou pas les « euro-catastrophés ».
Patrick Noviello

25 Mai

Européennes : le FN premier parti de Midi-Pyrénées. Réactions à vif

Gérard Onesta (EELV. Ancien vice-président du Parlement Européen, vice-président du Conseil Régional)

« Les partis de gouvernement récoltent ce soir ce qu’ils ont semé depuis des années, par incurie, par lâcheté, sur la scène européenne. Et blé est affreusement amer ».

Brigitte Barèges (Maire UMP de Montauban).

« A l’échelle de mon département (le Tarn-et-Garonne), les plus gros scores sont en zone rurale. Dès qu’un maire UMP est en face, cela jugule un peu le FN. Dans la zone rurale du département, nous sommes entre 30 et 35 % et seulement à 24% sur Montauban. J’en suis très contente. Cela montre que lorsqu’on mène une politique sécuritaire comme je le fais, on apporte une réponse à l’exaspération des français. Notamment en ce qui concerne les cambriolages ».

Catherine Lemorton (PS Députée, Présidente de la commission des affaires sociales).

« C’était attendu malheureusement. Ce n’est pas une surprise. C’est inquiétant. Je n’en veux pas aux électeurs mais à Marine Le Pen qui raconte n’importe quoi. Il n’y a pas d’arguments, c’est tellement idiot. C’est l’histoire qui se répète sur fond de crise économique. La peste brune prospère toujours en période de grande crise ».

Martin Malvy (Ancien ministre. Président de la Région Midi-Pyrénées).

« C’est davantage qu’une correction, un sérieux avertissement pour l’avenir. La responsabilité est collective. Elle est celle de toutes les formations républicaines qui, dans une période de crise économique majeure, propice à l’extrême droite, poursuivent inlassablement, à gauche comme à droite, un débat qui paraît éloigné des Français, comme s’ils ne pensaient qu’à défendre leurs propres positions au lieu de regarder la réalité en face. Cohésion pour ceux qui gouvernent. Responsabilité pour ceux qui y aspirent. Et respect républicain. C’est aussi ce à quoi aspirent beaucoup de nos concitoyens, profondément désorientés ».

Jean-Michel Baylet (Président du PRG).

« Un séisme, un avertissement sévère pour la classe politique qu’il s’agit d’entendre. C’est un terrible coup porté à la République et un véritable choc pour nombre d’entre nous. (…) Nous comprenons l’amertume et la désillusion d’une partie de nos concitoyens face à l’état de l’Europe aujourd’hui et sommes conscients qu’il faudra tirer les conséquences d’un tel résultat. Les Français (ne doivent) pas succomber aux sirènes du Front national. (Il faut une) nécessaire union des forces démocrates et républicaines afin de refuser le repli identitaire, la régression morale et le danger économique et social qui caractérisent le programme du Front national. »

Christian Picquet (Co-fondateur du Front de Gauche. Conseiller Régional)

« Un désastre pour la République et pour la gauche. UMP et PS subissent un échec cinglant. La gauche se retrouve sous le coup d’une défaite comme elle n’en avait pas connue depuis des décennies. Le Front de Gauche se doit de tirer sans tarder les leçons de son propre échec. Il n’a pas su porter une alternative audible. Il a perdu sa dynamique de l’élection présidentielle. Une remise à plat s’impose afin qu’il puisse se réorienter de toute urgence »

21 Mai

Exclusif JL Mélenchon : debriefing du Grand Débat Européennes 2014

Poignée de main entre Jean-Luc Melenchon et Michèle Alliot-Marie ©Kevin Figiuer

Poignée de main entre Jean-Luc Melenchon et Michèle Alliot-Marie ©Kevin Figiuer

-Vous sortez du grand débat « Européennes 2014 ». Quelle impression gardez vous de cette confrontation avec les 5 têtes de liste du Grand Sud Ouest ?

-Jean-Luc Mélenchon. Pour moi, il y avait un confort car l’organisation était bonne. Mais il y avait quelque chose de très choquant. Aucun des protagonistes n’a assumé ses responsabilités. Ils sont auteurs du système actuel et ils viennent ensuite le dénoncer. Ils le savent et ils feignent de ne pas être au courant. Louis Aliot n’assume rien. Son groupe, ne s’est pas opposé au Parlement Européen, à la directive « travailleur détaché » (application des conditions sociales et du salaire du pays d’origine du salarié). Même chose pour José Bové, il découvre le traité transatlantique (créant une zone de libre échange). Dans ces circonstances, il est impossible d’avoir un débat démocratique.

-En plateau, à vos côtés, Michèle Alliot-Marie, Robert Rochefort, José Bové, Virginie Rozière et Louis Aliot. Comment jugez-vous la prestation des autres débatteurs ?

-Jean-Luc Mélenchon. Louis Aliot a récité plus qu’il n’a argumenté. Du coté du PS, non seulement ils n’assument rien mais en plus ils envoient quelqu’un qui visiblement fait ses premières armes (Virginie Rozière). Du coté de l’UMP, il est impossible de savoir ce que veut (Michèle Alliot-Marie). Le parti est empêtré dans ses ambiguïtés et il sait qu’il n’en sortira qu’à ses dépends. Robert Rochefort (tête de liste UDI-Modem) était vraiment l’homme du débat. C’est lui qui a assumé ses positions avec le plus de tranquillité et sans mystification.

-C’est votre deuxième campagne européenne, votre deuxième campagne dans le Grand Sud Ouest. Une différence par rapport à 2009 ?

-Jean-Luc Mélenchon. C’est plus facile. Les gens me connaissent. A Castres, des gens sont venus avec des fleurs en me disant qu’ils avaient entendu que j’étais dans leur ville.

Propos recueillis par Laurent Dubois

VOIR ET REVOIR le Grand débat des Elections Municipales dans le Sud-Ouest

 

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