Une rose pleine d’épines. Un bouquet de députés frondeurs qui piquent, depuis des semaines, les mollets de François Hollande. Un allié PRG faisant du chantage autour de la réforme territoriale et qui menace de quitter le gouvernement. Dimanche dernier, c’est la gerbe finale. Haut le cœur à Matignon. Arnaud Montebourg critique le cap économique de l’Elysée. C’est l’accroc de trop. Manuel Valls furieux demande au chef de l’Etat de trancher. Des têtes doivent tomber. Un remaniement est organisé.
Montebourg met fin au suspens.
Les ministrables et les « débarquables » peuvent dire « merci » à Arnaud Montebourg. Le toujours ministre de l’Economie a levé le suspens. L’idée d’un remaniement plane depuis des semaines. François Hollande a eu du mal à faire voter son budget. Les municipales ont été mauvaises et appellent un réajustement. Les sénatoriales semblent perdues d’avance. Pour des raisons politiques et électorales, le chef de l’Etat devait administrer un électrochoc à sa majorité et adresser un message au pays. François Hollande l’a dit et répété tout au long de l’été. Pas question de changer de cap. Le seul changement possible est dans le rythme. Il faut « acccééélllléérreerrr » les réformes. C’est le leitmotiv. Dans ce contexte, il restait une unique variable d’ajustement : la composition du gouvernement.
Montebourg, l’étincelle qui fait exploser la poudrière
Arnaud Montebourg a jeté une allumette dans la poudrière. Sa déclaration intervient après l’attentat à l’explosif de Cécile Duflot. L’ancien ministre de François Hollande a dynamité, dans un livre, le bilan de l’Elysée. Dans la même semaine, cela fait beaucoup. François Hollande souffre d’un déficit de popularité et d’autorité. Les deux sont d’ailleurs liés. L’Elysée ne pouvait pas tolérer une nouvelle attaque. Une attaque venant de surcroit de l’intérieur du gouvernement. Encore une fois, ce n’est pas Arnaud Montebourg qui va mettre à la retraite un Kader Arif ou une Aurélie Filipetti. Fin août où début octobre, un remaniement devait intervenir. Mais, comme le dit au téléphone une proche de Jean-Michel Baylet : « impossible de laisser passer. Hollande n’a pas d’autorité. S’il ne réagissait pas, il était foutu ».
Et maintenant ?
François Hollande recompose pour enrayer une décomposition. Ministres râleurs. Députés frondeurs. Sénateurs « tueurs ». Le président de la République ressemble à une gondole au milieu des icebergs. Sa coque est fragile. Elle est menacée de toutes parts. Le remaniement est censé renforcer son esquif. Mais cela reste une vraie galère. Le danger est de consolider les oppositions internes. La sortie des contestataires peut aggraver la brèche que le remaniement est censé colmater. La règle est vieille comme la politique. Il vaut mieux avoir ses adversaires à la table du conseil des ministres que sur les plateaux de télévision ou à la tribune de l’Assemblée. En chirurgie, l’amputation peut sauver le patient. En matière politique, les coups de scalpel présentent un risque de gangrène. Le remaniement peut engendrer des effets secondaires mortifères. Il n’existe pas de remède miracle. Un Montebourg en liberté est forcément une « épidémie Ebola » en puissance. Le tonitruant tribun va disséminer ces « germes » contestataires chez Ruquier et Ardisson. Le moindre micro va lui servir de tremplin. il va devoir exister. Et pour exister, il va s’opposer. Toutefois, François Hollande dispose d’un « vaccin ». Un vaccin qui va rendre « malade » Kader Arif et les sortants de Midi-Pyrénées ou d’ailleurs.
Un vrai remaniement ?!!
Un vrai remaniement. Un remaniement large, profond et ayant un sens politique. C’est le seul moyen pour éviter un aveu d’impuissance. Changer les ministres uniquement pour mettre au piquet Arnaud Montebourg revient à se donner un coup de règle sur les doigts. C’est le maitre d’école qui se punit lui même. Pour éviter cela, François Hollande va devoir resserrer son équipe : moins de ministres, des nouvelles têtes. C’est une mauvaise nouvelle pour les sortants. Les places seront plus chères. Les prochaines heures de Kader Arif, Carole Delga et Sylvia Pinel vont être longues, très longues.
Laurent Dubois