13 Mai

Grande Région : la fusion en panne

La fusion est un immense chantier. Harmonisation des procédures informatiques, système de paiement des agents, process administratifs, Toulouse et Montpellier doivent plancher sur un monticule de dossiers. D’après nos informations, la machine est (volontairement) bloquée. Montpellier a rompu les ponts. Les échanges sont gelés et les informations font l’objet d’un blocus. Le 18 mai prochain, une réunion « inter vice-présidents » devait se tenir. Elle est annulée. Une nouvelle date n’a pas été programmée.

Hémicycle du Conseil Régional du Languedoc-Roussillon

Hémicycle du Conseil Régional du Languedoc-Roussillon

Du côté du Languedoc-Roussillon, ce n’est plus le temps de la collaboration mais de la confrontation. Le président de la Région Languedoc-Roussillon, Damien Alary, c’est converti tardivement à la fusion. Il est passé de l’hostilité ouverte à une forme de résignation attentiste. Mais, depuis quelque temps, il est entré dans une phase de résistance active. Damien Alary ne veut pas laisser le monopole de la défense des intérêts languedociens au maire de Montpellier, Philippe Saurel. Cette compétition interne rejaillit sur la fusion. Elle grippe la machine institutionnelle.

Au delà d’une rivalité entre deux personnalités, la politique d’obstruction des languedociens est également le fruit d’une « diplomatie » de la cannonière. Montpellier veut conserver son pré-carré. Pour éviter la délocalisation de certains services, ils mettent la pression. Cette attitude « musclée » est une résurgence du « Frêchisme ». L’actuel président du Languedoc a conservé l’ancien Directeur Général des Services de Georges Frêche. Claude Cougnenc (que certains qualifient de véritable président de la région) appliquerait un précepte appris aux côtés de Georges Frêche : des rapports de force, toujours des rapports de force, encore des rapports de force. Les impératifs de la fusion passent après les postures et les bras de fer.

Un proche de Carole Delga dément tout blocage. D’après lui, « les réunions continuent et les contacts aussi ». Mais plusieurs élus midi-pyrénéens ne partagent pas cette vision des faits. L’attitude des languedociens les inquiète et les agace. Ce (res)sentiment est partagé par les services. Des responsables administratifs disent (ouvertement) que le retard pourra difficilement être comblé et qu’ils ne seront pas prêts pour janvier prochain (date officielle de la fusion).

Lundi 18 mai, Philippe Saurel et les deux présidents de Régions (Martin Malvy et Damien Alary) vont participer à une rencontre (organisée par « La Tribune-ObjectifNews ») dans les locaux de la Toulouse Business School. La tribune risque de se transformer en champ de tir. Le sens de la diplomatie sauvera (probablement) les apparences. Mais, sous les manteaux, les fusils sont chargés.

 

Laurent Dubois

Visite Présidentielle à Cuba : Jean-Pierre Bel dans les pas de Hollande

Dans l’ombre de François Hollande, l’ariégeois Jean-Pierre Bel, ancien président socialiste du Sénat, est en fait l’un des principaux artisans de cette visite et des avancées diplomatiques avec Cuba. Le désormais conseiller du Président pour l’Amérique Latine nous livre son analyse de ce déplacement qui peut marquer une page d’histoire.

 

François hollande et Jean-Pierre Bel au moment de leur départ de Cuba vers Haïti, hier. AFP PHOTO/YAMIL LAGE

François Hollande et Jean-Pierre Bel au moment de leur départ de Cuba vers Haïti, hier. AFP /YAMIL LAGE

 

Est-ce que cette visite marque un tournant historique dans nos relations avec Cuba ?

 

Je suis totalement persuadée que cette visite annonce une avancée diplomatique majeure. Cela nous  été confirmé par Raoul Castro et son Ministre des Affaires étrangères.

C’est par la France qu’ils veulent signifier leur ouverture vers l’Europe. Autrefois très proches de l’URSS, ils ne souhaitent plus aujourd’hui n’avoir qu’un interlocuteur unique. Ils souhaitent que nous les accompagnions dans leur développement économique. Ils connaissent bien maintenant les entreprises françaises et leur savoir-faire.

 

Est-ce que vous prenez cela comme un aboutissement de votre travail politique et diplomatique des dernières années ?

 

On est un certain nombre à avoir établi ce climat de confiance avec eux. Je n’ai fait qu’une seule visite officielle, contrairement à ce qu’ont annoncé de nombreux médias. C’était en janvier 2013 (NDR : il avait alors déjà rencontré Raoul Castro). Dans la foulée, Laurent Fabius s’est ensuite rendu sur place.

Cette mission est aujourd’hui plus que jamais la mienne à Cuba mais aussi aux Caraïbes.

 

Après cette visite présidentielle, quelle va être la suite ?

 

Beaucoup d’accords ont été signés avec des entreprises mais aussi sur des échanges universitaires, notamment avec Toulouse.

C’est une nouvelle ère économique qui s’annonce grâce à l’aide notamment de l’Agence Française pour le Développement. On va essayer de faire du concret, rapidement. Je pense notamment à la poursuite de la rénovation urbaine du centre de La Havane. Des chantiers énormes sont à venir.

 

Pour en revenir au plan diplomatique, comment situer cette visite par rapport aux Etats-Unis ?

 

Notre voyage est indépendant de ce qui s’amorce actuellement aux USA. Il constitue un facteur supplémentaire de sécurisation, notamment pour ceux qui veulent travailler avec Cuba et y investir.

Cuba est une porte d’entrée sur l’Amérique Latine. L’image de la France sur ce continent se joue aussi là.

 

Quelle image forte gardez-vous de ce voyage présidentiel à Cuba ?

 

Le moment où le personnel de l’Hôtel National s’est regroupé pour applaudir François Hollande qui s’en allait. Sur leur visage, on pouvait voir l’espoir qu’a suscité cette visite. Ils l’avaient entendu parler à la télévision et on se rendait compte à quel point ils étaient enthousiastes.

 

Moins d’optimisme en revanche pour ce qui concerne la situation en Haïti ?

 

Haïti est un pays qu’on sent sous tension avec un président bloqué dans sa volonté de réformer. C’est un pays très pauvre et qui souffre. La reconstruction mériterait d’aller plus vite. Il est désolant que les enjeux politiques locaux empêchent cela.

 

Propos recueillis par Patrick Noviello

11 Mai

Régionales : Carole Delga nomme sa coordinatrice de campagne

Carole Delga, tête de liste PS pour les prochaines régionales

Carole Delga, tête de liste PS pour les prochaines régionales

Le scrutin des Régionales, c’est dans 8 mois. La campagne n’a pas vraiment commencé. Mais, en revanche, les préparatifs s’accélèrent. Carole Delga a choisi sa coordinatrice de campagne. Ghislaine Lala-Alquier prendra ses fonctions le 1er juin prochain. Elle est actuellement directrice générale adjointe au conseil départemental de la Haute-Garonne.

Cette fonctionnaire territoriale, fille de la sénatrice (tarnaise) Jacqueline Alquier, souhaitait depuis longtemps franchir le pas et s’engager dans la vie politique. C’est désormais fait. Elle ne brigue pas un mandat. Mais elle exercera une fonction opérationnelle auprès de la tête de liste PS aux prochaines régionales. Dans quelques jours, un ou deux directeurs de campagne seront nommés.

Laurent Dubois

07 Mai

Régionales : Bernard Carayon (Tarn) et Stéphan Rossignol (Hérault) désignés par Nicolas Sarkozy

Depuis ce matin, Dominique Reynié est investi par l’UMP. Suite à un vote des instances nationales, il est officiellement la tête de liste de la droite pour les élections régionales en « Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon ». Dans la foulée, deux de ses concurrents malheureux (candidats face à lui lors du vote organisé à Sète) obtiennent une tête de liste départementale.

Bernard Carayon tête de liste aux Régionales dans le Tarn

Bernard Carayon tête de liste aux Régionales dans le Tarn

Les régionales sont une fusée à deux étages. Le mode de scrutin prévoit une tête de liste régionale mais le vote est organisé sur la base de listes départementales. Dans le Tarn, Bernard Carayon (maire de Lavaur et ancien député) sera la locomotive de l’UMP. Du côté de l’Hérault, c’est le maire de La Grande Motte, Stéphan Rossignol qui sera le fer de lance de la droite régionale.

Officiellement, la désignation des têtes de listes départementales débute le  mardi 12 mai. Néanmoins, Bernard Carayon et Stéphan Rossignol ont rencontré Nicolas Sarkozy. Le président de l’UMP a entériné leur désignation. Comme le précise une source nationale, « ils sont tacitement investi ».

Dans le Tarn, Jacques Thouroude (conseiller régional sortant et président du groupe d’opposition à la Région) pouvait légitimement prétendre à la tête de liste départementale. Du côté de Philippe Bonnecarrère (sénateur UDI et prétendant à la tête de liste sur la Grande Région), il existait un éventuel lot de consolation. Suite à son échec face à Dominique Reynié, l’ancien maire d’Albi pouvait espérer rebondir en plaçant un de ses proches  . Le nom de Stéphanie Guiraud-Chaumeil (actuelle maire d’Albi) circulait.

La décision de Nicolas Sarkozy balaye ces options.

Laurent Dubois

06 Mai

Démission au parti socialiste : Gérard Poujade déchire sa carte

Gérard Poujade. Vice-président du Conseil Régional et maire du Séquestre

Gérard Poujade. Vice-président du Conseil Régional et maire du Séquestre

Gérard Poujade, vice-président de la Région et maire du Séquestre (81) quitte le PS. Il a officiellement remis sa démission cet après midi. L’ancien 1er fédéral du Tarn n’a pas expliqué sa décision auprès des instances départementales et nationales de son ex-parti. En revanche, Gérard Poujade s’exprime dans un texte qu’il a adressé à « Midi-Pyrénées Politiques » :

J’ai décidé de quitter le parti socialiste. Je ne postulerai pas à l’appel à candidature interne dans le cadre des prochaines élections régionales. L’écart est, selon moi, devenu trop grand entre les valeurs que porte cette formation politique, ce que dit ce parti quand il est dans l’opposition, dans ses congrès, et ce qu’il fait une fois qu’il est au pouvoir. A l’intérieur du PS, la grande majorité des militants ont déserté parce que opposés à ce que fait leur parti au pouvoir. Ceux qui restent vont quand même voter la majoritaire pour rester « dans le film »

 

Laurent Dubois

Congrès PS : Karine Berger et Valérie Rabault en campagne

Départ de Nice, un arrêt sur Toulouse avant un séjour dans l’Aude. Karine Berger fait son tour de France des Fédérations. La députée socialiste des Hautes-Alpes est la 1ere signataire d’une motion qui sera soumise, le 21 mai prochain, au vote des militants. Le PS prépare son 77eme Congrès. Quatre motions sont en concurrence et les représentants des différents courants font la tournée des sections. Lundi après midi, la motion D (celle de Karine Berger) a arrêté sa « caravane » dans la ville Rose. Au milieu d’une dizaine de militants et aux côtés de la députée du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault, Karine Berger évoque la campagne et les objectifs de sa mouvance.

Karine Berger et Valérie Rabault. Députées PS signataires de la motion D

Karine Berger et Valérie Rabault. Députées PS signataires de la motion D

Midi-Pyrénées Politiques : Quels sont vos soutiens en Midi-Pyrénées et en Languedoc Roussillon ? Combiens de militants et de responsables fédéraux soutiennent votre motion dans notre région ?

Karine Berger. C’est difficile à dire. D’ailleurs on ne connaît pas le nombre exact de militants socialistes dans toute la France. Les chiffres se situent entre 100 000 et 130 000. On estime que 70 000 vont voter. Il est difficile de chiffrer le poids de notre motion. Mais, dans certaines fédérations, nous atteignons 30% de signataires.

Midi-Pyrénées Politiques : Les patrons de fédérations départementales sont « juges et parties ». Ils doivent veiller sur le bon déroulement de la campagne interne. Mais, en même temps, ils soutiennent un camp. Vous constatez des blocages ou des verrouillages ?

Karine Berger. ça dépend des traditions locales. Les fédérations ont chacune leur histoire. Dans certains endroits, nous sommes plus vigilants et on surveille le comportement des 1ers fédéraux.

Midi-Pyrénées Politiques : S’agissant des résultats, vous redoutez des « bidouillages » ?

Karine Berger. Il y a 15 ans, c’était plus compliqué en terme de transparence. Mais, après le Congrès de Reims, nous avons instauré un système informatique. Il est difficile de mentir sur les informations. Mon premier Congrès a été celui de Grenoble (2000). Nous avons fait de vrais progrès depuis. Et puis il y a les réseaux sociaux.

Midi-Pyrénées Politiques : Parmi les 86 propositions de votre motion, une prévoit un moratoire sur la baisse des dotations aux collectivités. C’est vraiment crédible ? Cette position, contraire à celle du gouvernement Valls vous place dans la ligne des « Frondeurs » ?

Karine Berger. Le gouvernement a raison de proposer la baisse des dotations. Mais le rôle du parti socialiste est de dire ce qui est politiquement ravageur. Des maires sont venus nous dire que nous avons perdu des départements à cause de cette mesure. De plus cela remet en cause l’investissement local. S’agissant des frondeurs, ce n’est pas notre ligne. Nous soutenons le gouvernement et nous ne votons pas contre lui. D’ailleurs, je vais vous livrer un scoop. Les choses ne sont pas toujours simples. Un signataire de la motion A (signée par Manuel Valls) m’a avoué que cela ne va pas l’empêcher de voter contre le gouvernement. 

Midi-Pyrénées Politiques : Le gouvernement qui gouverne et le PS qui fait de la politique, c’est la philosophie de votre motion ?

Karine Berger : Le gouvernement ne peut pas prendre de risques. D’ailleurs la motion A (portée par Jean-Christophe Cambadélis, signée par Martine Aubry et les ministres de François Hollande) ne peut pas prendre de risques non plus. Elle est derrière le gouvernement. Notre motion souhaite être en avant, en éclaireur.

Midi-Pyrénées Politiques : Vous vous définissez comme des éclaireurs. Vous souhaitez également être des inspirateurs ?

Karine Berger : On nous dit effectivement que l’Elysée étudie certaines de nos propositions.

Midi-Pyrénées Politiques : Lesquelles ?

Karine Berger : Il s’agirait de 4 ou 5 mesures. Notamment la TVA à 5,5% pour l’Economie Sociale et Solidaire ou le fonds de cautionnement pour les logements locatifs. 

Midi-Pyrénées Politiques : Quels sont vos objectifs pour le Congrès de juin prochain ?

Karine Berger : Le but du Congrès est de préparer 2017 et de donner au PS un programme pour la prochaine présidentielle. Mais le but est aussi de faire renaitre la discussion au sein du PS.

Laurent Dubois

 

 

29 Avr

Régionales : Dominique Reynié, tête de liste UMP-UDI, questions et suspicion

Remue méninges dans le ménage UMP-UDI. La droite et le centre ont désigné, samedi dernier, leur tête de liste pour les régionales. Dominique Reynié a été élu par des grands électeurs réunis à Sète. Depuis cette investiture, les cerveaux s’échauffent. Interrogations et spéculations circulent. Le scrutin était-il plié d’avance ? Dominique Reynié est-il le candidat de Nicolas Sarkozy ? Des accusations et de forts soupçons agitent également les esprits. Jean-Luc Moudenc est pointé du doigt. Il aurait orchestré une vraie-fausse élection. Tour d’horizon et révélations autour d’un « psychodrame ».

Dominique Reynié

Dominique Reynié

Une élection tronquée et « truquée ». 

Lundi matin, 48 heures après le vote de Sète, un responsable de l’UMP fait ses calculs. Il vient de recevoir les résultats d’un scrutin auquel il n’a pas personnellement participé : « je regarde les chiffres et franchement la messe était dite avant. C’est impossible autrement. Reynié fait un excellent score dès le 1er tour, largement devant Bernard Carayon (maire UMP de Lavaur) et Philippe Bonnecarrère (sénateur du Tarn). S’il (Dominique Reynié) s’imposait au 2nd au 3eme tour, on peut comprendre. Mais là, c’est pas possible ».

Un participant, qui a voté Reynié, pense la même chose : « bien sur, c’était plié avant ». Du côté des perdants et des déçus, l’accusation d’une élection truquée est compréhensible. Il s’agit d’habiller la défaite en criant à la machination. En revanche, un aveu de la part des soutiens à Dominique Reynié est plus troublant. Certains « Pro-Reynié » nient catégoriquement. C’est le cas du sénateur UDI, Pierre Médevielle ou de Jacques Thouroude (conseiller régional UMP). Ils sont dans leur rôle. Reconnaître un « ficelage » du scrutin revient à avouer l’inavouable : le vote de Sète est une mascarade.

Au delà des postures et des (éventuelles) impostures, des faits s’imposent. Le scrutin de samedi comprenait 4 tours. Au 1er tour, Philippe Bonnecarrère obtient 5 voix, Bernard Carayon 5 et Stephan Rossignol draine 7 suffrages. De son côté, Dominique Reynié récolte 12 votes. Comme le souligne, un responsable du centre : « on ne fera pas croire que c’est l’exposé oral qui a précédé le vote qui l’a propulsé aussi fort et aussi haut ». Un autre élu UMP rajoute : « l’exposé de Reynié n’était pas très bon. Il a lu son texte sur un ton monocorde. Il n’était pas à l’aise. Le fond y était pas la forme. Philippe Calleja (conseiller régional UMP) ou Carayon ont été plus percutants ».

Un score surprenant et « impressionnant » (plus du double de celui des « favoris ») pour certains, le « crime » est signé. Comme le dit, un participant au conclave de Sète : « on a inventé une procédure pour éviter que Paris impose son candidat et on se retrouve avec une candidature téléphonée par Paris ». L’ombre de Nicolas Sarkozy plane sur le scrutin.

Dominique Reynié, le candidat de Sarko ?

Le soir des résultats, contrairement à la version officielle, c’est une surprise. Comme le souligne Stéphan Rossignol (maire UMP de la Grande-Motte), « les élus que j’ai rencontré pendant ma campagne me disaient que Reynié n’avait aucune chance et on en n’en parlait pas ». Même son de cloche du côté d’une élue UMP : « Reynié était une simple option ». Pour un autre protagoniste, c’est évident :

« Sarkozy a téléphoné aux parlementaires. Deux choses expliquent la victoire de Reynié : Sarko et les gros réseaux «  associatifs » de Dominique Reynié ».

Deux personnalités démentent catégoriquement cette version des faits. Bernard Carayon affirme : « c’était moi le candidat de Sarko ». De son côté, Alain Marleix est clair :

« Nicolas Sarkozy n’est pas intervenu, je suis formel ».

L’ancien ministre UMP et vice-président de la Commission Nationale des Investitures précise : « les aveyronnais étaient très dans le coup, Luche (président du conseil départemental) et Marc (député de l’Aveyron), Censi (député de l’Aveyron). Mais Sarkozy ne s’est absolument pas mêlé de cela ».

Alain Marleix rejette l’hypothèse d’une intervention de Nicolas Sarkozy. Mais il avance une autre explication :

             « ils se sont tous auto-flingués ».

C’est possible. Visiblement, Stephan Rossignol suscitait un vrai rejet du côté du Languedoc. Sa conquête (à la hussarde) de la maire de la Grande-Motte aurait laissé des traces à l’UMP. De son côté, Bernard Carayon ne soulevait d’enthousiasme. Dans ce jeu de massacre entre « amis », il faudrait ajouter une scène. A Sète, entre le 3eme et le 4eme tour, les représentants de l’UMP se sont réunis. Jean-Pierre Grand (sénateur de l’Hérault) a haussé le ton pour barrer la route à Dominique Reynié. Ce coup de gueule aurait fini de « tuer » les chances de Bernard Carayon. Les électeurs UMP n’ont pas apprécié la méthode.

En fait, Dominique Reynié serait l’heureux bénéficiaire d’un vide politique. Comme le dit, un protagoniste, « je ne dis pas que Reynié a été élu par défaut mais franchement il n’y avait personne. Certains grands électeurs étaient anti-système et heureux de renvoyer dos à dos les partis. Du côté de Bonnecarrère, c’était encore plus simple. Dès le début, Sarko a dit que la tête de liste ne pouvait pas aller à l’UDI. Il était hors-jeu dès le départ ce qui favorisait, de fait, Dominique Reynié ».

Cette analyse est convaincante. Mais elle se heurte à des points d’ombre.

Dominique Reynié reconnaît avoir rencontré Nicolas Sarkozy. Il aurait alors obtenu une garantie : une investiture des instances nationales en cas de désignation par les élus régionaux. En contrepartie, le politologue se serait engagé à prendre la carte de l’UMP.

Cet accord « Sarko-Reynié » est un accord a minima.

Le politologue se serait donc lancé dans une aventure « aventureuse » sans véritable garantie. Ce n’est pas crédible.

Dominique Reynié a financé et organisé un sondage de notoriété. Il a pris des billets d’avion et louer des voitures. Tout cela constitue un vrai budget. Le professeur à Sciences Po et chroniqueur sur France 5 a probablement de solides revenus et une vraie passion pour les vignes de Cahors et les salins de Gruissan. Néanmoins, le temps et l’argent sont des denrées rares. On les jette rarement par les fenêtres. Comme le prétend un électeur de Sète, « Dominique Reynié ne s’est pas lancé sans de solides garanties ». Cela semble évident.

Question. Si elles ne viennent pas de Nicolas Sarkozy, qui les a fourni ? Certains pointent du doigt Jean-Luc Moudenc. Ce soupçon entame l’autorité (morale) du maire de Toulouse.

Jean-Luc Moudenc sur la sellette.

« Jean-Luc Moudenc devait rester neutre. Il est devenu le chef d’orchestre d’une élection préparée. On n’a pas vu venir les choses. Franchement, on a été des bleus. Je dis bravo les artistes. Mais on aurait pu nous épargner de faire campagne ».

Ce coup de gueule est un véritable réquisitoire. Certains candidats ont le sentiment d’avoir été bernés.

Ils ne remettent pas (forcément) en cause le résultat. Mais ils désapprouvent (franchement) la méthode. La procédure inventée par le maire de Toulouse devait garantir une égalité des chances et une transparence. L’impression finale est celle d’une vraie-fausse élection.

Aucun des protagonistes (candidats malheureux, ralliés au politologue et membres de la commission électorale) n’accuse directement Jean-Luc Moudenc d’avoir faire élire Dominique Reynié. Néanmoins, à l’UDI comme à l’UMP, certaines voix évoquent un sentiment de trahison. Du côté des languedociens, c’est un sentiment de déception : « on a cru en l’autorité de Jean-Luc Moudenc, nous sommes déçus ».

Le vote de samedi a fait un vainqueur mais aussi un « perdant ». Dominique Reynié a décroché régionalement une tête de liste qui va devoir être validée nationalement. Mais, à l’UMP et à l’UDI, certains souhaitent que, désormais, Jean-Luc Moudenc se concentre uniquement sur Toulouse et se consacre exclusivement à son mandat municipal. Après des départementales ratées, Jean-Luc Moudenc a loupé la première étape des régionales.

Seule une belle réussite en décembre prochain pourrait effacer l’épisode de Sète.

Laurent Dubois

 

25 Avr

Dernière minute : Philippe Saurel « candidat » à la tête de liste UMP-UDI pour les régionales

Philippe Saurel. Maire de Montpellier

Philippe Saurel. Maire de Montpellier

La droite et le centre désignent aujourd’hui leur leader pour les prochaines régionales. Sur le papier, 10 candidats participent à l’élection. Mais, dans les faits, une autre « candidature » s’invite (virtuellement) dans le scrutin. Le maire de Montpellier joue le 11eme homme. Philippe Saurel n’est pas (réellement) en piste pour la tête de liste UMP-UDI. Néanmoins, un grand électeur, adepte du billard à plusieurs bandes, « vote » indirectement pour lui:

 

je voterai Carayon, le plus à droite de nos candidats pour préserver les chances de Saurel qui est mon candidat de coeur et de raison s’il décide d’y aller. Et en plus Carayon n’est pas du Languedoc-Roussilon contrairement à Saurel, ce qui est parfait pour permettre à Saurel de faire le plein en Languedoc-Roussillon mais aussi de ratisser centre-droit »

 

Laurent Dubois

24 Avr

Régionales, désignation de la tête de liste UMP-UDI : outsiders et challengers

Brouillard sur le port de Sète. Demain, à partir de 9 heures 30, 40 grands électeurs vont se réunir dans la ville de Brassens. Ils doivent adouber la tête de liste de la droite et du centre pour les prochaines Régionales. 24 heures avant le verdict, les candidats sont dans le vague. Pas de favoris, aucun nom qui s’impose. La même impression domine dans le rang des « initiés ». Les responsables de l’UMP et l’UDI, extérieurs à la compétition, sont dans l’expectative. Néanmoins, trois « certitudes » circulent : l’identité des outsiders, l’existence d’un « tiercé » gagnant (Bernard Carayon, Philippe Bonnecarrère, Stéphan Rossignol) et la montée en puissance de la candidature du maire de la Grande-Motte, Stéphan Rossignol.

 

Stéphan Rossignol, maire de la Grande-Motte et challenger pour la tête de liste aux régionales

Les outsiders

Le scrutin de samedi va départager 10 candidats. Certains prennent le départ avec des boulets aux chevilles. Jean-Luc Rivière (UDI, conseiller régional en Midi-Pyrénées), Elisabeth Pouchelon (UMP, conseillère régionale midi-pyrénéenne) devraient être éliminés au 1er tour. C’est, en tout cas, ce que pensent, de manière unanime, leurs « camarades ». Jean-Luc Rivière « ne représente que lui-même » dixit plusieurs personnalités UMP. De son côté, Elisabeth Pouchelon bénéficie d’une qualité. L’élue régionale est la seule représentante de la parité. C’est l’unique femme en piste. Néanmoins, elle souffre d’un double handicap. Eliminée au 1er tour des départementales, Elisabeth Pouchelon est politiquement affaiblie. De plus, malgré un relatif réchauffement, ses relations avec Jean-Luc Moudenc sont fraîches. Les municipales, les investitures pour les sénatoriales de septembre dernier, ont plongé les deux représentants de l’UMP dans un « hiver » politique.

Des pronostiqueurs ajoutent à la liste des outsiders Dominique Reynié. Trop médiatique, trop parisien, le politologue revendique des racines régionales. Il est originaire de l’Aveyron. Néanmoins, le candidat de la société civile manquerait d’accent local. Sa tribune dans les colonnes du « Figaro » et son « parachutage » cadreraient mal avec l’esprit du « vote des 40 ». En effet, il s’agit d’un procédé (un scrutin entre élus régionaux) qui est ouvertement dirigé contre une pratique « parisianno-parisienne » : le bombardement d’une personnalité extérieure au paysage politique régional.

Ce « mauvais » profil n’est pas forcément perçu comme « éliminatoire ». Tout au long de la semaine, diverses personnalités de l’UMP, ont insisté sur les chances réelles de Dominique Reynié. Evidemment, ce sont les urnes qui trancheront. C’est la même chose pour le tiercé des challengers. Trois noms reviennent en boucle. Seul le dépouillement des bulletins de vote confirmera ou infirmera ce qui reste encore de la politique fiction. Néanmoins, l’insistance et la persistance du tiercé « Bonnecarrère-Carayon-Rossignol » n’est pas simplement un reflet dans une boule de cristal. Cela correspond à un vrai ressenti.

Les challengers.

Trois candidats se disputent le podium. Sur la marche la plus basse, on trouve Philippe Bonnecarrère. L’ancien maire (UDI) d’Albi et nouveau sénateur du Tarn a longtemps été présenté comme le favori de Jean-Luc Moudenc. Evidemment le soutien du maire de Toulouse ne suffit pas à décrocher l’investiture. Néanmoins, son sponsor peut faire la différence.

L’autorité politique de Jean-Luc Moudenc est écornée par son échec lors des départementales. Malgré un vrai et profond investissement personnel, le président de l’UMP 31 n’a pas réussi à prendre la forteresse haute-garonnaise du PS. Cependant, le maire de Toulouse reste une pièce forte sur l’échiquier régional.

Le centriste Bonnecarrère semble avoir perdu l’appui de Jean-Luc Moudenc. Son profil ne cadrerait plus avec la carte électorale issue des départementales. Le FN passe la barre des 30% dans les 5 départements du Languedoc-Roussillon. Le parti de Marine Le Pen a également réussi une percée et une poussée côté midi-pyrénéen. Philippe Bonnecarrère est adroit (il a un vrai sens stratégique). Mais il n’est pas suffisamment à droite pour morde sur l’électorat frontiste. De plus, au-delà du profil, il y aurait un problème de style. Philippe Bonnecarrère est quelqu’un de policé. Le vote de samedi n’est pas simplement une question de personnalité (politique) mais aussi de personne. La réserve naturelle et la courtoisie permanente de l’élu tarnais passeraient, auprès de certains, pour de l’arrogance ou du dédain.

L’autre challenger est l’anti-Bonnecarrère. La retenue n’est pas vraiment sa marque de fabrique et son positionnement est clairement à droite. Ancien membre du GUD (un syndicat étudiant d’extrême droite), Bernard Carayon a fait, dans sa jeunesse, le coup de poing dans les rues de Paris. L’ancien député UMP du Tarn et actuel maire de Lavaur est connu pour son tempérament de feu.

Politiquement, Bernard Carayon colle parfaitement avec la géographie électorale issue des départementales. Il peut faire les poches du Front National et drainer des suffrages au-delà de la droite républicaine. En revanche, il a les défauts de ses qualités. Cogneur, il n’est pas rassembleur. Visiblement, il ne parviendrait pas à fédérer autour de lui. De plus, s’il a de vrais atouts tactiques, il a un talon d’Achille stratégique. En effet, l’élu UMP peut effaroucher l’électorat centriste et modéré. Cela constitue un handicap pour le 2nd tour et surtout s’agissant du 3eme. Après le 1er tour, le candidat de la droite et du centre devra balayer large. C’est encore plus vrai s’agissant de l’élection à la présidence de la future région. Bernard Carayon aura du mal à assurer (et même à assumer vue sa personnalité bien trempée) cette politique d’ouverture.

Les faiblesses de la candidature Carayon alimente l’hypothèse Rossignol. Une hypothèse qui lève une hypothèque. Le maire de la Grande-Motte est, par définition, languedocien. Cette carte d’identité permet de donner des gages géographiques. Stéphan Rossignol offre également des « garanties » politiques. Moins clivant que Bernard Carayon, il est UMP. Depuis le début, les responsables du parti de Nicolas Sarkozy le répètent sur tous les tons : pas question de laisser la grande région à l’UDI !!!  Stéphan Rossignol a la bonne étiquette sans le côté tranchant d’un Bernard Carayon. Il peut drainer des soutiens du côté des centristes tout en conservant l’investiture dans le camp de l’UMP. De plus, il peut justifier d’une forte expérience régionale. Il a été un proche de Jacques Blanc (président de la Région Languedoc pendant 18 ans) et il est actuellement président du groupe UMP au conseil régional.

Stéphan Rossignol apparait comme le challenger parmi les challengers. 24 heures avant le vote de samedi, c’est son nom qui tient la corde. Verdict demain à 17 heures.

 

Laurent Dubois

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

17 Avr

Brigitte Barèges peut-elle perdre tous ses mandats ?

 Brigitte Barèges devant le Conseil d’Etat. Cet après-midi, les juges du Palais-Royal examinent le recours en appel déposé par la maire de Montauban. Cette requête fait suite à un jugement du Tribunal Administratif de Toulouse. En novembre dernier, la juridiction toulousaine a confirmé le rejet des comptes de campagne de Brigitte Barèges. Cette décision a une double conséquence : le non-remboursement des frais de campagne et une déclaration d’inéligibilité.

@MaxPPP Brigitte Barèges, maire de Montauban et conseillère départementale

@MaxPPP Brigitte Barèges, maire de Montauban et conseillère départementale

Ce dernier volet est le plus sensible. Il alimente conversations et supputations. La vie politique Tarn-et-Garonnaise prend une tournure juridico-juridique. Le Conseil d’Etat rendra sa décision fin mars-début avril. Mais, en attendant, des versions contradictoires circulent et s’affrontent.

Les adversaires de Brigitte Barèges sont catégoriques. Un rejet de l’appel (et donc la confirmation d’une inéligibilité) ne remet pas en cause le (nouveau) mandat départemental de la maire de Montauban.

En revanche, dans le camp d’en face, on se moque de la méconnaissance du droit électoral par les procureurs anti-Barèges. Pour Thierry Deville (adjoint au maire et avocat de profession), c’est une parfaite évidence. Tous les mandats sont dans la balance de la Justice. Le Conseil d’Etat risque de priver Brigitte Barèges de son fauteuil de maire et de son siège au conseil départemental.

Midi-Pyrénées Politiques a interrogé un avocat spécialisé, voici sa réponse :

 

« L’inéligibilité du candidat tête de liste porte sur toutes les élections à venir mais elle n’a pas d’effet sur les éventuels autres mandats acquis antérieurement à la décision. Ainsi un maire déclaré inéligible pour un an (NDLR c’est le cas de Brigitte Barèges) ne pourra pas se porter candidat à toute élection intervenant pendant cette durée. Il conservera en revanche ses mandats antérieurs ».

 

Laurent Dubois