La santé est-elle en forme ? La disparition des médecins dans nos campagnes et certaines villes. La formation des infirmiers. Le maintien à domicile des personnes âgées. Ces dossiers chauds qui sont sur le bureau du Conseil Régional. La semaine dernière, le « monsieur Santé » de la nouvelle Grande Région a été désigné. Il s’agit de Michel Boussaton. La santé va-t-elle s’adapter à un nouveau territoire taille XXL ? Simple continuité des politiques antérieures ? saut qualitatif et quantitatif avec la Fusion et la présidence Delga ?
Ancien virtuose du bistouri (chirurgien connu et reconnu), le (nouveau) conseiller régional délégué à la Santé, aux formations sanitaires et à la Silver Economie répond à ces questions. Des questions qui concernent des millions de patients et une population qui vieillit sous le soleil de l’Hérault ou au milieu des près gersois.
Le Blog Politique – La santé n’est pas une compétence régionale. Pourtant le conseil régional intervient dans ce domaine. Comment son action peut-elle se traduire ?
Michel Boussaton. Oui. La santé n’est pas une compétence régionale mais nationale. Nous intervenons en fournissant, par exemple, des aides à la création des maisons de santé (NDLR : établissements réunissant sous un même toit des praticiens médicaux et para-médicaux). On ne peut pas imaginer que le conseil régional se désintéresse de l’offre de santé sur son territoire.
Le Blog Politique – On entend souvent parler de la disparition des médecins en zone rurale et même dans certaines zones urbaines. Quel diagnostic faites-vous de l’offre de santé en Languedoc Roussillon Midi Pyrénées ?
Michel Boussaton. L’offre est assez bonne de façon illusoire. Il n’y a pas vraiment de problème d’accès à un médecin. On peut dire qu’il n’y pas de désert médical mais simplement, entre guillemets, une désertification. Mais je dis « de façon illusoire » car ce tableau ressort juste de données statistiques et ces données sont trompeuses ou du moins illusoires. Certains territoires sont en souffrance. Des départements ont perdu 12% de médecins en 5 ans. C’est le cas notamment dans le Gers. Vous comprenez bien que le conseil régional doit s’investir sur ce dossier et apporter des solutions.
Le Blog Politique – Vous parlez d’aide à la création des maisons de santé, c’est le seul levier à votre disposition ?
Michel Boussaton. Non. La région est présente à la conférence régionale de santé et autonomie (NDLR une instance consultative composée par les professionnels de santé et les représentants de l’Etat). Elle est présente dans ce que l’on appelle la démocratie sanitaire. Nous devons faire entendre notre voix. Je vais également rencontrer les doyens des facultés de médecine. Il faut regarder ce que l’on peut faire en matière de « numerus clausus ». On parle d’un « numerus clausus » régional et non plus national. Si cette régionalisation se confirme, il va de soi que le conseil régional devra être un des décideurs.
Le Blog Politique- Vous étiez en charge de la délégation « Santé » en Midi-Pyrénées, sous la présidence Malvy. La fusion avec le Languedoc Roussillon, c’est juste un saut quantitatif avec plus de départements et un territoire plus grand ?
Michel Boussaton. La fusion ne change pas vraiment les choses. Dans le domaine des formations sanitaires et sociales, un autre aspect de ma délégation, les formations sont essentiellement gérées par le secteur privé en Languedoc Roussillon. Ce n’est pas le cas en Midi Pyrénées. Il faudra tenir compte de ce passé et rester sur des points d’équilibres respectueux de cette spécificité languedocienne.
Le Blog Politique – Le nerf de la guerre ou plutôt de l’action régionale, c’est l’argent. Vous disposez de moyens budgétaires suffisants ?
Michel Boussaton. Dans le cadre de l’offre de santé et d’un éventuel « numerus clausus » régional, ce n’est pas une question d’argent mais de volonté politique. La répartition géographique des IFSI (Institut de Formation des Soins Infirmiers) en faisant que cela corresponde au mieux aux besoins des territoires, c’est également une question de choix politique. En revanche, vous avez raison, l’aide aux maisons de santé ou d’autres actions supposent des moyens budgétaires. Ainsi, en matière de formation sanitaire et sociale, nous disposons d’une enveloppe de l’Etat qui remonte au transfert des compétences réalisé en 2005. Une enveloppe définie en 2005 et qui n’a pas grossi. Cela représente un coût réel pour la Région. Les sommes en jeu sont importantes. Lors du précédent mandat, en midi-pyrénéen, la formation aux métiers sanitaires et sociaux, représentait 44 millions d’euros.
Le Blog Politique – La région Languedoc Roussillon Midi Pyrénées est composée d’une importante population âgée. Quelle va-être votre politique à destination des seniors ?
Michel Boussaton. Notre but est de maintenir les personnes âgées à domicile et cela dans les meilleures conditions de confort, d’accès aux soins et de sécurité. Pour atteindre cet objectif, nous allons travailler avec les conseils départementaux (NDLR compétents en matière d’action sociale), les professionnels du secteur mais aussi les industriels et les chercheurs. Il existe notamment à Nîmes un très intéressant institut de recherche sur le vieillissement.
Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)