19 Mai

G. Onesta, Européennes 2014 : « on rame »

Ressenti et jugement du futur président du Parlement Européen. Le 28 mai prochain, Gérard Onesta va concrétiser un vieux rêve. Il va enfin présider un hémicyclique composé de 751 « représentants » de l’Europe. L’assemblée siégera à…Tournefeuille et elle va être composée d’enfants. Mais, même si c’est le temps d’une journée, même s’il s’agit d’un exercice pédagogique, Gérard Onesta va surplomber l’arène européenne et prendre de la hauteur. Cela va le changer. Depuis des semaines, il arpente les plaines et les vallées de Midi-Pyrénées. Des vallées et des plaines mornes. Le vice président de la Région fait campagne pour le scrutin de dimanche prochain. Il est candidat, en position non éligible, sur liste de José Bové. Dans moins d’une semaine, les électeurs vont se rendre dans l’isoloir. C’est la dernière ligne droite et le temps d’un premier bilan. Gérard Onesta porte un jugement très amer sur la cuvée 2014. Il pointe du doigt Manuel Valls. Mais aussi un mauvais casting.

-Vous avez exercé plusieurs mandats à Bruxelles. Vous avez connu 7 campagnes européennes, en tant que candidat où porte parole d’Europe-Ecologie. Quel jugement portez vous sur la cuvée 2014 ?

-Gérard Onesta. C’est une bien piètre cuvée. En partie à cause de l’Europe elle même. Bruxelles a imposé l’austérité à des pays fragiles. Cela alimente l’euro-défiance. Les populismes sont en pointe partout. Les européennes 2014 débarquent dans un climat d’euro-rejet qui est à son optimum. Mais la morosité de la campagne n’est pas simplement liée à cela. Les élections ont été masquées par les municipales et le changement de gouvernement en France. Il y a aussi un problème de calendrier. La campagne se retrouve au milieu des ponts du mois de mai. Habituellement elle se déroulait au mois de juin. On m’a expliqué que c’était pour éviter un télescopage avec la coupe du monde de foot au Brésil. C’est réussi.

-Au-delà d’un contexte anti-européen et d’un calendrier défavorable, pensez-vous que le gouvernement français a une responsabilité dans la mauvaise cuvée 2014 ?

-Gérard Onesta. Pas uniquement le gouvernement. Manuel Valls, en refusant la distribution des professions de foi a une lourde responsabilité. Il tue la campagne. Comment donner envie de voter sans profession de foi ? Comment voter sans connaître les idées et les programmes des candidats. Mais l’Assemblée Nationale est également coupable. Pour les municipales, elle a donné 5 semaines de vacances à ses ouailles pour aller cumuler. Elle n’a pas été foutue de donner une journée aux députés pour aller battre la campagne. C’est incroyable. Surtout quand on sait que le ¾ de l’ordre du jour de l’Assemblée est déterminé par des décisions européennes.

-Sur le terrain, comment se traduit la fadeur de la campagne ?

-Gérard Onesta. On rame. Vendredi, à Montauban, il y avait 20 personnes dans la salle. Mardi dernier, j’étais à Bordeaux pour une réunion publique avec Alain Juppé qui officiait dans sa bonne ville, l’ancien ministre des Affaires Européennes, Bruno Le Maire et Jean-Claude Junker (ancien premier luxembourgeois, ancien président de l’Eurogroupe). L’affiche était constituée de personnalités de premier plan. Et bien la salle était à moitié vide.

La taille des circonscriptions, allant dans le Grand Sud Ouest de Biarritz à Nîmes, explique-t-elle ce désintérêt de l’opinion publique ?

-Gérard Onesta. J’ai connu, en 1979, une élection avec une circonscription de taille nationale. Et, en plus, le Parlement de l’époque n’avait aucun pouvoir. La participation a été au rendez-vous. Le désintérêt actuel n’est pas une question de taille.

-C’est un problème de casting ? Il n’est pas bon ?

-Gérard Onesta. Oui. Alliot-Marie pour attirer le chaland, on fait mieux. A l’UMP, la seule vraie pointure était Lamassoure (plusieurs fois ministre et député européen).D’ailleurs je désespère de débattre avec Alliot-Marie. Elle se fait toujours excuser. Cela fait 3 fois que je suis censé la croiser. En fait, je fais campagne contre Jean-Marie Belin (4eme sur la liste UMP). Je n’ai pas vu non plus Louis Alliot (candidat FN). Du côté du PS, Virginie Rozière (tête de liste PS-PRG) est une grande inconnue et en plus les socialistes ne font pas campagne pour elle (suite à une polémique concernant sa désignation). Il reste Mélenchon. Mais Mélenchon ne travaille pas le terrain. Il mène une campagne nationale. José Bové est le seul à être vraiment à sa place.

Propos recueillis par Laurent Dubois

16 Mai

Comprendre l’Europe (8) : Entretien avec Sandra Torremocha, tête de liste « Lutte Ouvrière »

A près les Municipales et avant elles, les Législatives, voici Sandra Torremocha à nouveau en campagne, toujours pour « faire entendre le camps des travailleurs » comme l’indique l’intitulé complet de sa liste. Elle tiendra ce soir à 20h30 une réunion publique, salle du sénéchal à Toulouse.

Sandra Torremocha

Sandra Torremocha

Pourquoi êtes-vous candidate ?
Sandra Torremocha :
Nous voulons permettre aux travailleurs qui ne se résignent pas à subir la politique du patronat et du gouvernement, de faire entendre leur voix et leurs exigences. Il n’y a aucune raison d’accepter que l’emploi et le salaire, c’est-à-dire ce qui fait la vie de la majorité de la population, soient des variables d’ajustement plutôt que les profits des capitalistes et des banquiers comme les dividendes des actionnaires.
Il faut affirmer la nécessité de l’interdiction des licenciements pour ne pas aggraver le chômage, la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire, l’augmentation générale des salaires et des pensions et leur indexation sur la hausse des prix, le contrôle des travailleurs et de la population sur la marche de l’économie et pour commencer la levée du secret des affaires.
C’est le programme de Lutte Ouvrière, un programme pour les luttes des travailleurs. Car aucune institution, quelle soit européenne ou nationale n’accordera ces mesures d’urgence pour enrayer le développement de la précarité et de la pauvreté pour la majorité de la population.

À quoi doit servir l’Europe et son parlement selon vous ?
S.T : Comme le parlement français, le parlement européen ne protégera en rien les conditions de vie et de travail des couches populaires. La construction européenne n’a été que le laborieux marchandage entre les différents états européens pour permettre à leurs capitalistes de jouer dans la cour des grands, et faire face à la concurrence des États-Unis. L’Union Européenne a été conçue et créée par et pour les intérêts des groupes capitalistes. En 60 ans de construction, rien n’a avancé sur le terrain des droits démocratiques et sociaux : il n’a jamais été question de créer un espace où les salaires, les droits sociaux, même les droits des femmes, soient alignés vers le haut.
Les institutions européennes ne sont rien d’autre que les instruments de la domination du capital, mais comme le sont les institutions françaises. Il est stupide d’opposer les responsables de Bruxelles ou d’Europe à ceux de la France ! Ce sont les mêmes politiquement, voire ce sont les mêmes tout court ! Après 30 ans de construction, l’Union européenne ne comptait que 12 membres. Au bout de 60 ans, elle en compte 28 mais elle n’englobe toujours pas toute la moitié orientale de l’Europe, la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie, sans parler de la Turquie. Et si des voix s’élèvent aujourd’hui, ce n’est pas pour élargir l’Europe, mais pour la rétrécir !
Même de son point de vue, même pour ses intérêts, la bourgeoisie est incapable de faire l’unité de l’Europe.
Pour unifier l’Europe, la délivrer du carcan capitaliste, il faudra détruire les États nationaux, il faudra une révolution. Seuls les travailleurs d’Europe, en prenant le pouvoir pourront exproprier les banquiers et les industriels. Seuls les travailleurs d’Europe pourront détruire la base du pouvoir de la bourgeoisie sur l’économie et sur la société, c’est-à-dire la propriété privée des moyens de production. Seuls les travailleurs d’Europe pourront construire le monde sans frontières intérieures et extérieures des États-Unis socialistes d’Europe.

S’il y avait un dossier prioritaire à traiter par le Parlement quel serait-il et comment le mener à bien ?
S.T :Le chômage et le pouvoir d’achat bien évidemment.
Mais pour imposer l’interdiction des licenciements, la répartition du travail sans perte de salaire, l’augmentation générale des salaires et des pensions, il faudra bien autre chose que des bavardages entre « partenaires sociaux » comme on dit, ou au Parlement européen, comme français d’ailleurs, il faudra que les travailleurs se battent pour arracher ce qui n’est pourtant qu’un minimum. Il faudra des luttes sociales générales, qui embrasent l’ensemble des catégories de travailleurs pour les imposer. Car effectivement il s’agit de s’en prendre à la dictature de la minorité bourgeoisie sur l’immense majorité de la population travailleuse. Et cette majorité de la société, les travailleurs, qui par son travail fait tourner la machine économique, doit également avoir des exigences sur la marche elle-même de l’économie.
On ne peut laisser le pouvoir de décision sur la machine économique à cette minorité d’irresponsables capitalistes qui condamnent la majorité à la crainte du lendemain.
Il faudra envahir les conseils d’administration des grandes sociétés bancaires ou industrielles qui régentent la société. Les envahir mais aussi les contrôler, ne serait-ce que, pour commencer, en supprimant le secret des affaires. Ces gens là et leurs serviteurs politiques ne parlent que de transparence, de démocratie. Mais dès que l’on s’approche un peu du vrai pouvoir, celui qui décide de la vraie vie, celle du travail, des emplois, du salaire, des profits, la démocratie et la transparence laissent la place aux secrets, aux mensonges par omission ou aux mensonges tout court. C’est la dictature revendiquée des vrais décideurs.
Alors il faudra également que les travailleurs imposent leur contrôle sur tout cela. Et on vérifiera par le menu ce que l’on sait déjà dans les grandes lignes : leur parasitisme sur l’ensemble de la société, leur rôle nuisible dans son développement et la nécessité de les exproprier.

Existe-t-il selon vous une identité européenne ? Et un sentiment d’appartenance à l’Europe ?
S.T : Pour les travailleurs il n’y a pas plus d’identité européenne que d’identité française. Ce qui identifie les hommes ce ne sont pas les cartes d’identité ou les frontières géographiques. Ce qui les opposent ce sont les frontières sociales, les frontières de classe qui divisent la société en exploités d’un côté et en exploiteurs de l’autre. Nous rejetons toute forme de nationalisme et de chauvinisme.
De l’extrême droite jusqu’au Front de gauche, tout le monde aborde les questions de l’Europe ou des relations internationales d’un point de vue national. Qu’est-ce qui sera « bon pour la France ? » Qu’est-ce qui sera « bon pour l’économie du pays ? ».
Mais autant se demander ce qui sera « bon pour Bouygues, pour Peugeot, pour Bettencourt » car les intérêts de la France sont toujours les intérêts de la bourgeoisie française, jamais ceux des travailleurs et des pauvres.
Eh bien les travailleurs conscients doivent leur opposer à tout ce monde-là leur point de vue de classe et leur internationalisme et se demander qu’est-ce qui sera « bon pour les travailleurs, pour tous les travailleurs », quelles que soient leur nationalité et leur origine.
L’internationalisme n’est pas qu’une question de solidarité entre exploités et d’efficacité dans le combat. C’est la conviction que les travailleurs ne pourront pas s’émanciper dans un seul pays et c’est la conviction que les luttes des travailleurs dans quelque pays que ce soit font avancer le sort de tous. C’est la conviction que le combat des uns est le combat de tous.

Que faire pour que le parlement soit mieux connu des citoyens ?
S.T : Pour mériter d’être connu, il faudrait encore qu’il ait une quelconque utilité pour changer la vie des travailleurs. Mais comme le parlement français, le parlement européen ne prend ses ordres que des capitalistes et des banquiers qui régentent toute la société. Et cela quelle que soit la majorité de gauche ou de droite qui est à la manœuvre. Le vrai pouvoir est ailleurs : dans les conseils d’administration des banques et des grandes sociétés. Ce sont eux qui tirent toutes les ficelles. Ces institutions sont faites pour cela. D’ailleurs pour mesurer l’efficacité de la démocratie européenne pour ne pas tenir compte de l’opinion majoritaire, rappelons-nous que le traité constitutionnel a été refusé par une majorité à l’occasion du référendum de 2005, ce qui n’a aucunement empêché d’être appliqué. Et puis rappelons aussi qu’une fraction importante de la classe ouvrière ne dispose pas encore du droit de vote du fait de sa nationalité.

Qu’auriez-vous à dire aux citoyens pour les convaincre d’aller voter le 25 mai ?
S.T : Au bout de deux ans de ce gouvernement au service du grand patronat, il n’y a plus à démontrer qu’il pouvait être pire que le précédent. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’une bonne partie des nôtres, des travailleurs, ait choisi de s’abstenir aux élections municipales pour désavouer ce gouvernement auquel « on » leur avait fait croire en 2012. Mais ce désaveu venant pour une grande partie de l’électorat de gauche, a été « détourné », « manipulé » : il s’est traduit par un retour en fanfare de la droite qui a pris des centaines de villes à la gauche, bien qu’elle ait stagné électoralement. Et bien des travailleurs qui s’étaient abstenus pour infliger un camouflet au gouvernement ont été dépités de voir que, grâce au système électoral, c’est la droite qui a finalement engrangé le résultat de leur abstention.
Et bien lors des élections européennes du 25 mai, choisir de s’abstenir sera tout aussi récupéré électoralement par la droite, voire par l’extrême droite. Pour ceux qui ne veulent pas voir leur opinion récupérée contre leurs intérêts, il y aura un autre choix dans toutes les circonscriptions de cette élection européenne, en votant pour les listes de Lutte ouvrière. Même minoritaire leur message ne sera pas récupéré contre leurs intérêts, et le drapeau de l’opposition ouvrière sera planté. Ce sera un vote sans ambiguïté. Et ce sera le seul vote utile pour l’avenir.

Patrick Noviello

15 Mai

Comprendre l’Europe (7) : Entretien avec Philippe Marty, tête de liste « Nous Citoyens » pour le Sud-Ouest.

Philippe Marty

Philippe Marty

Nous poursuivons le tour d’horizon des listes candidates aux Européennes dans le Sud-Ouest. Parmi elles : « Nous citoyens » emmenée par Philippe Marty. Ce Parti politique fondé par l’entrepreneur Denis Payre revendique 10 000 adhérents à ce jour.

Pourquoi êtes-vous candidat ?

Philippe Marty : Je suis profondément déçu par la défiance et le scepticisme des citoyens européens vis–à-vis des institutions comme des responsables élus par les peuples ou désignés par les Etats. L’Europe totalement désincarnée et mal administrée, devrait être politiquement mieux gouvernée. C’est pour apporter à la fois vision, lucidité et pragmatisme et contribuer à remettre l’Europe à sa place, sa juste place à l’intérieur comme vis-à-vis de l’extérieur. Enfin, je remettrai l’Humain au cœur des décisions économiques, sociales et sociétales.

Il est temps pour moi de m’engager dans l’action d’intérêt général, de rentrer en démocratie et non en politique politicienne. Les valeurs de responsabilité et de solidarité, fondées sur la confiance, sont les remparts aux nombreuses dérives du système politique actuel et à la peur de l’autre prônée par les partis populistes.

À quoi doit servir l’Europe et son parlement selon vous ?

P. M : Je pense que l’Europe est notre destin commun. Ce projet unique au monde a permis la paix et la prospérité pendant près de 70 ans au sein de notre continent. Pour la promotion d’échanges internationaux équitables, créateurs de richesses et de rencontres, la sobriété énergétique et les nouveaux enjeux écologiques, la sécurité de nos frontières et la régulation des flux migratoires, pour une aide coordonnée au développement, l’union fait la créativité et la force.
Pour autant, le projet européen est au milieu du gué. Les responsables en sont notamment nos dirigeants politiques, bloqués par le clivage gauche-droite ! Ils font de Bruxelles le bouc émissaire de tous nos maux et y envoient trop souvent les recalés de la politique nationale à la recherche d’un mandat alimentaire. L’Europe mérite mieux qu’un paquet de normes illisibles et de dirigeants politiques désabusés.
Nous voulons retrouver le sens commun. Alors que les crises ébranlent notre continent, nos concitoyens veulent contribuer à l’élaboration de solutions pour une vraie solidarité entre les territoires, entre les « inclus » et les « exclus » de la société et entre les générations. Il y a urgence, en particulier pour les plus jeunes, sur qui pèse le poids d’une dette irresponsable, et qui vivent dans de trop nombreuses régions de l’Europe un quotidien de chômage et de précarité.
L’Europe doit être à sa juste place et laisser le niveau local gérer les problèmes locaux : l’Europe n’a pas à légiférer sur la taille des tomates, sur la contenance des chasses d’eau, en revanche nous voulons une Europe forte sur les enjeux communs : politique économique et monétaire, politique énergétique, politique de défense…
L’Europe doit fonctionner avec des bénéfices visibles pour tous les Français dans leur vie quotidienne. Nous ne voulons pas plus ou moins d’Europe, nous voulons que le travail initié pour mutualiser un certain nombre de politiques soit enfin finalisé. Par exemple, investir en commun pour créer de l’emploi, notamment en faveur des jeunes, dans le numérique, les télécommunications, l’énergie, les transports, la défense.
Parce qu’une Europe qui fonctionne, c’est une Europe à la voix forte dans le monde, qui nous protège ! Une Europe qui nous protège dans le commerce mondial, qui nous fait respecter les normes sociales, environnementales issues de nos choix de société forts, pour assurer une concurrence loyale. Une Europe qui nous permet de lutter contre l’immigration illégale et de développer les programmes européens d’aide au développement. Une Europe qui nous protège des pollutions de l’air, de l’eau, qui lutte contre la destruction de la biodiversité : nous n’avons pas le droit de nous défausser de nos responsabilités sur les générations futures.
Pour porter ces ambitions, pour pousser les responsables politiques nationaux souvent plus préoccupés de leur réélection que des intérêts européens, nous voulons donner plus de voix et plus de poids au Parlement européen, seule institutions élue au suffrage universel direct par l’ensemble des citoyens européens !

S’il y avait un dossier prioritaire à traiter par le Parlement quel serait-il et comment le mener à bien ?

P. M : S’il ne faut en choisir qu’un, c’est la transparence sur les négociations en cours du projet de traité transatlantique et l’évaluation objective de ce que l’on a à y gagner, et à y perdre avant de nous engager plus avant. Je suis favorable aux initiatives qui vont dans le sens de la libéralisation des échanges, mais je déplore la grande opacité des négociations en cours – qui intéressent au contraire l’ensemble des citoyens – et l’insuffisante concertation avec le Parlement européen et les parlements nationaux. Personne ne sait vraiment ce qu’il en est… et ce n’est pas normal !
Ainsi, en quoi ce traité peut-il remettre en cause la PAC, qui deviendrait contraire au libre-échange, les Etats européens étant largement subventionnés ? Quel impact sur l’organisation de l’enseignement quand on sait que les budgets des grandes universités américaines sont jusqu’à 10 fois plus importants que les budgets des meilleures universités ou école européennes ? Nous ne partons pas à armes égales dans la compétition. Nous devons être très vigilants quant aux modalités de ce futur accord, notamment sur l’enjeu d’harmonisation de normes.

Existe-t-il selon vous une identité européenne ?

P. M : Difficile de répondre oui alors que la construction européenne est une réalité essentiellement mouvante. L’Europe n’est pas une réalité donnée, inscrite dans l’ordre naturel des choses, mais une création humaine, réalisée par ses habitants, ses citoyens, voulue pour faire la paix, pour faire la force.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de réalités européennes, mais celles-ci sont des réalisations historiques, vestiges, patrimoine, traditions. Elles s’inscrivent dans une intention, dans un choix fort de société, de solidarité. La réalité européenne est née d’un geste de rupture fondamental, d’une réinvention de notre destin : plus qu’une identité européenne, je parlerais d’un élan de liberté, d’une envie d’émancipation de nos petites habitudes

Et un sentiment d’appartenance à l’Europe ?

P. M : Oui, je pense qu’il existe un sentiment d’appartenance à cet espace unique au monde de libertés, de solidarité, de droits et de prospérité qu’est l’Europe. Dans un sondage IFOP pour la Fondation Jean Jaurès en mars 2014, à l’occasion des élections européennes de mai 2014, 74 % des Français entendaient exprimer par leur vote leur méfiance à l’égard de l’Europe telle qu’elle se construit actuellement. Dans le sondage ViaVoice pour Libération début mai, pour 49 % des personnes interrogées, l’UE évoque « quelque chose de négatif ». Mais n’oublions pas que 60 % sont contre une sortie de l’UE, 59 % contre la sortie de l’UE. 46 % considèrent l’UE comme « une chance pour la diversité culturelle ». Une majorité de personnes interrogées veulent une plus grande intervention des instances européennes dans l’emploi (57 %), la croissance économique (53 %), etc.
La construction de l’Europe est largement inachevée et des erreurs ont été commises, mais ce sont principalement les responsables politiques nationaux qui sont en cause. C’est à cela que Nous Citoyens entend apporter des solutions pragmatiques et réalistes.


Que faire pour que le parlement soit mieux connu des citoyens ?

P. M : Commençons par avoir des députés européens compétents et pleinement, exclusivement engagés pour servir la France et l’Europe et non pas se servir ! Des députés qui exercent un mandat complet, qui ne cumulent pas, présents aux sessions, qui participent activement à l’ensemble du travail parlementaire, de l’élaboration des textes législatifs au suivi de leur mise en œuvre, et on aura déjà fait une bonne partie du chemin ! Trop de députés européens ne vont à Bruxelles qu’en attendant « mieux » en France, pour se mettre au chaud en attendant les prochaines élections nationales.
La mission d’un député européen, c’est également rendre compte aux citoyens de son action au service de la collectivité. C’est informer les citoyens sur les clés pour se faire entendre : déposer des pétitions auprès du Parlement européen, répondre aux consultations publiques de la Commission européenne sur des projets législatifs en matière de commerce international, d’emploi, d’environnement… Franchement, quel électeur a déjà été informé par son député de cette possibilité de participer directement aux décisions européennes ? A l’évidence, on peut faire beaucoup mieux !

Qu’auriez-vous à dire aux citoyens pour les convaincre d’aller voter le 25 mai ?

P. M : Si on ne veut pas être au menu, il vaut mieux être autour de la table ! Pour cela nous avons besoin d’une Europe forte, qui fonctionne. Cela ne se fera pas sans nous, car si les responsables politiques actuels n’ont rien fait jusqu’ici, il est peu probable que par un coup de baguette magique ils changent du jour au lendemain pour servir nos intérêts et nos valeurs. Face à la défiance généralisée des Français vis-à-vis de la classe politique, face à la colère et à la désespérance, nous portons un projet alternatif et crédible pour l’Europe : le projet de citoyens qui cessent de sous-traiter leur destin commun à des politiciens de carrière et s’engagent ensemble pour remettre l’Europe en marche.

Patrick Noviello

12 Mai

Comprendre l’Europe (6) : entretien avec la liste So Pirate sud-ouest

Mais qui sont donc ces Pirates ? Pour en savoir un peu plus nous les avons soumis à la question au même titre que les autres candidats plus « traditionnels ». Ils ont répondu en groupe, un collectif qui marque l’ensemble de leur action pour ce parti qui se dit « le seul à avoir un programme rédigé en commun dans 16 des états membres ». Parmi les moments forts de leur campagne, vous pourrez les rencontrer mercredi soir dans leurs locaux de campagne du Port Saint-Sauveur, salle des bateliers, à Toulouse pour une réunion publique à partir de 20h30.

Groupe SoPirate Sud-Ouest

Pourquoi êtes-vous candidat ?

Parti Pirate : L’Union Européenne a besoin de parlementaires qui sauront dépasser le simple intérêt national pour défendre l’intérêt de tous les citoyens de l’Union. C’est pourquoi nous nous sommes constitués au niveau européen, basé sur un programme commun avec tous les autres partis pirates d’Europe. Nous sommes candidats pour porter les idées des citoyens, améliorer la transparence de la politique européenne, défendre les idées transpartisanes de notre programme et renforcer la démocratie en Europe. Nous proposons une Europe qui résistera mieux à la fois aux idées nationalistes et aux traités internationaux.

À quoi doit servir l’Europe et son parlement selon vous ?

P.P : C’est à nous, citoyens, de définir le rôle de l’Europe et nous, membres du Parti Pirate, souhaitons que l’Europe avance dans l’idéal des droits de l’homme : libertés individuelles et libertés politiques. Seule institution européenne élue, le Parlement doit devenir le moteur de cette politique. Si le peuple choisit la politique qu’il désire voir mise en œuvre, l’UE disposera de deux atouts de taille :
– négocier avec sérénité face aux grandes puissances économiques
– et proposer un cadre de vie harmonieux où chaque individu aura sa chance et ses droits garantis.

S’il y avait un dossier prioritaire à traiter par le Parlement quel serait-il et comment le mener à bien ?

P.P : Le dossier prioritaire est la réforme du droit d’auteur. Nous sommes déjà impliqués dans le dossier puisque nous avons participé et aidé les citoyens à participer à la consultation publique de la Commission en 2013. Le Parti Pirate s’est créé en réponse à la criminalisation du partage de la culture. Depuis, il se bat entre autres pour une réforme du droit d’auteur. L’industrie du divertissement nous ment depuis plus de dix ans pour conserver son monopole et, de fait, refuse de s’adapter à l’ère numérique et d’évoluer. Avec les 6 mesures suivantes, nous proposons de rétablir la concurrence censée s’opérer dans un libre marché :
– Droits moraux inchangés
– Autorisation du partage non-marchand
– Pas plus de 20 ans de monopole commercial
– Enregistrement des œuvres tous les 5 ans pour éviter les œuvres orphelines
– Libre remix
– Interdiction des DRM

Existe-t-il selon vous une identité européenne ?

P.P : L’Union européenne a été bâtie sur la volonté de vivre en commun et de partager des compétences communes. En poursuivant cet idéal, oui, l’identité européenne existe. De nombreux programmes favorisent cette identité, des programmes sportifs comme la H Cup ou la ligue des champions, mais aussi des programmes éducatifs comme Erasmus qui permet aux étudiants de l’Union d’étudier dans tout état membre. Cependant, le concept d’identité est erroné à l’échelle d’un continent aussi vaste et culturellement diversifié. L’identité passe essentiellement par la langue, or nous n’avons pas de langue commune historique. Celle qui s’est imposée pour faciliter les interactions de développement du commerce et de l’informatique est l’anglais, mais ce fait n’est pas propre à l’Europe. L’identité ne passe pas par la somme des individus. C’est en faisant des choses ensemble que l’on va construire cette identité, c’est pourquoi il est nécessaire de continuer la promotion d’évènements communs, qu’ils soient sportifs, culturels ou politiques.
Le citoyen européen est un métis culturel.

Et un sentiment d’appartenance à l’Europe ?

P.P : Oui. Nous bougeons facilement en Europe. Nous n’avons pas besoin de visa, ni d’autorisation de travailler. Nous nous rencontrons via Erasmus, E-twinning (échange européen entre scolaires). Le sentiment d’appartenance passe par la culture.

Que faire pour que le parlement soit mieux connu des citoyens ?

P.P : Le manque d’intérêt médiatique pour les institutions européennes vient du désengagement politique. L’UE dispose d’un potentiel économique, juridique et stratégique qui est gâché par quelques frilosités nationales. Beaucoup de citoyens européens se méfient de l’Union Européenne à laquelle ils reprochent un manque de transparence démocratique (Commission Européenne non-élue par exemple), ainsi que de nombreux conflits d’intérêt (lobbyisme, etc.). Ce sont ces sources de méfiance que les Pirates dénoncent, sur lesquelles ils sont très vigilants et veulent agir.
Nous voulons également rompre avec cette fausse impression des citoyens qui pensent que les sujets européens ne les concernent pas directement. Il est nécessaire de démystifier ces sujets pour les rendre plus concrets et expliquer pourquoi ils font partie du quotidien de chaque citoyen. Le Parlement Européen souffre d’une mauvaise image parce que les gens le voient comme une entité qui impose des contraintes plutôt qu’autre chose. Il y a un véritable déficit d’informations sur ce qui s’y fait, ce qui est voté, qui décide quoi et quels sont les enjeux véritables.
Exemple symptomatique : le jour où a été votée une définition claire de la neutralité d’Internet qui protège les libertés d’expression et d’entreprise pour les citoyens de l’Union, les médias n’ont parlé que des frais d’itinérance gratuits au sein de l’Union ! Et c’est sans compter sur le fait que les gouvernements qui se sont succédé rejettent systématiquement la faute sur l’Europe quand ils n’arrivent pas à faire quelque chose, et s’attribuent pour eux-mêmes les réussites européennes. Au contraire, il est important de montrer que l’échelon européen peut être un moyen de dépasser les égoïsmes et les blocages nationaux pour faire avancer les droits des citoyens.

Qu’auriez-vous à dire aux citoyens pour les convaincre d’aller voter le 25 mai ?

P.P : Nous pensons que s’abstenir de voter n’est pas une solution. Il est indispensable de faire connaître son opinion, que ce soit par un vote blanc ou non. Le Parti Pirate est le seul parti à avoir un programme rédigé en commun dans 16 des états membres. Les idées et les valeurs qu’il défend sont simples mais souvent oubliées par les partis dits traditionnels : défendre les libertés, partager le savoir et restaurer la démocratie. Voter pirate, c’est voter pour une liste qui défend nos intérêts et non ceux des grands groupes.
Nos objectifs sont la réforme du droit d’auteur, la défense de la vie privée, le retour des citoyens au cœur de la vie politique, la transparence des institutions, la non-professionnalisation de la vie politique. Quels politiques se soucient aujourd’hui des violations de votre vie privée par l’État Français ? De l’espionnage industriel de masse opéré par les américains ? Des absurdités qu’engendre l’application excessive du droit d’auteur ? Les pirates s’assureront pour nous tous que les piliers de nos sociétés ne soient pas méprisés pour les intérêts de certains ou la soif de contrôle des autres.
D’ailleurs après seulement un mandat des deux eurodéputés pirates suédois, les premiers résultats sont visibles :
– Abandon d’ACTA
– Fin de la riposte graduée
– Adoption de la proposition de réforme du droit d’auteur par le groupe des Verts / ALE
– Protection de la neutralité du net

Enfin, pour ceux qui sont déçus de la classe politique professionnelle actuelle, plutôt que de vous abstenir ou de voter à l’extrême, le vote pirate est aussi un vote contestataire. Notre transparence politique ne pourra que vous le prouver. Nous resterons disponibles pendant le prochain mandat pour continuer à échanger et éviter le syndrome « chèque en blanc ». Les élections européennes ne doivent pas être l’expression d’un ressentiment, qu’il soit envers les politiques ou envers les citoyens, ni se limiter à une simple lutte de pouvoir. Le vote que nous ferons doit être celui du futur que nous voulons construire ensemble.

Patrick Noviello

07 Mai

Des parlementaires PS furieux contre la ministre de la Santé

Des parlementaires en colère. Gérard Bapt et Catherine Lemorton sont furieux. Le député de Haute-Garonne et la présidente de la commission des affaires sociales contestent violemment la nomination de la nouvelle numéro 2 de la Direction Générale de la Santé. Françoise Weber vient d’être nommée, ce matin, en conseil des ministres. Les deux parlementaires de Haute Garonne pointent du doigt son passé dans les laboratoires pharmaceutiques et son parcours aux côtés de Roselyne Bachelot. Catherine Lemorton se défend d’attaquer la personne. Mais elle est catégorique : « quand on est de gauche, on ne nomme pas quelqu’un comme cela. Françoise Weber a été aux côtés de Roselyne Bachelot au moment de la grippe H1N1 [ un désastre financier suite à la commande contestée de 94 millions de doses inutiles de vaccins ]. C’est elle qui lui a fourni des argumentaires. Et elle a été responsable de la pharmacovigilance dans des laboratoires. Quand on sait à quoi correspond ce genre de travail… Je suis hors de moi ». Catherine Lemorton a interpellé le cabinet de la ministre de la Santé. Sans succès. Elle a raccroché son téléphone sans obtenir gain de cause. Avec son collègue Gérard Bapt, elle porte désormais l’affaire sur la place publique.

Laurent Dubois

06 Mai

C. Alvès : « mon but est de faire regagner Jean-Luc Moudenc »

26 et 35. Parmi les 26 adjoints de Jean-Luc Moudenc, un élu de 35 ans est en charge du Handicap, du Social et du milieu Associatif. Christophe Alvès découvre le Capitole. Il a occupé des fonctions administratives à la mairie de Toulouse dans les années 2000. Aux cotés de Françoise de Veyrinas (alors 1ere adjointe de Jean-Luc Moudenc) il côtoie les dossiers toulousains. Mais, moins de dix ans après, c’est dans le fauteuil d’un élu qu’il retrouve la salle des Illustres et le conseil municipal. Dans un entretien pour « Midi-Pyrénées Politiques« , il livre ses premières impressions. Mais aussi les futures pistes qui vont guider son mandat.

-6 avril-6 mai. Il y a un mois, jour pour jour, vous vous êtes assis dans la salle du conseil municipal. Quel souvenir gardez-vous de ce moment ?

-Christophe Alvès. Ma première impression ? Une vraie émotion au moment d’entendre mon nom lors de l’appel. Ca peut paraître bête. Mais cela a déclenché une émotion. Et, au moment de s’installer dans mon bureau, au second étage, je me dis : « tu es en place ». Au début c’est l’euphorie de l’installation. Et, depuis 15 jours, je mesure le poids de mes responsabilités.

-Pour vous la campagne c’est donc du passé ?

-Christophe Alvès. Je me dis que je suis déjà en campagne pour 2020. Mon but est de refaire gagner Jean-Luc Moudenc. Il ne faut surtout pas lâcher le terrain. C’est ce qui nous a permis de gagner. Aussi, dès le 14 mai prochain, j’organise ce que j’appelle le déjeuner du « noyau dur ». Je vais réunir nos militants pour qu’ils continuent à être présents dans les quartiers. Il faut garder à la tête que le fait d’être adjoint au Capitole ne signifie pas être dans une tour d’ivoire. D’ailleurs je vais visiter tous les services municipaux qui se trouvent sur le secteur (Lardenne, Pradette, Basso-Cambo) dont je suis le maire. De même, j’ai programmé des visites d’entreprise.

Dans vos délégations (Social, Handicap, Vie Associative) vous allez changer les services ? Vous allez changer les équipes qui ont travaillé avec Pierre Cohen ?

-Christophe Alvès. Il y a forcément des ajustements. Mais il est hors de question de faire tomber des têtes. Ce n’est plus le temps de la campagne mais de l’Intérêt Général.

-Une fois installé dans votre fauteuil d’adjoint quelle a été votre première décision ?

-Christophe Alvès. J’ai voulu faire un point sur le Handicap. J’ai ouvert le dossier de l’état des lieux. Il en ressort que le problème de l’accessibilité est vraiment crucial. Il n’est pas possible de transiger sur ce point. L’état financier de la mairie pose problème. D’ailleurs le maire va se prononcer prochainement sur ce point. Je peux comprendre que le financement soit problématique. Mais si les finances de la mairie ne suffisent pas et que je doive trouver de l’argent ailleurs alors je le ferrai. Si je dois aller jusqu’au parlement européen alors j’irai jusqu’au parlement européen.

-Autre délégation : la vie associative. Quel est votre programme ?

Christophe Alvès. Il faut plus de transparence et de lisibilité sur les subventions. Je ne dis pas qu’il faut réduire ou supprimer des subventions. Non. Je le dis sur le ton de l’humour, il faut mettre en place ce que François Hollande n’a jamais réussi à faire : une simplification administrative. Les associations ne savent pas si elles doivent s’adresser aux « finances » au « sport » ou à la « culture ». Il faut mettre en place un point d’entrée unique.

Propos recueillis par Laurent Dubois

03 Mai

[Exclusif] P. Bonnecarrère :  » d’autres combats à mener »

J+30. Un mois après le second tour des municipales, Philippe Bonnecarrère analyse un scrutin marqué par l’abandon volontaire de son siège de maire. De nouveau président du Grand Albigeois, l’ancien premier magistrat revient sur la campagne de mars dernier. A l’aube de son troisième mandat à la tête de la Communauté d’Agglomération, il définit ses priorités pour les six années à venir. Des années qui seront marquées par des élections régionales, cantonales et sénatoriales. L’hypothèse d’une candidature Bonnecarrère circule. Notamment en ce qui concerne les sénatoriales. Le principal intéressé ne donne pas de détail. Mais loin de démentir, il confirme et affirme son intérêt pour d’autres horizons politiques.

– Quelle analyse faites vous des municipales de mars dernier ?

– Philippe Bonnecarrère. Une analyse sereine des résultats. Une transmission de relais est toujours complexe mais je tenais à le mener à bien pour le renouvellement d’une génération. Nos concitoyens ont compris ce renouvellement, ce changement dans la continuité, et ils ont accordé leur confiance à Stéphanie Guiraud-Chaumeil.

– Le Front National fait son entrée au conseil municipal. Votre réaction. Une explication ?

– Philippe Bonnecarrère. La particularité de l’élection albigeoise est d’avoir porté sur des sujets locaux. La campagne ne s’est pas focalisée sur une hostilité à François Hollande. Une partie de l’électorat attendait certainement une réaction plus forte contre le gouvernement. Cela explique que certains électeurs se sont reportés sur le Front National. Mais je ne regrette rien. Nous avons choisi de mener une campagne sereine, consensuelle, dans laquelle une partie de la gauche a été associée. Le fait d’unir une partie de la gauche, du centre et la droite modérée est une vraie réussite et nécessaire pour perturber l’évolution du Front National.

– Vous venez d’être réélu président de la Communauté d’Agglomération du Grand Albigeois. Les grandes lignes de ce nouveau mandat ?

-Philippe Bonnecarrère. Maintenir la collégialité et l’expérience du consensus. Continuer à travailler à la mutualisation et à la rationalisation des moyens pour garantir une capacité d’investissement suffisante alors que les allocations baissent. Mais il faut aussi, sur le mandat 2014-2020, changer de logiciel. L’Agglo va être plus proche de Toulouse et nous allons travailler à une logique métropolitaine. Nous souhaitons apporter notre petite pierre et notre petite brique pour faire de Toulouse une collectivité de niveau européen.

– L’élection de Jean-Luc Moudenc au Capitole et à la présidence de Toulouse Métropole est-elle, selon vous, positive ? Cette élection va-t-elle rapprocher Toulouse et Albi ?

-Philippe Bonnecarrère. L’élection de Jean-Luc Moudenc est un point favorable. Nous avons bien travaillé avec Pierre Cohen. Mais Jean-Luc Moudenc a lancé une association pour favoriser le dialogue métropolitain. Nous allons poursuivre et accentuée cette action démarrée en 2008. L’élection de Jean-Luc Moudenc constitue indiscutablement un accélérateur.

– En septembre des sénatoriales. En 2015 des départementales et des régionales. On cite régulièrement votre nom notamment pour les prochaines élections sénatoriales. Êtes vous intéressé ?

-Philippe Bonnecarrère. J’ai la chance d’avoir une certaine expérience de la vie politique et je reste passionné par les questions publiques. Nous verrons les possibilités dans l’avenir et quelles seront les actions pour lesquelles je pourrais être le plus utile. Je verrai paisiblement s’il y a d’autres combats à mener. Si je sens que je peux être utile, je m’engagerai. Mais ce genre de décision ne se prend jamais seul. Il faut aussi consulter et avoir le soutien de ses amis.

Propos recueillis par Laurent Dubois.

 

29 Avr

Comprendre l’Europe (5) : Entretien avec Louis Aliot, tête de liste Front National-Rassemblement Bleu Marine dans le sud-ouest.

Candidat malheureux au second tour des Municipales à Perpignan, le vice-président du Front National enchaîne sur une autre campagne. Il était hier dans le Lot après avoir démarré son tour des 18 départements par la Lozère et l’Aveyron samedi. Son objectif : obtenir deux voire trois députés dans le grand sud-ouest.

Louis Aliot. AFP PHOTO / RAYMOND ROIG

Louis Aliot. AFP PHOTO / RAYMOND ROIG

Pourquoi êtes-vous candidat ?

Louis Aliot : Pour défendre la France des politiques antisociales et antinationales de l’Europe technocratique et supranationale de Bruxelles… 

À quoi doit servir l’Europe et son parlement selon vous ?

 L.A : A défendre les intérêts des peuples européens et des nations libres face à une mondialisation anarchique dont la seule finalité reste l’argent !

S’il y avait un dossier prioritaire à traiter par le Parlement, quel serait-il et comment le mener à bien ?

 L.A : Redonner aux nations européennes leur liberté, donc leur souveraineté pour aller vers une Europe des projets !

Existe-t-il selon vous une identité européenne ?

 L.A : Il existe une histoire européenne et une civilisation façonnée par Athènes, Rome et la religion judéo-chrétienne !

Et un sentiment d’appartenance à l’Europe ?

 L.A : Non je ne crois pas. Nous sommes des européens de culture, mais il n’existe pas d’appartenance à une Nation européenne…

Que faire pour que le parlement soit mieux connu des citoyens ?

 L.A :  Il est trop éloigné des préoccupations populaires…La référence reste la nation !

Qu’auriez-vous à dire aux citoyens pour les convaincre d’aller voter le 25 mai ?

 L.A : Ne votez pas UMPS, c’est la même chose ! Pour retrouver la France et déconstruire cette Europe des échecs, votez FN-RBM avec Marine !

Patrick Noviello

28 Avr

Pacte de responsabilité : combien de divisions ?

« Nous sommes conscients de la nécessité de redresser nos finances publiques, de soutenir nos entreprises pour la compétitivité et l’emploi, mais nous voulons le faire avec le souci de la justice sociale ». D’une seule voix ou plutôt d’un seul communiqué tous els députés socialistes de la Haute-Garonne, le disent sans détours, « demain nous soutiendrons le plan présenté par le gouvernement ».

 Ces neuf-là (Gérard Bapt, Christophe Borgel, Carole Delga, Monique Iborra, François Imbert, Patrick Lemasle, Catherine Lemorton, Martine Martinel et Emilienne Poumirol) vont donc appuyer manuel Valls et ce malgré d’autres élus de gauche du même département qui les avaient pourtant appelés à voter non.

 « Quand on est un député de gauche, on n’applique pas la politique voulue par le Medef. Quand on est un député de gauche, on ne recourt pas aux vieilles recettes économiques de la droite.  Vos électrices et électeurs, du premier comme du second tour, dont nous sommes, ne vous ont pas élu pour cela » leur écrit Martine Croquette, candidate du Front de Gauche dans la troisième circonscription.

Manuel Valls à l'Assemblée Nationale. AFP PHOTO / JACQUES DEMARTHON

Manuel Valls à l’Assemblée Nationale. AFP PHOTO / JACQUES DEMARTHON

Bref ici comme ailleurs, le fossé se creuse entre la gauche socialiste et sa gauche. Ambiance, ambiance en perspective dans certains conseils municipaux ou autres collectivités locales. Un signe d’apaisement toutefois pour le Premier Ministre, il pourra a priori compter sur les Radicaux de Gauche. Ils semblent lui avoir donné leur aval via un message de leur patron, Jean-Michel Baylet.

« Les petites retraites, inférieures à 1200 euros, ainsi que les fonctionnaires de catégorie C, ne seront pas impactés par les mesures d’économies annoncées, le Plan pauvreté sera quant à lui appliqué comme prévu et ses financements sanctuarisés. Ce sont là trois revendications portées par le Parti Radical de Gauche qui ont été reprises par le Gouvernement. » Le Président du Parti Radical de Gauche, se félicite d’avoir été entendu et appelle donc à voter le plan Valls.

Rendez-vous donc demain à l’assemblée nationale pour compter les voix et les divisions.

Patrick Noviello

24 Avr

Comprendre l’Europe (4) : Entretien avec Robert Rochefort, tête de liste Modem-UDI dans le sud-ouest.

Député européen sortant du grand sud-ouest, Robert Rochefort repart en campagne avec cette fois-ci une liste d’union du centre. Ce jeudi, il sera dans les Hautes Pyrénées. Il visitera les thermes de Bagnères et le Pic du Midi.

Robert Rochefort -®AFP Photo Bertrand Langlois

Robert Rochefort -®AFP Photo Bertrand Langlois

Pourquoi êtes-vous candidat ?

Je suis candidat parce je veux participer à une véritable métamorphose de l’Europe. Parce que je ne veux pas laisser le champ libre aux dangereux aventuriers qui proposent la sortie de l’euro, la fermeture des frontières, le repli sur soi et la nécrose du continent. Parce qu’abandonner la construction européenne signifierait appauvrissement, inflation, arrêt de nos exportations, retour à l’époque où l’Espagne et l’Italie dévaluaient leur monnaie contre nos intérêts économiques. Croyez-moi, il n’y a pas d’autre choix que l’Europe. Pour nous, et plus encore pour nos enfants. Ceux qui vous proposent la sortie de l’euro sont de bien dangereux aventuriers. Cela signifierait appauvrissement, inflation, arrêt de nos exportations, retour à l’époque où l’Espagne et l’Italie dévaluaient leur monnaie contre nos intérêts économiques.

À quoi doit servir l’Europe et son parlement selon vous ?

Le parlement européen est souvent méconnu. Et pourtant, élu au suffrage universel,  il représente 500 millions d’Européens. Malheureusement l’Europe reste largement intergouvernementale en raison du poids écrasant du Conseil Européen, composé des ministres des gouvernements qui décident en dernier ressort. La loi Européenne est faite par le Parlement et le Conseil. Le parlement doit évoluer pour rendre l’Europe plus démocratique. Il est le seul organe qui incarne réellement le peuple européen dans sa diversité. Les élections de mai offrent la possibilité de formuler de nouvelles ambitions pour l’Europe. En votant massivement les citoyens ont le moyen d’accroitre sa légitimité et d’engager un rééquilibrage des forces avec le Conseil.

S’il y avait un dossier prioritaire à traiter par le Parlement quel serait-il et comment le mener à bien ?

Faire l’Europe, c’est relancer l’activité dans de nombreux secteurs en créant de grandes entreprises européennes – comme on a su le faire avec Airbus – dans l’énergie et la transition écologique, la grande vitesse ferroviaire, le médicament. C’est mettre fin au dumping fiscal et social, concurrence déloyale entre pays, qui nous ont fait perdre des places dans l’agriculture et l’industrie agroalimentaire. Faire l’Europe, c’est donner d’avantage de force aux régions, c’est reconnaître les productions locales, c’est soutenir les petites entreprises. Car c’est en étant forts et unis que l’on peut se protéger de l’uniformisation. Un peu comme dans une coopérative, où chacun existe avec ses spécificités car il bénéficie de l’appui solidaire de tous les autres. Comme vous le savez, j’ai beaucoup travaillé sur le “Produire en France”. J’ai en 2012, bien avant que le gouvernement ne s’en saisisse écrit un livre intitulé “Produire en France, c’est possible”. Ce combat pour la qualité des produits et l’information du public, je le mène également au niveau Européen. Et je suis heureux que lors de notre dernière session à Strasbourg, le Parlement ait voté pour la création d’un label “made in EU”.

Existe-t-il selon vous une identité européenne ?

L’identité européenne c’est la culture, c’est l’histoire tragique souvent, qui a débouché sur la volonté de créer une zone de paix. C’est, malgré quelques différences ici ou là, l’émergence progressive d’un  modèle commun dans les domaines social et économique. C’est aussi et peut être surtout une vision commune des libertés individuelles.

Et un sentiment d’appartenance à l’Europe ?

Evidemment. Il dépasse même les frontières de l’Union. Ce qui manque aujourd’hui c’est un sentiment d’appartenance à l’Union en tant que telle, avec ses structures et son fonctionnement. C’est à elle de se reformer pour créer et renforcer ce sentiment d’appartenance, c’est d’ailleurs la mission que nous nous sommes donnés, nous les candidats UDI/MODEM.

Que faire pour que le parlement soit mieux connu des citoyens ?

Les medias ont un rôle fondamental. Nous ne sommes que très peu écoutés, et notre action n’est quasiment pas relayée. Parce que, parmi les idées reçues sur l’Europe il y a cette fausse image d’opacité…Tout est public au Parlement européen, y compris les commissions thématiques. Et notre présence est obligatoire pour les votes. Au fait, dites-moi, que pouvez-vous faire pour que le Parlement Européen soit mieux connu des citoyens?

Ma réponse : Nous donnons la parole à chacune des têtes de liste Sud-Ouest à ces élections, comme nous le faisons avec vous dans cet entretien. Nous réalisons aussi sur ce blog des éditos pédagogiques et incitatifs pour que nos lecteurs s’intéressent à ce scrutin. Et puis le mardi 20 mai au soir, nous diffuserons dans tout le grand sud-ouest sur France3 un débat entre les principales têtes de listes, sans oublier les reportages que nous mettons en œuvre dans nos journaux télévisés pour montrer l’impact concret des politiques européennes en région.

Qu’auriez-vous à dire aux citoyens pour les convaincre d’aller voter le 25 mai ?

Si nous donnons, en votant massivement une vraie légitimité au Parlement européen le 25 mai,  nous lui permettrons de peser beaucoup plus sur l’évolution de la construction européenne. Voter le 25 mai, c’est renforcer la seule institution réellement démocratique  de l’Union Européenne et la pousser à se mettre clairement au service des citoyens européens. Pourtant, comme vous, je ne me satisfais pas de l’Europe d’aujourd’hui. Celle qui multiplie les tracasseries inutiles voire néfastes. Celle qui n’arrive pas à parler d’une seule voix dans le concert des nations. Et pourtant, prendre Bruxelles comme bouc émissaire, c’est tromper les citoyens. Car, je vous le dis, aucune décision en Europe n’est prise sans que les gouvernements, et donc celui de la France, n’aient donné leur accord. Et nos principales difficultés se trouvent ici, chez nous, en France. Elles sont les conséquences de nos incapacités à nous réformer depuis tant d’années. C’est cette refondation de l’Europe que nous vous proposons. C’est ce qui nous différencie d’autres listes, composées de melting-pots bien hasardeux, d’eurosceptiques et d’européens convaincus, à droite comme à gauche de l’échiquier politique. Les candidats présentés par nos adversaires ont le plus souvent bien peu à voir avec les grands enjeux européens. L’Europe a besoin de vous. De citoyens exigeants et vigilants à l’égard de Députés européens sans ambiguïté sur le sens de leur engagement, et qui reprendront le flambeau des bâtisseurs.

Robert Rochefort sera l’invité du journal régional de France3 Midi-Pyrénées demain à 19h

Patrick Noviello

 

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