A priori tous les élus n’ont pas la même lecture de la refonte des régions. D’un côté un Martin Malvy qui se réjouit dans « Le Point » d’avoir « enfin un projet de simplification ». De l’autre un Christian Bourquin qui fulmine et dit « défendre sa terre ».
« Malvy veut le magot ». Christian Bourquin, le président de Languedoc-Roussillon n’y va pas par quatre chemins dans son entretien accordé à Midi Libre mercredi. A le lire, on se dit qu’avant de marier ces deux là, beaucoup d’eau aura coulé dans le Canal du Midi. « Il n’y a pas d’absorption d’une région par une autre, mais un nouveau dessin des régions » lui répond son homologue midi-pyrénéen.
« Par un jeu de construction, il s’agit de constituer dans le Sud-Ouest européen un quatrième bloc de six millions d’habitants face à Paca, Rhône-Alpes et notre voisin espagnol, la Catalogne » explique un Malvy qui se veut pédagogue. A priori Bourquin ne veut pas participer à ce jeu. « Qu’il fusionne avec l’Aquitaine » lui rétorque l’élu languedocien qui s’est déjà déclaré « humilié » de ne pas avoir été prévenu des projets de Hollande pour sa région.
« Moi non plus je n’ai pas été consulté, poursuit Martin Malvy dans Le Point. On peut effectivement déplorer qu’il n’y ait pas eu concertation. Mais si cela avait été le cas, combien d’années aurait-elle duré ? ». C’est en substance ce que nous confiait Jean-Pierre Bel en disant « qu’à un moment il faut trancher » (voir interview ci-dessous). Donc si la fusion des deux régions semble inéluctable, quelle cité en sera la capitale.
Malvy pense naturellement à Toulouse, d’autant que du côté de Montpellier la résistance ne semble pas s’organiser. Et Christian Bourquin d’habiller également pour l’hiver le maire DVG de la capitale héraultaise, Philippe Saurel, en lui reprochant de ne pas défendre la candidature de sa ville : « c’est une faute politique grave ! »
Et tout ça pour quoi ? Martin Malvy reconnait qu’il n’est pas convaincu qu’il y aura beaucoup d’économie à la clé du moins dans l’immédiat, mais qu’ « on gagnera en efficacité ». Quant à la simplification, il va d’abord falloir que les électeurs de cette future éventuelle grande région prennent leurs marques. En attendant, côté Languedoc-Roussillon, on ne lâche pas l’affaire. Christian Bourquin veut réunir l’assemblée régionale dès samedi matin pour une session extraordinaire.
Patrick Noviello