La fusion est un immense chantier. Harmonisation des procédures informatiques, système de paiement des agents, process administratifs, Toulouse et Montpellier doivent plancher sur un monticule de dossiers. D’après nos informations, la machine est (volontairement) bloquée. Montpellier a rompu les ponts. Les échanges sont gelés et les informations font l’objet d’un blocus. Le 18 mai prochain, une réunion « inter vice-présidents » devait se tenir. Elle est annulée. Une nouvelle date n’a pas été programmée.
Du côté du Languedoc-Roussillon, ce n’est plus le temps de la collaboration mais de la confrontation. Le président de la Région Languedoc-Roussillon, Damien Alary, c’est converti tardivement à la fusion. Il est passé de l’hostilité ouverte à une forme de résignation attentiste. Mais, depuis quelque temps, il est entré dans une phase de résistance active. Damien Alary ne veut pas laisser le monopole de la défense des intérêts languedociens au maire de Montpellier, Philippe Saurel. Cette compétition interne rejaillit sur la fusion. Elle grippe la machine institutionnelle.
Au delà d’une rivalité entre deux personnalités, la politique d’obstruction des languedociens est également le fruit d’une « diplomatie » de la cannonière. Montpellier veut conserver son pré-carré. Pour éviter la délocalisation de certains services, ils mettent la pression. Cette attitude « musclée » est une résurgence du « Frêchisme ». L’actuel président du Languedoc a conservé l’ancien Directeur Général des Services de Georges Frêche. Claude Cougnenc (que certains qualifient de véritable président de la région) appliquerait un précepte appris aux côtés de Georges Frêche : des rapports de force, toujours des rapports de force, encore des rapports de force. Les impératifs de la fusion passent après les postures et les bras de fer.
Un proche de Carole Delga dément tout blocage. D’après lui, « les réunions continuent et les contacts aussi ». Mais plusieurs élus midi-pyrénéens ne partagent pas cette vision des faits. L’attitude des languedociens les inquiète et les agace. Ce (res)sentiment est partagé par les services. Des responsables administratifs disent (ouvertement) que le retard pourra difficilement être comblé et qu’ils ne seront pas prêts pour janvier prochain (date officielle de la fusion).
Lundi 18 mai, Philippe Saurel et les deux présidents de Régions (Martin Malvy et Damien Alary) vont participer à une rencontre (organisée par « La Tribune-ObjectifNews ») dans les locaux de la Toulouse Business School. La tribune risque de se transformer en champ de tir. Le sens de la diplomatie sauvera (probablement) les apparences. Mais, sous les manteaux, les fusils sont chargés.
Laurent Dubois