Philippe Saurel vient de désigner sa première tête de liste départementale pour les Régionales de décembre prochain. Il s’agit d’un tarnais, Pierre Verdier. Philippe Saurel devait commencer sa présentation des chefs de file départementaux fin août. Mais il accélère le calendrier. Visiblement, le maire de Montpellier veut mettre la pression et exploiter les turbulences qui, depuis l’annonce d’un accord avec le PRG, secouent les socialistes. Le choix de Pierre Verdier va rajouter du sel sur les plaies.
La désignation de Pierre Verdier va faire parler dans les chaumières socialistes. Le profil du tarnais colle parfaitement au portrait « saurélien » de la liste « Citoyens du Midi ». Une liste portée par le maire de Montpellier. Pierre Verdier est le premier magistrat de Rabastens. Une commune tarnaise de 5187 habitants. Philippe Saurel a toujours affirmé qu’il favorise deux catégories de candidats : les citoyens et les maires. Il ne veut pas de parlementaire. Pierre Verdier remplit les conditions de base. Mais, en plus, il a un supplément d’âme.
Pierre Verdier a été le chef de cabinet de Martin Malvy. Ce passage dans l’entourage du président socialiste (sortant) de Midi-Pyrénées constitue une sorte de brevet de qualité. En effet, dans les rangs socialistes, Martin Malvy jouit toujours d’une vraie autorité et d’une véritable reconnaissance. Pierre Verdier est une prise (beaucoup) moins emblématique que s’il s’agissait d’un des deux collaborateurs historiques de Martin Malvy : Joël Neyen (DGS) et Philippe Joachim (ancien directeur de cabinet et actuel directeur de la communication). Néanmoins, une nostalgie s’installe chez les socialistes. Une nostalgie alimentée par une pré-campagne compliquée par les péripéties autour de l’accord avec Jean-Michel Baylet. Beaucoup regrettent le temps des campagnes Malvy. Voir un de ses hommes (même un éphémère lieutenant) chez Philippe Saurel peut marquer les esprits. Et démobiliser (un peu plus ) les concurrents du maire de Montpellier.
Pierre Verdier peut également revendiquer une connaissance des dossiers départementaux. Le maire de Rabastens a été conseiller général. Il a présidé la commission Territoire et Développement Durable. Dans les couloirs de l’Hotel du département, certains citaient même son nom pour succéder à l’actuel président du conseil départemental, Thierry Carcenac. Ce dernier est devenu sénateur et il ne pourra pas cumuler ses fonctions exécutives avec son (nouveau) mandat parlementaire. En 2017 (date d’entrée en vigueur d’une loi sur le non-cumul), Thierry Carcenac devra laisser son fauteuil présidentiel. Le nom de Pierre Verdier circulait. Mais cette hypothèse ne se concrétisera jamais. En effet, Pierre Verdier a perdu son siège lors du renouvellement de mars 2015. Élu sur le canton de Sivens, il s’est investi sur le dossier du (fameux) barrage et il a payé « cash » une position plutôt modérée. Pierre Verdier était favorable à la construction d’un barrage. Mais il estimait qu’il fallait trouver un compromis avec les Zadistes (NDRL occupants du site de Sivens, transformé en Zone à défendre).
En désignant Pierre Verdier, Philippe Saurel a adoubé une personnalité qui ne manque pas d’atouts. Il lui laisse « carte blanche pour monter les équipes ».
Exclu deux fois du PS (une première fois suite à un conflit musclé avec le député PS Valax et une seconde en raison d’une candidature dissidente aux municipales face au candidat officiel du PS), Pierre Verdier entretient des relations compliquées avec le PS local. Mais il est connu sur la scène politique tarnaise.
Cette première désignation d’une tête de liste départementale n’est que le premier étage de la fusée électorale. Philippe Saurel va devoir compléter sa liste tarnaise et rester fidèle à l’ambition « saurélienne » d’un renouveau citoyen.
Le challenge ne fait que commencer. Après le Tarn, Philippe Saurel va devoir renouveler l’opération dans les 12 autres départements de la Grande Région. Philippe Saurel est prudent. Il se donne jusqu’à la fin du mois d’octobre pour boucler ses listes. Mais il est confiant. Le maire de Montpellier affirme avoir reçu 450 candidatures pour figurer sa liste « Citoyen du Midi ».
Laurent Dubois