17 Sep

La Valse de Valls

Dans les albums de Lucky Luke, les « pieds tendres » dansent à coup de révolver. Des générations de crêtes brunes et de têtes blondes connaissent la scène. Dans un saloon, un des frères Dalton sort son « six coups » et oblige sa victime à gigoter en criblant le sol de balles. Ce « gimmick » a une version politique. Le « pied tendre » n’est pas vraiment tendre. Et ce n’est pas le pied pour lui. Manuel Valls sort d’un épisode parlementaire laborieux.

Manuel Valls à la tribune de l'Assemblée. Photo : Kovarik/AFP

Manuel Valls à la tribune de l’Assemblée. Photo : Kovarik/AFP

Le premier ministre vient d’obtenir une petite confiance de la part de sa majorité. En fait, cet exercice est une « valse » contrainte. Ses « Daltons » sont les fameux Frondeurs. Manuel Valls agit sous leurs tirs permanents. Pour calmer le feu, il a du organiser une danse du ventre. Afin d’obtenir la confiance, le locataire de Matignon n’a pas ménagé ses efforts. Réunions. Dîners. Clins d’œil appuyés dans son discours de politique générale. Manuel Valls ne jouait pas l’existence de son gouvernement.

La fronde des Frondeurs est un élastique mou. Leurs projectiles sont en caoutchouc. Ils dégainent en permanence. Mais ils proclament leur appartenance à la majorité et ils choisissent la charge creuse de l’abstention. Manuel Valls connaissaient le côté « opération blanche » du vote de confiance. En quittant Matignon, avant la séance de mardi dernier, il savait qu’il retrouverait Matignon.

Néanmoins, le péril était réel. Il ne s’agissait pas de sauver la peau du gouvernement. C’est bien pire. Le vote de la confiance devait permettre à Manuel Valls de durer et d’endurer. Le premier ministre avait besoin de conforter son autorité politique. C’est loupé. Les Frondeurs n’ont pas été des coupeurs de tête. Mais ils « mutilent » le second gouvernement Valls. Ils lui brisent les reins. Lors du premier vote de confiance, six mois en arrière, ils étaient 11. Leur nombre a triplé.

Cette comptabilité est jugée insignifiante par les soutiens de Manuel Valls. Dans un communiqué de presse, le député de Haute-Garonne (et numéro trois du PS), Christophe Borgel estime que le décompte des Frondeurs occulte les vrais problèmes, les questions de fond. Il demande un peu plus de hauteur de vue. Christophe Borgel est dans son rôle d’avocat.

Mais, sans se comporter en procureur, il est évident que le nombre de divisions relève l’ampleur de la division. Les 31 Frondeurs représentent une minorité de la majorité. Mais cette minorité s’étend et se faire entendre. En six mois, les ralliements se sont multipliés. Et surtout la chorale médiatique des contestataires occupe les ondes télévisuelles. Manuel Valls peut compter sur le retour de Nicolas Sarkozy (prévu ce week-end). L’agitateur (agité) de l’UMP va être une formidable machine à créer du Clivage. La gauche va retrouver l’homme qu’elle adore détester. Mais cet appel d’air ne va pas renouveler l’oxygène politique de Manuel Valls. Le vote de mardi traduit un divorce. Malgré l’annonce de primes pour les retraités modestes ou la suppression de la première tranche d’imposition, Manuel Valls est « hémiplégique ». Il a perdu son lobe gauche.

Laurent Dubois

2015 : année électorale

Manuel Valls l’a donc annoncé hier : les élections départementales (ex-cantonales) seraient donc maintenues en mars 2015 et les élections régionales auraient lieu fin 2015.

Manuel Valls, hier à l'Assemblée nationale-AFP PHOTO / ERIC FEFERBERG

Manuel Valls, hier à l’Assemblée nationale-AFP PHOTO / ERIC FEFERBERG

 

Sursaut d’espoir ou dernière séance ? Les conseillers généraux vont donc remettre leur mandat en jeu. Reste à savoir maintenant quels départements conserveront une assemblée de représentants. Les départements ruraux semblent d’ores et déjà épargnés mais quid de la Haute-Garonne ? On repart donc pour un tour mais de combien de temps ? Un an, deux ans ? Suite à la prochaine annonce gouvernementale ou présidentielle.

 

Régions plutôt satisfaites

Côté région, son sort semble scellé. C’est donc celle regroupant Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon qui va naître dans les urnes. Côté Méditerranée, un intérim s’installe dans la douleur après le décès de Christian Bourquin et chez nous Martin Malvy ne s’est toujours pas prononcé, chaque dauphin potentiel se gardant bien de prendre position.

Pour l’Association des régions de France qui se réuniront à Toulouse les 9 et 10 octobre prochain, c’est la satisfaction. « Le Premier ministre a entendu les arguments des Régions unanimes: ce calendrier est le seul réaliste pour réussir la réforme territoriale. Cette décision laisse du temps à la démocratie et à la construction d’une nouvelle aventure territoriale dans les nouvelles Régions. En revanche, cette réforme ne peut se limiter à des rapprochements de Régions. »

 

Plus qu’un rapprochement de régions

Et Martin Malvy Malvy l’a bien compris alors qu’il inaugurait l’Innovation Connecting Show de Toulouse cette semaine. Il propose dans la ville rose « la tenue d’Etats généraux de la recherche, de l’innovation et du transfert de technologie pour Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, dès que la fusion aura été adoptée définitivement, et lance un plan d’action « usine du futur » pour les PME ».

Bref c’est bel et bien une réforme à deux vitesses qui s’annoncent : ceux qui s’y voient déjà et ceux qui ne voudraient jamais y être.

Patrick Noviello

16 Sep

Départements en première ligne

Qui a dit que les conseils généraux ne servaient plus à rien ? L’actualité semble vouloir nous montrer le contraire.

Sans cesse à la Une ces derniers jours : le Conseil Général du Tarn. Porteur du projet du barrage de Sivens, il a subi de multiples assauts d’opposants à l’ouvrage. Le Département se veut, avec cette infrastructure, aménageur de territoire. Maître d’œuvre, il subit donc de plein fouet l’ire des anti-barrages.

Département bâtisseur

« Dans un état de droit, il n’est pas tolérable qu’une minorité de personnes par le biais d’actions médiatiques ou violentes puissent remettre en cause, hors de tout cadre légal, des décisions reconnues d’intérêt général. » Voilà donc l’image du Département « bâtisseur » se battant, selon les propos de Thierry Carcenac le président du conseil tarnais, pour le bien de chacun.

Mais les compétences de cette collectivité locale sont aussi sociales (RSA, allocations personnes handicapées ou dépendantes), à l’image de l’aide accordée aux jeunes majeurs vulnérables. En Haute-Garonne, Pierre Izard estime qu’il n’a plus les moyens de financer leur afflux dans le département. Les travailleurs sociaux sont en colère et ont installé un campement devant l’entrée du Conseil Général.

On ferme

Son Président décide de sa fermeture « afin d’éviter tout risque d’incident et de manière à protéger les personnes et les biens », et ce, de jeudi après-midi dernier à ce lundi matin. L’ensemble du personnel est renvoyé chez lui et les services fermés. Curieuse manière de procéder au moment où cette institution défend son caractère indispensable pour le public face à la réforme territoriale.

Numéro Spécial du magazine du Conseil Général de Haute-Garonne

 

Et le magazine du Conseil général de la Haute-Garonne de sortir un « numéro spécial » annonçant que « 62% des hauts-garonnais disent NON à sa suppression » (sondage CSA réalisé en juin 2014 auprès d’un échantillon de 501 personnes). Besoin de se légitimer, envie de montrer que les électeurs le plébiscitent ou tout simplement peur de voir ses compétences absorbées par l’agglomération toulousaine ?

Sondage favorable

Seules les assemblées des départements ruraux seraient conservées si l’on en croit les dernières informations, relayées notamment par un autre président de département, celui du Tarn et Garonne, Jean-Michel Baylet. Alors baroud d’honneur ou véritable relance, les conseils généraux ne semblent pas avoir dit leur dernier mot.

 

Patrick Noviello

11 Sep

Affaire AWF : Gérard Onesta pose 2 questions

Soupçon de favoritisme. La Région Midi-Pyrénées est secouée par une violente secousse. La Justice enquête sur des marchés publics attribués à une société (AWF) appartenant à un membre de la famille de Kader Arif. Le secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants de François Hollande. Le vice-président EELV de la Région réagit. Gérard Onesta soutient Martin Malvy. Pour lui, l’honnêteté de l’ancien ministre ne fait aucun doute. Simplement, il s’interroge. D’après lui, deux questions doivent obtenir des réponses. Gérard Onesta est prudent. Il refuse, selon sa propre expression, de « hurler avec les loups ». Mais il attend des éclaircissements.

 

Gérard Onesta-Vice président EELV Région Midi-Pyrénées

Gérard Onesta-Vice président EELV Région Midi-Pyrénées

Midi-Pyrénées Politiques- Depuis la publication d’un article dans « Le Canard Enchainé » et l’ouverture d’une enquête préliminaire, la Région Midi-Pyrénées est dans l’œil du cyclone. Votre réaction à chaud ?

Gérard Onesta. « Avant toute chose, pas un seul moment je ne mets personnellement en cause Martin Malvy. Tout le monde connaît la stature du personnage. Personne ne peut imaginer un seul instant que le président de la Région s’occupe dans le détail du moindre marché public. Je veux et je peux également témoigner de la qualité des services qui s’attachent à mener de manière rigoureuse les procédures et notamment les procédures de marchés publics. Mais il peut toujours y avoir des failles ».

Midi-Pyrénées Politiques – Des failles, des erreurs ou des fautes ?

Gérard Onesta. « Des failles. Dans les commissions d’attributions qui sont d’ailleurs composées d’élus de la majorité et de l’opposition, les élus qui siègent connaissent les montants. Mais pas les montages. Ainsi ils ne savent pas qui se cachent derrière le sigle d’une société. Les élus ne sont jamais informés de manière totale. Ainsi, les élus pouvaient parfaitement ignorer que derrière AWF, il pouvait y avoir la famille Arif. Il faudrait d’ailleurs remédier à cela et améliorer les conditions d’examen des dossiers » .

Midi-Pyrénées Politiques – D’après vous, l’attribution de marchés publics à AWF ne soulève donc pas de questions ?

Gérard Onesta. « Europe Ecologie pose deux questions. Mais attention j’insiste sur le conditionnel. Un conditionnel que je souligne trois fois. La justice est saisie. Il faut attendre qu’elle se prononce et les éléments dont nous disposons viennent de la presse. Il faut être très prudent. Mais nous attendons la réponse à deux questions. Première question, si les chiffres qui circulent dans la presse sont vrais, comment un marché initial a pu être à ce point gonflé ? Comment, avec les avenants, on a pu arriver à une augmentation de 500% ? Et ces avenants ont-ils été soumis à une commission ? Seconde question : s’il est vrai que les services ont annulé un marché attribué à AWF parce que cette société à tenter de fausser la concurrence il fallait alors réfléchir à deux fois avant de continuer à travailler avec elle. C’est au minimum une maladresse. Et cela pose question. Je dis bravo aux services qui ont fait leur travail en annulant la procédure. Mais il y a eu peut être une faille ».

Propos recueillis par Laurent Dubois

 

 

08 Sep

Insécurité à Toulouse : pas (encore) de rupture entre JL Moudenc et P Cohen

Un serial plaideur. Eric Mouton est un pénaliste connu et reconnu. Depuis maintenant 18 ans, il promène sa robe noire aux Assises et en Correctionnelle. A son actif des gros dossiers qui lui ont valu les projecteurs médiatiques. Dernier en date, l’affaire dites des « crevettes brésiliennes ». Eric Mouton défend l’ancien propriétaire d’un journal toulousain soupçonné d’ « escroquerie en bande organisée, association de malfaiteurs et blanchiment ». Le dossier est entre les mains de la « Juridiction Inter-Régionale Spécialisée » de Bordeaux. Une JIRS que le maire de Toulouse souhaite pour la ville Rose. En pleine série noire (règlement de compte à la Kalachnikov, meurtre au couteau), Eric Mouton réagit à cette proposition de Jean-Luc Moudenc. Il réagit en praticien de la Justice. Mais également en tant que membre du bureau de l’UDI.

Eric Mouton. Avocat et membre du bureau de l'UDI. Photo LaurentDubois/France3MidiPy

Eric Mouton. Avocat et membre du bureau de l’UDI. Photo LaurentDubois/France3MidiPy

Midi-Pyrénées Politiques. Il existe 8 JIRS dans toute la France : Paris, Lyon, Marseille, Lille, Rennes, Nancy, Bordeaux et Fort de France. Jean-Luc Moudenc souhaite que Toulouse rejoigne la liste. En tant que praticien de la justice, vous soutenez cette proposition ?

Eric Mouton : « oui je soutiens la demande de création d’une JIRS. Mais ce n’est pas tant le principe que je soutiens que le fait de remédier à une bizarrerie : l’absence de JIRS à Toulouse ».

-Midi-Pyrénées Politiques. Une telle création serait vraiment positive ? Le Justice serait-elle plus efficace ?

Eric Mouton. « En tant qu’avocat, je vois des dossiers délocalisés à Bordeaux. Cela pose des problèmes d’organisation. C’est donc effectivement une question d’efficacité ».

-Midi-Pyrénées Politiques. Et pour le justiciable ? La justice toulousaine serait elle plus rapide et efficace ?

Eric Mouton. « Sincèrement, on ne peut pas dire que les juges d’une JIRS sont plus sévères. Je ne dispose pas non plus d’éléments permettant d’affirmer que les juges spécialisés ont une meilleure capacité que les juges traditionnels ».

-Midi-Pyrénées Politiques. Toulouse a subi une série de faits divers violents. Les médias comparent la ville Rose à Marseille. Pour vous, cette comparaison est pertinente ?

Eric Mouton. « Sincèrement, je ne vois pas l’intérêt. Je laisse cela à la presse. Toulouse a clairement l’image d’une ville violente. Mais il n’est vraiment pas opportun de faire une comparaison ».

-Midi-Pyrénées Politiques. Vous êtes avocat de profession. Mais vous êtes également un responsable politique, membre du bureau de l’UDI 31. Comment jugez vous l’action de Jean-Luc Moudenc en matière de sécurité ? D’après vous, existe-t-il une rupture par rapport à l’action de l’ancienne municipalité, celle de Pierre Cohen ?

Eric Mouton. « Pour le moment, il est trop tôt pour acter une rupture. C’est normal. On ne peut pas juger après 5 mois ».

-Midi-Pyrénées Politiques. Le recrutement de policiers municipaux va dans le bon sens ?

Eric Mouton. « Clairement oui. Cela répond aux besoins de notre ville. D’ailleurs dans le cadre de la campagne municipale (Eric Mouton était membre de l’équipe de Christine de Veyrac), nous avons proposé le doublement des effectifs ».

Midi-Pyrénées Politiques. Et l’armement de la police municipale ?

Eric Mouton. « Ce n’est pas illogique. Je crois à la dissuasion et tout ce qui peut avoir un effet dissuasif va dans le bon sens ».

 Propos recueillis par Laurent Dubois

05 Sep

Exclusif : F.Hollande battu par M. Le Pen, Louis Aliot : « notre stratégie est la bonne »

D’excellentes vacances. Une bonne rentrée. Louis Alliot retrouve son bureau du Parlement Européen avec le sourire. Un sondage « IFOP pour le Figaro » place Marine Le Pen largement en tête du premier tour des présidentielles. Au second, elle est battue par tous les candidats UMP « virtuels » (Juppé, Fillon, Sarkozy). En revanche, Marine Le Pen écrase littéralement François Hollande (46 contre 54). C’est la première fois. Evidemment, un sondage reste un sondage. Une étude d’opinion n’est pas une élection. Surtout quand le scrutin intervient dans…3 ans. Mais, sur le papier, Marine Le Pen gagne du terrain. Louis Alliot réagit. Une réaction prudente. Très stratégique. Le numéro 2 du FN ne verse pas dans le triomphalisme. Prudent. Il est également habile. Il évoque un mouvement de fond. Louis Alliot ne veut surtout pas donner l’impression que les bons sondages sont simplement conjoncturels.

 

Louis Aliot, député européen et n°2 du FN aux côtes de Marine Le Pen. Photo : AFP/Max PPP

Louis Aliot, député européen et n°2 du FN aux côtes de Marine Le Pen. Photo : AFP/Max PPP

-Comment réagissez-vous à la publication du sondage du Figaro ?

Louis Aliot : «  Cela prouve que notre stratégie est la bonne et que si on continue on va finir par obtenir des résultats en faisant sauter certains verrous. Les bons sondages sont simplement des encouragements. Et celui du Figaro je ne le vis pas comme quelque chose de nouveau ».

 -Et Marine Le Pen ? Elle se sent pousser des ailes ?

Louis Aliot : «  Absolument pas ».

 -Les casseroles s’accumulent pour François Hollande. Remaniement chaotique, Vaudeville autour du livre de son ancienne compagne, démission d’un ministre pour des raisons fiscales. Vous profitez de ce climat conjoncturel ?

 Louis Aliot : « Il y a un effet conjoncturel. C’est d’ailleurs un conjoncturel qui dure. Mais c’est notre stratégie qui porte ses fruits. Une stratégie « ni droite, ni gauche ». Des gens de gauche et de droite nous soutiennent. Nous avons un calendrier et nous allons continuer à le suivre ».

Propos recueillis par Laurent Dubois

La phrase de la semaine

Peut-être va-t-il falloir demander aux élus de fournir un document prouvant qu’ils ont bien déclaré leurs impôts

Elle est signée Valérie Rabault, députée du Tarn et Garonne et est relayée par l’Agence France Presse. La rapporteure générale du budget fait référence à la démission de Thomas Thévenoud. Le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur venait d’être nommé depuis neuf jours à peine. Ce dernier a reconnu « des retards de paiement (…) à l’égard de l’administration fiscale. »

Et la question mérite effectivement d’être posée. A croire que le précédent Cahuzac n’a pas servi de leçon… A noter toutefois que la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique a fait son travail. Selon son président, Jean-Louis Nadal, « elle a engagé le contrôle fiscal des ministres dès le lendemain de leur nomination ».

Patrick Noviello avec AFP

 

28 Août

Exclusif : Christophe Borgel aux portes d’un ministère.

INFO – Midi-Pyrénées-Politiques. Les sortants. Les entrants et les perdants. Tous les remaniements comportent ces trois rubriques. Dans la dernière catégorie (celle des « ministrables » qui ne finissent pas ministres) : Christophe Borgel.

 

Christophe Borgel, député de Haute-Garonne. Photo : AFP/MaxPPP

Christophe Borgel, député de Haute-Garonne. Photo : AFP/MaxPPP

 D’après nos informations, le député de Haute-Garonne a failli obtenir un portefeuille. Son nom a circulé à Matignon. Il bénéficiait du soutien de Jean-Christophe Cambadélis. Son profil pouvait le destiner à un secrétariat d’Etat en charge des relations avec le Parlement. Patron des élections au PS, il connaît tous les parlementaires socialistes.

 Face aux « Frondeurs », Christophe Borgel pouvait constituer une excellente « interface ». Capable de jouer de la carotte et du bâton, il aurait pu remplir une fonction stratégique. Sa candidature a finalement été écartée par Manuel Valls. D’après nos informations, c’est la seconde fois que Christophe Borgel est sur les tablettes de Matignon. Lors du précédent remaniement le député de Haute-Garonne était déjà en piste.

Christophe Borgel ne dément pas. Il précise que « ces informations ne sont pas fausses ». Mais il ne fait « aucun commentaire ». Il se contente de dire : « si certains ont pensé que je pouvais avoir des compétences, c’est très bien. Mais je ne suis pas comme certains à attendre au coin du téléphone ».

 

Laurent Dubois

26 Août

Démission du gouvernement : les autres réactions en région

« La droite se pourlèche les babines » nous déclarait hier matin Philippe Martin (voir article plus bas), il ne croyait pas si bien dire. Les réactions régionales de l’opposition à la démission du gouvernement ne sont tombées qu’hier, dans l’après-midi, mais elles ne font pas dans la demi-mesure.

Brigitte Barèges, maire UMP de Montauban

Brigitte Barèges, maire UMP de Montauban

 

 Pour Brigitte Barèges, « la manière chaotique dont François Hollande tente de gérer la France depuis plus de deux ans, mécontente non seulement la France, mais aussi son propre camp. » Et la maire de Montauban d’en tirer sa conclusion : « j’invite donc le Président à aller au bout de sa démarche et suivre les enseignements du Général de Gaulle en tirant les conséquences de ses échecs successifs et du désaveu de sa présidence par les français, à savoir démissionner en reconnaissant son incapacité de Président trop normal ».

Après ce communiqué officiel de la maire de Montauban, les commentaires vont aussi bon train sur Facebook. Laurence Arribagé n’y est pas tendre : « L’heure de la rentrée a sonné ! Le Directeur Hollande n’a plus aucune autorité, le Professeur Valls n’arrive pas à tenir ses élèves même en période de vacances et les bonnets d’ânes s’apprêtent à rejoindre les frondeurs. » La députée UMP de Haute-Garonne ironise même : « Dormez tranquilles ! François Hollande a demandé à Manuel Valls de constituer un gouvernement cohérent avec les orientations qu’il a définies : on prend les mêmes et on recommence ?»

Du côté du centre droit, on parle d’ « instabilité politique ». Pour Jean Jacques Bolzan, il est « irresponsable de la part des dirigeants de notre pays de montrer, dans un tel contexte de montée forte des extrêmes, de nouvelles divisions internes ». Et le Président Régional du Parti Radical de conclure dans son communiqué : « Il faut que le Président de la république se ressaisisse et prenne les décisions à la hauteur du risque qu’encourt notre République »

Pierre Lacaze, secrétaire départemental du PCF31

Pierre Lacaze, secrétaire départemental du PCF31

A la gauche de la gauche, on préfère penser à l’alternative que critiquer encore et encore. « C’est l’orientation politique économique et sociale qu’il faut changer : le choix autoritaire de Valls de tenter de tuer le débat à gauche ne conduira qu’à un nouvel échec. Le PCF, ses élus et militants, invitent à un large rassemblement à gauche pour imposer d’autres choix et une alternative politique en France et en Europe » commente Pierre Lacaze. Le secrétaire départemental du PCF 31 « donne rendez-vous à tous ceux qui contestent ces choix économiques lors de la fête de l’Humanité et va, dans les jours qui viennent, décider d’initiatives nationales et locales pour rassembler à gauche. »

Patrick Noviello

25 Août

Un vrai remaniement ??!!

Une rose pleine d’épines. Un bouquet de députés frondeurs qui piquent, depuis des semaines, les mollets de François Hollande. Un allié PRG faisant du chantage autour de la réforme territoriale et qui menace de quitter le gouvernement. Dimanche dernier, c’est la gerbe finale.  Haut le cœur à Matignon. Arnaud Montebourg critique le cap économique de l’Elysée. C’est l’accroc de trop. Manuel Valls furieux demande au chef de l’Etat de trancher. Des têtes doivent tomber. Un remaniement est organisé.

 

François Hollande et Arnaud Montebourg. AFP/CharlesPlatiau

François Hollande et Arnaud Montebourg. AFP/CharlesPlatiau

 Montebourg met fin au suspens. 

Les ministrables et les « débarquables » peuvent dire « merci » à Arnaud Montebourg. Le toujours ministre de l’Economie a levé le suspens. L’idée d’un remaniement plane depuis des semaines. François Hollande a eu du mal à faire voter son budget. Les municipales ont été mauvaises et appellent un réajustement. Les sénatoriales semblent perdues d’avance. Pour des raisons politiques et électorales, le chef de l’Etat devait administrer un électrochoc à sa majorité et adresser un message au pays. François Hollande l’a dit et répété tout au long de l’été. Pas question de changer de cap. Le seul changement possible est dans le rythme. Il faut « acccééélllléérreerrr » les réformes. C’est le leitmotiv. Dans ce contexte, il restait une unique variable d’ajustement : la composition du gouvernement.

Montebourg, l’étincelle qui fait exploser la poudrière

 Arnaud Montebourg a jeté une allumette dans la poudrière. Sa déclaration intervient après l’attentat à l’explosif de Cécile Duflot. L’ancien ministre de François Hollande a dynamité, dans un livre, le bilan de l’Elysée. Dans la même semaine, cela fait beaucoup. François Hollande souffre d’un déficit de popularité et d’autorité. Les deux sont d’ailleurs liés. L’Elysée ne pouvait pas tolérer une nouvelle attaque. Une attaque venant de surcroit de l’intérieur du gouvernement. Encore une fois, ce n’est pas Arnaud Montebourg qui va mettre à la retraite un Kader Arif ou une Aurélie Filipetti. Fin août où début octobre, un remaniement devait intervenir. Mais, comme le dit au téléphone une proche de Jean-Michel Baylet : « impossible de laisser passer. Hollande n’a pas d’autorité. S’il ne réagissait pas, il était foutu ».

Et maintenant ?

 François Hollande recompose pour enrayer une décomposition. Ministres râleurs. Députés frondeurs. Sénateurs « tueurs ». Le président de la République ressemble à une gondole au milieu des icebergs. Sa coque est fragile. Elle est menacée de toutes parts. Le remaniement est censé renforcer son esquif. Mais cela reste une  vraie galère. Le danger est de consolider les oppositions internes. La sortie des contestataires peut aggraver la brèche que le remaniement est censé colmater. La règle est vieille comme la politique. Il vaut mieux avoir ses adversaires à la table du conseil des ministres que sur les plateaux de télévision ou à la tribune de l’Assemblée. En chirurgie, l’amputation peut sauver le patient. En matière politique, les coups de scalpel présentent un risque de gangrène. Le remaniement peut engendrer des effets secondaires mortifères. Il n’existe pas de remède miracle. Un Montebourg en liberté est forcément une « épidémie Ebola » en puissance. Le tonitruant tribun va disséminer ces « germes » contestataires chez Ruquier et Ardisson. Le moindre micro va lui servir de tremplin. il va devoir exister. Et pour exister, il va s’opposer. Toutefois, François Hollande dispose d’un « vaccin ». Un vaccin qui va rendre « malade » Kader Arif et les sortants de Midi-Pyrénées ou d’ailleurs.

Un vrai remaniement ?!!

Un vrai remaniement. Un remaniement large, profond et ayant un sens politique. C’est le seul moyen pour éviter un aveu d’impuissance. Changer les ministres uniquement pour mettre au piquet Arnaud Montebourg revient à se donner un coup de règle sur les doigts. C’est le maitre d’école qui se punit lui même. Pour éviter cela, François Hollande va devoir resserrer son équipe : moins de ministres, des nouvelles têtes. C’est une mauvaise nouvelle pour les sortants. Les places seront plus chères. Les prochaines heures de Kader Arif, Carole Delga et Sylvia Pinel vont être longues, très longues.

Laurent Dubois

 

 

 

 

 

 

 

 

RSS