07 Août

Régionales, Philippe Saurel : « la création d’une présidence déléguée est un contresens absolu »

Le mois d’août rime avec plage et serviettes de bains. Beaucoup de midi-pyrénéeens prennent la direction de la côte languedocienne. Un estivant fait le chemin inverse. Le maire de Montpellier, Philippe Saurel passe une partie de son été entre Toulouse, Pamiers, Lourdes, Auch, Albi et Montauban. Ce périple « politico-touristique » lui permet de faire des rencontres et de « humer » l’atmosphère de départements qu’il découvre où retrouve. Derrière la tenue décontractée du « vacancier » se trouve le costume d’un candidat en campagne. En plein mois d’août, Philippe Saurel prépare les régionales de décembre prochain. La confection des listes départementales n’est jamais très loin de la visite de la grotte de Massabielle ou d’un pèlerinage à Montségur. Avant de reprendre la route, Philippe Saurel aborde la question de l’identité régionale de la future grande région. Il revient également sur la polémique de l’été. Une polémique qui pourrait bien « pourrir » la rentrée  du PS : la création d’une présidence déléguée au profit du président sortant du Languedoc, Damien Alary.

Philippe Saurel, maire de Montpellier et tête de la liste "Citoyen du Midi" pour les régionales

Philippe Saurel, maire de Montpellier et tête de la liste « Citoyen du Midi » pour les régionales

Midi-Pyrénées Politiques. Vous avez fait toute votre carrière politique dans l’Hérault. Depuis l’officialisation de votre candidature aux régionales, votre horizon politique s’étend à Midi-Pyrénées. Connaissez-vous cette région ?

Philippe Saurel. Je connais bien l’Aveyon. Mes parents ont une maison à côté de Réquista, vers la route d’Albi. J’ai des amis à Millau et Rodez. Je connais également Toulouse. J’y viens régulièrement en tant que maire de la seconde agglomération (NDLR avec Toulouse) de la grande région. Toujours dans le cadre de mes fonctions de maire, je suis également allé à Lavaur (NDLR Tarn). Nos disposons dans l’Hérault des derniers échantillons de la manufacture de Lavaur. Une manufacture qui remonte à Louis XVI. Je suis également allé plusieurs fois dans les Hautes-Pyrénées, la Mongie, le cirque de Gavarnie. En revanche je découvre l’Ariège, le Gers et le Tarn-Garonne. Je suis également allé, pour la première fois à Lourdes. J’ai d’ailleurs été surpris par l’atmosphère de Lourdes. Il règne un climat de religion populaire, très différent de celui que l’on peut rencontrer à Rome.

Midi-Pyrénées Politiques. Quelles sont vos impressions sur votre « immersion » midi-pyrénéenne ?

Philippe Saurel. Pour moi, Midi-Pyrénées n’a jamais été une terra incognita. Il existe un socle culturel commun entre nos deux régions. L’Occitanie. Les cathares. L’ancien comté de Toulouse. Nous avons la même croix du Languedoc. Pendant mes études d’histoires, j’ai lu les lettres qu’adressaient les consuls montpelliérains aux Capitouls de Toulouse. Cela m’a permis de mettre des sensations physiques sur tout un patrimoine culturel que j’ai étudié. Au delà de ça, j’ai écouté des gens et regardé. J’ai pu sentir l’ambiance générale. Je me suis senti de suite dans mon milieu. Cette impression est également lié au fait que j’ai passé 15 ans aux côtés de Georges Frêche (NDRL : ancien maire de Montpellier et ancien président de la Région Languedoc). Georges Frêche m’a toujours dit : « je souhaitai être maire de Toulouse. Mais mon mariage de raison avec Montpellier est devenu un mariage de passion ». J’ai été aux côtés de Georges Frêche pendant plus de dix ans et notamment pendant les régionales de 2010.

Midi-Pyrénées Politiques. La fusion sera effective le 1er janvier 2016. Pour l’instant, la future Grande Région c’est juste un mécano institutionnel. Pensez-vous que la Grande Région puisse devenir une vraie Région, avec une âme ?

Philippe Saurel. La fusion rapproche des territoires que l’histoire a séparé. Mais Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussilon sont proches. Elles sont proches fonctionnellement. Les toulousains vont à la mer et les montpelliérains vont dans les terres. Il faut arrêter de dire que les deux régions vont se marier. Ce n’est pas « 1+1=2 » mais « 1+1=1 ». Il faut désormais réfléchir et agir à partir et en fonction d’une collectivité unique. Nos cultures ne sont pas si éloignées. Il faut les stimuler. Dans cette perspective, je propose une fédération de 13 départements avec 2 grandes métropoles. C’est pour cela que la création d’une présidence déléguée est un contresens.

Midi-Pyrénées Politiques. Justement au sujet de la création d’un poste de « président délégué » à la tête de la région. Votre point de vue.

Philippe Saurel. Je le répète. C’est un contresens absolu. L’esprit de la loi à l’origine de la fusion des régions est d’unifier Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Créer deux présidents c’est divisé à nouveau en deux ce qui ne doit plus former qu’une seule collectivité. On coupe en deux pour faire plaisir aux copains. C’est de la petite cuisine solférinesque qui laisse sortir de la marmite une bonne odeur de tambouille.

Midi-Pyrénées Politiques. Vos adversaires vous reprochent votre aventurisme politique. Que répondez-vous à cette critique ?

Philippe Saurel. Je laisse parler. Je rappellerai tout de même une chose. A la différence d’autres, je n’ai qu’un seul mandat et c’est le rôle du maire de la deuxième métropole de la région de s’intéresser à l’équité territoriale entre les deux métropoles régionales et les deux anciennes régions. Personnellement, je ne m’intéresse qu’aux résultats. Je suis le seul maire de gauche d’une grande ville dans le grand sud. Philippe Martin (NDLR : dans une interview publiée cette semaine le président PS du Gers critique Philippe Saurel) n’est ni mon directeur de campagne, ni mon objecteur de conscience. J’ai gagné à Montpellier avec 10 points de demi d’avance et aux départementales 8 de mes 10 candidats ont été élus.

Midi-Pyrénées Politiques. Vous n’êtes pas un homme politique conventionnel. Vous citez Jaurès et Bonaparte. Vous évoquez régulièrement l’histoire locale et les cathares. L’ascension que vous venez de faire de Montségur, vous inspire politiquement ?

Philippe Saurel. J’ai fait tous les autres châteaux cathares. C’était le dernier à faire. J’ai parié avec des amis que j’y monterai. Effectivement, ça grimpe. Les forteresses cathares portent une idéologie. Les cathares, comme d’ailleurs les protestants dans les Cévennes, portent un esprit d’insoumission qui est propre au Midi. C’est le Midi résistant. Les cathares ne sont pas contre la religion catholique. Ils veulent purifier l’esprit religieux. L’insoumission ne signifie pas que l’on est en guerre. C’est comme dans l’art roman. L’art roman repose sur deux bases : la non « répétitivité » des motifs et les respect des cadres. Cela peut paraitre antinomique. Mais non. Dans mon livre (Réparer la république, éditions Privat), j’ai choisi comme titre : réparer. Et pas fracasser. Etre insoumis (NDLR Philippe Saurel a été exclu du PS en raison de son soutien à Georges Frêche lors des régionales de 2010), cela ne veut pas dire que l’on veut casser le cadre. Mais simplement lui donner plus de souplesse et moins de dogmatisme.

Midi-Pyrénées Politiques. Vous êtes un ami personnel de Manuel Valls. Le premier ministre incarne le contraire de l’insoumission : l’autorité.

Philippe Saurel. Je soutiens depuis le début Manuel Valls. Et détrompez vous. Il a dit que le socialisme est devenu une langue morte.

 

Propos recueillis par Laurent Dubois

 

 

 

 

 

04 Août

Régionales, le projet d’une présidence déléguée suscite des remous au PS

Le projet circule. Depuis deux semaines environ, la création d’une présidence déléguée est sur la table. Damien Alary, Philippe Martin et Carole Delga évoquent publiquement la possibilité d’une réforme législative afin de créer un nouveau poste dans le futur exécutif de la Grande Région. Comme le précisait dans un précédent article « Mid-Pyrénées Politiques », Manuel Valls planche sur le sujet. D’après nos informations, le premier ministre en a discuté avec Philippe Martin vendredi dernier, lors de sa visite dans le Gers.

Le Code Général des Collectivités Territoriales mentionne une présidence et 15 vice-présidences. Des socialistes souhaitent ajouter dans l’organigramme régional un nouvel échellon. Cette idée soulève une levée de bouclier. Les défenseurs du projet s’en défendent. Mais l’institution d’une présidence déléguée apparait comme une mesure de circonstance, une loi « sur mesure » dont le seul but est de « recaser » Damien Alary, le président socialiste du Languedoc.

Jean-Claude Perez, député de l'Aude et ancien maire de Carcassonne

Jean-Claude Perez, député de l’Aude et ancien maire de Carcassonne

Cette réforme est loin d’être votée. L’affaire commence a prendre une dimension nationale. L’opposition, malgré la trêve estivale, réagit. Le député du Cantal (et ancien ministre), Alain Marleix dit :  » c’est scandaleux ». Le président de la commission des Lois du Sénat, Philippe Bas, ne cache pas son hostilité. Visiblement, le vent de fondre touche les rangs des députés socialistes. Jean-Claude Perez vient de déclarer :

Je suis contre la création d’un président-délégué ! Le gouvernement de Manuel VALLS a déjà répondu à ces exigences en décidant d’une répartition équilibrée des services de l’Etat. Il y aura donc après les élections de décembre prochain,une Présidente et des vice-Presidents pas besoin de rajouter un président -délégué. Dans le débat parlementaire,il n’a jamais été question de créer un président -délégué car cela aurait conforté les anciennes entités au détriment de la nouvelle fusion. J’ai donc donné mon point de vue directement au Premier Ministre Manuel VALLS,en lui indiquant que j’étais contre la création d’un président -délégué. Même si le parti socialiste est au pouvoir, il ne peut pas à sa guise décider tout seul. Ce qui arrange les intérêts de quelques dirigeants socialistes ne peut pas se faire au détriment de nos concitoyens !!!

 

Laurent Dubois

 

03 Août

[Exclusif] Régionales, Philippe Martin : « la gauche est encore trop divisée »

La campagne est dans le Gers. La visite, vendredi dernier, de Manuel Valls rappelle que le département est un des départements les plus ruraux de France. Mais c’est également un territoire présidé par un socialiste, Philippe Martin, qui mène campagne pour les régionales. L’ancien ministre de l’Ecologie aurait pu s’enfermer dans sa citadelle gersoise. Philippe Martin avait des ambitions régionales et se serait bien vu à la présidence de la future Grande Région. Sa camarade Carole Delga lui a « ravi » la tête de liste. Mais Philippe Martin joue collectif et ne ménage pas ses forces pour assurer la victoire de son camp. Dans une interview exclusive, Philippe Martin revient sur la visite du premier ministre et sa gestion de la crise agricole. Il recadre également les voix socialistes dissonantes qui critiquent l’accord « PS-PRG » et lance un appel pour l’unité de la Gauche.

Philippe Martin, président du conseil départemental du Gers et ancien ministre de l'Ecologie

Philippe Martin, président du conseil départemental du Gers et ancien ministre de l’Ecologie

Midi-Pyrénées Politiques. Quel bilan faites vous de la visite de Manuel Valls dans votre département ?

Philippe Martin. Lorsque j’ai invité, à l’Assemblée, Manuel Valls je ne savais pas que les éleveurs manifesteraient. Le déplacement était prévu avant. Mais, dans ce contexte, la visite était importante. Dans une certaine mesure, l’absence de Stéphane Le Foll (NDRL : le ministre de l’agriculture) a permis à Manuel Valls de monter en première ligne et il a eu un incroyable impact sur le milieu agricole. Tous les retours sont positifs. J’ai eu des responsables agricoles au téléphone, ils m’ont dit qu’ils ont été assez impressionnés par leur rencontre avec le premier ministre. Manuel Valls a fait preuve d’une grande qualité d’écoute et il a pris beaucoup de temps. Il s’est passé quelque chose entre le monde rural et l’homme d’Evry (NDRL : Manuel Valls a été maire d’Evry). Il y a eut une vraie rencontre. Les agriculteurs aiment l’autorité et le premier ministre n’en est pas dépourvu.

Midi-Pyrénées PolitiquesD’après vous,  Les syndicats agricoles sont globalement satisfaits. C’est surprenant. Une simple visite ne peut pas régler les lourds problèmes de l’élevage. Qu’est ce qui explique, selon vous, ce sentiment général ?

Philippe Marin. C’est la méthode Valls : « je dis, je fais ». Le lendemain de sa visite des ordres ont été passés à la DDT (NDRL : Direction Départementale des Territoires, un service de l’Etat). Et puis le premier ministre a fait des annonces dont toutes n’ont pas encore été révélées publiquement. Une est particulièrement bien reçue par les agriculteurs gersois. Pour percevoir des aides, il faut qu’une exploitation réalise 75% de ses revenus dans la filière élevage. Or, dans le Gers, beaucoup d’exploitations sont multi- agricoles. Elles font du canard, des céréales, de l’élevage. Manuel Valls a annoncé un abaissement du seuil pour percevoir les aides.

Midi-Pyrénées Politiques. Quittons le terrain agricole pour le terrain politique. Le PS vient de signer un accord pour les régionales avec le PRG. Cet accord fait grincer des dents. Votre réaction.

Philippe Martin. J’ai tout fait pour que cet accord se fasse. J’ai même déjeuné à Fleurance avec Sylvia Pinel et Jean-Michel Baylet. Je n’ai aucun état d’âme. Je déplore que certains tirent contre leur camp. Cela profite uniquement à nos adversaires. Je n’aime pas ces critiques. Elles émanent de personnes qui mordent la main qui les a nourrit. C’est une forme de mépris à l’égard de Martin Malvy qui leur a fait leur carrière politique ou professionnelle.

Midi-Pyrénées Politiques. Vous regrettez que le PS se retrouve avec un seul partenaire ?

Philippe Martin. La gauche est encore trop divisée. Il faut un plus grand rassemblement. Un rassemblement, dès le 1er tour, avec Europe Ecologie et le Front de Gauche, cela aurait du sens. Nous avons un bilan commun. Gérard Onesta a voté tous les budgets de la majorité. Même chose pour le Front de Gauche. Ils font aujourd’hui de la polémique. Mais ils ont été aux responsabilités dans la majorité de Martin Malvy. D’ailleurs, il faudra m’expliquer comment vont s’entendre des écologies régionalistes et un Front de Gauche départementaliste. Face à un Front National, c’est une sacrée responsabilité de jouer l’éparpillement.

Midi-Pyrénées Politiques. Quelles sont vos inquiétudes pour décembre prochain ? La concurrence de Philippe Saurel ?

Philippe Martin. Dans le Gers, je vois qu’il se tourne (NDLR pour composer sa liste départementale) vers tous les rebus et les déçus du PS, vers des gens qui ont besoin d’exister. Philippe Saurel c’est la vieille politique : je dis une chose pour être élu et une fois élu, je fais autre chose. J’ai une forme de respect par rapport au fait qu’il est devenu maire de Montpellier. Il a forcément des qualités. Mais je le regarde comme quelqu’un qui, après avoir demander la mairie de Montpellier, veut passer à autre chose. Ma vraie inquiétude, c’est le Front National qui est très haut et très haut dans des territoires où il ne l’était pas.

Midi-Pyrénées Politiques. Sur le ticket « PS-PRG », il y a un quatre noms : Carole Delga, Damien Alary, Sylvia Pinel et Didier Cordorniou. Ce n’est pas trop ?

Philippe Martin. Non. La taille des nouvelles régions impose un certain partage. Et puis deux femmes qui occupent des postes importants et joueront un rôle important, c’est une modernité politique. D’ailleurs derrière la position de tous les candidats il y a une pointe de machisme comme on l’a fait avec Ségolène Royal. Gérard Onesta, Louis Aliot, Philippe Saurel veulent disqualifier Carole Delga. Ce sont les 3 mousquetaires du machisme.

Midi-Pyrénées Politiques. Une polémique est en train de naitre autour d’un projet de loi qui permettrait de créer un poste de président délégué dans la future Assemblée Régionale et dont bénéficierait le président sortant du Languedoc, Damien Alary. Vous confirmez le projet et comment le justifiez-vous ?

Philippe Martin. On y avait pensé au moment de la loi Notre (NDRL, texte de loi organisant les compétences des collectivités) et beaucoup regrettaient de ne pas l’avoir fait. Ce projet ne concerne pas seulement Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. C’est une question qui se pose dans les régions qui fusionnent. Il s’agit de territoires d’une taille considérable et cela suppose une nouvelle organisation.

Propos recueillis par Laurent Dubois

 

 

02 Août

Régionales, Louis Aliot : « la gauche ne s’entend sur rien sauf pour se distribuer les postes »

Deux sondages publiés et Louis Aliot « truste » à chaque fois la 1ere place au 1er tour. La tête de liste régionale du FN va peser sur le scrutin de décembre prochain. Une solide implantation dans le Languedoc et de bons scores aux départementales en Midi-Pyrénées « portent » Louis Aliot. Le numéro 2 du FN ne s’est pas encore positionné. Il ne s’est pas véritablement exprimé. En dehors de quelques déclarations sur la fusion ou la définition de la (future) capitale régionale. Mais il engrange les points. Comment prépare-t-il sa rentrée ? Les turbulences de famille Le Pen peuvent-elles handicaper le FN ? La crise agricole de ses dernières semaines peuvent-elles influencer le scrutin ? Le jugement de Louis Aliot sur Philippe Saurel ? Réponses.

Louis Aliot, numéro 2 du FN et tête de liste pour les Régionales

Louis Aliot, numéro 2 du FN et tête de liste pour les Régionales

Midi-Pyrénées Politiques. A quoi allez-vous consacrer votre mois d’aout ?

Louis Aliot. Je vais passer la majeure partie de mon temps à Perpignan, à préparer la campagne des régionales : préparation du programme, mise en place de l’organigramme. Mais je vais tout de même prendre un peu le temps de faire du bateau le long des côtes du Roussillon. Des déplacements dans le Lot et en Ariège sont également prévus. Je lancerai ma campagne la deuxième semaine de septembre.

Midi-Pyrénées Politiques. La querelle politico-familiale entre Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine peut-elle vous handicaper et peser négativement sur la campagne des régionales ?

Louis Aliot. Les électeurs savent bien faire la différence entre le père et la fille. Je regrette que le père se marginalise à ce point. Mais je me refuse d’entrer dans cette affaire. Je déplore simplement le jeu de ping-pong entre les amis des uns et les amis des autres. Personnellement, je me concentre sur la campagne.

Midi-Pyrénées Politiques. Les éleveurs sont en colères. Ils ont bloqués des routes et des villes pour dénoncer la faillite d’une filière surendettée et étranglée par la grande distribution. Pensez-vous que le dossier agricole va être un des dossiers chauds des régionales ?

Louis Aliot. Oui. Incontestablement. La crise des éleveurs va impacter l’électoral agricole. Les mesures annoncées par le gouvernement ne vont rien changer. Les agriculteurs sont victimes d’une politique européenne qui n’est pas maîtrisée. Le gouvernement français peut promettre ce qu’il veut. C’est un jeu pervers et les agriculteurs ne sont pas dupes car ils savent bien que le principe de la libre concurrence, défendu par Bruxelles, empêche de défendre la politique agricole française. Il faut renégocier les traités (NDLR européens). Autrement, on ment aux éleveurs et ils s’en rendent compte.

Midi-Pyrénées Politiques. Le PS et le PRG viennent de signer un accord. Le Front de Gauche rejoint Europe-Ecologie. Le Front National est le seul parti qui ne passe pas d’accords électoraux avec des partenaires. Vous ne regrettez pas votre isolement ?

Louis Aliot. Pas du tout. A gauche, ils ne s’entendent sur rien sauf pour se partager les places et les privilèges.

Midi-Pyrénées Politiques. Philippe Saurel se veut le défenseur d’une République d’en bas. Pensez-vous que le maire de Montpellier et son discours anti-parti peut vous prendre des électeurs ?

Louis Aliot. Philippe Saurel prend des vessies pour des lanternes. Ce qui a été possible pour Montpellier n’est pas possible au niveau régional. Cela reste un homme de gauche et on voit ce que la gauche à apporter à la France. Philippe Saurel n’a ni la culture ni la gouaille de Georges Frêche (NDRL : ancien maire de Montpellier et ancien président de la région Languedoc). Georges Frêche va beaucoup manquer à gauche dans le Languedoc. Comme Martin Malvy manquera en Midi-Pyrénées.

Propos recueillis par Laurent Dubois

31 Juil

Régionales, Pierre Verdier tête de liste dans le Tarn pour Philippe Saurel

 

Philippe Saurel vient de désigner sa première tête de liste départementale pour les Régionales de décembre prochain. Il s’agit d’un tarnais, Pierre Verdier. Philippe Saurel devait commencer sa présentation des chefs de file départementaux fin août. Mais il  accélère le calendrier. Visiblement, le maire de Montpellier veut mettre la pression et exploiter les turbulences qui, depuis l’annonce d’un accord avec le PRG, secouent les socialistes. Le choix de Pierre Verdier va rajouter du sel sur les plaies. 

Philippe Saurel , maire de Montpellier et tête de liste pour les régionales avec Pierre Verdier, maire de Rabastens

Philippe Saurel , maire de Montpellier et tête de liste pour les régionales avec Pierre Verdier, maire de Rabastens

La désignation de Pierre Verdier va faire parler dans les chaumières socialistes. Le profil du tarnais colle parfaitement au portrait « saurélien » de la liste « Citoyens du Midi ». Une liste portée par le maire de Montpellier. Pierre Verdier est le premier magistrat de Rabastens. Une commune tarnaise de 5187 habitants. Philippe Saurel a toujours affirmé qu’il favorise deux catégories de candidats : les citoyens et les maires. Il ne veut pas de parlementaire. Pierre Verdier remplit les conditions de base. Mais, en plus, il a un supplément d’âme.

Pierre Verdier a été le chef de cabinet de Martin Malvy. Ce passage dans l’entourage du président socialiste (sortant) de Midi-Pyrénées constitue une sorte de brevet de qualité. En effet, dans les rangs socialistes, Martin Malvy jouit toujours d’une vraie autorité et d’une véritable reconnaissance. Pierre Verdier est une prise (beaucoup) moins emblématique que s’il s’agissait d’un des deux collaborateurs historiques de Martin Malvy : Joël Neyen (DGS) et Philippe Joachim (ancien directeur de cabinet et actuel directeur de la communication). Néanmoins, une nostalgie s’installe chez les socialistes. Une nostalgie alimentée par une pré-campagne compliquée par les péripéties autour de l’accord avec Jean-Michel Baylet. Beaucoup regrettent le temps des campagnes Malvy. Voir un de ses hommes (même un éphémère lieutenant) chez Philippe Saurel peut marquer les esprits. Et démobiliser (un peu plus ) les concurrents du maire de Montpellier.

Pierre Verdier peut également revendiquer une connaissance des dossiers départementaux. Le maire de Rabastens a été conseiller général. Il a présidé la commission Territoire et Développement Durable. Dans les couloirs de l’Hotel du département, certains citaient même son nom pour succéder à l’actuel président du conseil départemental, Thierry Carcenac. Ce dernier est devenu sénateur et il ne pourra pas cumuler ses fonctions exécutives avec son (nouveau) mandat parlementaire. En 2017 (date d’entrée en vigueur d’une loi sur le non-cumul), Thierry Carcenac devra laisser son fauteuil présidentiel. Le nom de Pierre Verdier circulait. Mais cette hypothèse ne se concrétisera jamais. En effet,  Pierre Verdier a perdu son siège lors du renouvellement de mars 2015. Élu sur le canton de Sivens, il s’est investi sur le dossier du (fameux) barrage et il  a payé « cash » une position plutôt modérée. Pierre Verdier était favorable à la construction d’un barrage. Mais il estimait qu’il fallait trouver un compromis avec les Zadistes (NDRL occupants du site de Sivens, transformé en Zone à défendre).

En désignant Pierre Verdier, Philippe Saurel a adoubé une personnalité qui ne manque pas d’atouts. Il lui laisse « carte blanche pour monter les équipes ».

Exclu deux fois du PS (une première fois suite à un conflit musclé avec le député PS Valax et une seconde en raison d’une candidature dissidente aux municipales face au candidat officiel du PS), Pierre Verdier entretient des relations compliquées avec le PS local. Mais il est connu sur la scène politique tarnaise.

Cette première désignation d’une tête de liste départementale n’est que le premier étage de la fusée électorale. Philippe Saurel va devoir compléter sa liste tarnaise et rester fidèle à l’ambition « saurélienne » d’un renouveau citoyen.

Le challenge ne fait que commencer. Après le Tarn, Philippe Saurel va devoir renouveler l’opération dans les 12 autres départements de la Grande Région. Philippe Saurel est prudent. Il se donne jusqu’à la fin du mois d’octobre pour boucler ses listes. Mais il est confiant. Le maire de Montpellier affirme avoir reçu 450 candidatures  pour figurer sa liste « Citoyen du Midi ».

 

Laurent Dubois

 

29 Juil

Régionales, accord PS-PRG : Manuel Valls entre dans la valse

L’accord entre le PS et le PRG débouche sur un quatuor. Quatre personnalités, deux socialistes et deux radicaux se partagent la tête d’affiche des régionales. Carole Delga et Damien Alary pour le PS, Sylvia Pinel et Didier Codorniou s’agissant du PRG forment un double binôme. Problème. Le quatuor vire au tiercé. Le socialiste Alary ne veut pas s’effacer derrière Sylvia Pinel et demande des garanties s’agissant d’une présidence déléguée. Matignon entre dans la danse. Manuel Valls réfléchit à une réforme législative qui consacrerait un poste aujourd’hui inexistant. Le poste de président délégué.

Manuel Valls, premier ministre

Manuel Valls, premier ministre

Un accord chèrement payé

Lundi 27 juillet, 16 heures. Jean-Christophe Cambadélis et Jean-Michel Baylet présentent l’accord national entre le PS et le PRG pour les régionales de décembre prochain. Après des semaines de tractations, les deux partenaires officialisent (enfin) rue de Solférino, au siège national du PS, un accord. Jean-Michel Baylet se dit « très heureux » et parle d’un « bon accord ». Le patron du PRG déclare : « nous avons trouvé les bons équilibres dans toutes les régions ».

Deux heures plus tard, toujours rue de Solférino, le bureau national du PS se réunit.

La réunion débute vers 18 heures. Mais la présentation de l’accord avec le PRG interviendra seulement 2 heures et demi après. La première partie est consacrée aux questions budgétaires et aux dossiers économiques. Martine Aubry et plusieurs ministres sont autour de la table. C’est seulement à la fin de ce long chapitre que Jean-Christophe Cambadélis et Christophe Borgel (numéro 3 du PS et en charge des négociations avec le PRG) évoquent l’accord présenté à la presse quelques heures auparavant.

Ils insistent sur l’absolue nécessité d’un accord.

Impossible pour le PS de partir seul. Comme le dira, plus tard, un membre du Bureau National : « on ne peut pas aller au front sans un partenaire de gauche ». Le poids des députés PRG est également évoqué et Christophe Borgel ajoute dans la balance, s’agissant de Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussilon, le groupe de presse de Jean-Michel Baylet. Ce qui lui vaudra d’ailleurs une remarque ironique de la députée des Hautes-Alpes et leader de la motion « La Fabrique », Karine Berger.

Au cours des échanges, d’après un membre du Bureau National, Jean-Christophe Cambadélis reconnaît un fait :

«  je l’ai (NDRL l’accord) payé cher ».

Une région doit encaisser une facture particulièrement « salée » : Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon.

Comme le précise un responsable national du PS : «  dans les autres régions, le PRG a 4 ou 5 places, parfois une seule ». Du côté de Toulouse et Montpellier, ce sont 18 places qui sont réservées. Le PRG avait 16 sortants. Il augmente donc son quota. Il faut ajouter 3 têtes de listes départementales (4 ont été demandées), une 1ere vice-présidence pour la ministre radicale, Sylvia Pinel et une 4eme vice-présidence pour le maire PRG de Gruissan, Didier Codorniou.

Evidemment, ces dernières « places » sont totalement virtuelles. La distribution des postes dépend des résultats électoraux et sont suspendus à une éventuelle victoire. Mais, globalement, dans les rangs socialistes, on trouve que Jean-Michel Baylet a réussi un vrai hold-up.

Un socialiste précise un point essentiel. « En 2010, les radicaux ont eu 16 élus mais avec un Martin Malvy (ancien ministre et président sortant en Midi-Pyrénées) qui faisait 40 points au 1er tour et qui finit comme président le mieux élu de France ».

Au PS, personne ne croit possible de rééditer un tel score. Le PRG obtient plus de places qu’en 2010 alors que les socialistes auront probablement moins d’élus. Dans l’esprit de nombreux socialistes, c’est un gros morceau pour un gâteau qui s’annonce maigre.

L’immense majorité (pour ne pas dire la totalité) des socialistes est favorable à un accord avec le PRG. Mais l’immense majorité (pour ne pas dire la totalité) des socialistes (qui acceptent de s’exprimer sur le sujet) trouve l’accord signé exorbitant.

Ainsi le député (PS) de l’Aude, Jean-Marc Perez est tout à fait favorable à un accord avec le PRG. Mais il ajoute :

« cet accord est politiquement indispensable, électoralement sans effet et bouche l’horizon après le 1er tour ».

L’opinion du parlementaire languedocien est partagée par ses camarades. Pour les élus socialistes, le PRG ne vaut pas autant de places et surtout le contenu de l’accord complique sérieusement les négociations-fusions au soir du 1er tour. Les radicaux ayant mis la barre très haut que va-t-il rester à proposer à Europe-Ecologie ?

De plus, en interne, les candidats socialistes vont devoir céder des places. Au final, après le 2nd tour, la liste PS-PRG pourrait se réduire à 40% de socialistes. Cela annonce des grincements de dent. Dans chaque département, il va falloir libérer des places pour les radicaux, demain pour les Ecolos et autres ralliés du 2nd tour.

Au delà des ambitions froissées, l’accord avec le PRG coince surtout au niveau du président (sortant) du Languedoc.

Un quatuor dans les cordes. Manuel Valls joue les accordeurs

Selon deux sources, l’accord PS-PRG prévoit « noir sur blanc » que Damien Alary sera le numéro 2 dans la (future) gouvernance de la (future) Grande Région. Cependant, ce même accord accorde une 1ere Vice-Présidence à Sylvia Pinel.

Une 1ere vice-présidence fait de la ministre radicale le numéro 2 de la région et Damien Alary doit être le numéro…2 de cette même région.

Deux numéros deux, ce n’est pas possible. Pour débloquer la situation une seule option : inventer une sorte de 1bis. En langage politico-administratif, cela s’appelle un président délégué.

Petit détail, la loi ne prévoit pas l’existence de président délégué dans les Conseils Régionaux. Comme le précisait « Midi-Pyrénées Politiques » dans un précédent article, à l’heure actuelle, le poste de président délégué est une coquille vide. Damien Alary est parfaitement conscient de cela :

« je n’accepterai pas un poste qui n’existe pas. ».

Mais, visiblement Manuel Valls travaille à une solution : une modification de la loi. Les textes ne prévoient pas de présidence déléguée, il « suffit » de modifier les textes. Damien Alary a bien compris que c’est la seule issue possible pour lui :

« je ne veux pas de promesse mais des certitudes. Une concrétisation juridique dans un texte de loi serait une solution. C’est une question nationale (NDLR l’existence d’une présidence déléguée) qui se pose dans plusieurs régions ».

Le président du Languedoc a eu longuement Manuel Valls au téléphone. Matignon travaillerait à cette option. Une option qui permettrait de concilier une 1ere Vice-Présidence Pinel tout en respectant la promesse faite à Damien Alary. Evidemment, ce projet de loi s’appliquerait à l’ensemble des régions et ne serait pas baptisée « loi Alary ». Mais l’inspiration viendrait bien du Languedoc et de l’imbroglio créé par les accords PS-PRG.

Kleber Mesquida confirme la possibilité d’un « véhicule législatif pour l’automne ». Le député (PS) et président du département de l’Hérault déclare : « le véhicule législatif est trouvé car à l’automne le Parlement doit se pencher sur la question de la coordination des territoires ».

Cet après midi, Damien Alary devait avoir longuement Matignon au téléphone.

Demain, jeudi 30 juillet, Damien Alary doit faire une conférence de presse. Le président du Languedoc doit notamment faire des annonces sur la répartition des services de l’Etat entre Toulouse et Montpellier. Il a obtenu des garanties de Manuel Valls. Il en profitera peut être pour donner des nouvelles sur le projet de loi qu’il a inspiré.

Quoi qu’il en soit, une chose est certaine. Manuel Valls se sera vraiment investi dans les régionales en Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon. Il a organisé, à Matignon, une réunion pour dissuader le maire de Montpellier, Philippe Saurel, d’entrer en dissidence face à Carole Delga. Et maintenant il se penche sur le sort de l’accord régional conclu entre le PS et le PRG

 

Laurent Dubois

 

 

 

27 Juil

Régionales, Philippe Saurel : « je présenterai les têtes de listes départementales fin aout »

L’été avance mais la candidature de Philippe Saurel ne recule pas. Au contraire. Depuis le 27 juin, le maire de Montpellier est officiellement candidat aux Régionales de décembre prochain. Sa présence sur la ligne de départ est conditionnée à la constitution de listes départementales. Philippe Saurel doit trouver dans les 13 départements de la Grande Région, 184 colistiers dont (parité oblige) 92 femmes. C’est un vrai challenge. Surtout en Midi-Pyrénées. Un territoire nouveau pour le Languedocien Saurel. Le maire de Montpellier multiplie les contacts et reçoit des sollicitations. Notamment dans la Haute-Garonne, le Tarn et le Tarn-et-Garonne. De passage à Toulouse, Philippe Saurel fait le point sur une candidature de moins en moins virtuelle et de plus en plus substantielle.

Philippe Saurel, maire de Montpellier et tête de liste "Citoyens du Midi" pour les Régionales

Philippe Saurel, maire de Montpellier et tête de liste « Citoyens du Midi » pour les Régionales

Midi-Pyrénées Politiques : L’été 2015 est un été très particulier.  C’est celui qui précède les Régionales de novembre prochain. Comment allez-vous l’occuper ? 

Philippe Saurel. Je vais sillonner Midi-Pyrénées. J’ai loué plusieurs villégiatures à Albi, Montauban, Lourdes. Je vais passer 3 jours à Toulouse puis j’irai à Pamiers et Cahors et je rentrerai par les Corbières. J’ai besoin de sentir les choses et de sentir Midi-Pyrénées. Ce sera une immersion.

Midi-Pyrénées Politiques – On a l’impression que beaucoup de candidats ont du mal à appréhender la future Grande Région. On a trop souvent l’impression que la Grande Région, c’est simplement « 1+1 », « Midi-Pyrénées + Languedoc-Roussillon ». Pour vous, la Grande Région, c’est autre chose ?  

Philippe Saurel. Oui. La Grande Région ce n’est pas une simple addition. C’est une ré-union. Il faut unir deux territoires qui travaillaient séparément et lui redonner une âme culturelle et politique qu’ils ont eue en commun dans le passé. Je suis un passionné d’histoire et il faut agir comme l’ancien comte de Toulouse (NDLR Au XIIIe siècle Raymond VI et Raymond VII étaient comte de Toulouse mais aussi de Narbonne). Il faut réfléchir et agir en fonction d’un nouveau territoire qui sera aussi grand qu’un petit pays qui représente 1/10e de la France. Il y a une série de complémentarités à trouver et à développer.

Midi-Pyrénées Politiques – Avant de donner une âme et une colonne vertébrale à la Grande Région, il faut commencer par gagner les élections et même commencer par le commencement : présenter une liste. Où en êtes vous ?

Philippe Saurel. Cela se passe bien. Je vais commencer à présenter les têtes de listes départementales fin août. Je vais le faire département par département. D’ici au mois d’octobre j’aurai présenter la liste complète.

Midi-Pyrénées Politiques – Quel est le profil des candidats qui seront sur vos listes ?

Philippe Saurel. « Citoyens du Midi » (NDLR, nom de la liste de Philippe Saurel) ne passera pas d’accords avec les partis. Mais je ne m’interdis pas de prendre des personnes encartées. Elles ne représenteront pas les partis dont elles sont issues mais elles représenteront le projet que nous porterons ensemble. Je le répète. Ma liste représentera « la République d’en bas » et deux catégories de personnes sont légitimes. Les citoyens évidemment car ils sont légitimes pour parler. Mais aussi les maires car ils sont directement élus par les citoyens.

 

Propos recueillis par Laurent Dubois

 

 

 

 

 

Régionales, annonce de l’accord PS-PRG cet après-midi

Jean-Michel Baylet, ancien ministre et président du PRG

Jean-Michel Baylet, ancien ministre et président du PRG

Cet après-midi, Jean-Christophe Cambadélis et Jean-Michel Baylet vont faire une conférence de presse. Elle se déroulera à 16 heures, au siège du Parti Socialiste, rue de Solférino.

D’après nos informations, le patron du PRG et le 1er secrétaire du PS vont annoncer un accord national. « Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon » est concerné. Le contenu de l’accord est évidemment essentiel. Le PRG exigeait une vice-présidence pour Sylvia Pinel, 15 places éligibles et 4 têtes de listes départementales.

Afin d’incarner ce partenariat (enfin) concrétisé, la tête de liste socialiste, Carole Delga et Sylvia Pinel, ministre radicale et candidate aux régionales se retrouveront ensemble, mardi 28 juillet, à Montpellier.

Laurent Dubois

25 Juil

Régionales, un (ancien) proche de Pierre Cohen aux cotés de Philippe Saurel

Jean-Christophe Portarieu, ancien directeur de cabinet de Pierre Cohen et soutien de Philippe Saurel

Jean-François Portarieu, ancien directeur de cabinet de Pierre Cohen et soutien de Philippe Saurel

Philippe Saurel étend ses réseaux en Midi-Pyrénées.

Le maire de Montpellier a intégré dans son « staff », Jean-François Portarieu. L’ancien directeur de cabinet (adjoint) de l’ex-maire socialiste de Toulouse, Pierre Cohen accompagne Philippe Saurel dans son entreprise régionale.

Jean-François Portarieu n’est pas directeur de campagne ou en charge de la communication. Mais il travaille avec Philippe Saurel et apporte sa connaissance de l’agglomération toulousaine. De 2008 à 2014, Jean-François Portarieu a été au Capitole aux côtés de Pierre Cohen. Avec François Briançon (directeur de campagne et maire adjoint de Pierre Cohen), il appartenait à la garde rapprochée de l’ancien maire de Toulouse.

Depuis la victoire de Jean-Luc Moudenc et la reconquête de la ville Rose par la droite, Jean-François Portarieu est le directeur de cabinet du président (PS) de l’Agglomération du Grand Narbonne, Jacques Bascou. Une communauté d’Agglomération dont le 1er vice président est le maire de Gruissan et figure régionale du PRG : Didier Cordoniou.

Laurent Dubois

24 Juil

Régionales, Paris se mêle des élections en Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon

Les kilomètres et la fameuse ligne de la Loire ne sont pas une frontière absolue. Les régionales en « Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon » ont une dimension nationale. A gauche, les (dés)accords entre le PS et le PRG sont directement influencés et lourdement impactés par la situation de la majorité présidentielle. François Hollande et Manuel Valls veulent un partenariat régional avec Jean-Michel Baylet. A droite, les instances nationales des Républicains encadrent étroitement la composition des listes départementales de Dominique Reynié.

palais-elysee@ambafrance-cn.org_ 

 Un accord PS-PRG qui se joue à l’Elysée

Lors de sa visite à Toulouse, le vendredi 17 juillet, Jean-Christophe Cambadélis a rappelé un fait. Jean-Michel Baylet participe aux « petits déjeuners de la majorité ». Tous les mardis, il partage un café avec Manuel Valls. Le patron du PRG a ses entrées à Paris. Il a accès au premier ministre et à François Hollande. Le message adressé aux socialistes midi-pyrénéeens et languedociens, réunis dans la ville Rose est clair : les régionale dans la Grande Région se jouent à Paris, loin de Toulouse et Montpellier.

L’Elysée veut un accord avec le PRG. Un responsable national du PS refuse de confirmer que François Hollande demande aux régionaux d’accepter les conditions de Jean-Michel Baylet. Notamment une 1ere vice-présidence à Sylvia Pinel. « Je ne fais jamais parler le président de la République » est la seule réponse obtenue.

En revanche, si l’Elysée et Matignon ne mettent, visiblement, pas le nez dans les détails. François Hollande et Manuel Valls veulent une union de la Gauche. Le premier ministre s’est directement engagé dans la mêlée « midi-pyrénéo-languedocienne » en « convoquant » directement à Matignon Philippe Saurel. L’opération a visiblement échoué. Il s’agissait de désamorcer la candidature du maire de Montpellier. Depuis le 29 juin, Philippe Saurel est officiellement…candidat.

D’après plusieurs sources concordantes, les régionales en Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon continuent à (pré)occuper Matignon. François Hollande et Manuel Valls tiennent à un accord, peu importe ses termes mais il n’est pas question de fâcher Jean-Michel Baylet. En effet, le patron du PRG a dans sa poche une arme nucléaire : les 12 députés élus en juin 2012. Comme il l’a fait au Sénat au temps de la présidence (PS) de Jean-Pierre Bel, Jean-Michel Baylet est une force d’appui et d’appoint. Face à la fronde de certains députés socialistes, les parlementaires PRG tiennent entre leurs mains la majorité au Palais-Bourbon. Des défections, une flibuste qui s’organise et les textes présentés par Manuel Valls finissent au panier.

Un parlementaire de gauche relative les choses. D’après lui,

« les députés PRG sont plus sur la ligne de Braillard (adversaire interne de Jean-Michel Baylet et secrétaire d’Etat aux sports) que sur celle de Baylet ».

Selon cet habitué du Palais-Bourbon, la majorité parlementaire n’est pas en danger si un accord n’est pas trouvé.

Néanmoins, le cauchemar d’une fin de quinquennat saboté par les députés existe. François Hollande et Manuel Valls ne peuvent pas prendre le risque. D’ailleurs Jean-Michel Baylet sait rappeler qu’il est indispensable à la majorité présidentielle.

Au Sud de la Loire, les socialistes sont franchement hostiles aux conditions fixées par Jean-Michel Baylet. Ils les trouvent mirobolantes et même délirantes. Samedi dernier, la tête de liste socialiste, Carole Delga a réuni ses troupes. La députée du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault a lancé un cri du cœur :

« oui, au compromis. Non à la compromission ».

Cette déclaration a fait bondir Christophe Borgel. Le numéro 3 du PS et député de Haute-Garonne est en charge des négociations avec le PRG. C’est lui qui doit composer l’improbable et pourtant incontournable accord avec Jean-Michel Baylet. La sortie de Valérie Rabault l’a fait sortir de ses gons. En revanche, dans la salle, de nombreux socialistes sont sur la ligne Rabault.

Mardi soir, le bureau national du PRG a rejeté, à l’unanimité, les conditions du PS. D’après une source radicale, Sylvia Pinel était, selon ses termes, dans le rôle de « Cruella » et Jean-Michel Baylet plutôt dans le rôle du modérateur. La ministre radicale a eu des mots très durs contre les socialistes alors que le président du PRG (qui espère toujours redevenir ministre) plaide pour un accord.

En réalité, le PRG et le PS se sont mis dans la situation ubuesque de deux partenaires qui ne peuvent pas se dispenser d’un accord mais qui sont incapables de le trouver.

Contrairement à ses menaces, le PRG ne peut pas partir seul. Cela diviserai le parti à quelques semaines de son congrès. En effet, de nombreux élus radicaux sont hostiles à une rupture avec les socialistes. Jean-Michel Baylet offrirait une occasion rêvée à son concurrent, Thierry Braillard. Ce dernier pourrait devenir Khalife à la place du Khalife suite à un schisme interne. De plus, les radicaux ne sont absolument pas assurés de passer la barre fatidique des « 5% » au 1er tour. En dessous, c’est la double peine : non remboursement des importants frais de campagne (minimum 700 000 euros) et impossibilité de fusionner au 2nd tour.

Du côté du PS, même chose. La marge de manœuvre n’existe pas. Comme l’aurait dit, à Toulouse, Jean-Christophe Cambalédis : le PRG ne va pas faire gagner mais il peut faire perdre. Les 2 ou 3 points qu’il apporte peuvent faire la différence dans une élection qui s’annonce très serrée. Mais, surtout, un accord avec le PRG est un mot d’ordre de François Hollande et Manuel Valls.

Samedi dernier, le Tour de France est passé sur les terres du directeur de campagne de Carole Delga, le sénateur de la Lozère Alain Bertrand. François Hollande est venu assisté au passage du peloton. D’après nos informations, cette rencontre, au détour de la Grande Boucle, a été l’occasion pour Alain Bertrand de plaider pour le maintien de Damien Alary. Jean-Michel Baylet veut récupérer le poste promis au président sortant du Languedoc (une 1ere vice-présidence) pour Sylvia Pinel.

On ne connaît pas la réaction de François Hollande. En revanche, une chose est certaine. Ce soir, vendredi 24 juillet, un accord risque d’intervenir et il interviendra en fonction de considérations qui dépasse largement Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon 

A droite, c’est Paris qui décide.

Dominique Reynié vient juste de prendre sa carte chez « les Républicains ». La tête de liste régionale de la droite est un adhérent de fraiche date. Il découvre l’atmosphère d’une campagne électorale mais également l’univers du parti de Nicolas Sarkozy.

Pour la constitution de ses listes départementales, Dominique Reynié dépend des instances nationales des Républicains.

Comme le précise Alain Marleix :

«  en accord avec Nicolas Sarkozy et conformément à nos statuts, rien ne pourra être publié ou officialisé avant le vote de la Commission Nationale d’Investiture et c’est elle qui publiera et officialisera les listes départementales. Christian Estrosi, Laurent Wauquiez et moi-même présiderons le vote. Les départements pourront faire des propositions mais la CNI décidera ».

Pour l’ancien ministre et député du Cantal, c’est donc très clair. Les listes départementales de Dominique Reynié se feront à Paris. Les responsables départementaux pourront faire des propositions, la tête de liste régionale peut faire des suggestions. Mais ce sont les instances nationales qui adoptent et composant la liste des candidats.

Cette prise en main est actée par les statuts (art 47) du parti de Nicolas Sarkozy. Mais, s’agissant de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, d’autres dispositions encadrent la tête de liste régionale. En effet, avant le conclave de Sète (inventé par Jean-Luc Moudenc et permettant l’élection de la tête de liste régionale), il a été prévu et mentionné dans un document que la constitution des listes départementales appartient aux appareils politiques et aux instances départementales de la droite et du centre.

Dominique Reynié peut suggérer des noms.

D’après nos informations, il ne l’a pas fait, jeudi 22 juillet, lors d’une rencontre avec des représentants tarnais de l’UDI, Philippe Bonnecarrère et Philippe Folliot. Mais il pourra toujours glisser des propositions, y compris le jour de la réunion de la CNI. Une réunion qui est prévue courant septembre.

 

Laurent Dubois