Ce matin, Frédéric Cuvillier l’admet : la première journée du Bac pourrait être « menacée » par la grève des cheminots. A cette annonce, difficile pour les lycéens et leurs parents, de rester philosophes (ça tombe mal c’est la première matière au programme…). « Les grèves, c’est le seul moment où la SNCF parle d’usagers et non de clients » scandait hier dans le Grand Soir 3 un leader de la CGT. Pas sûr que ça console les clients, oups les usagers, restés à quai.
Eux ont eu droit à un service presque normal et gratuit après une première soirée annulée. Les spectateurs de Rio Loco ont enfin pu faire la fête hier soir à Toulouse, Prairie des Filtres, entre deux annonces sur le conflit des intermittents. Des intermittents qui disent avoir tout tenté pour éviter le blocage (manifestation, occupation du siège du PS, de la direction régionale du travail, etc…) mais doivent aujourd’hui « se faire mal » comme ils le reconnaissent, autrement dit saborder leur propre travail.
Et celui qui écrit ce billet d’humeur sait de quoi ils parlent. Voilà trois semaines, il a eu droit, en raison d’une grève, à l’annulation au dernier moment d’une émission. Sans oublier les invités qui avaient fait des kilomètres pour y participer voire posé un jour de congé. Et ce triste spectacle pourrait être joué encore plusieurs fois dans les studios télé ou dans les festivals cet été.
Loin de moi l’idée de critiquer les revendications ou la justification de ces conflits sociaux. Le droit de grève est sacré et respecté en France, surtout dans cette année du centième anniversaire de la mort de Jaurès. Ce droit a été gagné de haute lutte et c’est justement pour cela que nous, médias, le traitons avec autant d’acuité.
Cependant l’humeur française est plus sensible que jamais dans cette période où l’emploi bat de l’aile. Un emploi de plus en plus dur à conquérir voire à conserver. Un travail qui ne doit pas être négocié au rabais à l’heure où il est plus cher que jamais à chacun d’entre nous.
En visite en Andorre ce matin, François Hollande s’est adressé aux cheminots : « Maintenant, la réforme doit être présentée au Parlement et elle doit être votée et à un moment, et le moment est arrivé, un mouvement doit s’arrêter, ça ne veut pas dire que le dialogue ne puisse pas continuer. »
Dialoguer plutôt que bloquer, au risque de peser moins dans les négociations ? C’est l’éternelle question qui trotte dans la tête des syndicats. « S’ils font grève, c’est qu’ils doivent avoir des raisons » répliquent souvent les passants interrogés. Politesse de façade ou réelle empathie ? Les mouvements longs ont souvent tendance à durcir les positions. A bon entendeur.
Patrick Noviello